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Jean de Meun et les Origines du Naturalisme de la Renaissance

Published online by Cambridge University Press:  02 December 2020

Marcel Feançon*
Affiliation:
Harvard University

Extract

Dès 1843, J. -J. Ampère faisait honneur à Jean de Meun d'être le devancier ‘des érudits païens et matérialistes du XVIe siècle’; il voyait dans la seconde partie du Roman de la Rose l'origine d'une série d'œuvres où se remarquent les éléments d'une philosophie naturaliste, et il indiquait que, par un curieux mélange du sacré et du profane, cette philosophie se présente à l'aide d'images et de comparaisons suggérées par le rituel catholique. Nous nous proposons d'étudier d'abord cette utilisation de la liturgie chrétienne à des fins étrangères à celles de l'Eglise. Nous verrons ensuite comment le culte de la Nature s'accompagne de la glorification de l'homme, de l'éloge de la science, et de l'idée que la dignité humaine réside dans le travail et dans l'amour. Nous nous demanderons, enfin, dans quelle mesure le naturalisme du XVIe siècle se relie à la tradition médiévale.

Type
Research Article
Information
PMLA , Volume 59 , Issue 3 , September 1944 , pp. 624 - 645
Copyright
Copyright © Modern Language Association of America, 1944

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References

1 J.-J. Ampère, “Poésie du Moyen Age.—Le Roman de la Rose,” Revue des deux Mondes, xiii (1843), 441–581. Ed. Farai, “Le Roman de la Rose,” Revue des Deux Mondes,7e pér., xxxv (1926), 430–457.

2 Origines et sources du Roman de la Rose (Paris, 1891).—C'est l'édition du Roman de la Rose par E. Langlois, 5 vol. (Paris, 1914–1924) dont nous nous servirons et à laquelle nous renverrons.—On pourra lire l'agréable article de Mr. E. K. Rand, ‘The metamorphosis of Ovid in “Le Roman de la Rose,’” Studies in the History of Culture (Menasha, 1942), pp. 103–121.

3 Nous renverrons aux textes d'Alain de Lille tels qu'on les trouve dans la Patrologia Latina de Migne, Vol. 210 (Paris, 1855). Col. 445.

4 Col. 446.

5 Col. 453.

6 Col. 454.

7 Col. 476.

8 Col. 476.

9 Col. 432.

10 Col. 481.

11 Col. 482.

12 Col. 456.

13 J. Huizinga, Ueber die Verknüpfung des Poetischen mit dem Theologischen bei Alanus de Insulis (Amsterdam, 1932), pp. 15–16, et L. Thuasne, Le Roman de la Rose (Paris, 1929), p.65.

14 W. H. Cornog, The ANTICLAUDIAN of Alain de Lille (Philadelphia, 1935).

15 A. Piaget, Martin Le Franc, Prévôt de Lausanne (Lausanne, 1888), p. 39, n. 2.

16 Ibid., p. 87.

17 Ph. A. Becker, Jean Lemaire, Der erste humanistische Dichter Frankreichs (Strassburg, 1893), p. 374.

18 Au XVIe siècle, il est fait souvent allusion (par Gringore, par Marguerite de Navarre) aux Papistes, aux partisans de l'Eglise de Rome, qui se distinguent par leurs oreilles d‘âne. Or le Champion des dames contient une satire vive contre la cour de Rome, contre le Pape et les cardinaux (cf. Piaget, op. cit., pp. 211–231), il est donc probable que déjà pour Martin le Franc les oreilles d‘âne sont une désignation satirique du clergé romain.

19 Becker (op. cit., p. 375) continue ainsi la citation de Martin le Franc:

Le temps vous prent et vous trespasse,
Quant on est venu et allé,
Tout par le cul d'un singe passe …

Et cette dernière expression est voisine de celle qu'employa Rabelais (iv, 43):

Ainsi leur sort l'âme par le cul.

20 Piaget, op. cit., p. 93.

21 Ibid., p. 94 (55 v.).

22 Lesfaictz et dictz de Jean Molinet, p.p. N. Dupire (Paris, 1936), i, 65–76.

23 Oeuvres de Jean Lemaire de Belges, p.p. J. Stecher (Louvain, 1885), iii, 106. M. P. Champion (Le canonicat pour Jean Lemaire de Belges à Lyon [Lyon, 1926], p. 20) pense que le Temple de Vénus a été localisé par Jean Lemaire sur la colline de Fourvière. Nous voyons, au contraire, dans le Temple de Vénus un souvenir de l'Eglise Saint-Jean, qui est au bas de la colline, sur les bords de la Saône et au point près duquel, autrefois, se trouvait le confluent. Quand Jean Lemaire parle du rocher où il lit l'inscription qui décrit le Temple de Minerve, quand il raconte sa promenade dans un terrain pierreux, sabloneux et désert, c'est, croyons-nous, en pensant à la colline elle-même, où, ‘à part quelques jardins, quelques terres à froment et quelques habitations rurales isolées dans les cultures,’ l'on trouvait presque uniquement des vignes (cf. A. Kleinclausz, Lyon, des origines à nos jours [Lyon, 1925], p. 84, renvoi à Fabia, Fourvière en 1493). Cette colline de Fourvière, Jean Lemaire la connaissait bien. Il faisait partie du groupe qui se réunissait ‘au domicile de Nicolas de Lange, dans sa maison et ses jardins situés sur les pentes de Fourvière’ (A. Kleinclausz, Histoire de Lyon [Lyon, 1939], i, 531). Cétait aussi sur la même colline qu'un riche bourgeois lyonnais, Pierre Sala, avait fait bâtir une sompteuse maison à laquelle ‘tout émerveillé des débris antiques exhumés de son sol’ (A. Kleinclausz, Lyon, p. 85), il donna le nom qui désigne aujourd'hui encore l'emplacement de cette propriété: l'Antiquaille. Les deux temples de la Concorde, celui de Vénus et celui de Minerve nous paraissent correspondre aux deux aspects de Lyon: la ville catholique et le ville impériale. Les temples et les palais de l'antique Lugdunum étaient construits sur le forum, le Fourvière actuel (d'où la confusion ou le jeu de mots: fori veteris et fori veneris). L'amateur de recherches archéologiques qu'était Jean Lemaire n'assimilait pas le culte de l'antiquité et celui de Vénus; il opposait, au contraire, le monde où régnent les passions, et le monde de l'esprit; Fourvière n'était pas encore,—ce qu'elle est devenue,—‘la colline qui prie’; elle représentait le monde païen, tandis que les églises se pressaient sur les bords de la Saône (Cf. A. Kleinclausz, Lyon, p. 69, n. 1).

24 Kleinclausz, Histoire, i, 121.

25 Le CXIIIe archevêque de Lyon fut François de Rohan, fils de Pierre de Rohan, duc de Nemours. Il fut sacré le 15 juin 1504, car il était trop jeune pour recevoir officiellement le titre d'archevêque avant cette date, quoiqu'il ait exercé les fonctions d'archevêque de Lyon, depuis trois ans déjà, après la mort à Paris, le 10 novembre 1500, d'André d'Espinay. (Jean-Marie La Mure, Histoire ecclésiastique du diocèse de Lyon [Lyon, 1671], pp. 200–204.) Doit-on voir une allusion à François de Rohan et à sa famille dans un vers où Jean Lemaire, sans raison apparente, emploie le mot Nemours: ‘Bien me sembloit que plus loing qu'a Nemours / On m'eust ouy plourer’ …? S'agit-il simplement du village de Nemours? —Le chapitre de Lyon était riche; il recevait, en outre, des offrandes à l'occasion des pardons annuels de la Saint-Jean et de la Saint Pierre. Sur les dons en nature offerts au chapitre le jour de la Saint-Jean, cf. l'abbé A. Sachet, Le Pardon annuel de la Saint-Jean et de la Saint-Pierre à Saint-Jean de Lyon (Lyon, 1914), i, 336–339.

26 H. Guy, La poésie française au XVIe siècle (Paris, 1910), i, 196. Cf. l'expression ‘Golt und Natur,‘ PMLA, lix (1944), 151.

27 A. Marot, Œuvres, éd. G. Guiffrey (Paris, 1876), ii, 61–101. Cf. J. Plattard, Marot (Paris, 1938), pp. 21, 97–98.

28 Migne, 210, col. 755; la même idée est exprimée par Alain de Lille dans le Sermon sur l'Esprit Saint, col. 222.—cf. E. Cassirer, Individuum und Kosmos in der Philosophie der Renaissance (Berlin, 1927), p. 315. E. Mâle, L'art religieux du XIIe siècle en France (Paris, 1922), pp. 316–318.—L'expression: ‘l'homme est un microcosme’ a été employée pour la première fois par Démocrite d'Abdère (cf. Matila C. Ghika, Le nombre d'or. Les rites. 5a éd. [Paris, 1931] ii, 15; ibid., 76, 77).

29 Col. 448.

30 Ibid.

31 Cf. Le Roman de la Rose, iv, 321–322—E. Langlois, Origines …, p. 109.

32 A. M. Schmidt, La poésie scientifique en France au seizième siècle (Paris, 1938), p. 114: ‘Homo es, sistere in nomine.‘

33 Col. 459.

34 Col. 464–465.

35 Thuasne, op. cit., p. 143, citation de Paulin Paris.

36 J. Plattard, ‘Rabelais. Pantagruel.‘ Centre de documentation universitaire (1939).

37 Rabelais, Œuvres complètes, éd. J. Boulenger, p. 650, n. 1.

38 Ibid., p. 651, n. 3: ‘Les trois mots signifient bigots, tartufes’; les autres noms désignent aussi des faux dévots. Nous relevons ici, une fois de plus, les ‘oreilles d'âne’ qui semblent ainsi être une désignation traditionelle des papistes et du clergé romain.

39 Ibid., p. 366 (iii, 4). Sur la théorie de l'homme-microcosme, cf. Cornog, op. cit., p. 35; E. Cassirer, op. cit., pp. 115, 117; E. Panofsky, Studies in Iconology (New York, 1939), p. 135; G. P. Conger, Theories of macrocosms and microcosms in the history of philosophy (New York, 1922). Cf. E. M. W. Tillyard, The Elizabethan World Picture (London, 1943).

40 Jean de Meun avait déjà dit, dans le Roman de la Rose, que l'homme doit rechercher son plaisir, et que les arts sont nés de la nécessité dans laquelle s'est trouvé l'homme d'inventer pour subsister: les arts et la science sont fils du besoin.

20103 Que chascuns endreit sei féist
Quanque delitable veïst;
Car deliz, si come il disait,
C'est la meudre chose qui seit,
Et li souverains biens en vie
Don chascuns deit aveir envie….
20176 Ainsinc sont arz avant venues,
Car toutes choses sont vaincues
Par travail, par povreté dure,
Par quei les gens sunt en grant cure.
Car li mal les engins esmuevent
Par les angoisses qu'il i truevent.

41 Rabelais, Œuvres (ii, 51), p. 531.

42 Scève, Œuvres poétiques complètes, éd. B. Guégan (Paris, 1927), p. 196.

43 Ibid., p. 201.

44 Ibid., p. 200.

45 Ibid., p. 203.

46 Ibid., p. 206.

47 Ibid., pp. 204–205.

48 Ibid., p. 207.

49 Ibid., p. 222.—N'y a-t-il pas lieu de s‘étonner de la remarque de E. Parturier, dans son édition de la Délie, p. xxxiv: ‘leurs [delà Pléiade] tendances naturalistes les éloignaient de ce rêveur mystique.’

50 ‘… cette philosophie qui refuse d'opposer la Nature et la Raison, qui les confond même et proclame leur souveraineté commune, c'est le premier anneau de la chaîne qui relie Rabelais, Montaigne et Molière, pour aboutir à Voltaire.’ Nous n'aurions pas relevé ce passage de l'Histoire de la littérature française, si ce jugement n'était constamment cité de nos jours.

51 E. Gilson, ‘La cosmogonie de Bernardus Silvestris,‘ Archives d'histoire doctrinaire et littéraire du moyen âge, iii (1928), 5–24.

52 Op. cit., pp. 442–443: ‘Vanité du savoir … vanité des superfétations dont s'embarrasse l'amour courtois … Vanité des richesses … Vanité de la gloire ….’ Il est curieux de remarquer que les critiques universitaires semblent ne se résigner à louer Jean de Meun qu'après avoir fait à son sujet de multiples restrictions. M. Farai fait grief à Jean de Meun d'avoir puisé à des sources nombreuses: ‘C'est ainsi que page à page, on retrouve dans le roman de Jean de Meung le souvenir de quelque lecture.’ M. Farai accorde pourtant à Jean de Meun ‘l'idée et le mythe de la Nature toute puissante, principe de la vie et source de la loi morale’; mais il s'empresse d'ajouter: ‘Mais cette idée et ce mythe, Jean de Meung en est-il l'inventeur?’ et il conclut: ‘le naturalisme qui confère à son roman le plus certain de son intérêt, n'est pas sa découverte.’ M. Farai pousse l'injustice jusqu'à dire que le grand succès de Jean de Meun ‘auprès des lecteurs du XVe et du XVIe siècle a été, en partie, pour lui un coup de chance.’

53 C'est, d'ailleurs, là un thème qui se rencontre souvent dans la littérature du Moyen Age (cf. Le Roman de la Rose, iv, 317–318—Œuvres de G. de Machaut, p.p. E. Hoepffner [Paris, 1921], iii, vii, n.l).

54 I. Stravinsky a, lui aussi, repris cette même idée que l'artiste doit se soumettre à l'objet, et trouver ainsi la liberté dans la contrainte (Poétique musicale [Cambridge, 1942], p. 51).

55 Pour P. Villey (Les sources et l'évolution des Essais de Montaigne, 2e éd. [Paris, 1933]’ ii, 381), Montaigne, homme du monde, dépasserait, parson ‘positivisme,’ le point de vue d'un homme de science authentique comme Ambroise Paré, car Montaigne se sépare ‘des rationalistes qui, prétendant rendre compte de tout à tort et à travers, sont enfin obligés de faire une part aux puissances mystérieuses’ (ibid., p. 393). Il ne semblé pas, pourtant, qu'on puisse dire que l'attitude de Montaigne soit ‘proprement scientifique,’ quand il suspend son jugement. On peut conclure qu'il n'est pas un esprit ‘avancé’ pour son temps (H. Busson, Les sources et le développement du rationalisme dans la littérature française de la Renaissance [Paris, 1922], p. 449). On sait, en outre, ce que pense M. H. Hauser des opinions de P. Villey sur la pensée scientifique du XVIe siècle (La modernité du XVIe siècle [Paris, 1930], pp. 19–20). Il n'est pas besoin non plus de rappeler le rôle de l'hypothèse dans la science et que, suivant le mot de Zola, la tâche du savant est d'aller du connu à l'inconnu. Les véritables hommes de science, au XVIe siècle, en France, ce sont bien plutôt les Ambroise Paré et les Bernard Palissy que les humanistes, les empiristes et les expérimentateurs que les érudits.—Meyerson, le maître de tous ceux qui se sont occupés de philosophie scientifique, se rangeait volontiers ‘dans le sillage d'Aristote’ et avait en horreur le mot même de positivisme (M. Gorce & F. Bergounioux, Science Moderne et Philosophie médiévale [Paris, 1938], pp. 6 and 7).—Relevons aussi la déclaration de J. B. S. Haldane: ‘Scientists are workers engaged in changing society—for that is what being a scientist means.‘

56 Est-il besoin de rappeler que la doctrine d'Alain de Lille et de Jean de Meun condamne, dans l'amour, ce qu'Alain de Lille appelle les fautes de syntaxe et de genre (Cum enim attestante grammatica duo genera specialiter, masculinum et feminum, ratio naturae cognoverit … [col. 457])?

57 Il s'agit ici de la forme essentielle: le mot grec eidos signifiqe, en effet, à la fois forme et espèce (cf. A. Mansion, Introduction à la physique aristotélicienne [Louvain-Paris, 1913], pp. 145 et 201).

58 Op. cit., p. 21.—Les idées et les lettres (Paris, 1932), p. 187.

59 H. Busson, op. cit., p. 60.—Rabelais, Tiers Livre, viii.

60 Op. cit., pp. 201, 216, 262.—Cf. Marcel Françon, PMLA, lvi (1941), 331–333.

61 Roman de la Rose (Paris, 1933), p. 45.—Le P. Gorce précise (p. 50): ‘En cherchant l'application des principes théologiques et divins dans les fait naturels et en particulier dans les faits de sexualité, Jean de Meun n'a pas fait oeuvre de laïcisation, mais de “théologisation”.‘

62 N'est-il pas vrai non plus que les personnages et les événements historiques doivent être soumis à une simplification légendaire avant d'être susceptibles de réelle utilisation littéraire? Et cette simplification légendaire de l'histoire joue le même rôle que le lieu commun qui n'est que la vulgarisation des idées philosophiques. P. Lasserre (Renan et nous [Paris, 1923], p. 52) est allé jusqu'à dire: ‘Le lieu commun est l'aliment obligé de l'éducation intellectuelle et de l'éducation morale.’ ‘Cette simplification intellectuelle du réel,’ a-t-il déclaré, ‘est le propre office et la raison d'être de l'école.’ (La jeunesse d'Ernest Renan [Paris, 1925], i, 284).—Il nous parait qu'on ne saurait trop insister sur les dangers de ce que G. Sorel appelait un état de dissociation idéologique dans lequel l'homme risque de perdre le sens de la réalité des choses (La ruine du monde antique [2e éd., Paris, 1925], p. 84).—Il faut, d'ailleurs, tenir compte aussi de l'influence de la littérature sur la philosophie, ou de la recherche des effets littéraires par les philosophes. Mansion remarque fort pertinemment, pour expliquer des contradictions apparentes chez Aristote, ‘le Stagirite ne serait-il pas le jouet de sa plume, lorsqu'il paraît attribuer une valeur explicative à des expressions dont la puissance graphique trahit sa pensée en l'exagérant?’ (op. cit., p. 158), et, aussi, ‘Il ne reste donc d'autre interpretation que de voir dans le Dieu-Nature un procédé littéraire, …’ (pp. 159–160). Ailleurs (p. 131), Mansion allègue un ‘artifice de style’ et une ‘figure de style’ (p. 51).

63 Les débuts de Corneille (Paris, 1936), pp. 463–467; 701–705.

64 ‘Praevia igitur theatralis oratio joculatoriis evagata lasciviis, tuae puerilitati pro ferculo propinata; nunc stylus paululum maturior ad praefinitatae narrationis propositum revertatur.‘ (col. 456).—Sur la figure appelée antilogie, cf. H. Brémond, Racine et Valéry (Paris, 1930), pp. 167–172.

65 Cf. Italica, xix (1942), 105.

66 L. Thorndike, A History of Magic and Experimental Science (New York, 1923), ii, 457–476; 297; i, 502.—C. Fant, L'image du monde (Upsala, 1886).—Histoire littéraire de la France (Paris, 1856), xxiii, 295: ‘Nomenque Imago Mundi ei datur, eo quod dispositio tortius orbi in eo, quasi in Speculo, conspiciatur.‘—E. Cassirer, op. cit., p. 353.

67 Col. 476.

68 Col. 443.

69 Les néo-humanistes, au lieu de mettre l'accent sur la continuité de la tradition littéraire française, insistent sur les rapports entre les littératures antiques et la littérature française. C'est ainsi que H. Peyre (L'influence … [New Haven, 1941], pp. 97–98) déclare: ‘Si, comme le souhaitait un grand humaniste, Irving Babbitt, nos études de littérature française étaient un peu moins rattachées au Moyen Age et un peu davantage à l'antiquité …, nous y gagnerions sans doute de mieux comprendre la littérature française elle-même, imprégnée … d'influences antiques.‘

70 Sur l'utilisation du personnage de Génius dans la littérature, cf. E. C. Knowlton, ‘The Genii of Spenser,‘ Studies in Philology, xxv (1928), 439–456. Mr. Knowlton a reproduit une tapisserie du comencement du XVIe siècle, oû se retrouve le personnage de Genius, vieillard coiffé d'une mitre, et tenant un parchemin à la main. C'est bien là le Génius d'Alain de Lille et de Jean de Meun.

71 Il est piquant de relever le texte sur lequel prêche le Génius de la Concorde. C'est le début d'un vers des Métamorphoses: Aetatìs breve ver; mais il s'agit justement des pratiques que condamnaient Alain de Lille et Jean de Meun (19651): Ovide parle d'Orphée, après que, pour la seconde fois, Eurydice lui eut été enlevée:

Ille etiam Thracum populis fuit auctor amorem
In teneros transferre mares citraque juventam
Aetatis breve ver et primos carpere flores, (x, 83–85)

72 Quand on étudie Jean de Meun et son naturalisme, il est impossible de ne pas penser à Zola, quoique, évidemment, Zola ait entendu le mot de naturalisme dans un sens très spécial (cf. P. Martino, Le naturalisme français [Paris, 1923]). Mais G. Lanson (‘Un naturaliste du XIIIe siècle,’ Revue bleue [2e série, 1894], pp. 35–41) parle de ‘poésie à la Zola’ pour caractériser l'œuvre de Jean de Meun, et il semble qu'on puisse remarquer que, parmi les quatre Evangiles que Zola projetait, les trois qu'il a publiés, Fécondité, Travail, Vérité, correspondent aux idées dont est formé la naturalisme de Jean de Meun.

73 Cf. L. I. Bredvold, ‘The Naturalism of Donne in Relation to Some Renaissance Traditions,‘ JEGP, xxii (1923), 471–502.

74 C'est ainsi que, par exemple, Spenser a été considéré comme un ‘matérialiste’ (par Mr. Greenlaw), puis comme un ‘idéaliste’.—(D. Bush, Mythology and the Renaissance Tradition [Minneapolis, 1932], p. 116, n. 75; ‘Spenser has Ovid in mind, though it is Ovid versifying Platonic ideas’).—On est ainsi tenté d'excuser la désinvolture de D. Saurat (Les idées philosophiques de Spenser [Lund, 1924]), et, quoique l'interprétation de Mrs. J. W. Bennett (‘Spenser's Garden of Adonis revisited,“ JEGP, xli [1942], 53–78; 486–489) semble devoir l'emporter, nous croyons, pourtant, que Spenser a été fortement influencé par l'aristotélisme médiéval.

75 G. Lote, pourtant, semble, dans une large mesure, être justifié à qualifier de matérialiste l‘œuvre de Rabelais (La vie, et l‘œuvre de François Rabelais [Paris, 1938], p. 252).