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La Métaphore du crabe dans l'œuvre littéraire de Jean-Paul Sartre

Published online by Cambridge University Press:  02 December 2020

Par Marie-Denise Boros*
Affiliation:
Rutgers University, New Brunswick, N. J.

Extract

Le style original de Jean-Paul Sartre a souvent attiré l'attention des critiques. L'un d'eux, Frédéric Jameson, y a consacré une étude fort intéressante. D'autres se sont plutôt attachés à certains aspects de son imagerie. Or, selon l'idéologie sartrienne, chacune de nos conduites, chacun de nos projets ne peut s'expliquer que par le projet originel dont il émane et qui le fait exister; de même, c'est à travers les imagesclés colorant l'œuvre de Jean-Paul Sartre qu'on pourra tenter de dégager le sens fondamental qui les nourrit et se manifeste tout entier dans chacune d'elles.

Type
Research Article
Information
PMLA , Volume 81 , Issue 5 , October 1966 , pp. 446 - 450
Copyright
Copyright © Modern Language Association of America, 1966

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References

1 Sartre: The Origins of a Style (New Haven et Londres: Yale Univ. Press, 1961).

2 D. M. Burdick, “Imagery of the ‘Plight’ in Sartre's Les Mouches,” French Review, xxxii (Jan. 1959), 242–246. S. John, “Sacrilege and Metamorphosis, Two Aspects of Sartre's Imagery,” MLQ, xx (March 1959), 57–66.

3 Il est vrai que dans un article pénétrant, paru dans le PMLA, lxxviii (Décembre 1963), 623–630, Madeleine Fields a noté la fréquence du symbole du crabe chez Sartre. Mais il ne s'agit là que d'une remarque accessoire qu'elle ne développe pas davantage, car ce n'est pas là l'objet de son étude. Cependant, elle rattache cette image à la signification freudienne du retour à l'eau et à la vie prénatale. Or il semble peu probable que Sartre se soit systématiquement inspiré de la mythologie freudienne qu'il a si souvent réfutée. De plus, ce symbolisme freudien ne saurait s'appliquer à toutes les instances où apparaît l'image du crabe chez Sartre.

4 Jean-Paul Sartre, La Nausée (Paris: Gallimard, 1938), p. 128. C'est nous qui soulignons les différentes allusions au crabe dans cette citation et les suivantes.

5 “La Chambre,” Le Mur (Paris: Gallimard, 1939), pp. 50, 64. C'est nous qui soulignons.

6 “Erostrate,” Le Mur, p. 79.

7 “L'Enfance d'un chef,” Le Mur, p. 180.

8 L'Express (Paris), 25 Septembre 1958.

9 L'Âge de raison (Paris: Gallimard, 1945), pp. 194–195. C'est nous qui soulignons.

10 Les Séquestrés d'Altona iv.ii (Paris: Gallimard, 1960), pp. 167–168.

11 C'est nous qui soulignons.

12 Simone de Beauvoir, La Force de l'âge (Paris, 1960), pp. 216–218, 228.

13 “L'Enfance d'un chef,” p. 164.

14 Les Séquestrés d'Altona ii.i, p. 89.

15 Le Sursis, p. 298.

16 Huis-Clos i.v, Théâtre (Paris: Gallimard, 1947), pp. 151, 147, 182.

17 L'Être et le néant (Paris: Gallimard, 1943), p. 319.

18 Selon l'ontologie de Sartre, l’être du phénomène d’être est là, plein, opaque, massif, inerte, de trop, sans la moindre distance à soi, sans dedans qui s'opposerait à un dehors; c'est l’être de la facticité que Sartre appelle l’être-en-soi. Or, l'une des caractéristiques de l’être-en-soi, c'est d’être ce qu'il est, sans plus. Mais l’être de la réalité humaine n'est pas uniquement en-soi. Il est facticité, mais en même temps conscience. Et l’être de la conscience, lui, n'est pas ce qu'il est: il a à être ce qu'il est, sur le mode du n’être pas. Alors que l'en-soi est plénitude totale, la conscience, au contraire, est une décompression d’être, toujours à distance de l’être, séparée de ce dernier par un néant infranchissable; c'est l’être de la Liberté.

19 L'Être et le néant, pp. 320–321.

20 “Les Mots,” Les Temps Modernes, N° 210 (novembre 1963), p. 806.

21 Les Séquestrés à'Altana ii.i, pp. 84–85.

22 Critique de la raison dialectique (Paris: Gallimard, 1960), p. 62.

23 A ce propos, il convient de noter que Frantz de Gerlach se révèle de mauvaise foi dans sa conception de l'Histoire. En effet, il semble la considérer comme une totalité définie, c'est à dire une réalité statique, qui participe à l'inertie de l'En-Soi, alors que pour Sartre, l'Histoire est totalisation, c'est-à-dire “acte en cours” dont le dynamisme se perpétue en des synthèses qui se succèdent à l'infini. Et l'homme participe activement à ces “totalisations totalisantes,” puisque c'est à partir de ses actes individuels que se fait l'Histoire.

24 En effet, le crabe ne se déplace pas en avant, mais progresse latéralement, donc n'avance pas à proprement parler. Devenu crabe, l'homme ne peut plus se projeter librement dans le champ de ses possibles. Il en est réduit à piétiner sur place, sans jamais pouvoir dépasser le plan de l'En-Soi.