Published online by Cambridge University Press: 01 September 2021
La mise en scène du langage parlé est un élément central de la bande dessinée: les discours directs des protagonistes sont non seulement visuellement représentés par des bulles, mais leur langage se caractérise souvent aussi par les marques phonologiques et morpho-syntaxiques typiques de l’oral afin d’évoquer l’immédiat communicatif. Cet article se propose ainsi d’étudier, sur le plan phonologique, des phénomènes tels que les élisions, les aphérèses et même certaines marques prosodiques ainsi que, sur le plan morphosyntaxique, entre autres l’omission du ne de négation, les dislocations et l’absence du il impersonnel. On s’interrogera notamment sur les convergences entre l’oralité fictive des bandes dessinées et les résultats des études de l’oralité basées sur des corpus authentiques. L’analyse s’appuie sur un corpus de deux bandes dessinées francophones, comprenant un tome respectivement des séries Astérix et Titeuf. L’étude est basée sur une grille inspirée, entre autres, par la catégorisation des phénomènes de l’immédiat communicatif par Koch et Oesterreicher (2011) et complétée de manière inductive (corpus-driven). L’article montre que les deux sous-corpus révèlent des stratégies d’oralisation divergentes: alors que dans Astérix, on trouve un grand nombre de phénomènes phonologiques suprasegmentaux représentés, notamment au niveau de la typographie, Titeuf privilégie l’utilisation de marques morphosyntaxiques ainsi que de certains phénomènes phonologiques segmentaux.