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Du marché temporaire à la colonie permanente. L'évolution de la politique commerciale au moyen âge

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

Robert Sabatino Lopez*
Affiliation:
Yale University, New Haven

Extract

Qui songerait aujourd'hui à brosser un tableau du commerce entre la France et l'Union Soviétique ou entre l'Angleterre et les États-Unis sans tenir compte des restrictions que lois et traités imposent à la circulation des hommes, de l'argent et des marchandises ? Si les échanges internationaux ne peuvent être anéantis par ces restrictions, ils en sont néanmoins profondément affectés. Et la conclusion d'un nouveau traité ou l'abrogation d'une clause défavorable pourraient sans aucun doute donner aux échanges un nouvel essor.

Voilà qui devrait être présent à notre esprit lorsque nous étudions le commerce international au haut moyen âge. Il ne suffit pas d'analyser les conditions sociales pour voir si elles portaient vers l'économie fermée ou vers l'économie d'échange et si la guerre, la piraterie et le brigandage coupaient les chemins ou les laissaient ouverts ; il faut encore se demander jusqu'à quel point le commerce international était entravé ou favorisé par la politique commerciale des différents États.

Type
Études
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1949

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References

page 390 note 1. S'il n'existe pas d'ouvrage consacré au même sujet que cet article, il y en a qui s'occupent de problèmes analogues et qui nous ont fourni de nombreux renseignements et des suggestions utiles : Bognetti, G. P., Note per la storia del passaporto e del salvacondotto, Pavie, 1933 Google Scholar ; Fiesel, « Zum frûh = und hochmitteîalterlichen Geleitsrecht », dans Zeitschrift der Savigny Stiftung, Germanische Ableilung, XLI, 1930 ; W. Heffening, Beiträge zum Bechts — und Wirtschaftsleben des Islamischen Orients, I, Hanovre, 1925 ; F. Hibth et W. Rockhill, préface à Chan Ju-Kua, Chu-fan-chi. Saint-Pétersbourg, 1911 ; Millet, G., « Soir les sceaux des commerciaires byzantins », dans Mélanges G. Schlumberger, Paris, 193 S.Google Scholar Nous renvoyons à ces ouvrages et à R. S. Lopez, « Silk Industry in the Byzantine Empire », dans Spéculum, XX, 1945, pour des indications bibliographiques plus détaillées. Dans le cours de cet article nous nous bornerons à signaler les documents- olés et quelques sources secondaires particulièrement importantes.

page 391 note 1. Les sources les plus importante sont citées par Bognwti, O. t., p. 82 et suiv.

page 391 note 2. Code Théodosien, VII, 16, 1 et a ; Novellq Valentinien, III.

page 391 note 3. La plupart des sources sont citées dans O. Seeck, art. Cornes Commerciorum dans Pauly-Wissowa Realenzyklopâdie der klassischen Altertumswisscnsc'Haften. Voir aussi K. E. Zachariae Von Lingenthal, Eine Verordnung Justinians liber den Seidenhandel, dans Mémoires de l'académie impériale de St-Pélcrsboury, série VII, n. 9, 1865, ouvrage vieilli, mais toujours utile.

page 392 note 1. La plupart des souroes sont citées dans Lopez, art. cité, p. 26-37, 29 et suiv. Pour les pèlerins voir aussi R. S. Lopsfc, « Le problème _ttes relations anglobyzantines du VIIe au Xe siècle », dans Byzantion, XVIII, 1946-48 p. 151.

page 393 note 1. Sur les « boutiques » voir la documentation rassemblée par Millet, O. C, p. 318 et suiv., à compléter par Heyd, W., Histoire du commerce du Levant au moyen âge, Leipzig, 1866, I, p. 15 Google Scholar et suiv., et, pour une période plus récente, G. I. Bratianu, Recherches sur le commerce génois dans la mer Noire au XIIIe siècle, Paris, 1929, p. 13o et suiv. Sur les skaria ou skalai, voir Rouillard, G., « Les taXes maritimes et commerciales d'après des actes de Patmos et de Lavra », dans Mélanges Ch. Diehl, I, Paris, 1930, p. 282Google Scholar et suiv. Sur les commerciairos la bibliographie est mise à jour dans Lopez, art. cité, p. 12, n. 4.

page 394 note 1. La discussion la plus récente des mitata se trouve dans LOFEZ, art. cité, ji. 27, et suiv. ; on y trouvera aussi des indications bibliographiques.

page 394 note 2. Code Justinien, IV, 03, 4.

page 394 note 3. Code Théodosien, VII, 16, 3.

page 395 note 1. Voir dans Lopez, p. 26, art. cité, n. 2, une liste partielle des mesures qui limitaient l'exportation de certains produits.

page 395 note 2. La plupart des sources sont citées par Heffening, O. C , I, p. 51 et suiv., 87 et suiv., 110 et suiv. ; voir aussi Hatschek, , Der Musta'min, Berlin, 1919 Google Scholar, et Bussi, E., « Del concetto di commercio e di dommeroiante n«l ipensiero giuridico musulrnano », dans Stadi in memoria di Aldo Albertoni, Padoue, 1935-38, III, p. 9 et suivGoogle Scholar.

page 396 note 1. M-Gtoazali (+ 1111) est particulièrement explicite sur ce point, mais mémo des juristes plus anciens se rendent à une opinion à peine dîjÈtérente ; voir Heffening, o. c. p., 29 et suiv.

page 396 note 2. Tout le monde est d'accord pour ce qui concerne la défense d'exporter des matériaux de guerre eit des esclaves vers les pays dies Infidèles et d'importer le vin et les porcs dans le territoire do l'Islam. En plus, la plupart des gouvernements établissent des monopoles (malgré l'opposition tenace d'écrivains tels qu'Ibn Khaldun) et interdisent l'exportation des mêmes produits qui étaient sur la liste noire du gouvernement by zantin : soieries et tissus précieux, etc. Voir Heffening, o. c, p. 53 et suiv. ; A. Ghohmann, article Tiraz dans) Encyclopédie de l'Islam ; Becker, C., Islamstudien, Leipzig, 1924, I, p. 163 et suiv.Google Scholar ; R. S. Lopez, « Mohamed and Charlemagne, a Revision », dans Specuium, XVIII, 1943, p. 22 et suiv

page 397 note 1. Philostorge, cité dans Bussi, art. cité, p. 14 ; Constantin Porphyrogénète, De Cerimoniis, I, oh. 89-90 ; Al-Istakhari, Livre des voies et des royaumes, cité dans Lopez, art. cité, p. 29, n. 3 ; Abu Yusuf Ya'Kub, Le Livre de l'impôt foncier, trad. Fagnan, Paris, 1921, p. 294 (et voir aussi p. 291) ; Vite Willibaldi, dans M. G. H., SS., XV, ip. 94 et suiv. Il est vrai cfue A. Mez (Die Benaissancei der Islams, p. 470 et suiv.) nie l'existence d'un contrôle des passeports en Perse avant le XIe Siècle, mais il n'avait évidemment pas lu Abu Yusuf (+798).

page 397 note 2. Voir Heffening, O. C , p. 49 et suiv. ; Bognetti, p. 198 et suiv. ; Monti, G M., L'espansione mediterranea del Mezzogiorno d'Italia e délia Sicilia, Bologna, 1942, p, 21 Google Scholar et sources citées.

page 397 note 3. La plupart des sources sont analysées par Heffening, o. c, p. 95, 105 et suiv. ; Bognetti, o. c, p. 184 et suiv. ; Mez, p. 471-472.

page 398 note 1. C'est peut-être cet état d'esprit des sources qui a porté Henri Pirenne a soutenir la thèse quelque peu paradoxale que la plupart dies mardhands des Xe et XIe siècles étaient des va-nu-pieds et des cambrioleurs, Nous reviendrons sur ce sujet dans une étude sur la diversité des origines de la classe marchande.

page 398 note 2. Edit de Rotharis, 3-5, 244 ; Liutphand, I8 ; Ratohis, 9 et 13 ; Ahistulf, 4-6; voir les fines observations de Bogneto, O. C, p. 16 et suiv., ip. 147 et suiv. Les Lombards ne semblent pas entretenir envers les marchands des préjugés aussi profonds que les autres bartiares, témoins Rotharis, 467 et Ahistulf ; mais ils sont tout atissi préoccupés d'un espionnage éventuel que les Romains.

page 398 note 3. L'ouvrage fondamental est celui d'A. Solmi, L'administrazione Jinanziaria dcl reçrno italico nell'alto medio euo, Pavie. 1932 On trouvera quelques indications bibliographiques et remarques additionnelles dans Lopëï, art. cité, p. 37.

page 399 note 1. Cassiodore, Variarum, II, 12 ; VI, 7 et 23 ; VII, 9 ; IX, 14 ; Rothakis, 27-0 ; voir aussi Aiiistulf, 6, « De navigio et terreno negotio ».

page 399 note 2. Voir surtout Hartmann, L. M., Zur Wirtschaftsgeschichte Italiens Un jriihen Mittelalter, Gotha, 1904, p. 74 Google Scholar et suiv. ; R. Cbssi, Paeta Veneta, dans Archivio Veneto, nouv. série, V-VI (1928-29), et sources citées. D'ailleurs il y a quelque ressemblance entre les « boutiques byzantines et les nombreuses cellae, curtes et Xenodochia qui sont signalées à Pavie entre le IXe et le XIe siècle. Quelquesunes de celles-ci appartenaient aux évêques italiens, mais d'autres relevaient de communautés étrangères, et presque toutes semblent avoir servi a héberger les marchands (sources citées par Milani, C., « Intorno ail’ organizzazione di uni città capitale », dans Annali di Scienze Politiche , X, 1907, l'asc. 12 Google Scholar).

page 399 note 3. Sources citées par G. Volpe, « Pisa ed i Longobardi », dans Studi Storici, X, et par G. P. Bognetti, « Arimannie e guariganghe », dans Festschrift Alfons Dopsch, Leipzig, 1938. Nous no croyons pas, comme ces auteurs, que les guariganghi de Pise étaient des Germains des région? maritimes. Il serait beaucoup plus logique de penser à des sujets byzantins, d'autant plus que la présence de marchands grecs à Pise est attestée par les sources.

page 399 note 4. Voir mon article, « Aux origines du capitalisme génois », dans Annales d'Histoire Economique et Sociale, IX, 1937.

page 399 note 5. M. G. H., Leges, Sectio II, Cap. I, n. 15S, et les autres sources citées par Bognetti, o. c, 27 et suiv.

page 400 note 1. Les remarquables études de Bréliier, Pirenne et Lambreohls sur les « colonies » orientales en Occident ne soulèvent pas la question de saivoir si ces Orientaux étaient des citoyens de l'Empire d'Orient ou des sujets francs d'origine étrangère. Il est vrai, toutefois, que certaines expressions de la lettre d'Alouin à Offa (M. G. H., Epist. Aevi Karol., II, p. i:45) font penser qu'en 790 encore les marchands de Mercie pouvaient circuler librement en France en vertu d'une « antiqaam consuetudinem negotiandi », et que les marchands français jouissaient du mémo droit en Mercie. Mais le cas de la Mercie peut avoir été exceptionnel ; d'ailleurs libre circulation ne signifie pas droit de séjour illimité ; enfin est-il nécessaire de rappeler que cette liberté donna Heu à des graves incidents qui menèrent à une interruption des rapports commerciaux entre les deux pays ?

page 400 note 2. Le caipitulaire italique de Pépin (790 ?) annonce déjà cette directive de la politique carolingienne en Italie : « Sicut consuetudo fuit sigillum et epistola prehendere et vias vel portas custodire, ita nune sit factum. » (M. G. H., LL., Sectio II, Cap. I, p. 201.) Bognetti, (O. C , p. 20 et suiv.) cite toute une série de mesures prises dans le même sens, et qui mènent presque sans interruption jusqu'aux Honorantie Civitatis Papie (début du xie siècle) où se trouve la liste des clusae et postes frontières en existence à ce temps.

page 400 note 3. M. G. H., LL., Sectio V, Formulae, n. 37 ; voir aussi Dep, G., « Le mot clusas dans les diplômes carolingiens », dans Mélanges Henri Pirenne, 1, Bruxelles, 1926.Google Scholar Il est donc évident que l'antiqua consuetudo mentionnée par Amuin (voir ci-dessus, n. 1) n'avait pas survécu a la réorganisation du contrôle! des étrangers selon les modèles lombard et byzantin.

page 401 note 1. M. G. H., LL., Sectio II, Cap. I, n. 44- M ne s'agiissait pfts seulement d'empêcher l'exportation des armes et des esclaves dans un moment où la situation était tendue, mais d'un système de contrôle a caractère permanent. On en aperçoit encore les traces dans les restrictions sur l'exportation du sel en vigueur au début du Xe siècle ; voir M. G. H.„ IX., III, 480 et Capitularia, II, 250.

page 401 note 2. Voir surtout le Capitulare de disciplina palatii (820 ?) et le Praeceptum negotiatorum (828 ?) : M. G. H., LL., Cap. I, 298 ; Formulae, 3I4-I5.

page 401 note 3. Liebermann, I, 658 et 675 ; Voir aussi E.-Lipson, Economie History England, I, Londres, 1929. Plus tard les rois anglais semblent avoir adopté avec le système des staplcs une sorte de postes frontières à l'étranger.

page 402 note 1. Noms avons passé sous silence l'Espagne des Visigoths parce que les source» font presque entièrement défaut. Le passage le plus intéressant est Lex Wisigothorum, XJ, 3, a : « Cum transmarini negotiatores inter se causant habent, nullus de sedibus nostris eos audire présumât nisi tantummodo suis legïbus audiantur apud telonearios suos. » Le texte est obscur, mais il semble signifier que les employés des douanes visi'gotihes spécialement chargés du contrôle des marchands étrangers (” telonearios suos ») étaient’ tenus a juger ces derniers selon leurs lois nationales. Plutôt qu'à une antioiipation du régime des capitulations, on penserait au régime des lois nationales qui devait s'affirmer après Gharlemagne.

page 403 note 1. Pour les villes italo-byzantines et pour Pise, voir surtout la deuxième section de notre chapitre sur le commerce de l'Europe méridionale, à paraître prochainement dans Cambridge Economie Hîstory, II. Pour Chypre : AU-Baladhuri, trad. Hitti et Murgotten, New York, 1916-1924, I, p. 236-237 ; Yahta Ibn-SA'IC, trad. Kratchovsky et Vasiliev, Patrol. Orientalis, XVIII, 794 ; Vita Willibaldi, citée cidessus, p. 3g 7. Pour Farab : IN Khurdadhbeh, trad. De Goeje, p. 111. Voir aussi le cas d'Alappo, bibliographie dans Lopez, art. cité, p. 3i, n. 1.

page 403 note 2. Nous devons respectivement à Hirth et Rockhill (préface et édition de Chah Jo-Kua, Chu-fan-chi) et à Ferrand, G. (Relations de voyages et textes géographiques arabes, persans et turks relatifs à l'Extrême-Orient, Paris, 1913-14 Google Scholar) des répertoires très riches des sources chinoises et musulmanes. L'écrivain chinois auquel il est fait allusion dans le texte est Li Chan, T'ang-kuo-shi-pu (rédigé au début du iXe siècle et se référant à des événements de la période 713-826), cité par Hirth et Rockhill, O. C, p. 9. Les écrivains musulmans sont le marchand Suiayman (851) et le savant Abu SA'ID Hasan (qui écrivait vers 91.6 d'après des informations en partie antérieures). Une traduction de ces derniers a été publiée séparément, avec une préface, par Ferrand, G., Voyage du marchand Sulaymun en Inde et en Chine, Paris, 1922 Google Scholar ; voir p. 37 et suiv., 45, 54-59, 76, 83, 105 et suiv.

page 403 note 3. La plupart des sources chinoises et musulmanes sont citées dans Hirth et Rockhil, oc. c, p. 14 et suiv.

page 404 note 1. Sulayman, éd. Ferrand, o. c, p. 37 ; voir aussi Abu Sa'Id, o. c , p. 76 ; Chu YU, câté par Hirth et Rockhill, o. c, p. 17, efo.

page 404 note 2. Mas'Udi, Les Prairies d'Or, trad. Meynard et de Courtelle, II, p. 86, 10 el suiv. ; voir aussi Merveilles de l'Inde, trad. Reynaud, p. 161.

page 404 note 3. Livre du Préfet, V, 2-5 ; voir Lopez, art. cité, p. 3o.

page 405 note 1. Bibliographie trop copieuse pour être citée : un abrégé dans Veidovato, G., L'ordinamento capitolare in Oriente nei privilegi toscani dei secoli XII-XV, Firenze, 1946.Google Scholar Mais cet ouvrage, le plus récent sur la question, passe sous silence les colonies « en sourdine » de la période avant les Croisades et avant le ohrysobulle de 1082 en faveur des Vénitiens. Sur elles il faut encore se reporter à Heyd et à Amari.

page 405 note 2. Ling-wai-tai-ta, cité par Hirth et Rockhiix, O. C, p. 23. Suivant le Sungshi, en 1176 déjà on ne permettait pas aux bateaux étrangers de décharger jusqu'à ce que dix d'entre eux soiânt arrivés a un port déterminé.