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Published online by Cambridge University Press: 30 October 2017
Le livre que Mr Georges Friedmann intitule La crise du progrès et qui, pour être de format modeste, n'est pas un petit livre — compose une large fresque d'histoire intellectuelle. Brossée par un philosophe, elle réalise ce que, depuis longtemps, j'appelle de mes vœux d'historien : une histoire des idées qui soit vraiment « de l'histoire ». Et les lecteurs des Annales ne s'étonneront pas de cette constatation, puisqu'ils ont eu déjà un excellent avantgoût des réalisations de Mr Friedmann. Il y a cinq ans, rendant compte dans la Revue de synthèse d'une suite de travaux, d'ailleurs distingués, de Cassirer, de Klibansky et autres — je croyais devoir opposer l'histoire de la philosophie, telle que l'écrivent les philosophes, à notre histoire d'historiens traitant, à l'occasion, des idées — et je marquais notre désarroi devant ces engendrements de concepts à l'état pur que, si souvent, les historiens de la philosophie se contentent de nous décrire avec complaisance, sans aucune référence à l'état économique, politique ou social des diverses époques : concepts issus, pourrait-on croire, d'intelligences désincarnées et vivant, d'une vie toute irréelle, dans la sphère des idées pures.
page 89 note 1. Paris, N. R. F., 1936 ; in-12, 284 p.
page 89 note 2. Annales, t. VII, 1935, p. 584 et suiv.
page 89 note 3. L'histoire des philosophes et l'histoire des historiens dans Revue de synthèse, 1932, p. 97.