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Le Commentaire inédit de saint Albert le Grand sur les Noms divins: Présentation et Aperçus de Théologie Trinitaire

Published online by Cambridge University Press:  29 July 2016

Francis Ruello*
Affiliation:
Paris

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Spécialement consacré à l'examen de quelques thèmes doctrinaux de théologie trinitaire que développe saint Albert dans son Commentaire des Noms divins de Denys le pseudo-Aréopagite, ce travail comprendra en fait deux parties. Parce qu'il s'agit, en effet, d'une pensée qui s'exprime dans un texte encore inédit, il a paru bon, en se bornant à l'essentiel, de présenter au lecteur l'inédit lui même: authenticité et date du commentaire, situation parmi les autres œuvres de l'auteur et parmi les commentaires dionysiens d'autres auteurs, tradition manuscrite, objet, méthode, importance, études auxquelles ce commentaire a donné lieu ou études qui s'y sont référées. Viendront ensuite l'exposé de la doctrine et la transcription des textes qui la fondent. Un vocabulaire dionysio-albertinien terminera cette analyse.

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References

1 Scheeben, C. H., O.P., ‘Les écrits d'Albert le Grand d'après les catalogues,’ Maître Albert (Revue Thomiste; Saint-Maximin [Var] 1931) 36–68. On trouvera une bibliographie sommaire sur le Commentaire des Noms divins dans ce même ouvrage, 220–1.Google Scholar

2 Cette liste d'auteurs dominicains fut découverte par le Denifle, P. au monastère de Stams dans le Tirol. Denifle, H. O.P., ‘Quellen zur Gelehrtengeschichte des Predigerordens im 13. und 14. Jahrhundert,’ Archiv für Literatur- und Kirchengeschichte des Mittelalters 2 (1888) 192201, 226–40.Google Scholar

3 Henri de Herford, O.P., Liber de rebus memorabilioribus, éd. Potthast (Göttingen 1859) 201–2. Google Scholar

4 Albert de Castello, O.P., Brevissima Chronica R. P. magistrorum Generalium ordinis Praedicatorum, éd. Martène et Durand, Veterum Scriptorum amplissima Collectio 6.361. Google Scholar

5 Jacques de Soest, O.P., Breve Chronicon magistrorum generalium O.P., éd. Martène et Durand, op. cil. 6.358–62. Google Scholar

6 Scheeben, , op. cit. 3950. L'auteur dans son étude transcrit les textes des divers catalogues cités plus haut.Google Scholar

7 Mandonnet, P., O.P., Les écrits authentiques de St Thomas d'Aquin (2e édit., 1910) 87.Google Scholar

8 Sur l'origine parisienne du Catalogue de Stams, voir Mandonnet, op. cit. 89–90. Google Scholar

9 Scheeben, , op. cit. 49.Google Scholar

10 Louis de Valladolid, O.P., Tabula scriptorum ordinis Praedicatorum, éd. Scheeben, ‘Die Tabulae Ludwigs von Valladolid in St Jacob in Paris,’ Archivum Fratrum Praedicatorum 1 (1931) 223–64.Google Scholar

11 Pierre de Prusse, O.P., Legenda Beali Alberti Magni (Cologne 1486) 25. Google Scholar

12 Rodolphe de Nimègue, Legenda litteralis de Alberto Magno (Cologne 1484), éd. alt. Scheeben, C. H., Legenda Beati Alberti Magni auctore Rodolpho Novimagio (Cologne 1928).Google Scholar

13 Scheeben, , Les écrits 57.Google Scholar

14 Scheeben, , op. cit. 41. — Le Père Simonin rattache à la chronique de Bernard Gui (1305) la source d'une chronique des maîtres généraux et des écrivains illustres de l'Ordre (1307–1312), qui serait elle-même source de la Table de Stams vers 1350 (le Père Mandonnet la date des années 1310, voir plus haut, note 7), Simonin, M. D., O.P., ‘Notes de bibliographie dominicaine, I: La Tabula de Stams et la Chronique de Jacques de Soest,’ Archivum Fratrum Praedicatorum 8 (1938) 193–214; ‘Il: Les anciens catalogues d’écrivains dominicains et la Chronique de Bernard Gui. III: Le catalogue d'Uppsala et la Tabula de Stams,’ ibid. 9 (1939) 192–213. — Mais cette chronique de Gui ne parle pas de l’œuvre dionysienne de saint Albert.Google Scholar

15 Mgr Bernard Geyer attire l'attention sur ce point dans son étude ‘Der alte Katalog der Werke des hl. Albertus Magnus,’ Miscellanea Giovanni Mercati (Studi e testi 121–126; Città del Vaticano 1946) II 398–413, où il présente la Table de Stams, qu'il date, ainsi que le Mandonnet, P., de 1311, comme le plus ancien catalogue des œuvres albertiniennes et à laquelle il attribue également une source plus lointaine, datant de la fin du xiiie siècle.Google Scholar

16 Scheeben, , op. cit. 36.Google Scholar

17 Je désignerai le texte du Commentaire des Noms divins de saint Albert par le sigle DN suivi du chiffre indiquant le chapitre. La référence que j'y ajouterai désignera le feuillet du manuscrit Paris, Mazarine 873. — DN 4 fol. 132 b: ‘De hoc (utrum angeli sint immateriales) in XII capitulo de Coelesti Hierarchia plene disputatum est, et ideo hic pertranseundo dicimus…’ Google Scholar

18 DN 4 fol. 133ra : ‘et rursus superiores illuminati deferunt propria intelligibilia ad cognata, id est quae sunt ejusdem naturae eis, scilicet ad inferiores angelos. Et hoc est disputatum in Coelesti Hierarchia.’ Google Scholar

19 DN 4 fol. 133vb : ‘… de qua delectatione disputatum est in fine Coelestis Hierarchiae.’ Google Scholar

20 DN 4 fol. 133vb : ‘Deinde ostendit quod etiam ex bonitate sunt in eis ea quae pertinent ad hierarchiam, scilicet purgatio, illuminatio et perfectio, de quibus disputatum est quarto capitulo Coelestis Hierarchiae.’ Google Scholar

21 Voir plus haut, note 19. Google Scholar

22 Glorieux, P., Répertoire des Maîtres en théologie de Paris au XIIIe siècle I (Paris 1933) 6.62ss.Google Scholar

23 Laurent, M. H. O.P., ‘Les grandes lignes de la vie du bienheureux Albert,’ Maître Albert 34. Voir aussi Van, F. Steenberghen, ‘Le mouvement doctrinal du ix e au xiv e siècles,’ dans Fliche et Martin, Histoire de l'Eglise 13 (Paris 1951) 237–8. Dans son étude sur la Beauté chez les Scolastiques, Archives d'Histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age [AHDL] 15 (1946) 295, le Dom, P. Pouillon, H., O.S.B., propose de retenir la date de 1250 en raison des oeuvres qui dans la courte période qui va de 1248–1252 précèdent le Commentaire des Noms divins de saint Albert (Commentaire sur le livre IV des Sentences, 1249; commentaires sur les deux Hiérarchies de Denys), et qui le suivent (paraphrase sur la théologie mystique et les lettres, commentaire lnédit sur l'Éthique à Nicomaque).Google Scholar

24 Van, F. Steenberghen, loc. cit. Google Scholar

25 Van, F. Steenberghen, loc. cit. Google Scholar

26 De mystica theologia , Proemium (éd. Borgnet, Opera 14) 811, quaestio proemialis, 813, et c.5, 859–60. — DN Prologus, fol. 103ra.Google Scholar

27 DN Prol. fol. 103ra-b: ‘Solutio. Dicimus quod nomen divinum secundum suam communitatem non est subjectum istius libri, sed aliquo modo restrictum. Non enim hic agitur de nominibus symbolicis, quae non dicuntur proprie de Deo sed per quamdam similitudinem, sed de illis quae nominant ipsum secundum quod est causa, quantum ad attributa quibus emanant res ab ipso sicut a causa univoca participantes per posterius, et ad ipsum quod in eo est vere et absolute quantum ad rem significatam per nomen, quamvis modus significandi deficiat a repraesentatione ejus secundum quod est in Deo, relinquens illud in occulto, propter hoc quod significat secundum modum quo illa res est in nobis a quibus est impositum nomen. Unde et mystica dicuntur quasi occulta. Haec autem nomina dupliciter possunt considerari: aut secundum effluxum causatorum a causa participantium rationem nominis per posterius, et sic agitur de eis in libro isto, aut secundum quod ex resolutione causatorum in causam relinquitur ignotum significatum nominis prout est in causa propter modum eminentem ipsius causae, et sic agitur de ipsis in libro de Mystica theologia. Unde subjectum proprium istius libri est nomen divinum quod facit notitiam causae secundum attributa in quantum exeunt ab eo causata in participatione attributorum, et in hoc uniuntur omnia nomina de quibus hic agitur… Est duplex modus quo proceditur de causa in causatum aut e contrario: unus est factivus secundum quod causa producit effectum, et hic modus est compositivus, quia effectus recedit a simplicitate causae. Sed quia nos non possumus cognoscere causam ipsam secundum quod est simplex in se ut per eam accipiamus cognitionem causati sed potius e contrario, ideo est alius modus cognoscitivus quo per causatum accipimus causam, et hic est resolutivus. Et talis est modus hujus scientiae non secundum quod fit resolutio in causam prout est ignota propter eminentiam sui ad modum significandi per nomen, quia hoc pertinet ad mysticam theologiam, sed secundum quod fit resolutio in causam prout est univoce producens causatum,’ Google Scholar

28 Je suis le classement de Mgr Glorieux, Répertoire loc. cit. Google Scholar

29 Théry, G. ‘Catalogue des manuscrits dionysiens des Bibliothèques d'Autriche,’ AHDL 10 (1936) 210–33. spécialement 215–8. Théry, G. ‘Thomas Gallus. Aperçu biographique,’ AHDL 12 (1939) 141–208, spécialement 153–6 et 179.Google Scholar

30 Grabmann, M., Handschriftliche Forschungen und Funde zu den philosophischen Schriften des Petrus Hispanus . des späteren Papstes Johannes XXI († 1277) (München 1936). — Théry, G. ‘In authenticité du Commentaire de la Théologie mystique attribué à Jean Scot Érigène,’ La Vie spirituelle 7 (1923) 137–53. — Gamba, U. ‘Commenti latini al “De mystica theologia” del Pseudo-Dionigi Areopagita fino al Grossatesta,’ Aevum 16 (1942) 251–71. — Ruello, F., ‘Un commentaire dionysien en quête d'auteur,’ AHDL 22 (1953) 141–81.Google Scholar

31 Harrison, S. Thomson, The Writings of Robert Grosseteste (Cambridge 1940) 79.Google Scholar

32 Ce ‘commentaire,’ qui est plutôt une ‘division’ des œuvres de Denys, me parait dépendre du Commentaire de Thomas Gallus, du moins en ce qui concerne les Lettres, et du Commentaire des Sentences de saint Bonaventure pour certaines questions du commentaire des Noms divins et d'un Commentaire du De orthodoxa fide du même auteur. Il serait donc postérieur à 1252. Google Scholar

33 Dans son étude sur le catalogue des manuscrits dionysiens des bibliothèques d'Autriche (plus haut, note 29), 256, le Père Théry signale en outre: 1o) un manuscrit d'Albert à Oxford, Merton College XVIII. L'incipit de cette œuvre, qui se présente dans le catalogue sous ce titre: anonymi cujusdam in Dionysii Areopagitae libri de divinis Nominibu, commentarium, est celui-ci: ‘Domine, Dominus noster, quam admirabile est nomen tuums non solum mirabile sed admirabile.’ Il s'agit de l'incipit du prologue de l’Explanatio des Noms divins par Thomas Gallus. Le texte du Commentaire est celui de l’Extractio; — 2°) un manuscrit Latin, Paris B.N. 14710: il s'agit seulement d'un Commentaire d'Albert super Hierarchiam angelicam; — 3°) un autre manuscrit enfin à la Bibliothèque Vaticane, Reginensis 263. Je n'ai pas examiné personnellement ce manuscrit. D'après le catalogue Wilmart (1935), 32, il contient du fol. 197r au folio 204v le prologue de Jean Sarrazin: ‘Memor hospitii,’ suivi des chapitres I à III et d'une partie du chapitre IV de sa traduction des Noms divins. Selon le P. Théry et le même catalogue, une copie faite par Uccelli du Commentaire de saint Albert sur les Noms divins d'après Vatican Lat. 712 existe dans le Vatican Latin 10141. Théry, Voir G., ‘Originalité du plan de la “Summa de Bono” d'Ulrich de Strasbourg,’ Revue Thomiste 27 (1922) 377, note 1; — 4°) qu'il existait autrefois au couvent des Dominicains de Vienne un manuscrit MS 103 contenant le Commentaires des Noms divins par saint Albert. — La répartition par siècle des dix manuscrits donnant le texte des Noms divins jugés sur photographie à l'exclusion du manuscrit de la Bibliothèque Mazarine et du manuscrit de Bâle est donc approximativement la suivante: xiiie siècle — 3, xiii-xive siècles — 2, xive siècle — 2, xve siècle — 3. Ce résultat ne cadre pas absolument avec la répartition chronologique des dix manuscrits que signale sans les nommer Mgr Bernhard Geyer dans son article: ‘Die handschriftliche Verbreitung der Werke Alberts des Grossen als Masstab seines Einflusses,’ Studia Mediaevalia in honorem Admodum Reverendi Patris Raymundi Josephi Martin (Bruges 1948) 221–8. Mgr Geyer, op. cit. 224, date 5 manuscrits fin xiiie - début xive et 5 autres du xve siècle.Google Scholar

34 Cette lecture a été confirmée par un examen du manuscrit aux rayons ultra-violets, grâce à l'obligeance de Mlle Vielliard, Directrice de l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes. Je lui en exprime toute ma reconnaissance. Google Scholar

35 Faut-il en conclure que le manuscrit appartenait à Gilles de Rome? On sait que celui-ci légua au couvent de Paris ses livres théologiques et philosophiques. Ypma, P., O.E.S.A., La formation des professeurs chez les Ermites de saint Augustin de 1256 à 1354 (Paris 1956).Google Scholar

36 Coel. Hier. [CH] 1 § 1 (Borgnet [B.] 14.7). Dans son Prologue des Noms divins, Albert renvoie sur ce point à son Commentaire de la Hiérarchie céleste, DN fol. 103rb.Google Scholar

37 CH 6 § 4 (B. 14.144). Voir aussi ND fol. 129vb: ‘Deinde concludit (Dionysius) quomodo procedere debeat et dicit quod postquam exemplo et auctoritate persuasus est, quamvis non possit ea quae supra ipsum sunt contemplari, non tamen vult ex toto divertire et ideo amota omni pigritia et timore ponit se ad scribendum hoc opus (de divinis nominibus), hoc tamen observato quod nihil novum vult introducere sed ea quae dicta sunt a Hierotheo in communi particularibus inquisitionibus manifestare.’ — Il s'agit, en effet, de ne pas innover. Les recherches particulières n'auront pas d'autre but que d'extraire ce que contient l’Écriture. La vérité de cette dernière couvrira tout ce qu'on peut tirer des textes sacrés et même tout ce qui ne la contredit pas. Le nihil novum du passage qu'on vient de lire est ainsi expliqué: ‘nihil novum, id est quod ex dictis a Hierotheo vel ab aliis theologis trahi non possit. Sic enim dicit Anselmus: veritas sacrae Scripturae est quaecumque ex sacra Scriptura trahi potest imo quaecumque sibi non contradicit.’ Il semble qu'en cette référence à saint Anselme on puisse trouver la justification aux yeux mêmes d'Albert du caractère théologique de l’œuvre qu'il entreprend en commentant les Noms divins alors que bien souvent il y envisage des problèmes qui ne concernent pas directement Dieu. Aussi bien pensons-nous devoir transcrire ici le texte de saint Anselme que résume Albert. Il s'agit d'un passage du De Concordantia praescientiae et praedestinationis necnon gratiae Dei cum libero arbitrio 6, PL 158.528 BC: ‘Nihil utiliter ad salutem spiritualem praedicamus quod sacra Scriptura Spiritus Sancti miraculo fecundata non protulerit aut intra se non contineat. Nam si quid ratione dicamus aliquando quod in dictis ejus aperte monstrare aut ex ipsis probare nequimus hoc modo per illam cognoscimus utrum sit accipiendum aut respuendum. Si enim aperta ratione colligitur et illa ex nulla parte contradicit, quoniam ipsa sicut nulli adversatur veritati ita nulli favet falsitati: hoc ipso quia non negat quod ratione dicitur ejus auctoritate suscipitur. At si ipsa nostro sensui indubitanter repugnat, quamvis nobis ratio nostra videatur inexpugnabilis, nulla tamen veritate fulciri credenda est. Sic itaque sacra Scriptura omnis veritatis quam ratio colligit auctoritatem continet cum illam aut aperte affirmat aut nullatenus negat.’ Google Scholar

38 Le Père Chenu distingue deux sens du mot ‘authentique’ appliqué à un texte, ou plutôt deux conditions pour qu'un texte soit authentique ou fasse autorité, à savoir: la reconnaissance ecclésiastique ou l'ouvrage lui-même considéré comme livrant la vérité toute trouvée avec cette seule nuance qu'elle est transmise par le passé. Dans ce dernier cas, nous nous trouvons en présence d'une autorité-texte. A l'appui de cette notion de l’auctoritas-texte, le Père Chenu cite la définition qu'Albert donne de l'autorité dans son Commentaire des Sentences, Prologue (Borgnet 25.11): ‘nihil aliud est auctoritas quam rationis reperta veritas ob posteritatis utilitatem scripta commendata,’ et il ajoute qu’ Albert, III Sent. d.23 a.19 obj.4 attribue cette définition au ‘Commentateur’ de Denys, ‘Joannes Episcopus,’ c'est-à-dire Jean de Scythople, auteur de Scholies sur l'Aréopagite que d'ailleurs il ne sait pas distinguer de Jean Scot. Chenu, M. D. O.P., Introduction à l'étude de Saint Thomas d'Aquin (Paris 1950) 111 note 1. — La citation est en fait une adaptation d'une définition de l'autorité qu'on lit par exemple dans le manuscrit Latin 1619, col. 751 de la Bibliothèque Nationale de Paris, type de Somme dionysienne qu'Albert avait sous les yeux alors qu'il commentait Denys: ‘Nil enim aliud mihi videtur esse vera auctoritas nisi rationis virtute reperta veritas et a Sanctis Patribus ob posteritatis utilitatem litteris commendata.’ Il s'agit là d'un extrait du De divisione naturae de Jean Scot Érigène, lib. I, PL 122.513, n° 69. L'attribution de cette définition de l'autorité au Commentateur de Denys est exacte si l'on tient compte de la composition du manuscrit Nat, B. Lat. 1619, où ce texte était attribué à Scot Érigène en tant que commentateur de Denys. L'attribution à Joannes Episcopus (Jean de Scythople) est de fait inexacte selon notre manière actuelle de concevoir la propriété littéraire. Mais elle se justifie dans la perspective choisie par le compilateur-compositeur du manuscrit Paris, Nat, B. Lat. 1619. Il s'explique sur ce point dans sa préface dite ‘Compellit me’ qu'on pourra lire dans l'ouvrage de Dom Chevallier, O.S.B., Dionysiaca (Paris 1937) I.lxxix note 1 § 4: la propriété littéraire. Cette notion de l'autorité toujours attribuée au ‘Commentum,’ d'après Lat, N.B. 1619 col. 751 se trouve insérée dans le commentaire d'Albert sur les Noms divins 1, fol. 104ra à la suite du texte transcrit plus haut note 27: ‘Commentum dicit hic: nemo, opinor, veritati studens ignorat majoris esse dignitatis buod prius est natura quam quod prius est tempore, rationem autem priorem esse natura, auctoritatem priorem tempore dicimus et ita hoc etiam ipsa ratio docuit. Auctoritas siquidem ex vera ratione processit, ratio vero nequaquam (ex auctoritate). Omnis enim auctoritas quae vera ratione non probatur infirma videtur, vera autem ratio quae suis virtutibus tuta atque immutabilis invenitur, nulla auctoritate roborari indiget. Nihil enim aliud videtur mihi esse auctoritas nisi rationis virtute reperta veritas et a sanctis Patribus ad posteritatis utilitatem litteris commendata.’ La question introduite par ce texte de Jean Scot Érigène conduit Albert à admettre le principe que toute autorité est appuyée sur une raison et que donc l'autorité divine se fonde sur la raison divine pour nous cependant inconnaissable. Il en résulte que l'autorité divine est confirmée par une raison qui ne peut être trompée et que nous sommes instruits par son inspiration. La théologie a donc sa source dans l'autorité certes, mais aussi dans l'inspiration. ‘In veritate omnis auctoritas alicui rationi innititur sed non omnis auctoritas omni rationi, sed humana humanae et divina divinae, quamvis nos divinae auctoritatis rationem non cognoscamus, sicut etiam dicit Augustinus quod Deus facit omnia justo judicio etsi nobis occulto… Non enim humana ratio confirmat auctoritatem divinam sed ratio divina… In aliis scientiis auctoritas innititur rationi humanae quae de facili decipi potest et ideo non habet magnam firmitatem, auctoritas vero sacrae Scripturae innititur rationi divinae quae decipi non potest, a qua per inspirationem accipitur. Et ideo non tantum locus est ab auctoritate sed etiam ab inspiratione,’ DN 1 fol. 104a-b. L'autorité du texte de Denys participe donc à celle de l’Écriture.Google Scholar

89 DN 1, fol. 103rb: ‘Post theologicas hypotyposes ad divinorum nominimi reserationem transeundum est. Deinde continuat se ad praedictum librum et dicit quod postquam dictum est de divinis personis, transeundum est ad manifestandum divina nomina. O beate, scilicet Timotheae, hypotyposes, id est subsistantias vel personas, theologicas, id est quas theologia tradit, non natura vel ratio, reserationem, id est apertionem.’ Google Scholar

40 DN 1, fol. 103vb: ‘Primo ostendit quo habitu regi debemus in declaratione divinorum nominum, quia divina Scriptura.’ Google Scholar

41 DN 1, fol. 103vb: ‘Dicit ergo primo quod Sacrae Scripturae lex debet esse praefixa tanquam habitus dirigens in determinatione divinorum nominum, ut scilicet non asseramus veritatem divinorum nominum per humanam sapientiam sed secundum quod demonstratum est per virtutes eorum qui Scripturas ediderunt, quibus, scilicet Scripturis divinis, per cognitionem unimur.’ Google Scholar

42 DN 1, fol. 104ra: ‘Deinde ostendit qualiter intellectus noster se habere debeat sub isto habitu, scilicet sacra Scriptura. Posset enim credere (aliquis) quod quamvis dirigi debeamus in expositionem divinorum nominum per habitum Sacrae Scripturae, quod liceat nobis praeter eam aliquid per rationes de Deo invenire, sed ipse removet hoc et dicit quod de Deo nihil dicere vel cogitare debemus nisi quod per sacram Scripturam nobis est traditum, ita quod ipsius cognitionem in iis quae nobis non sunt in Scriptura tradita sibi reservemus.’ Google Scholar

43 DN Prol. fol. 103rb. Google Scholar

44 DN Prol. fol. 103ra: ‘“Admirabile est nomen tuum in universa terra” Ps. VII (8.2). In verbis istis tria possunt considerari circa materiam hujus libri qui dicitur de divinis nominibus, scilicet eminentia nominum et nomina ipsa et respectu quorum sunt eminentia. — Eminentia quidem divinorum nominum notatur per hoc quod dicit: “Admirabile.” Sicut enim dicit Philosophus in principio Iae Philosophiae (982 b 10–20) ex eo quod est admirari homines et nunc et prius philosophari coeperunt; videntes quidem effectum cujus causa ignota erat et alta, in admirationem versi, causam inquirere coeperunt et sic philosophati sunt. Et hoc etiam dicit Damascenus (De Fide orthodoxa 2.15, PG. 40.689) quod admiratio est timor vel stupor in magna fantasia, dum scilicet aliquis parvitatem suam considerans et rei altitudinem refugit quodammodo rem illam et in stupore convertitur: et ideo, propter altitudinem divinorum nominum quantum ad id quod per ea significatur, dicuntur admirabilia. Unde dicitur Gen. XXXII (29) et Judicum XIII (18): “cur quaeris nomen meum quod est mirabile?” — Per hoc vero quod dicitur “nomen” tanguntur ipsa nomina secundum quod faciunt notionem de causa secundum ea quae reliquuntur in effectibus. De attributis enim sciendum quod non aequivoce sed univoce dicuntur de Deo et creaturis, sed tali univocatione qualis potest esse ibi, quae est analogia, secundum quod dicit Origenes (Peri Archon, PG 10.124–125 n° 51) quod Deus dicitur sciens et intelligens, quia scientia et intellectu nos implet. Nominatur enim nominibus per ea quae sunt in nobis ab eo, sicut a causa univoca, et hoc est quod dicitur Hieremiae XIV (9): “nomen tuum invocatum est super nos.” Et haec nomina sunt materia hujus libri. — Per hoc autem quod dicitur “in universa terra” tangitur respectu quorum sunt eminentia, quia respectu nostrum qui terrena vita vivimus. Quamvis enim et angeli et sancti qui sunt in patria ad altitudinem divinae naturae attingere nequeant secundum quod sibi soli notus est Deus, tamen, quia vident per speciem sine aliquo velamine, quodammodo non sunt eis eminentia divina nomina cum id quod significatur per ea objiciatur eis sine aliquo medio. Nobis autem eminentia sunt tanquam magis distantibus et in speculo et in aenigmate Deum cognoscentibus.’ Google Scholar

45 DN Prol. fol. 103ra: ‘De primo ergo horum et de tertio, scilicet de eminentia divinorum nominum respectu proportionis naturae (nostrae) agitur in tribus primis capitulis, de secundo autem, scilicet de ipsis nominibus, agitur in quarto capitulo et deinceps.’ Google Scholar

46 DN Prol. fol. 103ra. Voir note 27. Google Scholar

47 DN Prol. fol. 103rb: ‘Quis autem sit auctor patet per ea quae dicta sunt in principio Coelestis Hierarchiae et similiter qui est habitus regens in hac scientia, quia fides secundum quod tradita est in Sacra Scriptura.’ Google Scholar

48 DN Prol. fol. 103ra. Voir note 27. Google Scholar

49 Je me permets de renvoyer ici à la liste des questions que je transcris plus bas, section 5: C.3, q.68; c.4, q.77, 78, 139; c.5, q.251, 261; c.11, q.338; c.12, q.341; c.13, q.346. Google Scholar

50 DN Prol. fol. 103va: ‘Intendimus … exponere novam translationem Johannis Saraceni, quia melior est.’ Google Scholar

51 DN 1, fol. 111ra: ‘quae … sunt circa aliquid ambiunt ipsum. Si igitur omnia sunt circa Deum ambitur ipse ab omnibus sicut formis, et ita videtur esse materia omnium. — Praeterea, omne quod est circa aliquid, aut circa ipsum est ut forma substantialis vel accidentalis aut ut locus. Sed non omnia sunt circa Deum sicut loca ejus. Ergo sunt circa ipsum ut formae et sic iterum est materia omnium, et hoc est error David de Dinando, qui dixit in libro suo Deum esse materiam omnium et quod propter hoc in templo Palladis erat velum quod nullus sapientum revelavit, quia materia non denudatur a forma, et quod propter hoc dictum est: Jupiter est quodcumque vides.’ — Pour situer ce texte dans l'ensemble des textes de David de Dinant que Ton possède, voir G. Théry: Autour du Décret de 1210, I: David de Dinant. Étude sur son panthéisme matérialiste (Paris 1925) 120–143, où l'auteur a reconstitué les ‘Quaternuli’ de David. On ajoutera à ces textes celui que R. de Vaux a découvert dans un manuscrit de la B.N. de Paris: Lat, B.N. 15453, fol. 214. Voir la note conjointe à l'article de R. de Vaux: ‘La première entrée d'Averroês chez les Latins,’ Revue des Sciences philosophiques et théologiques 22 (1933) 243. — Peut-être est-il bon de préciser que l'expression ‘panthéisme matérialiste’ qu'on vient de lire, reprise en sa première partie par Capelle, G. C. : Autour du décret de 1210, III: Amaury de Bène, Étude sur son panthéisme formel (Paris 1932), ne se trouve ni chez Albert le Grand, ni chez Thomas d'Aquin, ni dans les décisions de l'autorité condamnant ces doctrines. Capelle, G. C. rassemble ces textes. Le Père Théry cite abondamment les jugements d'Albert sur David. Le mot ‘panthéisme’ ne paraît qu'en 1855 à propos de la condamnation du faux traditionalisme de Bonetty: voir Denzinger, Enchiridion Symbolorum (Fribourg en Brisgau 1953) 463, n° 1652. — C'est Toland qui le premier aurait utilisé en 1705 (Socianism Truly Stated) le terme ‘pantheist’ et son adversaire Fay le premier également aurait utilisé en 1709 (Defensio religionis) le terme de ‘Pantheism.’ Voir Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie (5e édition, 1947). — Je signale que les Quaternuli de David reconstitués par le P. Théry et les fragments retrouvés par le P. De Vaux ne font eux-mêmes aucune allusion à Denys. L’Apparatus de Bernard de Parme aux Décrétales de Grégoire IX (1.1.2 Reprobamus) établit un lien entre ce ‘panthéisme’ et le De divisione naturae de Scot Érigène. Voir texte cité par Capelle, G. C., op. cit. 94.Google Scholar

52 DN 13, fol. 211ra. Google Scholar

53 J'ai signalé qu'en son commentaire des Noms divins Saint Albert renvoyait au commentaire de la Hiérarchie céleste. Or Ton sait que sur des questions relatives par exemple à l'illumination des anges inférieurs par les anges supérieurs, aux théophanies, questions liées à celle de la vision de l'essence divine elle-même par les anges, les saints et les âmes glorifiées, Denys était suspect à plusieurs. — Sur l'illumination voir CH 3 § 3 (B. 14.88) et 4 § 6 (117), à rapprocher de I Summa de creaturis, tr.4 a.32 a.1 (B. 34.507) et II Sent. d.4 a.1 (B. 27.102ss.), où Ton voit que Terreur opposée à la thèse de Hugues de Saint-Victor (Commentaire sur la Hiér. céleste, PL 175.953–6, spécialement 954 CD, 955A), rapportée par Albert, s'alimente à des textes de Denys et de Scot Érigène. Sur les théophanies, voir CH 4 § 6 (B. 14.117) et 7 § 2 (B. 14.163). Voir aussi I Sent. d.1 a.15 (B. 25.34–37). — En ce qui concerne la vision immédiate de Dieu on sait que la première erreur condamnée à Paris en 1241 est ainsi formulée: ‘divina essentia in se nec ab homine nec ab angelo videbitur.’ La condamnation est ainsi rédigée: ‘Firmiter … credimus et asserimus quod Deus in sua essentia vel substantia videbitur ab angelis et omnibus sanctis et videbitur ab animabus glorificatis.’ — Voir Denifle et Châtelain, Chartularium Universitatis Parisiensis I 170. — Sur cette condamnation et son contexte historique, voir Chenu, M. D. O.P., ‘Le dernier avatar de la théologie orientale en Occident au xiii e siècle,’ Mélanges Auguste Pelzer (Louvain 1947) 159–81. — Voir également Doucet, V., O.F.M., ‘La date des condamnations parisiennes dites de 1241. Faut-il corriger le Cartulaire de l'Université?’ Mélanges Pelzer A. 183–93.Google Scholar

54 Ces documents sont: d'une part la lettre d'Anastase le Bibliothécaire, MGH Epp. 7 (1928) 430–4, § 3–5 (sur la valeur de la lettre de Nicolas Ier à Charles le Chauve [PL 161.289 D - 290 A et MGH loc. cit. § 1 et 2], voir Dom Maïeul Cappuyns, O.S.B., Jean Scot Erigène, sa vie, son oeuvre, sa pensée [Louvain-Paris 1933] 154–7; sur la réserve de Dom Chevallier, voir Dionysiaca [Paris 1937,=Chev.] I.lxxv, note 3: si l'on tient compte de cette réserve, la suspicion romaine pouvait porter sur la valeur doctrinale du texte de Scot Érigène, mais les erreurs possibles ne sont pas indiquées);Google Scholar

les textes de Jean Sarrazin: Ante Mysticam theologiam (Chev. I.civ § 4), Inter scriptores ecclesiasticos (Chev. I.cx n° 12), Memor hospitii (Chev. I.cxii n° 17) et Post translationem Angelicae Hierarchiae (Chev. I.cxiv n° 21);

la préface Compellit me du compilateur des manuscrits du type Paris B.N. Lat. 1619 (Chev. I.lxxix § 2, 3 et 5);

le texte de présentation de la version de Sarrazin à la suite de celle de Jean Scot dans le manuscrit Paris, B.N. Lat. 17341, fol. 307ra.

Dans son Expositio in Hierarchiam Coelestem, Hugues de St. Victor, PL 175.923–1154, ne fait aucune réserve sur l'orthodoxie de la version de Denys par Scot Érigène. A cet égard, les passages les plus intéressants de son commentaire sont loc. cit. 931 BC, 960 CD, 1026 D. C'est en ce dernier texte que Hugues écrit : ‘Sane hic exsecrabilis interpretis error cavendus est…’ Mais l'erreur consiste à avoir pensé qu'on pouvait dire immondes les vertus célestes (voir Chev. II 825.3). — Si maintenant on se reporte aux Commentaires des passages où un risque d'interprétation panthéistique était à craindre du fait qu’Érigène traduit ἕνωσις par unitas, on ne lira aucune mise en garde contre la version d’Érigène. Je renverrai donc ici aux Commentaires de la Hiérarchie céleste (traduite par Scot Érigène): de Jean Sarrazin, avant 1167 (voir G. Théry, ‘Existe-t-il un Commentaire de Jean Sarrazin sur la Hiérarchie céleste du Pseudo Denys?’ Revue des Sciences philosophiques et théologiques 11 [1922] 72–81);

d'Hugues de St-Victor, entre 1137, date du début du règne de Louis VII, à qui est dédié l'ouvrage, et 1141, date de la mort de Hugues (voir H. Weisweiler, ‘Die Ps. Dionysius-Kommentare “In coelestem Hierarchiam” des Skotus Eriugena und Hugos von St.-Viktor,’ Recherches de théologie ancienne et médiévale 19 [1952] 26–47, et ‘Sakrament als Symbol und Teilhabe: Der Einfluss des Ps. Dionysius auf die allgemeine Sakramentenlehre Hugos von St.-Viktor,’ Scholastik 27 [1952] 321–43, et Jean Châtillon, ‘De Guillaume de Champaux à Thomas Gallus: Chronique d'histoire littéraire et doctrinale de l’École de Saint Victor,’ Revue du Moyen-Age latin 8 [1952] 159–61);

de Thomas Gallus: Explanatio super Hierarchiam, 1243 et Extractio, vers 1238 (voir G. Théry, ‘Thomas Gallus, Aperçu bibliographique,’ AHDL 12 [1939] 179);

de Pseudo-Pierre d'Espagne, plus probablement avant 1250 (voir F. Ruello, ‘Un commentateur dionysien en quête d'auteur, AHDL 19 [1953] 176):

Hier. Céleste [HC] I (Chev. II 728.3): Sarrazin, Paris, B.N. Lat. 17341, fol. 11rb; Hugues, PL 175.938 AD; Thomas, Extractio, Chev. II 728; Explanatio, Vienne MS 695, fol. 89va-b; Pseudo-Pierre d'Espagne, Munich MS 7983, fol. 4ra. — HC I (Chev. II 733.1): Sarrazin fol. 15rb; Hugues 945 BC; Thomas, Extractio 733, Explanatio fol. 90va; Pseudo-Pierre d'Espagne, fol. 4rb. — HC IX (Chev. II 901–4): Sarrazin fol. 102vb; Hugues 1091 A; Thomas, Extractio 901, Explanatio fol. 105rb; Pseudo-Pierre d'Espagne fol. 20vb. — Hc XII (Chev. II 940.4–941.3): Sarrazin fol. 119vb; Hugues 1112 A; Thomas, Extractio 941, Explanatio fol. 108vb; Pseudo-Pierre d'Espagne fol. 23va.

En ces mêmes passages ces auteurs précisent cependant de quelle unité il peut être question entre Dieu et la créature. Ils excluent parfois positivement une union de nature. Ainsi Sarrazin aux endroits cités, spécialement fol. 11rb, précise qu'il s'agit de similitude, fol. 15rb et 46ra, d'inhésion d'amour, 102vb. — Hugues emploie les mots similitude, image op. cit. 938, fait ressortir la différence entre unificatio et unitas, op. cit. 945 BC, maintient qu'une certaine unité de forme entre Dieu et la créature divinement illuminée ne supprime pas la différence des natures, op. cit. 1099 D - 1101 Thomas A. Gallus parle d'adhésion d'amour, Explanatio, fol. 89va, d'assimilation, op. cit. fol. 89vb, d'union de la charité qui est le lien de la perfection, op. cit. fol. 105rb. Pierre d'Espagne parle d'union au plan de l'amour, op. cit. fol. 4ra, de contemplation unitive, fol. 4rb, explique que l'homme est dit Dieu par similitude nominale mais non pas par similitude de raison, car l'homme n'est Dieu que par grâce et Dieu l'est par nature, fol. 23va. Mais aucun n'attaque à ce sujet la version de Scot Érigène, qui lui-même parle de participation, PL 122.131, de similitude, 135 B, 233 CD - 234 A.

55 Théry, G. O.P., ‘Documents concernant Jean Sarrazin réviseur de la traduction érigénienne de Corpus dionysiacum,’ AHDL 18 (1950–51) 45–87, spécialement 79–80. Trois exemples sont évoqués par le Théry, P., loc. cit. p. 79, pour montrer que Sarrazin voulait exclure tout terme qui puisse rappeler les mystères orientaux; ainsi donc: Sacrum (Scot) est remplacé par Sanctum (Sarr.), arcanum (Scot) par ineffabile, non dicibile (Sarr.), Theosophi (Scot) par periti deitatis, Dei venerado (Sarr.). En fait, nous aidant de la nomenclature des formes les plus intéressantes des traductions latines de Denys, jointe par Dom Chevallier à chacun de ses deux volumes, et nous bornant aux Noms divins, qui seuls doivent ici nous retenir, nous obtenons ceci:Google Scholar

DN 4 (Chev. 153.4) Ιεϱός: H sacer, E sacer, S clarus;

(Chev. 224.2) ἱεϱοτελεστής: H sacriperfector, E sanctus perfector, S sanctitatis perfector,

d'où il résulte qu’Érigène (E) suit Hilduin (H) dans le premier cas, utilisant comme lui le mot sacer, auquel Sarrazin (S) substitue clarus (traduisait-il encore le mot ἱεϱός?); mais dans le second cas, où Érigène paraît plus près de Sarrazin que d'Hilduin, il semble que la substitution doive être attribuée à Érigène plutôt qu’à Sarrazin. — Soit encore (G. Théry, op. cit. 82) le terme arcanus - ἀητός. La même méthode nous permet de dresser ce tableau:

DN 1 (Chev. 11.2) H infandum, E arcanum, S ineffabile; (18.1) HE arcanum, S indicibile; (37.4) HE arcanus, S ineffabilis; c.2 (Chev. 101.4) HE arcanus, S ineffabilis; (108.4) HE arcana, S indicibilis; c.3 (Chev. 138.4) H arcanum, E ineffabile, S non dicendum; (140.3) H arcanum, E ineffabile, S dicibile [ ητόν]; c.5 (Chev. 322.1) H arcanum, ES ineffabile; c.7 (Chev. 383.1) H arcanum, ES ineffabilis; (384.1) H arcana, ES ineffabilis; (385.1) H arcanus [ἀπό ητος], ES ineffabilis; c.11 (Chev. 515.2) H arcanus, ES ineffabilis; c.13 (Chev. 553.2) H arcanus, ES ineffabilis.

D'où il apparaît qu'effectivement Hilduin et Érigène donnent 4 fois sur 13 la même traduction arcanus du mot ητός, alors que Sarrazin préfère le terme de ineffabilis, et qu’à partir du chapitre 3e, Érigène, suivi 6 fois sur 8 par Sarrazin — qui en un cas ne travaille pas sur le même texte qu’Érigène —, utilise le terme ineffabilis. La substitution de ineffabilis à arcanus devrait donc être attribuée d'abord à Érigène. Enfin le tableau des diverses traductions de θεόσοφος et de θεοσοφία,

DN 2 (Chev. 68.3) θεοσοφία: H Deisapientia, E divina sapientia, S Deiveneratio;

DN 1 (Chev. 45.4) θεόσοφος: H theosophus, E theosophus, S peritus deitatis,

indique, semble-t-il, que Scot ne tenait pas tellement aux termes theosophia et theosophus puisqu il rend le premier par divina sapientia, et se borne à transcrire le second.

58 Voici les passages du De divinis nominibus apportés comme exemples par le P. Théry εἰς c.1 (Chev. 24.2) E in (S ad) deiformem monadem congregamur; (32.4) E in (S ad) super essentialem radium … immittimus; c.4 (Chev. 146) E in (S ad) omnia quae sunt extendit bonitatem; c.9 (Chev. 455.4) E in (S ad) omnia vadens; c.10 (Chev. 483.3) E in (S ad) seipsam omnia … convertens; c.11 (Chev. 496.1, 2) E convertentem in (S ad) totam unitatem; c.13.5 (Chev. 548.1) E … nos ex multis in (S ad) unum virtute divinae unitatis conversos.Google Scholar

57 Théry, G., loc. cit. 80.Google Scholar

58 DN 2 (Chev. 63.3–64.1):'… et lumen et deificum et causa, et omnia quaecumque totius thearchiae sunt ad (εἰς, E in) omnem reducunt eloquia thearchicam laudationem.’ De même DN 2 (Chev. 70.3–71.2): ‘etenim inde divinas manifestationes assumentes sicut quemdam canonem veritatis optimum ibi posita custodire in nobis ipsis non multiplicata et non minorata et non perversa studemus in custodia sanctorum custoditi et ab ipsis ad (εἰς, E in) custodiendum custodientes ipsa confirmati.’ Google Scholar

59 Voici quelques exemples tirés du De divinis nominibus: c.1 (Chev. 5.3–7.1): ‘Esto autem et nunc a nobis eloquiorum lex praedefinita: veritatem de Deo dictorum nos asseverare … in demonstratione a Spiritu motae theologorum virtutis, secundum quam ineffabilibus et ignotis … conjungimur secundum meliorem nostrae rationabilis et intellectualis virtutis et operationis unitionem (ἕνωσις E unitatem).’ — c.1 (Chev. 23.3–24.3): ‘thearchiam videmus sancte laudatam, sicut monadem quidem et unitatem … ex qua, ut unifica virtute, unimur et divisibilibus nostris alteritatibus supermundane conclusis ad deiformem monadem congregamur et deiimitativam unitionem (ἕνωσις, E unitatem).’ —c.1 (Chev. 38.3–39.3). Istis (angelis) deiformes ad angelorum imitationem … unitae mentes, quoniam secundum omnis intellectualis operationis quietem talis fit deificatarum mentium ad supremum lumen unitio (ἕνωσις, E unitas), laudant ipsum proprie maxime per ablationem a cunctis existentibus, hoc vere et supernaturaliter illuminatione docti ex beatissima ad ipsum unitione (ἕνωσίς, E unitas), quia omnium quidem existentium est causa, ipsum autem nihil ut ab omnibus substantialiter segregatum.’ — c.2 (Chev. 76.2–81.3): in unitione (ἕνωσις, E unitate) divina, id est supersubstantialitate, unitum quidem est principali Trinitati et commune: supersubstantialis essentia, superdea Deitas, superbona bonitas, quae est super omnia identitas totalis proprietatis existentis super omnia, super principatum unitas, ineffabile, multiluminis, ignorantia, perfecte non intelligibile, omnium positio, omnium ablatio, quod est super omnem et positionem et ablationem, mansio principalium Personarum in se invicem, si ita oportet dicere et collocatio totaliter superunita. Quemadmodum lumina luminarium … existentia in domo una et tota in se invicem totis sunt et diligentem habent ad se invicem discretionem proprie subsistentem, unita discretione et unitione (ἕνωσις, E unitate) discreta… Et si unum aliquis luminarium educat a domo coegredietur et proprium universum lumen, nihil aliorum luminum coavellens in seipso aut suiipsius aliis derelinquens. Erat enim ipsorum quod dixi totorum ad tota perfecta unitio (ἕνωσις, E unitas), non mixta universaliter et nulla parte confusa.’ Google Scholar

60 Voir par exemple, note précédente, le dernier texte. Google Scholar

61 On notera d'ailleurs que le troisième texte de la note 59 écarte chez Scot Érigène lui-même tout risque d'interprétation de ce genre: on lit, en effet, dans sa version immédiatement après le terme unitas: ‘quia omnium quidem est quae sunt causale, ipsum autem nihil, ut omnibus quae sunt superessentialiter exaltatum.’ Google Scholar

62 DN 4, fol. 133vb, 134ra. Google Scholar

63 DN 4, fol. 158ra. Google Scholar

64 DN 1, Chev. 11.2 et 37.4; c.2, Chev. 383.1, 385.1, 515.1 et 553.2. Google Scholar

65 DN 2 (Chev. 101.4), fol. 123rb: ‘ineffabile … id est nullo modo perfecte potest explican.’ Google Scholar

66 DN 5 (Chev. 322.1), fol. 176vb: ‘dupliciter se habet cognoscens ad rem cognitam, scilicet secundum apprehensionem interiorem et secundum expressionem alteri. Item secundum expressionem alteri et hoc dupliciter, aut secundum simplicem prolationem et sic dicitur ineffabile.’ (Le texte poursuit: ‘aut secundum interpretationem quae fit per definitiones vel divisiones vel demonstrationes et sic dicitur: non perfecte manifestabile.’) Google Scholar

67 DN 7 (Chev. 384.1) fol. 185vb: ‘dicit eam (sapientiam divinam) stultitiam ut rursus ducat nos ad veritatem divinam quae est nobis ineffabilis, ostendens quod non est sapientia sicut secundum nos.’ Google Scholar

68 Théry, Le P., Documents… 82, signale;Google Scholar

DN 1 (Chev. 33.2): E neque intelligere (Deum) possibile est, S … cogitare …;

c.2 (Chev. 77.2): E omne invisibile, S perfecte non intelligibile;

c.5 (Chev. 322.2): E ineffabile … incognoscibile … universaliter inexplanabile,

S … ignotum … perfecte non manifestabile;

c.11 (Chev. 500.1–2): E neque dicere … intelligere … incognoscibile, S … cogitare … ignotum.

Mais le premier texte n'est pas glosé, DN 1, fol. 108vb; le second signifie que Dieu n’étant pas compris de nous, ne nous est pas parfaitement intelligible (voir plus haut note 66, fol. 176vb); on peut lire plus haut, note 66, le sens du troisième, et le quatrième veut dire qu'il est impossible et interdit de connaître et d'exprimer Dieu en sa définition, DN 11, fol. 204rb.

69 Le texte de Denys est celui-ci dans la version de Sarrazin: ‘Quoniam autem sicut bonitatis essentia per ipsum esse omnium est existentium causa, boniprincipem Thearchiae providentiam ex omnibus causatis laudare convenit; quoniam et circa ipsam omnia et ipsius causa.’ DN 1 (Chev. 41.3–42.2). La version de Scot porte elle-même: ‘quoniam et circa ipsam omnia…’ Google Scholar

70 Voir plus haut, note 51. La fin du texte des objections est celle-ci: ‘Si autem dicatur quod dicunt esse circa ipsum secundum convenientiam cum attributis quae assequuntur substantiam, ut dicit Damascenus, secundum hoc videretur falsum dicere quod omnia sunt circa ipsum, quia lapis et asinus non sunt attributa divinae naturae.’ DN 1, fol. 111ra. Google Scholar

71 Saint Albert répond en effet, loc. cit.: ‘Non dicuntur omnia esse circa Deum sicut circa materiam sed propter convenientiam cum attributis ejus. Dicitur enim aliquid esse circa aliud quod est extrinsecum ab ipso et aliquo modo unitur sibi. Similiter omnia causata sunt extrinseca a divina substantia sed habent similitudinem ad Deum in quantum participant de esse et bonitate ejus secundum modum suum. Et ideo dicit Dionysius in Epistola ad Gaium: si aliquis videns Deum cognovit quod vidit, non ipsum vidit sed aliquid eorum quae sunt circa ipsum. Alia translatio: quae sunt ab ipso. Omnia enim quae sunt ab ipso inveniuntur in substantia ejus secundum id quod ab ipso sunt et non quantum ad id quod habent ex eo in quod terminatur divinus radius, sicut quidquid habet corpus illuminatum a sole de luce praeter id quod contrahit lucem ad talem colorem vel talem ex opacitate corporis totum est in sole. Similiter, remotis privationibus et potentialitate materiae quidquid actus et perfectionis in creatura est, totum eminentius est in creatore, sicut in motu qui est imperfectissimum quicquid invenitur actus, et hoc primo in Deo est, remoto tamen hoc quod est existentis in potentia ex quo habet imperfectionem, et similiter est in lapide et asino et aliis omnibus.’ — Saint Albert se réfère donc ici à la première lettre à Gaïus dont voici les versions selon Scot et Sarrazin. Scot: ‘Et si quis videns Deum intellexit quod vidit non ipsum contemplatus est sed quid eorum ab ipso existentium et cognitorum’; Sarr.: ‘Et si aliquis videns quidem Deum intellexit quod vidit non ipsum vidit sed aliquid eorum quae sunt ejus quae existunt et cognoscuntur.’ (Chev. I 606.4–607.1). Google Scholar

72 I Sent. d.1 a.15 (B. 25.35a), DN 5 (Chev. 1 321.4–322.2). — I Sent. d.11 a.1 (B. 25. 335b), DN 24 (220–221.3). — I Sent. d.11 a.6 (B. 25.345b), DN 2 (96.3–97.1). — I Sent. d.14 a.1 (B.25.390ab), DN 2 (85.1–86.2). — I Sent. d.31 a.9 (B. 26.111ab), DN 13 (Chev. I 540.4–542.1). Je signale cependant que I Sent. d.8 a.8 (B. 25.232b), Albert le Grand suit la version de Scot Érigène et la glose à l'aide d'une variante tirée de la version de Sarrazin. Google Scholar

73 Le P. Théry a partiellement décrit le manuscrit Lat, B.N. 15630, dans ses Études dionysiennes (Paris 1932) I 158–62. Voir aussi Théry, G. ‘Catalogue…’ AHDL 10 (1936) 195. Dom Chevallier, Dionysiaca I.lxxvii-lxxx, analyse les manuscrits 1619, 15630 et 17341 (du xiii e siècle). Voir également la reconstitution du Corpus dionysien de Paris au xiiie siècle par Dondaine, H. F., Le Corpus dionysien de l'Université de Paris au 13e siècle (Storia e Letteratura 44; Roma 1953).Google Scholar

74 Par exemple Hier. Eccl. (HE) 2 § 9 (B. 14.541b). Comparer avec Chev. II 1135.2–1137.4. Google Scholar

75 HE 2 § 2 (B. 14.514ab). Google Scholar

76 HE 1 § 1 (B. 14.475a), 2 § 2 (513b), 2 § 8 (536a), 5 § 22 (723b), 6 § 5 (750a). Google Scholar

77 DN 4, fol. 138ra: ‘dicimus quod ex natura motus circularis non est quod possit finiri, quamvis hoc possit esse ex voluntate divina. Unde haec translatio [il s'agit de la version de Sarrazin] videtur esse vitiosa; alia enim translatio [celle de Scot Érigène] habet sublimitatem et secundum hoc dicerentur terminationes non quasi terminati in se sed terminantes per continuam actionem in inferiora corpora. Unde dicitur illud corpus primum et ultimum. In graeco vero habetur subterminationum ut significetur quod non habet terminationes simpliciter sed secundum quid. Est enim corpus coeli terminatum…’ Le ‘grec’ auquel Albert se réfère est la glose de Maxime insistant sur le choix par Denys du mot ὑποττεϱατώσεις (préféré à ἀποηεϱατώσεις qu'on lit d'ailleurs dans les deux textes publiés par Chev. I 159.4). Sur la connaissance qu'Albert pouvait avoir du grec, voir Dondaine, H. F., O.P., ‘Saint Albert et le Grec,’ Recherches de théologie ancienne et médiévale [RTAM] 17 (1950) 315.19.Google Scholar

78 Le texte précédemment cité montre que la version de Scot est meilleure que celle de Sarrazin. Voici d'autres exemples tirés du c.4 du De divinis nominibus (Chev. I 300.3), fol. 173va: ‘similiter probatur quod non sit (malum) secundum artem sed potius ex defectu artis et hoc est quod dicit: non est secundum naturam neque enim in natura id est ex quo non est ex natura sicut ex causa sed ex defectu naturae, tunc non est in natura. Sed ratio artificis est in arte, id est malum cujus ratio est ex defectu artificis non est in arte. Alia translatio [celle de Scot Érigène] planius habet sic: neque enim in natura quod est contra naturam neque in arte inartificialis ratio.’ — De même (Chev. I 244.1, 2) fol. 161rb: ‘malum per se … solum … facit malum, id est vitiat, sicut habet alia translatio [Scot Érigène] quae est melior.’ Google Scholar

79 Jean Sarrazin, Préface Inter scriptores ecclesiasticos, Chev. I. cx n° 12 et cxiv ne 21. — Le P. Théry a mis en lumière le projet réel de Sarrazin dans son article: ‘Jean Sarrazin “traducteur” de Scot Érigène,’ Studia Martin Mediaevalia R. M. (Bruges 1948) 349–81. Cette étude fait ressortir que la ‘version’ de Jean Sarrazin prend place dans la série, inaugurée par Scot Érigène, des traductions ‘optiques,’ Hilduin s’étant livré à une traduction ‘phonétique’ de Denys. Pour son travail Érigène utilisait le texte grec du Corpus dionysien qu'en 827 Louis le Pieux reçut des légats de Michel le Bègue, empereur de Constantinople (le texte de ce Corpus se trouve à la Bibliothèque Nationale de Paris, fonds grec, MS 437) et la version latine qu'en avait faite Hilduin, abbé de Saint-Denis vers 832. Le P. Théry a retrouvé cette première version des écrits de Denys dans trois manuscrits, Bruxelles 903 (xve siècle): les deux Hiérarchies; Paris, Lat, B.N. 15645 (xiie siècle) et Boulogne-sur-Mer 27 (xiiie siècle): le Corpus en entier. Théry, Voir P. G., Études dionysiennes, I: Hilduin traducteur de Denys (Paris 1932) 23–62, 63–100. La version d'Hilduin est parvenue jusqu’à nous. Hilduin et Scot Érigène ont élaboré leur version de Denys sur le manuscrit grec 437 de la Bibliothèque Nationale de Paris. On sait qu'un autre manuscrit de la traduction par Hilduin des Noms divins, de la Théologie mystique et des dix lettres a été signalé par Harrison, S. Thomson: ‘An unnoticed MS of Hilduin's Translation of the Pseudo-Dionysius,’ Journal of Theological Studies 37 (1936) 137140 : Chapitre Métropolitain de Prague MS B.22.1 (137) (deuxième quart du xive siècle). — Le P. Théry a publié le texte de la version d'Hilduin, Études dionysiennes… II (Paris 1937). Autre édition dans Chevallier, op. cit. I et II. — La ‘version’ de Sarrazin est en réalité ‘la première révision de la version optique de Scot Érigène.’ S'aidant cette fois d'un manuscrit grec de type anastasien (voir Théry, G. ‘Recherches pour une édition grecque historique du pseudo-Denys,’ The New Scholasticism 3 [1927] 366–425), et désireux de ‘remédier à l'ignorance linguistique de son époque,’ de ‘répondre aux désirs de Jean de Salisbury,’ Jean Sarrazin en 1167 révise — il est en cela le premier — la version de Scot Érigène. Son but est de clarifier le texte de Scot Érigène (dont Anastase le Bibliothécaire disait qu'il devait être traduit à nouveau: PL 122.1027–28): aussi bien élimine-t-il, quand le sens n'exige pas leur maintien, tous les termes grecs gardés par Scot. Il leur donne des équivalents latins sauf lorsque la langue classique avait déjà assimilé certains termes grecs. — En ce qui concerne l'hellénisme de Jean Scot Érigène et sur les conditions dans lesquelles il travaillait, voir cependant Cappuyns, M. Jean Scot Érigène (Paris 1933) 128–46. Le maintien de termes grecs dans sa version est, dit Cappuyns, M. (loc. cit. 141 et note 6), d'un goût parfaitement apprécié et reconnu au ixe siècle. Il arrive qu’Érigène le traduise ailleurs: Commentaires, De divisione naturae… De soi, ce maintien n'est donc pas signe d'ignorance. — Au terme de sa publication de la version d'Hilduin, Études dionysiennes II 417–91, le P. Théry esquisse un lexique comparé de la terminologie d'Hilduin et de Scot. L’étude de ce lexique révèle que Scot cherche à améliorer la terminologie d'Hilduin et à donner ‘dans un style plus clair, plus simple et plus exact une version du Corpus dionysiacum qui soit vraiment assimilable.’ Le P. Théry note, op. cit. 421, que ‘si Scot Érigène a cherché volontairement à supprimer un certain nombre de grécisismes dans la traduction des Byzantins’ (traducteurs à St-Denys sous la direction d'Hilduin du manuscrit grec), ‘… il est indubitable que volontairement il en a créé aussi un très grand nombre.’ C'est principalement pour les supprimer, ajoute le Théry, P., que Jean Sarrazin entreprendra au xiie siècle une nouvelle traduction de Denys.Google Scholar

80 Voir la préface Infer scriptores ecclesiasticos… de Sarrazin, Chev. I.cx n° 12. Cette préface accompagne la version de Sarrazin dans beaucoup de manuscrits. Google Scholar

81 Voir la préface Post translationem Angelicae Hierarchiae… de Sarrazin, Chev. I.cxiv n° 21, et la lettre d'Anastase le Bibliothécaire sur Jean Scot, traducteur de Denys, éd. Perels et Laehr, MGH Epp. 7 (1928) 430–4.Google Scholar

82 De fait on lit ce prologue par exemple dans le manuscrit Lat, B.N. 17341, fol. 307ra: ‘ Utilitati legentium quantum nobis possibile Deo dante providere cupientes, quia non ignoramus antiquam translationem librorum Magni Areopagitae Dionysii auctoritate et imperio Imperatoris Carolis Magni [sic] a Joanne Scoto editam quam plurimum fere per totum ad intelligendum difficilem, novam istam translationem quam Joannes Sarracenus edidit eidem subjungere curavimus. Et hoc ideo ut ex ista illa clarius elucescat, cum ista multo minus illa esse difficilis intellectu comprobetur. Ille namque, quoniam expresse verbum ex verbo transferre studuit et eum obscurumque legentibus dereliquit; iste vero quia in quibusdam locis prout opportunum esse judicavit verborum ordinem transmutavit, in quibusdam autem non verba sed sensum verborum verbis aliis et planioribus transferre curavit, viam intelligentiae scientiam quaerentibus patefecit. Igitur, si fortassis alicubi vetus translatio legenti sive in sententia sive in constructione verborum obscurior occurrerit, protinus ad istam transeat ut quod ibi durum et asperum videbatur per hanc levius atque faciliori intelligentia capiatur.’ La meilleure illustration de cette technique d’éclaircissement de la version de Scot par celle de Sarrazin est le Commentaire de la Hiérarchie ecclésiastique de saint Albert. On notera que ce prologue ne dit mot de difficultés doctrinales ‘panthéistiques’ pouvant naître de la version de Scot.Google Scholar

83 Ainsi DN 5 (Chev. I 323.2) fol. 176vb: ‘et est super existentia. Alius textus addit: et super non existentia secundum quod (bonum) extenditur ad non esse.’ Un peu plus loin, Albert note qu'un autre texte (il s'agit de la version de Scot) ajoute: ‘Haec vero entis in omnia existentia extenditur et super omnia est.’ Albert ne trouvait pas en Sarrazin le passage correspondant. Il commente donc ici Scot Érigène. Google Scholar

84 Ainsi DN 4 (Chev. I 309.2) fol. 175ra, Albert commente l'expression praeter boniformem qu'il lit en Sarrazin et l'expression contra deiformem qu'il trouve en Scot, pour caractériser l'intellect du démon et dès lors préciser en quoi consiste le mal pour ce dernier. — De même, DN 5 (Chev. I 332.1–3) fol. 178ra-b, Albert commente les deux versions. De même encore DN 4 (Chev. I 164.2) fol. 138vb: ‘delectatio harmoniarum non provenit ex melodia sonorum qui sunt in superioribus corporibus sed ex ipsa proportione motuum, et sic debet exponi alia translatio quae habet consonantium, quamvis haec melior sit.’ Google Scholar

85 Par exemple, HC 2 § 10 (B. 14.54a; Chev. II 766.4); HE 2 § 8 (B. 14.537–8; Chev. II 1132. 3–4). Google Scholar

86 Sur la profondeur de Denys voir les appréciations de Scot Érigène, MGH Epp. 6 (1925) 158–61; Anastase le Bibliothécaire, MGH Epp. 7.430–34; Sarrazin, Inter scriptores ecclesiasticos, Chev. I.cx (12°); Prologue Compellit me § 3, Chev. I.lxxix et note 1 §§ 3 et 6.Google Scholar

87 Une lecture comparative des ‘variantes’ qu'Albert commente en expliquant les deux hiérarchies, par exemple, et des versions ‘types’ proposées par Chevallier dans Dionysiaca met en lumière la pluralité des versions dionysiennes alors en usage et attribuées ou non à Scot ou Sarrazin. Google Scholar

88 Sur ce point voir Théry, Études dionysiennes I ch. 8 § 3: Scot Érigène et Hilduin, 163–7. Google Scholar

89 En fait le traducteur lui-même jouait, semble-t-il, ce rôle: voir le jugement d'Anastase le Bibliothécaire sur Scot Érigène, MGH Epp. 7.430–4, et Prologue Compellit me, Chev. I.lxxix note 1 § 4. Ce paragraphe du Prologue montre bien aussi que les Commentateurs de Denys — en l'occurence: Maxime (Maxime le Confesseur et Jean de Scythople), Scot Érigène, Jean Sarrazin, Hugues de Saint-Victor — étaient les porte-parole de l'Esprit Saint ou mieux peut-être que le Saint Esprit parlait en eux. Google Scholar

90 Je rappelle que l'explicit du Commentaire des Noms divins dans le manuscrit Paris Mazarine 837 nomme Cologne. Google Scholar

91 Denys le Chartreux, Opera omnia, 16.482 BC, 483 A, à l'occasion d'une recherche sur la vision de Dieu dans la vie présente et dans la vie future, cite la solution de la question 7 dont j'ai transcrit l’énoncé plus haut. Saint Albert ‘vir valde catholicus’ est cependant ici critiqué et son opinion est rejetée. La seconde citation est un extrait de la question 7; elle se trouve De divinis nominibus 3 a.24 t.16, 95 BD. Google Scholar

92 Théry, G. O.P., ‘Originalité du plan de la “Summa de Bono” d'Ulrich de Strasbourg,’ Revue Thomiste 27 (1922) 376–97. Le P. Théry cite trois passages du Commentaire: in littera: Maz. fol. 103va-b, q.251; in littera: fol. 200ra-b; in littera: fol. 199rb-va.Google Scholar

93 Théry, , Autour du décret de 1210 . I: David de Dinant (Paris 1925) 138 et note 4, 139. Le P. Théry cite un texte de la question 26 (DN 1) et un autre de la question 352 (DN 13).Google Scholar

94 Meersemann, G. M., O.P., Introductio in opera omnia Alberti B. Magni (Bruges 1931) 101–5. Citation d'extraits du Prologue. — ‘La contemplation mystique d'après le Bienheureux Albert est-elle immédiate?’ dans Maître Albert (St-Maximin 1931) 184–97. L'auteur cite, p. 185–7, d'après le manuscrit du Vatican certains passages du Prologue correspondant à Maz. fol. 103ra-b; in littera: extraits 103vb-104ra; in littera: extraits 104vb-105ra et des extraits des q. 10 et 11; in littera: extraits fol. 109ra-b; extraits de la q. 23.Google Scholar

95 Peghaire, J., C.S.S., ‘La causalité du bien selon Albert le Grand,’ Études d'histoire littéraire et doctrinale du XIIIe siècle, 2e série (Paris 1932) 59–89. Cite, pp. 69, 70, 72 et 82, des extraits des qq. 119, 120 et 122.Google Scholar

96 Pouillon, Dom H. O.S.B., ‘La Beauté, propriété transcendentale chez les Scolastiques (1220–1270),’ AHDL 15 (1946) 263329. Dom Pouillon utilise en le corrigeant le texte de saint Albert De pulchro et bono, publié par Mandonnet, Sancti Thomae Opuscula omnia (Paris 1927) 5, ‘Opuscula spuria.’ L'Opusculum 68, intitulé De pulchro et de bono, est en réalité un extrait du c.4 du Commentaire des Noms divins de saint Albert. Cette édition, d'ailleurs fort défectueuse, correspond aux problèmes soulevés dans le manuscrit de la Bibliothèque Mazarine du folio 147ra au folio 150rb, c'est-à-dire aux questions 135–150.Google Scholar

97 Dondaine, H. F., O.P., ‘L'objet et le “medium” de la vision béatifique chez les théologiens du XIIIe siècle,’ RTAM 19 (1952) 60130. L'auteur cite, p. 95 note 112, des extraits de la q. 10.Google Scholar

98 Dondaine, H.F., ‘Cognoscere de Deo “quid est”,’ RTAM 22 (1955) 72–8. L'auteur cite, p. 74, des extraits des qq. 10 et 358.Google Scholar

99 Haubst, R., ‘Zum Fortleben Alberts des Grossen bei Heymerich von Kamp und Nikolaus von Kues,’ Studia Albertina (Beiträge zur Geschichte der Philos. und Theol. des Mittelalters, Supplementband 4; Münster 1952) 420 -47. Voir p. 431–43. L'auteur cite, p. 432, un passage de la question 154, p. 433–4 un autre de la question 10, p. 441 un autre de la question 144. En ce qui concerne l'influence d'Albert sur l'Albertinisme colonais par l'intermédiaire de Aimeric de Campen, voir Vansteenberghen, E. Le Cardinal Nicolas de Cues (1401–1464). L'Action et la Pensée (Paris 1920) et M. de Gandillac, La philosophie de Nicolas de Cues (Paris 1941) 97ss. — Gilson, E., History of Christian Philosophy in the Middle Ages (New York 1954) 534–40.Google Scholar

100 Wicki, Nikolaus, Die Lehre von der himmlischen Seligkeit in der mittelalterlichen Scholastik von Petrus Lombardus bis Thomas von Aquin (Studia Friburgensia, Neue Folge 9; Fribourg 1954), cite des extraits de la q.10, p. 136–7 notes 100–3; des extraits de la q.22, p. 137 note 104; des extraits de la q. 291, p. 138 note 105; des extraits de la q. 26, p. 138 note 106.Google Scholar

101 Ruello, F., ‘Une source probable de la théologie trinitaire de Saint Thomas,’ Recherches de Science religieuse 43 (1955) 104–28. Extraits des questions 14, 16, 40, 46, 47, 55, 56, 167.Google Scholar

102 Celui-ci renvoie explicitement à Albert. Haubst, Voir R. loc. cit. (n. 99) 432. Le texte d'Albert est celui de la q. 154.Google Scholar

103 Grabmann, M., Der Einfluss Alberts des Grossen auf das mittelalterliche Geistesleben II (München 1936) 390, suggère que Nicolas de Cues aurait annoté de sa main le manuscrit albertinien qui se trouve encore actuellement à Cues et dont il a déjà été question. Voir aussi Vansteenberghen, E. loc. cit. (n. 99) 283. De Gandillac, M., Œuvres choisies de Nicolas de Cues (Paris 1942), Introduction p. 23, ne parle pas de l'influence d'Albert le Grand commentateur des Noms divins sur Nicolas. Voir loc. cit. 369, le jugement de Nicolas sur les commentaires dionysiens: ‘En grec Denys se passe fort bien de commentaire: il s'explique lui-même de maintes façons.’ Il est vrai que ce jugement se trouve dans la lettre 5 (1453–1454) adressée à Gaspart Aindorffer et que Nicolas n'a peut-être pas encore médité sur le Commentaire de saint Albert qu'il reçut après 1453. Baur, L., Nicolaus Cusanus und Ps. Dionysius im Lichte der Zitate und Randbemerkungen des Cusanus (Cusanus-Texte 3. 1; Sb. Akad. Heidelberg 1941; 4) 97–112 : ‘Die Randbemerkungen zu den Dionysiuskommentaren Alberts d. Gr.; … zu De divinis nominibus‘.Google Scholar

104 Théry, G. loc. cit. (n. 92). Voir aussi Grabmann, M., ‘Studien über Ulrich von Strassburg,’ Mittelalterliches Geistesleben (München 1926) 147221 et ‘Des Ulrich Engelberti von Strassburg O.P. († 1277) Abhandlung “De Pulchro”,’ Sb. Munich 1926, 73–84.Google Scholar

105 Grabmann, M., Der Einfluss… 362. En ce qui concerne Eckart, voir, par exemple, Théry, G. O.P., ‘Édition critique des pièces relatives au procès d'Eckart contenues dans le manuscrit 33 b de la bibliothèque de Soest,’ AHDL 1 (1926) 169–268. Pour Tauler, voir Théry, Introduction historique aux Sermons de Tauler (traduction en collaboration avec le Hugueny, P. O.P., et Corin, A. L.; Paris 1927) 15ss.Google Scholar

106 Voir plus haut note 101. — On sait que Pierre de Prusse a écrit dans sa Vie d'Albert le Grand, Legenda Alberti B. Magni c. 7: ‘Cum autem frater Thomas miro modo taciturnus orationi et studio propter quod venerat sollicite esset intentus, coepit Magister Albertus librum de divinis Nominibus legere.’ Et l'on connaît aussi l'hypothèse du P. Théry sur l'autographe de saint Thomas conservé à la bibliothèque nationale de Naples, autographe qui ne serait autre que le Commentaire inédit de saint Albert sur le Corpus dionysien: Théry, G. O.P., ‘L'autographe de saint Thomas conservé à la Biblioteca Nazionale de Naples,’ Archivum Fratrum Praedicatorum 1 (1931) 1586. Pour un état de la question et les réserves qui s'imposent sur l'attribution de cet autographe à saint Thomas, voir Grabmann, M., ‘Die Autographe von Werken des hl. Thomas von Aquin,’Historisches Jahrbuch 60 (1940) 514–37.Google Scholar

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3 Albert le Grand, DN 1, Mazarine 873 fol. 103va: ‘Essentia divina tripliciter potest considerari, aut in se, aut secundum quod est in personis aut secundum respectum ad causata. Essentia igitur secundum se, secundum rationem intelligendi, est ante personas, essentia autem secundum respectum ad personas est ante essentiam secundum quod habet respectum ad creaturas.’ Google Scholar

4 Dionysius, DN 2, Chev. I 67.3–73.2. Google Scholar

5 Aristote, , Categoriae 8 Bekker 11a.Google Scholar

6 Dionysius, DN 2, Chev. I 83.2–84.3. Google Scholar

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11 Dionysius, DN 4, Chev. I 201.2–202.1. Google Scholar

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13 Boetius, , De unitate et uno . PL 63.1077. Correns, P., Die dem Boethius fälschlich zugeschriebene Abhandlung des Dominicus Gondissalvus De Unitate (Beiträge zur Gesch. der Philos. etc. 1. 2; Münster 1891) 7–9. Voir Gilson, La philosophie au Moyen Age (3e édition, Paris 1947), ch. 7.379 et ss.; History of Christian Philosophy in the Middle Ages (Toronto 1955) 238.Google Scholar

1 Je rappelle que le texte de saint Albert ne comporte pas de titres de questions, mais que ces titres, dont j'ai donné la liste plus haut (Ιre partie, section 5), peuvent se lire dans les marges du manuscrit de la bibliothèque Mazarine, MS 873, utilisé ici comme manuscrit de base. Google Scholar

2 Dionysius, DN 1, Chev. I 24.3. Albertus Magnus, Commentarius, Maz. 873, fol. 107vb-108ra. Google Scholar

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4 Boetius, , Utrum Pater et Filius ac Spiritus Sanctus de divinitate substantialiter praedicentur liber , PL 64.1280 ss. et Gilberti Porretae Commentaria, ibid. 1309–10.Google Scholar

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12 Dionysius, DN 2, Chev. I 78.3. Albertus Magnus, Comment. 166rb-va. Google Scholar

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14 Anselmus, , Monologion 43 PL 158.195; Schmitt I 59–60. De fide Trinitatis 2 et 3, PL 158.265–72.Google Scholar

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17 Dionysius, DN 2, Chev. I 83.1. Albertus Magnus, Comment. 118rb-vb. Google Scholar

18 Dionysius, DN 2, Chev. I 83.1. Google Scholar

19 Dionysius, DN 2, Chev. I 90.3. Google Scholar

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44 Petrus Lombardus, I Sent. dist. 5 § 1. Google Scholar

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