Le cas décrit, un mouvement anti-sorcellerie dirigé par deux prêtres catholiques, s'est produit au sein de la tribu des Lele dans la région du Kasaï (au Zaïre à cette époque) vers la fin des années 70 et le début des années 80. Ces informations ont été recueillies lors d'une brève visite en 1987. Ce cas d'acharnement contre la sorcellerie, localisé et de faible importance, s'inscrit dans un contexte plus large. Certaines nations soutiennent des institutions dont le but précis est de détecter, de neutraliser et de punir les malfaisants occultes comme les sorciers et les démons. La théologie occidentale ne répond pas actuellement aux questions qui rongent les Africains concernant les causes du mal dans le monde ou les causes des maladies et de la mort, questions auxquelles leurs traditions païennes répondent bien trop plausiblement en termes de sorcellerie. Certaines confessions chrétiennes ont défini leur doctrine à l'égard des démons de manière à concilier les croyances locales dans la sorcellerie. Partout où le sujet est à peine mentionnable, les Chrétiens africains ne peuvent pas contribuer au développement de la philosophic morale de l'Eglise chrétienne. Au cours de leur noviciat, les membres du clergé catholique africain ne peuvent recevoir aucun conseil particulier concernant les problèmes pastoraux pour lesquels la religion païenne a des réponses toutes faites.

Les études sur les risques pour la santé reproductive en temps de guerre s'intéressent beaucoup aux statistiques en matière de violence sexuelle infligée par une des parties belligérantes aux femmes de l'autre partie. Bien que justifié, cet intérêt obscurcit les risques présents dans les families et les communautés locales. Cet article examine les conséquences de la militarisation des jeunes dans le sud du Soudan sur la santé reproductive des femmes. La guerre a amené les families à désirer plus d'enfants pour compenser le taux élevé de mortalité infantile en temps de guerre. La rupture sociale entraînée par la guerre a incité les hommes à enfreindre les règies de la sexualité et les tabous sexuels à un point tel que les femmes ont perdu une grande part du pouvoir décisionnel qu'elles avaient sur leur sexualité et leur reproductivité. Ainsi, dans la région occidentale de Dinka, les femmes acceptent de concevoir contre leur gré. Elles considèrent également la grossesse comme une épreuve difficile. Nombreuses sont celles cependant qui tentent d'interrompre leur grossesse par des techniques dangereuses pouvant entraîner une infertilité, des infections ou la mort.

Cet article se sert d'une étude de cas pour soulever le problème du déclin de l'élevage dans les régions cultivables du Kenya. Il soutient que ce processus n'est pas à traiter comme évident en soi, en expliquant le déclin des cheptels comme le simple résultat des bénéfices relatifs de l'agriculture, de la croissance démographique et de la détérioration de l'environnement. Au contraire, ce point de vue néglige le fait qu'au Kenya l'élevage fut le premier secteur des sociétés agropastorales traditionnelles à être commercialisé et à obtenir dans le même temps un statut pénal. Les voleurs de bétail autrefois tenus pour des héros sont rapidement devenus des criminels redoutables, et c'est ce processus qui est essentiel pour comprendre le déclin éventuel du secteur de l'élevage et l'émergence de tendances inégalitaires. Cet argument se fonde sur une étude longitudinale réalisée dans le district de Kuria, dans le sud-ouest du Kenya, dans le cadre de laquelle des données ont été recueillies auprès des mêmes exploitations en 1985 et 1995. Ces deux études visaient à évaluer les conséquences de la culture du tabac sur les nouvelles tendances de stratification socio-économique. Cette méthodologie est rare et remet en cause les interprétations obtenues en se basant uniquement sur des données recueillies auprès d'un échantillon représentatif. Malgré une hausse de l'écart entre les revenus au cours de cette période de dix ans, aucune consolidation de la richesse et de la pauvreté relatives n'a été observée. On a pu constater au contraire que des tendances égalitaires significatives s'opéraient au sein de l'économie locale. Au cours de ces dix années, le cheptel a diminué de 50%. L'étude de la dynamique de cette situation change l'orientation de l'argument et l'amène vers une étude des conséquences d'une “marchandisaton” sur l'aile militaire de l'économie pastorale. L'intensification de l'agriculture a été accompagnée dans le district de Kuria par une vague de razzias de bétail et c'est ce facteur, plus que tout autre, qui a entraîné le déclin du cheptel, les éleveurs se débarrassant de leur bétail pour se prévenir des déprédations des pillards. Dans le même temps, on a observe un durcissement des comportements à l'égard des pillards eux-mêmes et constate que ce sont les families des pillards et non pas, par exemple, les families defavorisées, qui se sentent forcées de migrer et dans le même temps de vendre leurs terres, ce qui permet à d'autres membres de la communauté de consolider leur patrimoine foncier.

Dans la tribu agro-pastorale des Kuria située dans les plaines du district de Tarime, dans le nord de la Tanzanie, de nombreux hommes jeunes s'adonnent au vol de bétail, qui constitue une source principale de revenu. Une étude menée sur soixantequatre voleurs de bétail de cette tribu révèle que les trois quarts d'entre eux sont issus de families dont le nombre de garçons est supérieur à celui des filles, suggérant ainsi fortement que la nécessité, pour les fils, d'acquérir leur propre bétail dotal autrement que par le mariage de leurs sœurs constitue le critère majeur permettant de prédire quels hommes jeunes choisiront de devenir des voleurs de bétail.

Cet article tente de répondre à deux questions. Premièrement, il essaye d'expliquer pourquoi les Wawa et les Kwanja (deux groupes voisins situés au Cameroun) se sont convertis à l'Islam et au Christianisme dans les années 1960, et il suggère qu'ils l'ont fait dans le but d'adopter une identité respectée, jugée plus “moderne” et associée à l'identité nationale. Deuxièmement, l'article analyse les raisons ayant motivé les Wawa à se convertir à l'lslam alors que les Kwanja ont en majorite choisi le Christianisme, et il explique leurs choix principalement en fonction de la manière dont ils interagissent et définissent leur propre identité vis-à-vis des Foulbé voisins.

Les écrits consacrés à Asantehene Agyeman Prempeh I (1888-1931) portent majoritairement sur sa carrière de roi des Asante dans le contexte de la colonisation britannique. Cet article tente de nous éclairer quelque peu sur la vie personnelle de Prempeh et sur son attachment au christianisme et à la modernité. Il définit les notions de modernité et de conversion dans le contexte Asante, et examine l'initiative novatrice de Prempeh de fusionner la tradition Asante et la modernité. Les conséquences de cette initiative ont été très importantes pour Prempeh et les Asante. L'article est une microétude de l'action des forces culturelles mondiales dans un contexte non occidental.