Résumé

La longévité de la Société Internationale de Droit de la Famille (ISFL) – les 50 dernières années – permet de saisir certains des changements les plus importants du droit de la famille portugais, du processus quasiment tectonique que les exigences d’une démocratie naissante ont provoqué, aux aménagements les plus récents des valeurs qui gouvernent aujourd’hui la vie familiale et le droit de la famille.

En effet, lorsque l’ISFL a été fondée, en 1973, le Portugal vivait encore sous un régime dictatorial et le droit de la famille défini par le code civil de 1966 reflétait cet environnement – en accordant, par exemple, un rôle prépondérant au mari dans le mariage et en discriminant les enfants nés hors mariage. Toutefois, l’année suivante, le changement de régime politique a entraîné l’adoption d’une nouvelle Constitution démocratique qui est rapidement entrée en vigueur (en 1976) et qui a consacré un ensemble de droits et de libertés fondamentaux, sous l’égide du principe d’égalité. La réforme de 1977, qui a adapté le Code civil à la nouvelle Constitution, a profondément remanié le droit de la famille à la lumière de ces nouvelles règles et valeurs.

Depuis lors, non seulement les relations familiales traditionnelles ont été considérablement remodelées, mais de nouvelles relations familiales ont Également été reconnues.

Dans cet article, je me propose d’analyser cette évolution au regard de trois différents domaines du droit de la famille afin de comprendre les voies choisies par le législateur portugais.

Tout d’abord, je me concentrerai sur la vie de couple – sur le mariage, qui constituait auparavant le noyau du droit de la famille, et sur l’importance croissante du nouveau mode de vie en couple que constitue l’union de fait. Tant dans le régime du mariage (depuis sa constitution – désormais ouverte aux couples de même sexe – jusqu’à son extinction) que dans le mouvement lent, mais régulier, de consécration juridique de l’union de fait et de la possibilité de vivre en couple dans des conditions différentes, nous parcourrons le chemin de la liberté et de l’égalité.