Summary
15 novembre. — En attendant les marins que Manoel a envoyé chercher, je parcours les environs et me rends compte de la façon dont se fait la récolte du caoutchouc dans cette partie de l'Orénoque.
Le gomero explore minutieusement la forêt et trace des sentiers qui mènent aux troncs qu'il se propose d'exploiter. Il nettoie soigneusement et racle légèrement le trone sur une hauteur de 1 m. 80 à 2 mètres. Puis, avec la moelle enlevée aux pétioles des palmes, il dispose une collerette inclinée au pied de l'arbre, de façon à diriger sur un seul point tout le lait qui s'écoulera à la suite des incisions quotidiennes. Avec le limbe de certaines feuilles il fabrique de petits godets qu'il place sous les collerettes. La récolte commence en novembre et se termine en mars-avril. Le matin de bonne heure, le gomero pique le caoutchouc avec une hachette dont le tranchant a un centimètre de largeur. Suivant la grosseur du sujet, il fait, sans entamer la zone génératrice, sur une même ligne circulaire, de quatre à douze incisions équidistantes. Cent troncs constituent une estrada; un homme peut en exploiter deux, mais rarement davantage. Le lait suinte le long du tronc, s'engage dans la collerette et tombe dans le godet placé au-dessous. L'écoulement se fait pendant huit heures environ, après lesquelles le gomero recueille le lait et l'apporte à sa case, où il lui fait subir l'opération du fumage.
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- L'Orénoque et le CauraRelation de Voyages Executées en 1886 et 1887, pp. 249 - 256Publisher: Cambridge University PressPrint publication year: 2010First published in: 1889