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Sur la genèse de Pantagruel

Published online by Cambridge University Press:  02 December 2020

Marcel Françon*
Affiliation:
Harvard University

Extract

Le livre ii,—on l'a souvent remarqué,—manque d'unité. Des trois parties dont il se compose, la première se rapporte à l'enfance et à la jeunesse fabuleuses de Pantagruel, la seconde à son séjour à Paris, la troisième à son expédition en Utopie. Ce qui marque le début et la fin du roman, c'est le caractère extraordinaire des personnages et de leurs aventures, et le ton familier du récit. Ces deux parties, note M. Abel Lefranc, semblent avoir été rédigées avant la seconde. Dans celle-ci, il ne reste guère plus rien d'anormal, plus d'incidents surnaturels. On oublie presque que le héros est un géant. C'est dans cette seconde partie que Rabelais a exprimé des idées graves et nobles en des pages enthousiastes qui sont remarquables au point de vue littéraire. Ces contrastes ne se retrouvent pas dans les autres livres du roman rabelaisien. Gargantua, le Tiers et le Quart Livres sont mieux composés et mieux écrits. L‘élément mythique y tient moins de place. Pantagruel s'y présente sous d'autres traits: il se fait plus digne; sa bonhomie, de spontanée, devient réfléchie. Non seulement le livre II est moins harmonieux que les autres, mais ce qui le distingue, ce sont les scènes d'une vulgarité de fableau, dénuées souvent de portée, et simplement plaisantes. Par sa première et sa troisième parties, tout imprégnées d'esprit populaire, le livre n tient encore des récits traditionnistes dont les autres livres se dégagent plus nettement. C'est l‘étude des relations qui existent entre Pantagruel et les Chroniques gargantuines qui va nous occuper.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Modern Language Association of America, 1947

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References

page 45 note 1 Rabelais, Œuvres, éd. A. Lefranc (Paris, 1922), iii, x.

page 45 note 2 Rabelais, Œuvres complètes, éd. de la Pléiade (Paris, 1934), p. 11: ‘Un jour, en lisant un de ces livrets populaires … il songe … qu'il écrirait sans grande peine un ouvrage du “même billion”.’—J. Plattard, Rabelais. Pantagruel (Centre de documentation universitaire: Paris, 1939), p. 18: ‘Comment a-t-il eu l'idée d’écrire Pantagruel? C'est, dit-il, à la lecture d'un petit opuscule publié à Lyon en 1532 … .’

page 45 note 3 G. Lote, La vie et l'oeuvre de François Rabelais (Aix-Paris, 1938), p. 72.—P. Villey, Marot et Rabelais (Paris, 1923), p. 164, n. 1: ‘Certainement en 1532, probablement à la foire de novembre, peut-être pourtant à celle d'août.’—Lote, op. cit., p. 72: ‘Seulement il y a ici une difficulté, et qui est assez groose.’

page 45 note 4 B. Croce, Bréviaire d'esthétique, trad. G. Bourgin (Paris, 1923), p. 8.

page 45 note 5 P. Sébillot, Gargantua dans les traditions populaires (Paris, 1883), p. i.

page 45 note 6 Rabelais, Oeuvres, éd. variorum (Paris, 1823-26), cité par Sébillot, op. cit., p. ii, et par H. Gaidoz ‘Gargantua. Essai de mythologie celtique,‘ Revue archéologique, nouv. sér. xviii (1868), 171-191.

page 45 note 7 L. Sainéan, La langue de Rabelais (Paris, 1922), p. 242, n. 4.

page 45 note 8 Cf. S. de Ricci, ‘Un nouvel exemplaire des Grandes et inestimables Chroniques,‘ Revue des études rabelaisiennes, viii (1910), 57-92.

page 45 note 9 J. Ch. Brunet, Recherches bibliographiques et critiques … Les Grandes et inestimables Croniques (Paris, 1852), p. 40.

page 45 note 10 Op. cit., p. 57: des Grandes Chroniques, S. de Ricci a dit: ‘cette veritable édition originale de Rabelais.’—‘Une rédaction inconnue de la Chronique de Gargantua.’ Revue des études rabelaisiennes, 7 (1909), 1-28: S. de Ricci appelle les Grandes Chroniques, la ‘première production littéraire de Rabelais, première forme de son immortel ouvrage’ (p. 15).

page 45 note 11 J. Plattard, L'invention et la composition dans l’œuvre de Rabelais (Paris, 1909).—Mais il faut remarquer que Brunet avait été prudent. Il disait, en 1834, après avoir supposé que Rabelais avait écrit les Grandes Chroniques: ‘Toutefois, nous l'avouons, cette explication, quoiqu'assez naturelle, ne nous satisfait pas entièrement, et nous hésitons à attribuer positivement à Rabelais un morceau si peu digne de son génie. Cependant … c'est là la source première [du roman de Rabelais] … Quant a l’édition in -4° de 1532, … nous sommes disposés à la regarder comme la première de toutes,’ cité par G. Regis, dans sa traduction allemende, Gargantua und Pantagruel (Leipzig, 1839), ii, pp. cxxxviii-cxxxix.

page 45 note 12 P. Stapfer, Rabelais (Paris, 1889), p. 27, avait suivi Gaidoz, en disant qu'on ne trouvait dans les Grandes Chroniques ‘ni esprit dans l'invention, ni talent dans le style.‘

page 45 note 13 Rabelais, éd. A. Lefranc, i, p. xliv.

page 45 note 14 Rabelais, Exposition organisée à l'occasion du quatrième centenaire de la publication de Pantagruel (Paris, 1933), pp. 95-99.

page 45 note 15 Ibid., p. 97: 249 Les grandes et inestimables croniques. La liste que donne M. Porcher s'appuie sur la Bibliographie rabelaisienne de P. Plan, ‘dont elle suit l'ordre’ et sur l'article de Seymour de Ricci, Revue des études rabelaisiennes 5 (1907), 285-309.—Le N° 249 de M. Porcher correspond au N° 1 de P. Plan.

page 45 note 16 Op. cit., 7 (1909), 1-28.

page 45 note 17 Le premier de ces vers est: Fait de par moy poure et simple homme.

page 45 note 18 Rabelais, Œuvres, i, xlvi.

page 45 note 19 Op. cit. (1909), p. 26; S. de Ricci dit que La grande et merveilleuse vie est ‘le plus ancien pastiche de Rabelais,‘ mais il attribue les Grandes Chroniques à Rabelais, et c'est cet ouvrage dont il veut parler.

page 45 note 20 J.-Ch. Brunet, Les grandes croniques (Lyon, 1852), p. 48: ‘imitation très abrégée de l'ouvrage ci-dessus’; mais l'ouvrage étudié par Brunet avant La grande et merveilleuse vie, c'est La vie admirable.

page 45 note 21 Op. cit., p. xliv.

page 45 note 22 J.-Ch. Brunet, op. cit., p. 46, ‘ce Gallimassue qui probablement était déjà l'objet d'une publication particulière … qui a dû exister.‘—Cf. Bibliographie lyonnaise par fe Président Baudrier … , dix. sér. (Lyon-Paris, 1913), p. 44: Le tres eloquent Pandarnassus, fils du vaillant Galimassue … Lyon, Olivier Arnoullet, s.d.

page 45 note 23 P. Villey, op. cit., p. 177.

page 45 note 24 P. Sébillot, Le Folk-Lore (Paris, 1913), p. 20.

page 45 note 25 Cf. S. de Ricci, op. cit. (1910), et J.-Ch. Brunet, p. 7, de son édition des Grandes Chroniques.

page 45 note 26 Cf. Les œuvres de Maistre François Rabelais, ed. Marty-Laveaux (Paris, 1881), iv, 12-14: Les grandes et inestimables Croniques … Imprime nouuellement. 1532;—Le grant roy de Gargantua … Nouuellemenl Imprimees A Lyon.—Dans Régis, op. cit., ii, cxxv: ‘Cy finissent les chronicques, du grant et puissant geant gargantua … Nouuellement Imprimees A Lyon. 1533.‘

page 45 note 27 Cf. Bibliographie Lyonnaise, dix. série (Lyon-Paris, 1913), p. 68: Le Babilon aultrement la Confusion de Lesclaue Fortune. Nouuellement compose par luy. Ou sont contenues plusieurs lettres … Auecques aulcuns Rondeaulx… Nouuellement Imprime a Lyon.—p. 69: S'ensuiuent les Menus propos … nouuellement composez par Pierre Gringoire … Auec plusieurs additions nouuelles . . . Nouuellement imprime.—Rappelons que le titre de Pantagruel, dans l’édition in -4° de Claude Nourry (s.d.), porte la mention: ‘Composez nouuellement.’

page 45 note 28 Cf. J. Plattard, L'invention … , p. 12: ‘en 1533 … il existait déjà trois éditions des Chroniques … La troisième en date (P. P. Plan, Bibl. Rab. n° 3).‘—C'est le N° 251 de M. Porcher.

page 45 note 29 Œuvres, éd. A. Lefranc, i, xliv.

page 45 note 30 Marty-Laveaux, op. cit., iv, 55.—Régis, op. cit., pp. cxxiii-cxxiv.

page 45 note 31 La seconde chronique de Gargantua et de Pantagruel, éd. P. Lacroix (Paris, 1872), p. 3.

page 45 note 32 P. Lacroix, op. cit., p. x, suppose que Rabelais est l'auteur des Chroniques admirables comme des Grandes Chroniques; mais que Pantagruel était encore sous presse quand parurent les [Chroniques du grant roy]. Il est bien évident que la mention ‘vraye Chronicque’ pourrait s'appliquer à toutes les chroniques qui revendiquent toujours pour elles-mêmes d’être véridiques; mais on ne voit pas pourquoi cette mention conviendrait particulièrement à Pantagruel. En outre, les Chroniques admirables sont les seules, si je ne me trompe, qui se déclarent être la ‘vraie.’

page 45 note 33 Si je compare aussi les passages communs des Chroniques admirables et de La grande et merveilleuse vie (S. de Ricci, op. cit. [1909]), je ne peux relever que des variantes qui ne sont guère significatives: dans le ‘Prologue capital’ des Chroniques, on lit: ‘iay bien voulu prendre la peine de translater ceste presente hystoire … comme vous pourrez ouyr ci apres.’ Les Chroniques admirables sont peut-être plus proches des récits populaires que La grande et merveilleuse vie qui remplace ouyr par voirres.—Dans les Chroniques admirables, un berger ‘fut moult esbahy'; il ‘fut esmerueille’ dans l'autre texte (p. 11). Gargantua, dans les Chroniques, avait pris un compagnon ‘en ladicte haulte Normendie entre deux montaignes.’ L'autre texte change la Normandie, pays de plaines, en ‘auuergue sus une grande montaigne.’ L'imprimeur dont il est question dans les deux textes se trouve, d'après les Chroniques ‘deuant lhostel dieu de paris.’ En outre, les rondeaux de La grande et merveilleuse vie sont moins incorrects que ceux des Chroniques. Il semblerait que les Chroniques admirables fussent antérieures à La grande et merveilleuse vie.

page 45 note 34 On connait trois exemplaires du N° 249 de M. Porcher, et un seul exemplaire de chacune des chroniques suivantes dont le texte est très voisin du N° 249; ce sont les numéros: 250, 251, 252, 253 et 255.—J.-Ch. Brunet, op. cit., p. 46: ‘Il ne paraît pas que ces nouvelles Croniques admirables aient obtenu beaucoup de succès.’ Il existe, pourtant deux exemplaires connus des Chroniques admirables, cf. H. Brown, The tale of Gargantua and King Arthur (Cambridge, 1932), p. xxxiv.—Cf. J. Mégret, ‘Un troisième exemplaire des Grandes et inestimables cronicques … ,’ Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, vii (1945), 246.

page 45 note 35 P. Lacroix, Recherches bibliographiques (Paris, 1880), p. 13.

page 45 note 36 Les mots mis entre deux parenthèses sont ceux des Chroniques admirables. Nous avons écrit en italiques les mots qui diffèrent dans les deux textes. Nous n'avons pu consuter le Pantagruel de Lyon, chez Cl. Nourry, [s.d.], in —4°, désigné par le sigle A dans l’édition critique de M. Abel Lefranc (iii, lxxi); mais nous avons consulté l’édition G donnée par Fr. Juste, à Lyon, en 1533, celle qu'ont réimprimée P. Babeau, J. Boulenger et H. Patry (Paris, 1904). Heureusement, J.-Ch. Brunet a donné les ‘passages de l’édition in -4 de Claude Nourry qui ont été supprimés ou sensiblement modifiés, soit dans l’édition de Juste, 1534, in -24, soit dans d'autres’ (Recherches [Paris, 1852], p. 23).—Nous nous sommes servis de La seconde chronique de Gargantua et de Pantagruel, précédée d'une notice par Paul Lacroix (Paris, 1872). Nous avons aussi consulté The tale of Gargantua and King Arthur by François Girault ed. by H. Brown (Cambridge, 1932).—Outre les variantes que nous avons recueillies, nous voudrions en signaler d'autres qui ne nous paraissent pas particulièrement significatives ou qui n'ajoutent pas grand' chose à nos remarques. On notera, par exemple des différences dans les nombres employés, dans la forme et l'orthographe de quelques mots, dans l'usage de tres, de tous, de car, de et, de que pour quel, de la pour ceste. Les numéros 1’ et 1 “ indiquent qu'il s'agit de passages qui se trouvent après (1), et ainsi de suite: (1′) plus de xxxvi moys (xxxvii).—(1”) plus eschauffee que fut (qu'elle). —(1’“) connils (connins).—(4′) horrificque (treshorificque).—(7′) et tant approcha (car).— (10′) veu de la terre sortir (veu sortir de la terre).—(10”) Et le paoure peuple se commenca a esiouir (dont … fort a esjouir).—(11′) parce que (pource que).—(13′) vault autant a dire comme.—(13“) en esprit prophetic (de prophetie).—(13’”) ce que luy monstre (bien luy fut montre).—(13“”) issirent de son ventre soixante et huyt tregeniers (yssirent premier de son ventre soixante et sept).—(15′) ce sont Agueillons (ce sont tous aguillons).—(16′) Dung coste (Car d'ung).—(20′) Hohohoho (Hohoho).—(20“) melancolie (merencolie).—(20’”) allume la chandelle (ceste).—(21′) pour mieulx festoyer les commeres (pour bien festoyer mes bonnes commeres).—(22′) et tout soudain (car).—(22“) que je contriste (que je me contriste).—(22’”) cela me fasche, le temps est dangereux (cela me fasche, car le temps).—(24′) (en grant danger).—(24“) (et de ce m'en croyez).—(26′) jour quel trespassa (jour que trespassa).—(26”) Et nestoit riens (Ce).—(26“′) quattre mille six cens (sept).—(28′) ce neust este.—(30′) et quant lon (puis quant on).—(30”) il ne scauoit encore pas parler (encore pas bien parler).—(30’“) quil nen failloit (qu'il ne luy en failloit).—(34′) estoit fort et robuste, quil (si fort).—(34”) (Et par ainsi).—(35′) que lon ne se soucyoit (qu'ils ne se soucirent).—(35“) (de son berceau).—(36′) sept cens tonneaulx (cinq cens).—(37′) par autant (pour).—(38′) et commanda (dont lors).—(38”) (chaines et ce par).— (38’“) ensemble aussi (et aussi ensemble).—(40′) et mist (puis).—(41′) jamais ny retourner (y).—(42′) Et luy feist faire (car il luy fist faire).—(43′) et y proffita (auquel lieu).—Nous pourrions, au sujet de ces variantes, relever les remarques de Brunet et de Plattard sur le style de Rabelais, sur le renvoi des infinitifs à la fin de la phrase (L'invention, p. 343), sur la suppression des pronoms ou de la conjonction et. Qu'il nous suffise de dire que Plattard (ibid.) signale justement les redites inutiles dans la fin du chapitre iv de Pantagruel, or l'on vient de voir que Rabelais avait corrigé un grand nombre de ces redites dans ce même texte des Chroniques admirables où elles sont, en effet, très abondantes.

page 45 note 37 P. Lacroix, Recherches (1880), p. 35, trouve que le texte des Chroniques admirables offre ici un passage ‘plus précis et mieux nuancé.‘

page 45 note 38 Recherches, pp. 31-32.

page 45 note 39 Ce sont deux rondeaux quatrains (avec rentrement) du type abba, abR, abbaR. Le premier Dame d'honneur, n'oubliez pas est en vers de huit syllabes; le second Roy tresredoubté, vaillant et saige en vers de dix syllabes; mais, dans les Chroniques admirables, ce second rondeau contient un certain nombre de vers faux. La variante de La grande et merveilleuse vie est préférable: Roy redouble noble vailant et saige; pourtant les vers de La grande et merveilleuse vie ne sont pas, non plus, tous corrects.—Signalons aussi, dans le rondeau de Gargantua, la mention du ‘puissant Gargan.’ H. Gaidoz a relevé la forme Gurgant dans une chronique en langue galloise (op. cit., p. 179) et explique (p. 185) ‘le thème Gargant… comme signifiant “le dévorant.” ‘ De même que, de nos jours, Meillet expliquait luna comme signifiant ‘la brillante,’ H. Gaidoz (p. 186) pense que Gargantuas est ‘une épithète ajoutée au nom d'un dieu, êpithète qui, séparée de son substantif, est devenue une divinité par elle-même.’

page 45 note 40 Je ne sais pourquoi Mlle E. (‘Rabelais versificateur,’ Humanisme et Renaissance, 3 [1936], 203-206) déclare que le type de ces rondeaux quatrains à rentrement ‘fut très en faveur jusque vers 1460.’ La date qu'il faudrait donner ici, ce n'est pas 1460, mais 1520-30. (Cf. Marcel Françon, Notes sur l'esthétique de la femme [Cambridge, 1939], p. 151).

page 45 note 41 Cf. Marcel Françon, ‘Les refrains des rondeaux de Charles d'Orléans,‘ Modern Philology, xxxix (1942), 259-263.

page 45 note 42 Cf. Marcel Françon, Poèmes de transition (Paris-Cambridge, 1938).

page 45 note 43 C'est un rondeau cinquain, en vers décasyllabiques, et avec rentrement: aabba, aabR, aabbaR. Là encore, Mlle Droz (op. cit., p. 206) déclare que ce dernier type de rondeau est ‘tout à fait conforme au goût de 1480-90.‘ Mais, là encore, la date qu'il faut donner, ce serait plutôt 1490-1550.

page 45 note 44 C'est aussi un rondeau quatrain octosyllabique et avec refraim que Rabelais a cité dans le Tiers-Livre, mais ce dernier rondeau est de G. Cretin (+1525). Et la chanson à laquelle Rabelais fait allusion dans le chapitre I de Pantagruel correspond à un rondeau quatrain octosyllabique (Cf. M. Schwob, ‘Notes pour le commentaire,‘ Revue des éludes rabelaisiennes, 2 [1904], 135-142).

page 45 note 45 Cf. Plattard (op. cit., p. 343): Rabelais ‘a donc délibérément donné à son style une couleur archaīque.‘

page 45 note 46 L. Sainéan (L'influence et la réputation de Rabelais [Paris, 1930]) n'a pas suffisamment dégagé les travaux qui ont donné à la critique rabelaisienne une orientation nouvelle. Ce sont, croyons-nous, les préoccupations folkloristes et comparatistes de Johanneau, de Philarète Chasles, de Jacques Grimm, de Henri Gaidoz et de P.Sébillot qui ont permis de renouveler le commentaire de l'oeuvre rabelaisienne. Les simples bibliographes ne pouvaient pas facilement accepter l'idée que le point de départ des romans rabelaisiens se trouvait dans les récits populaires; c'est pourquoi on se refusait à voir dans les Grandes Chroniques un ‘ancient conte populaire’ (cf. Œuvres, éd. A. Lefranc, i, xxxix, n. 1).

page 45 note 47 Op. cit., pp. 181-182.

page 45 note 48 P. Stapfer, op. cit., p. 482.—Les anthologies, rappelons-le, citent volontiers les chapitres ii, iii et iv de Pantagruel comme modèles de style narratif.—Brunet, Recherches, pp. 46-47, a remarqué que Rabelais s'est éloigné à dessein de la simplicité naturelle de ses premiers écrits. Le chapitre viii, en particulier, correspond à la ‘seconde manière’ de Rabelais. On s'est plu à louer le style cicéronien, éloquent et nombreux dans lequel est écrite la lettre de Gargantua à Pantagurel. Mais, déjà, Rabelais avait fait un ‘retour en arrière’, il recherchait un style à la fois archaïque et érudit, éloigné de la clarté et de la simplicité. Le cas de Rabelais est pareil, en cela, à celui de Ronsard. On sait que La Bruyère disait de ce dernier que Marot semblait avoir écrit depuis lui. Marot, en effet, est plus ‘classique.‘

page 45 note 49 P. Villey, op. cit., p. 186 fait des réserves sur les chapitres ‘savants’ de Pantagruel. La lettre de Gargantua, remarque-t-il, est écrite dans un ‘style vigoureux et puissant par endroits, et par endroits aussi terriblement ampoulé.‘

page 45 note 50 Rabelais, Oeuvres, éd. de la Pléiade, p. 12: ‘pourquoi de ce petit diable de mer, Rabelais fit-il un géant? . ,. C'est… pour plaire au public.… ‘

page 45 note 51 On est allé jusqu’à díre que Rabelais n'avait pas connu sa mère, puisque Badebec était morte en donnant naissance à Pantagruel (Lote, op. cit., pp. 146-147). Qu'on voie bien là que le romantisme, c'est le moyen âge et la Renaissance des modernes! On veut, à toute force, que les auteurs du xvie siècle se soient racontés eux-mêmes, qu'ils nous aient fait constamment des confessions. C'est ainsi que se sont bâtis les ‘romans’ de Marot et de Ronsard.

page 45 note 52 Il a, pendant longtemps, été difficile de se figurer comment des oeuvres savantes gardent l'empreinte de la littérature traditionniste. Que, dans le même ouvrage, on trouve des préoccupations d’érudit et d'humaniste à côté de souvenirs de légendes populaires, voilà ce qu'on ne voulait pas admettre. On sait mieux, maintenant, quelle a été l'influence de la poésie populaire sur les oeuvres de Clément Marot comme de Marguerite d'Angoulême et même sur celles de Ronsard. Cette double origine érudite et populaire des productions littéraires de la Renaissance s'explique par l’état des conditions sociales à cette époque. Les groupes humains n’étaient pas encore séparés aussi nettement qu'ils le sont devenus depuis. L'humanisme et la réforme, à leurs débuts, ont un caractère démocratique qui, plus tard, s'affaiblit et disparaît. Au commencement du xvie siècle, la bourgeoisie est encore très près des masses populaires dont elle sort et dont elle se distinguera de plus en plus. Elle ne prendra un caractère oligarchique et plutocratique que dans la seconde partie du siècle, au moment de la domination catholico-espagnole. La littérature tendra alors à s'abstraire et à se parfaire et deviendra de plus en plus étrangère au peuple. Au xviie siècle, on s’étonnera du contraste que présente l'oeuvre de Rabelais; on ne pourra comprendre comment des éléments aussi contraires que la vulgarité de la farce populaire et le raffinement de la culture humaniste ont pu se joindre. C'est qu’à l’époque classique le goût devient un peu étroit, c'est que, les groupes sociaux ayant commencé de se dissocier, la littérature des simples et celle des classes cultivées n'auront plus guère de point de contact (cf. ‘Poésie populaire et poésie littéraire,’ Modern Philology, xxxvii [1939], 7-11).—Sur l'importance de la tradition orale, au xvie siècle, cf. P. Jourda, Marguerite d'Angoulême (Paris, 1930), p. 749.

page 45 note 53 Lote, op. cit., p. 72.

page 61 note 1 Œuvres (Paris, 1931), v, 165.—C'est aussi ce qui se lit dans l'édition Ch. Marty-Laveaux (Paris, 1870), ii, 107-108.—Quant à la traduction de G. Regis (Leipzig, 1832), i, 425, elle se rapproche de ces leçons: Nimm sie, nein.

page 61 note 2 Le Tiers Livre (Paris, 1929), pp. 101-102.—C'est aussi ce refrain qui se trouve dans l‘édition du Biblilophile Jacob (Paris, 1885), ii, 206 et dans le Readings selected by W. F. Smith (Cambridge, 1920), p. 89.—La traduction Urquahrt & Le Motteux, dans l‘édition Ch. Whibley (London, 1900), ii, 115, est: Take, or not take her.

page 61 note 3 Édition de la NRF (Paris, 1934), p. 426.— C'est aussi la leçon de l‘édition H. Clouzot (Paris, s.d.), ii, 57 et de l‘édition Moland (Paris, 1880), pp. 261-262.

page 61 note 4 Cf. ‘Les refrains des rondeaux de Charles d'Orléans,‘ Modern Philology, xxxix (1942) 259-263.

page 61 note 5 Les vers 8 et 9 sont inversés.—Si l'on pouvait montrer que le rondeau était de Jean Lemaire de Belges, la thèse de M. Abel Lefranc sur l'identification de Raminagrobis serait un peu plus solide.

page 61 note 6 J'ai pu consulter un micro-film de l’édition ‘originale’ de Pantagruel. Mes conclusions n'en sont pas modifiées; mais quelquea variantes doivent être changées; voici les principales: fleuve du Nile;la grand navire francsyse.