Hostname: page-component-77c89778f8-rkxrd Total loading time: 0 Render date: 2024-07-23T07:29:57.105Z Has data issue: false hasContentIssue false

L'Honnete Homme Devant La Nature, Ou La Philosophie Du Chevalier De Méré

Published online by Cambridge University Press:  02 December 2020

Par Jacques G. Benay*
Affiliation:
State University of New York Buffalo 14

Extract

Jusqu‘à présent la plupart des études consacrées au sentiment de la nature au XVIIe siècle ont eu pour but d'infirmer les thèses de Lanson et de Brunetière en s'efforçant de prouver par des exemples précis l'existence de ce sentiment à une époque réputée pour sa peinture exclusive de l'homme. Mais ce grand pas étant accompli, d'autres questions se posent. Il conviendrait de déterminer dans quelle mesure le sentiment de la nature affecte certains courants de la philosophie, de la morale ou de l'esthétique au XVIIe siècle. Il importerait aussi de se demander comment l'homme sensible au spectacle du monde pense l'homme. Peu d‘écrivains de cette époque furent plus sensibles à ce spectacle que le chevalier de Méré. En même temps personne ne contribua plus que lui à définir l'idéal de “L'Honnête Homme.”

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Modern Language Association of America, 1964

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

1 Ch.-H. Boudhors. “Divers Propos du Chevalier de Méré en 1674–75,” RHL, xxxii (1925), 450. Pour les notes bibliographiques et les documents employés nous renvoyons d'autre part aux Lettres de Monsieur le Chevalier de Méré (Paris: Denis Thierry et Claude Barbin, 1682), 2 tomes, ainsi qu'au texte établi et présenté par Charles-H. Boudhors: Les Œuvres complètes du Chevalier de Méré (Paris: Roches, 1930), 3 tomes. Ces œuvres comprennent: Les Conversations, Discours de la justesse, Tome i; Les Discours des agréments, de l'esprit, de la conversation, Tome ii; Les Avantares de Renaud et d'Armide, œuvres posthumes, Tome iii. Nous reproduisons l'orthographe des textes cités que nous désignerons par les abréviations suivantes: Propos, Lettres, O.C. Nous tenons à signaler, par ailleurs que, bien qu'il n'en ait pas déterminé la signification, il appartient à Boudhors d'avoir le premier parlé d'un sentiment de la nature chez le Chevalier de Méré (voir Tome i, p. xxviii des Œuvres complètes). Voir aussi une allusion très brève à Méré sensible à la beauté des paysages par A. Adam dans “Le Sentiment de la nature au XVIIe siècle en France, dans la littérature et les arts,” Cahiers de l'association internationale des études françaises, vi (juillet 1954), 4 et 13.

2 Lanson, Histoire de la littérature française (Paris, 1924), p. 802. Pour les études se rapportant au thème de la Nature au XVIIe siècle, voir G. L. McCann, Le Sentiment de la nature en France dans la première moitié du XVIIe siècle (Paris: Nizet, 1926); P. E. Crump, Nature in the Age of Louis XIV (London: Routledge, 1928); M. Hervier, “Le Sentiment de la nature au XVIIe siècle,” Revue universitaire, xlvi, Pt. 2 (décembre 1937), 422–428, xlvii, Pt. 1 (février 1938), 129–137, Pt. 2 (juillet 1938), 115–124; Cahiers de l'association internationale des études françaises, vi (juillet 1954).

3 J. Rousset, La Littérature de l‘âge baroque en France. Circé et le Paon (Paris: Corti, 1954). G. Atkinson, Le Sentiment de la nature et le retour à la vie simple (1600-1740) (Genève: Droz, 1960). Ces deux études, tout en accroissant nos connaissances sur le rôle de la nature au XVIIe siècle, modifient pour le mieux certaines vues traditionnelles de l‘âge classique.

4 Méré, O.C., p. xxviii.

5 M. Magendie, La Politesse mondaine et les théories de l'honnêteté, en France, au XVIIe siècle, de 1600 à 1660 (Paris: Alcan, 1926), ii, 781. Méré, O.C., p. xxviii.

6 Méré, Lettre 13, i, 91–92.

7 Lettre 68, i, 304.

8 Lettre 50, i, 249–251, et Lettre 197, ii, 686.

9 Œuvres de Saint-Evremond (Paris: Cité des Livres, 1927), iii, 224.

10 Lettre 75, i, 298–299.

11 Lettre 174, ii, 603–604.

12 O.C., ii, 87. Voir aussi p. 158, note 4, sur l'auteur de ces vers. Boudhors, à juste raison, se refuse à croire qu'ils soient de Pascal. “On n'a peut-être pas assez remarqué, dit-il, qu'ils ne se bornent pas à opposer à l'austérité glacée de la science, le riant soleil de l'honnête conversation. Ces climats où règne la nuit pendant six mois de l'année, ce sont les climats du Nord.” Or, nous verrons plus tard les préventions de Méré à l'égard des pays et des peuples nordiques, son enthousiasme pour le monde méditerranéen.

13 Lettre 42, i, 215. Voir aussi “Divers Propos du Chevalier de Méré en 1674–75,” RHL, xxxii (1925), 72: “Pour chanter, la joye ne m'est pas moins nécessaire qu'au petit oyseau le beau temps.” Ces propos, comme les lettres, sont de véritables confessions.

14 Lettre 74, i, 324–326, et Lettre 159, ii, 569.

15 Voir F. Gourier, Étude des œuvres poétiques de Saint-Amant (Genève: Droz, 1961), p. 175. Il y a tout lieu de croire que Méré a lu “Le Melon.” Le thème, certains vers comme: “Quel doux parfum de musc et d'ambre . . . / O fleur de tous les fruits!” ont dû lui servir de modèle.

16 Dans ses notices, notes et variantes aux Œuvres complètes, iii, 177–184, Boudhors a établi d'une façon précise les inventions et l'originalité de Méré dans ce conte. Méré à diverses reprises a réclamé la plus grande liberté vis-à-vis des anciens et des auteurs qu'il traduit. Cf. Propos, xxix (1922), 217.

17 O.C., iii, 38. Même tendance à la rêverie chez l'auteur: “Je m'imagine, écrit-il à un ami, que je suis dans ce Bois sur la coste d'Afrique . . .,” Lettre 117, ii, 501.

18 Rousset, La Littérature de l'âge baroque, p. 151. Sur ces différences entre la rêverie baroque et romantique nous renvoyons aussi à deux articles: “L'Eau et le soleil dans le paysage des poètes” du même auteur, et à celui de A. J. Steele, “Aspects de la poésie de l'eau au XVIIe siècle,” parus dans CAIEF, vi, 50–74.

19 Adam, CAIEF, vi, 13. “Propos,” RHL, xxxii (1925), 73: “Les descriptions sont des torches . . . Tristan, Saint-Amant, non autre chose; aussy des subtilitez.”

20 O.C., i, 29. Cf. O.C., ii, 13–14 et 139, n. 2; dans Montaigne, Essais, iii, Ch. v, Sur des vers de Virgile: “Si j'estois du mestier je naturaliseroi l'art autant comme ils artialisent la nature.”

21 P. Van Tieghem, Petite Histoire des grandes doctrines littéraires en France (Paris: P. U., 1946), p. 39.

22 Lettre 22, i, 138–141. Scudéry au contraire allait jusqu'à affirmer que: “Les opérations de l'esprit sont trop importantes pour en laisser la conduite au hasard, et j'aimerais

presque mieux que l'on m'accusât d'avoir failli par connaissance que d'avoir bien fait sans y songer.“ Cité par Van Tieghem, p. 37. Contre Boileau Méré déclare dans ses ”Propos,“ RHL, xxix (1922), 216: ”Je disois que . . . ce qui estoit net et demeslé dans Boileau estoit désagréable.“

23 O.C., I, 62, c'est nous qui soulignons. Même idée, iii, 125: “Il me semble aussi que pour peindre de bonne grace les plus beaux spectacles de la nature, il faut observer à l'exemple d'Homère, de Virgile, et du Tasse, comme elle se montre, et la suivre exactement.” Cf. aussi Lettre 4, i, 29. Sur les affinités entre le naturel et la nature en matière d'art et de mœurs: “Ce qui tient du champestre, et du sauvage, ne laisse pas d'estre noble, quoi que fort différent de la noblesse des Cours. C'est que l'on y void je ne sçai quoi de digne et de grand, tout simple et sans art. Imaginez-vous ces sombres forests d'Afrique ... et tant d'autres animaux sauvages, tout cela me paroist plus noble, que les jardins du grand Seigneur.” O.C., i, 87–88.

24 Boudhors, O.C., i, xlvi. La Matrone d'Ephèse, traduction libre de Pétrone, pour Mme de Lesdiguières dans Lettre 34, i, 178–195. Cf. aussi Lettre 6, i, 41–62, et Lettre 195, ii, 681.

25 “Propos,” RHL, xxxii (1925), 76; même idée dans xxix (1922), 85; sur Richelieu et Mazarin, p. 86: “des buffles des pédans.” Cf. aussi: “Propos,” xxxi (1924), 492.

26 Lettre 6, i, 40. Dans Lettre 31, i, 169–170: “Je sçay bien que le plus honneste homme auprès de ces Maîtres du monde, est souvent obligé de joüer des rolles qu'il ne choisiroit pas. C'est ce que les anciens ont voulu dire que les Dieux n'appel-loient les hommes dans leurs plaisirs que pour se mocquer d'eux, et s'en servir de jouet.”

27 O.C., ii, 123. Dans les Propos: “Je remarque que ceux qui sont à la Cour il y a quarante ans, sont aussi sots que quand ils y vinrent.” RHL, xxix (1922), 85.

28 “Propos,” RHL, xxx (1923), 520.

29 O.C., iii, 104. Cf. Lettre 136, ii, 446. Cf. aussi: O.C., ii, 109, iii, 103, Lettre 22 à M. Costar, i, 140.

30 O.C., iii, 111–112. Dans le même tome, p. 115, Méré, contre les grammairiens du classicisme, recommande l'emploi de tournures locales issues des patois. Il reprend la même thèse dans la Lettre 42, i, 217–218.

31 O.C., iii, 95, 109, 118, et 203, n. 1. Sur l'esprit métaphysique voir: ii, 79, 154, n. 1, et “Propos,” RHL, xxxii (1925), 450, 455, de même que dans les nos. xxix (1922), 92, et xxx (1923), 524.

32 O.C., i, 151–152, nn. 1 et 2, ii, 79. “Propos,” RHL, xxxii (1925), 455 et 925.

33 O.C., ii, 101. Lettre 19 à Monsieur Pascal, i, 125.

34 O.C., i, 36. Cf. Lettre 39, I, 211–212: “Considérez d'ailleurs que c'est pour nous que la nature agit, qu'elle étale de si beaux spectacles ...”

35 Lettre 19, à Monsieur Pascal, i, 125–126.

36 Lettre 143, ii, 524–525. Cf. Lettre 157, ii, 566, contre Mitton, “Bourgeois de la Cour” incapable de s'expliquer en Citoyen du monde.