Cet article examine les processus de ritualisation d'un mythe de fondement social, le mythe de bagr, au sein de la société Dagara de la région nord-ouest du Ghana et sudouest du Burkina Faso. Il décrit l'intégration des rites dans la vie quotidienne des Dagaras et montre comment les rites bagr constituent une série de manifestations privées et publiques qui durent toute l'année ou pendant la saison du bagr. L'article décrit la vie sociale des quartiers dans lesquels ont lieu la plupart des activités rituelles et souligne les événements historiques susceptibles d'avoir donné naissance au mythe bagr lui-même en tant que texte narratif. Le reste de l'article traite des processus de ritualisation du mythe bagr. Une grande partie de l'article, et notamment cette section, s'articule autour de l'expérience personnelle de l'auteur ainsi que de son observation participative des activités rituelles. Il vise à montrer que les rites publics du bagr n'ont pas pour but d'initier des individus à une société ou des loges secrètes mais d'expliquer le mode de constitution de la société Dagara ellemême. La narration rituelle du mythe bagr, nuit et jour, qui implique différents segments de la société et est décrite en détail dans la seconde partie de l'article, semble justifier cette affirmation. L'article cite des extraits de narrations bagr enregistrées par l'auteur pour illustrer le mode de construction du texte et le type d'information qu'il vise à communiquer.