Summary
14 décembre. — Dès la pointe du jour, tout le monde besogne; mais, après quelques heures de pénibles efforts et de grande fatigue, il faut aviser à un autre moyen. Il reste un canot plus petit, où trois hommes au plus peuvent prendre place. Ma décision est prise. Je laisse mon compagnon au raudal, et avec deux hommes auxquels je promets 50 piastres, je me dispose à partir pour les sources, qui ne doivent plus être bien loin.
Mais pendant que nous étions occupés aux préparatifs, le vieux guide avait trouvé le moyen de s'esquiver, et s'était enfui dans la curiare. L'enlèvement de la seule embarcation alors utile me frappe comme un coup de foudre. Je vois mes espérances détruites par ce lâche abandon, mes peines et mes privations rendues inutiles. Cependant tout espoir n'est pas perdu : l'on peut construire un canot d'écorce; on peut aussi rattraper le fugitif. Armant la grande barque vide avec dix pagayeurs, je descends dare dare. Au bout de deux heures, je surprends à un détour mon homme qui filait rapidement. Dès qu'il nous aperçoit, il fait demi-tour et paraìt occupé à toute autre chose qu'à déguerpir. Je lui demande pourquoi il nous abandonne ainsi? ((J'allais retourner, dit-il; j'avais seulement voulu donner un coup d'œil aux arbres de yuvilla.)) L'ayant ramené au campement, je le fais garder à vue.
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- L'Orénoque et le CauraRelation de Voyages Executées en 1886 et 1887, pp. 306 - 318Publisher: Cambridge University PressPrint publication year: 2010