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La force contre le droit: le Comité international de la Croix-Rouge et la guerre chimique dans le conflit italo-éthiopien 1935-1936

Published online by Cambridge University Press:  19 April 2010

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Les agents chimiques de guerre ont été utilisés à grande échelle pour la première fois pendant la Première Guerre mondiale. Employés sur tous les fronts principaux, ils ont fait un nombre sans précédent de victimes, de sorte que dès la fin du conflit, des efforts ont été entrepris pour interdire cette nouvelle arme. C'est à la Société des Nations (SDN) que fut confiée la responsabilité de rédiger les textes de droit spécifiques, preuve que le problème était considéré comme un sujet de préoccupation pour le monde entier, et non pas pour les seuls vainqueurs de la guerre.

Type
Review Article
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Copyright © International Committee of the Red Cross 1998

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References

1 Archives du Comité international de la Croix-Rouge, Genève (ci-après «Archives du CICR»), Rapports des délégués, no 13, 25 mars 1936.

2 Archives du CICR, PV Séances plénières, 1935–1936, 3 juillet 1936.

3 Pour des raisons de commodité, nous utiliserons en général l'expression «Protocole de Genève de 1925» ou «Protocole de 1925» dans cet article. De même, au lieu du terme technique exact d' «agent chimiques de guerre», nous emploierons l'expression plus familière de «gaz toxique» chaque fois que possible.

4 Le Comité international de la Croix-Rouge aux Belligérants, Appel contre l'emploi des gaz vénéneux, 6 février 1918, Archives du CICR, CR 210, 1125.

5 Les deux principales sources à l'origine de ces chiffres sont Rochat, Giorgio, «L'impiego dei gas nella guerra d'Etiopia 1935–1936», dans Guerre italiane in Libia e in Etiopia, Paese, Pagus Edizioni, 1991, pp. 157168Google Scholar, et Gentilli, Roberto, Guerra aerea sull'Etiopia 1935–1939, Firenze, EDAI, 1992, pp. 95 et 100.Google Scholar

6 MacFie, J.W.S., An Ethiopian diary: A record of the British Ambulance Service in Ethiopia, London, Hodder and Stoughton, 1936, p. 77.Google Scholar

7 Lettre de John Melly à K.N., 12 avril 1936, dans Nelson, K. et Sullivan, A., John Melly of Ethiopia, London, Faber & Faber, 1937, p. 240.Google Scholar

8 Sidney H. Brown (1898–1970) quittera le CICR dans des circonstances peu claires une fois sa mission achevée, tandis que Marcel Junod (1904–1961) fera carrière dans l'institution, tout d'abord comme délégué, puis comme membre et vice-président du CICR.

9 Le CICR avait proposé cette enquête après que les deux parties se furent mutuellement accusées d'avoir employé abusivement l'emblème de la croix rouge.

10 Chenevière, Jacques, Retours et images, Lausanne, éditions Rencontre, 1966, p. 254.Google Scholar Burckhardt, dans son propre compte rendu de la rencontre avec Mussolini, décrit l'audience de manière très différente et ne mentionne pas la référence de Huber aux gaz toxiques. Carl J. Burckhardt, Vom Krieg und Frieden, Hommage de l'Université de Zurich pour le 70e anniversaire de Max Huber, Zurich, Schulthess & Co AG, pp. 260–261.

11 Les Italiens surveillèrent non seulement les communications internes des éthiopiens par l'intermédiaire des autorités militaires en Afrique orientale, mais aussi les télégrammes étrangers à destination et en provenance d'Addis-Abeba, grâce au service d'écoute spécial du ministère des Affaires intérieures. La plupart des télégrammes du CICR, y compris celui mentionné, se trouvent dans les Archivio Centrale dello Stato (ci-après ACS), Ministère dell'Interno, Roma, P.S. 1936, Busta 1 A.

12 ACS, Fondo Graziani, Busta 18Google Scholar, Fasc. 21/6, 29 mars 1936. (Traduction CICR.)

13 Joseph Avenol au président du CICR, 8 avril 1936, Archives du CICR, CR 210, 1042.

14 Guillaume Favre au secrétaire général de la Société des Nations, 9 avril 1936, Archives du CICR, CR 210, 1054.

15 Salvador de Madariaga au président du CICR, 18 avril 1936, Archives du CICR, CR210, 1102.

16 Max Huber à Salvador de Madariaga, 24 avril 1936, Archives du CICR, CR 210, 1123.

17 Spencer, John H., Ethiopia at bay, Michigan, Reference Publications, 1984, p. 50.Google Scholar

18 Giuseppe Motta à la légation de Suisse, Rome, 19 juin 1936, Archives fédérales de Berne, E 2200 Rome 22, carton 9, question de la Croix-Rouge.

19 Paul Ruegger à Giuseppe Motta, 14 avril 1936, Fonds Paul Ruegger, Archives d'histoire contemporaine, école polytechnique fédérale, Zurich, III, 15.3.3. Paul Ruegger, étudiant et ami de Max Huber, entra ensuite au CICR, dont il fut le président de 1948 à 1955.

20 Bugnion, François, Le Comité international de la Croix-Rouge et la protection des victimes de la guerre, Genève, CICR, 1994, p. 126.Google Scholar

21 Archives du CICR, Commission d'éthiopie, PV 61, 8 avril 1936, p. 3.Google Scholar Le chef du secrétariat, étienne Clouzot, doutait que l'Italie ait recours à la guerre chimique malgré le fait qu'il ait eu accès à toutes les informations de première main sur le sujet provenant du terrain et aux informations confidentielles du siège. Vinci le considérait comme «notre ami», ACS, Croce Rossa Italiana (CRI), Busta 189Google Scholar, Fasc. 10. Il est intéressant de noter à cet égard qu'en novembre 1935, soit un mois après le déclenchement de la guerre, Clouzot fut décoré de l'ordre de Cavalière Ufficiale de la Corona d'ltalia, en honneur des services rendus au sein du CICR et de l'Union internationale de Secours aux Enfants. ACS, CRI, Busta 189Google Scholar, Fasc. 1.

22 Archives du CICR, Commission d'Ethiopie, no 61, 8 avril 1936, p. 2.Google Scholar

23 Archives du CICR, PV Séances plénières, 1935–36, 23 avril 1936, p. 2.

24 Lettre de Max Huber à Cari J. Burckhardt, 25 mai 1936, succession Max Huber, bibliothèque centrale de Zurich, 2.75, dossier IV/1936.

25 Max Huber à Filippo Cremonesi, 12 avril 1936, Archives du CICR, CR 210, 1073.

26 Une centaine de tonnes de bombes à gaz moutarde furent utilisées pendant cette période, d'après une étude détaillée faite par Gentilli, , op. cit. (note 5), pp. 182183.Google Scholar Dans les documents du CICR que nous avons consultés, aucune mention n'est faite de la poursuite de la guerre chimique en Ethiopie après le 5 mai 1936.

27 Filippo Cremonesi à Max Huber, 11 mai 1936, Archives du CICR, CR 210, 1203. (Original italien, traduction CICR.)

28 En fait, cette justification était un pur mensonge. L'emploi possible d'armes chimiques avait été envisagé dès le début, lorsque les premiers préparatifs furent faits. Pendant la guerre, Mussolini justifia l'utilisation des gaz «comme ultima ratio pour vaincre la résistance de l'ennemi» (27 octobre 1935), «pour des raisons suprêmes de défense» (16décembre 1935) et même simplement «en cas de nécessité» (9 janvier 1936). Des arguments tels que «les méthodes de guerre de l'ennemi» n'ont pas été avancés avant le 28 décembre 1935. (Traductions CICR.) Giorgio, Rochat IIcolonialisme italiano, Torino, Loescher editore, pp. 168169.Google Scholar

29 Max Huber à Cremonesi, 26 mai 1936, Archives du CICR, CR 210, 1249.

30 19 mai 1936, Archives du CICR, CR 210, 1237.

31 Dès que les Italiens atteignirent Addis-Abeba, le sort de la Croix-Rouge éthiopienne fut scellé. Elle cessa d'exister officiellement le 3 juin 1936.

32 Note de Max Huber, 25 mai 1936, Archives du CICR, CICR, CR 210, 1243.

33 Carl J. Burckhardt à Félix Moeschlin, 12 février 1940, Archives Carl Jacob Burckhardt, Université de Bâle, B II 46 a).

34 La politique du CICR au sujet de l'emploi des gaz dans la guerre changea complètement après la Seconde Guerre mondiale. En 1967, dans le conflit yéménite, le CICR fut confronté au problème de l'emploi de gaz toxiques par une partie, comme dans la guerre italo-éthiopienne, emploi qui fut corroboré par le personnel du CICR sur le terrain. Celui-ci ne fut pas directement témoin de cet emploi, mais rassembla des preuves substantielles. Cette fois, le CICR ne resta pas silencieux sur une question de méthode de guerre. Il condamna publiquement à deux reprises le recours à un tel moyen, puis adressa un mémorandum aux signataires des Conventions de Genève. Bugnion, , op. cit. (note 20), p. 1103.Google Scholar

35 Bugnion, , op. cit. (note 20), p. 172.Google Scholar