Published online by Cambridge University Press: 05 February 2009
Les commentateurs de l'épître aux Hébreux sont unanimes à reconnaître l'importance particulière des dix premiers versets du chapitre v, texte qui présente d'abord une description du sacerdoce (v. 1–4) et en précise ensuite l'application au Christ (v. 5–10). L'attention des exégètes, cependant, ne s'attache guère à l'interprétation d'ensemble de ce passage, elle se concentre le plus souvent sur certains problèmes de détail, comme celui de l'exaucement de la prière du Christ, qui a suscité, on le sait, une conjecture célèbre de Harnack. Quant à l'interprétation d'ensemble, on estime apparemment qu'elle ne présente pas de difficulté, et cette opinion fait qu'on se dispense de traiter clairement certaines questions, qui, mériteraient pourtant d'être discutées.
1 Gyllenberg, R., ‘Die Komposition des Hebräerbriefs’, Suensk Exeg. Arsbok XXII–XXIII (1957–1958), 137–47, p. 141.Google Scholar Les positions de R. Gyllenberg ont été reprises récemment par Jukka Thurén, Das Lobopfer der Hebräer (Åbo, 1973), pp. 32–48.Google Scholar Cf. à ce sujet ‘Discussions sur la structure de l' Epître aux Hébreux’, Biblica LV (1974), 349–80.Google Scholar
2 Michel, O., Der Brief an die Hebräer (Göttingen, 6 1966), p. 214.Google Scholar
3 Spicq, C., L'épître aux Hébreux (Paris, 1953), II, 105.Google ScholarWestcott, B. F. voit semblablement en v. 1–4 ‘the characteristics of a Highpriest’, The Epistle to the Hebrews (Londres, 3 1914), p. 119Google Scholar, et Gyllenberg, R. ‘alle Anforderungen, die an den Hohenpriester gestellt werden’, art. cit. p. 141.Google Scholar
1 Otto Michel, par exemple, dit que v. 1–3 ‘forme un premier bloc’ et que v. 4 exprime ‘une ultérieure présupposition’. La façon dont il commente, cette ‘présupposition’ ne révèle aucun rapport avec le thème du ‘premier bloc’.
2 Spicq, C., op. cit. ii, 110.Google Scholar
3 Ibid.
4 Plus perspicace que d'autres, B. F. Westcott a noté cette relation entre v. 4 et v. 1–3: ‘The fact of human sinfulness leads to this complementary thought. Of himself a man could not presume to take upon him such an office’ ( op. cit. p. 122).Google Scholar
5 La nomination par Dieu ne vient que dans la seconde partie de la phrase (v. 5b), et cette seconde partie est elliptique. L'auteur s'abstient d'y reprendre le verbe ‘glorifier’, comme il s'est abstenu de reprendre le mot ‘honneur’ en v. 4b. Lorsqu'on veut définir avec précision la perspective du texte, on doit tenir compte de ces faits significatifs.
1 Dibelius, M., ‘Der himmlische Kultus nach dem Hebräerbrief’, dans Botschaft und Geschichte (Tübingen, 1956), II, 171Google Scholar; ou Theol. Blätter xxi (1942), 8.Google Scholar
2 Spicq, C., op. cit. ii, 129.Google Scholar
3 Citons, pour exemple, les titres proposés par Michel, O. (op. cit. p. 8)Google Scholar: ‘Kap. 1, 1–4, 13: Das Reden Gottes im Sohn und die Überlegenheit des Sohnes über den Alten Bund. Kap. 1, 1–2, 4, Der Sohn höher als die Engel; Kap. 2, 5–18, Der Sohn in seiner Erniedrigung; Kap. 3, 1–6, Der Sohn höher als Moses; Kap. 3, 7–4, 13, Die Verheissung der Gottesruhe.’
Aucune allusion au sacerdoce.
Les titres de Gyllenberg, R. ne sont pas moins caractéristiques (art. cit. p. 144).Google Scholar ‘I. Christus als unser Heilsführer 1, 1–2, 18. A. Der endgültige Offenbarer 1, 1–4. B. Die Inthronisation des Offen-barers I, 5–14. Aufforderung, C., die Offenbarung zu empfangen 2, 1–4.Google ScholarMenschwerdung, D. und Sieg des Offenbarers 2, 5–18.Google Scholar II. Gottes, Das wandernde Volk3, 1–4Google Scholar, 16. A. Christus erhabener als Moses, 3, 1–6.Google Scholar B. Die Nachfolge Christi, 3, 7–4Google Scholar, 13. C. Die Zuversicht, , das Heil zu erlangen 4, 14–16.’Google Scholar
4 Michel, O.: ‘Kap. 4, 14–10Google Scholar, 39: Jesus der rechte Hohepriester’; Gyllenberg, R.: ‘Christus als unser Hohenpriester 5, I–10, 18’.Google Scholar
1 Cf. La structure littéraire de l'épître aux Hébreux (Paris, 2 1976), pp. 38–42, 86–114Google Scholar, 265–6.
2 Gyllenberg, R. a reconnu que le sacerdoce du Christ est présenté en ii. 17Google Scholar comme thème d'un développement à venir (‘wird es als Thema angegeben’, art. cit. p. 144)Google Scholar, mais il n'a pas vu que ce thème comporte deux aspects et que iii. 1–6 développe le premier aspect dont ensuite iii. 7–iv. 14 est l'exploitation parénétique. Cette méprise lui fait écrire que ‘5, 1 als die unmittelbare Fortsetzung von 2, 18 gelesen werden kann. Man würde nichts vermissen, wenn die dazwischen hineingeschobene Mahnung, Kap. 3–4, völlig fehlte’ ( art. cit. pp. 142–3Google Scholar). On remarquera comment les titres et soustitres de Gyllenberg, R., reproduits ci-dessus p. 449Google Scholar n. 3, censurent les mentions du sacerdoce en iii. i et iv. 14, 15.
1 Cf. ‘Jesus fidelis ei qui fecit eum (Hebr 3, 2)’, Verbum Domini XLV (1967), 291–305.Google Scholar Le datif qui suit πıστός n'impose nullement le sens de ‘fidèle’. Il s'agit d'un ‘datif d'intérêt’. Les rares exemples de datif avec πıστός dans la LXX vont dans ce sens, cf. Sir. xxxiii, 3 ό νόμος αύτω πıοτός, que la Bible de Jérusalem traduit: ‘La loi est pour lui digne de foi’; I S. iii. 20 πıστος Σαμουηλ… τω Κυρίω: ‘Samuel était accrédité auprès du Seigneur’; I M. vii. 8 πıστόν τω βασıλει reprend I M. vii. 7 un homme qui a ta confiance’. Ainsi se justifie la traduction de He. iii. 2 dans la Traduction Œcuménique de la Bible (Paris, 1969 et 1972)Google Scholar: ‘Il est accrédité auprès de celui qui l'a constitué’.
1 Le mot άπόστολος contribue en He. iii. t à exprimer l'autorité de la parole de notre grand prêtre. On peut se demander si l'auteur ne s'inspire pas ici du texte de Malachie qui qualifie ‘le prêtre’ de ‘messager’ de Yahweh (en grec αγγελος), après avoir rappelé que ‘de sa bouche on recherche l'instruction’ (Ml. ii. 7). A cause de son ambiguïté (‘messager’ ou ‘ange’), la traduction grecque αγüελος de Ml. ii. 7 ne convenait pas à notre auteur; il venait de démontrer que le Christ ‘a hérité d'un nom bien différent de celui des (i. 4 – ii. 18). D'où le choix d'un autre terme, άπόστολος, qui ne prête pas à la même confusion.
1 Habituel pour Aaron, le titre de prêtre est exceptionnel pour Moïse dans la Bible. On ne peu citer que Ps. xcix. 6, de sens controversé. Mais un auteur comme Philon proclame que Moīse était grand prêtre ( De vita Moysis II, 292Google Scholar) et s'étend longuement sur ce sujet. L'auteur d'Hébreux se montre plus discret.
2 Cf. Braun, H., ‘Die Gewinnung der Gewissheit in dem Hebräerbrief’, Theolog. Literaturzeitung XCVI (1971), 321–30Google Scholar, et la réponse de E. Grässer, ‘Zur Christologie des Hebräerbriefes. Eine Auseinandersetzung mit H. Braun’, dans Neues Testament und Christliche Existenz (Fests. H. Braun), ed. Betz, H. D. und Schottroff, L. (Tübingen, 1973), pp. 195–206.Google Scholar
1 Westcott, B. F., op. cit. p. 125.Google Scholar Notons, pour être précis, que la division adoptée par Westcott va seulement de v. 1 à vii. 28. Vient ensuite une section viii. I – x. 18.
2 Michel, O., op. cit. p. 219.Google Scholar
3 M. Dibelius a déjà remarqué que ‘in Hebr 5, 1–10 herrscht wesentlich die Parallelisierung; das Bild Christi ist nach dem des Hohepriesters gestaltet’ ( art. cit. p. 169).Google Scholar
4 Dans une étude récente, Schenke, H. M. a noté cette progression, en signalant ‘die Zäsur in 5, 11–6Google Scholar, 12, die gewissermassen das Normale und Vorausgesetzte von dem Neuen und Ungewöhnlichen trennt’. ‘Erwägungen zum Rätsel des Hebräerbriefs’ dans Fests. Braun, H. (cité ci-dessus p. 5 n. 3), 421–37Google Scholar, p. 428.
1 La perspective de la 2° partie (iii. i – v. 10) est définie en toute clarté dès sa phrase initiale (iii. 1–2). Celle-ci met Jésus en parallèle avec Moïse (‘Jésus, digne de foi…commeMoïe…’). Dans la seconde section (iv. 15 – v. 10), une expression semblable met le Christ en paralléle avec Aaron (‘…comme Aaron; ainsi aussi le chris…’ v. 4–5). Mais la plupart des commentateurs ignorent compleétement la perspective définie en iii. 1–2 ainsi que le rapport entre iii. 1–6 et v. 1–10. Ils choisissent d'assimiler totalement iii. 1–6 au développement précédent (i. 5 – ii. 18), qui établit la supériorité de Jésus sur les anges. Ils intitulent donc iii. 1–6: ‘Jésus supérieur à Moïse’ (cf. ci-dessus, p. 3Google Scholar n. 1). C'est là fausser les perspectives. Le thème de la supériorité est, certes, présent en M. 3–6, mais il y est subordonné à celui de la ressemblance, présenté comme fondamental à ce moment de l'exposé, alors qu'il ne jouait aucun rôle dans la discussion sur les anges.
2 Le schéma ternaire exprime le dynamisme de l'activité sacerdotale, dans laquelle on distingue trois éléments: 1° l'élément ascendant, le sacrifice; 2° la position du prêtre auprès de Dieu (obtenue grâce au sacrifice); 3° l'élément descendant, les grâces divines qui se répandent sur le peuple (pardon des fautes, paroles de Dieu qui guident la vie, bénédictions). L'auteur de l'épître, nous l'avons déjà noté, commence par le 2° élément, qui est actuel, la gloire du Christ grand prêtre auprès de Dieu (vii. 1–28); il met au centre (viii. I – ix. 28 et plus précisément ix. 11–14) le ier élément, le sacrifice offert une fois pour toutes, ce qui souligne son importance décisive, et il termine par le 3° élément, pardon des fautes, lois de Dieu dans le cœur et sanctification (x. 1–18).
3 Cf. contre le sacerdoce ancien: vii. II, 15–16, 20, 23, 27, 28; viii. 4–5; ix. 25; x. II; contre le sanctuaire: viii. 5; ix. 1, 8, 11, 24; contre les sacrifices: ix. 9, 24–5; x. 1–9, 11; contre la première alliance: vii. 22; viii. 7, 9, 13; contre la Loi: vii. 12, 16, 18–19, 28; x. 1, 8–9.