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En islande médiévale : a la recherche de la famille nucléaire*

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Jenny Jochens*
Affiliation:
Towson State University Towson, Maryland

Extract

Pendant le Carême de 1237 þórðr Sturluson, âgé de 72 ans, tomba malade dans sa ferme de Eyrr. Comme il désirait faire un partage de ses biens, il rappela son fils aîné Böðvarr de sa ferme de Staðr, et il lui demanda quels arrangements lui plairaient, « parce qu'il est mon héritier », dit-il. Son fils lui dit de faire ce qu'il voulait et þórðr distribua ses biens en donnant d'abord 48 % à Bôovarr et presque 10% à sa troisième femme, qui ne lui avait pas donné d'enfant. Le reste fut partagé entre les six enfants qu'il avait eus de son ancienne maîtresse þóra, le premier et le troisième fils recevant presque 10 %, tandis que le second et le quatrième ne recevaient que 8 % chacun, et deux filles célibataires 4% seulement. Le troisième fils illégitime, Sturla, devait recevoir la ferme de Eyrr, résidence de þórðr à ce moment-là, alors que l'aîné Bôovarr avait déjà reçu la ferme de Staðr. Il est probable que ces transactions de propriétés s'ajoutaient aux répartitions monétaires que nous venons de mentionner, sans en faire partie. Ayant reçu l'extrême onction, þórðr mourut le 10 avril et fut enterré devant l'église de sa propriété .

Summary

Summary

Based on the contemporary narrative Sturlunga saga and the Gragas law code, this article examines inheritance patterns, sexual practices, and the size of households in 12th and 13th century Iceland. Most often fathers transferred wealth and political authority to the next generation by a pragmatic evaluation of the available candidates regardless of primogeniture and legitimacy, although these two strategies made their appearance by the middle of the thirteenth century. Male sexual behavior had not yet been curbed by the regulations of the Church, making concubinage and adultery ubiquitousphenomena. Although the aristocratic households could comprise up to fifty members, this article, using the terminology of John Hajnal, argues for the existence of the “simple household” in medieval Iceland dominated by a mature male and illuminates the transition from the Sippe to the Geschlecht on the northern frontiers of Western Europe.

Type
Population et Société
Copyright
Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1985

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Footnotes

*

Cette communication est le fruit d'un séminaire d'été du National Endowment for the Humanities sous la direction de Eleanor Burke Leacock à la Graduate School of the City University of New York en 1980. Des versions différentes ont été présentées à la New England Médiéval Conférence en 1980, à la Society for the Advancement of Scandinavian Study en 1983, au séminaire de Régis Boyer à Paris III, au séminaire de Georges Duby au Collège de France, et à celui de R. I. Page de l'Université de Cambridge, et à l'Université de Copenhague, en 1984. Le français a été revu par Monique Prunet et Jeannine Talion.

References

Notes

1. Jòn Jòhannesson, Magnùs Finnbogason, Kristiàn Eldjàrn, Sturlunga saga, 2 vols, Reykjavik, 1946, I, p. 399. (Dorénavant sous l'abréviation St.s.) les montants sont indiqués en centaines. Ainsi BôSvarr reçut cinq cents centaines. Une centaine était à l'origine la valeur de 120 aunes de bure (vahmal). En tant que produit d'exportation et mesure monétaire, la bure garda son importance au-delà du Moyen Age, ainsi qu'en témoigne l'importance économique des femmes. Vers 1200 une centaine était l'équivalent d'une vache. Voir article Vadmàl dans Kulturhistorisk leksikon for Nordisk Middelalder (dorénavant sous l'abréviation KLMN) XIX, p. 409 etHundra*, ibid.,Vll, pp. 83-88.

2. St. 5.1, p. 231.

3. St. s. I, p. 335.

4. St. s. I, p. 232. Malheureusement nous ne connaissons pas son héritage paternel, mais nous savons seulement que ses deux frères cadets, Sighvatr et Snorri, reçurent 40 centaines du patrimoine. St. s. I, p. 234, 237. (En réalité, GuSny, la veuve, avait gaspillé la part de Snorri pendant sa minorité, mais il fut largement remboursé lorsqu'elle mourut en 1221 ; St. s. I, p. 303.) Il n'y a aucune indication selon laquelle t^ôrSr en tant qu'aîné ait reçu le traitement de faveur dont il fit luimême preuve à l'égard de Bôvarr.

5. St. s. I, p. 309.

6. St. s. I, p. 268.

7. St. s. I, pp. 236, 260, 285-287.

8. St. s. I, p. 200.

9. St. s. I, pp. 299, 308. L'aîné s'était noyé quelques années auparavant. En 1231 le deuxième Vilhjâlmr vivait à Oddi avec Haraldr (St. s. I, p. 345) et après son mariage, Hâlfdan occupa la splendide ferme de Keldur, qui, après Oddi, était la meilleure part de l'héritage de Saemundr. St. s. I,p. 345.

10. St. s. I,pp. 242,345.

11. St. s.l, p. 242.

12. St. s. I,pp. 342-343.

13. le nombre initial des golar était de 36, et il s'élevait à 48 vers l'an 1000. Dès le commencement chaque go8/ occupait un golori, mais plus tard, les chefs importants en acquéraient plusieurs. Pendant l'âge des Sturlungs, cinq familles étaient en possession de tous les goSorS. Voir article goð, KLMN V, pp. 363-366.

14. St. s. I, pp. 64, 235, 303, 304, 315, 319, 447.

15. les trois manuscrits principaux de la loi ont été publiés par Viljâlmur Finsen, 1852-1883 ; Grâgâs, I a-b, Copenhague 1852, contient le texte de MS GKS 1157 fol. ; Grâgâs, I c-d, Copenhague 1870, en donne une traduction danoise. Grâgâs II, Copenhague 1879, renferme MS AM 334 fol., et Grâgâs III, Copenhague 1883, y ajoute MS AM 351 fol. et d'autres ms. Grâgâs I, a-b, II, III ont été réédités en 1974 par Odense University Press (dorénavant sous l'abréviation Gg.) Gg I a, pp. 142, 167, 225, 226, 166. Gg II, 333 donne l'âge de 16 ans. les femmes devaient avoir 20 ans avant qu'il leur soit permis de décider de leur domicile. les femmes mariées pouvaient avoir la responsabilité de leur héritage à n'importe quel âge, et les veuves de 16 ans et moins pouvaient être tuteurs de mineurs. Ces deux dernières règles n'indiquent pas une considération plus élevée à l'égard de la maturité des femmes, mais elles mettent en évidence le fait que toutes les femmes, même les veuves, ont des tuteurs masculins qui auront le dernier mot dans leurs affaires.

16. St. s. I, p. 283.

17. St. s.l, p. 315.

18. St. s. II, pp. 98-101.

19. St. s. I, p. 445.

20. St. s. II, pp. 9-10. Quand le malchanceux GuSmundr Ormsson déjà mentionné essaya à l'âge de 15 ans de rejoindre son frère dans une expédition contre leur oncle qui — nous l'avons vu — les tua, sa mère essaya de l'empêcher de partir, en lui disant qu'il était trop jeune. Comme il maintenait son droit de décision, elle l'enferma dans une petite pièce en prétextant qu'il lui fallait changer de vêtements et elle ferma la porte. Il parvint à s'échapper et rejoignit son frère. St. s. II, p. 91.

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22. le contrat entre Otkatla et Teitr est décrit dans les termes suivants : « elle était d'une meilleure famille, mais il avait plus de biens ». St. s.l, p. 160.

23. On rencontre déjà un exemple très clair en 1187 ; St. s. I, pp. 163-165. Il y en eut beaucoup d'autres.

24. St. s. I, pp. 479-484 ; 304.

25. Voir p. 94.

26. Voir note 76.

27. Tumu reçut le prénom d'un frère aîné mort en 1222. Il n'était pas dans la tradition d'utiliser les prénoms des membres de la famille encore en vie, par conséquent Tumi était certainement né après 1222. Puisque fcuriSr était déjà bonne à marier en 1232 et qu'elle était la cinquième de sept enfants, engendrés par Ormr Jônsson qui mourut en 1218, il y avait donc au moins 7 à 8 ans de différence entre eux. St. s. I, pp. 236, 287-288, 347, 447.

28. Voir par exemple le mariage de Sturla pôrS arson avec GuSny déjà mentionné, le mariage de porvaldr Snorrason avec £>6rdis (St. s. I, pp. 302-305), et le commentaire sur Gisli Markûsson qui était déjà d'un certain âge à ce moment-là et « dont les enfants légitimes étaient à peine sortis de l'enfance, mais il avait de nombreux fils illégitimes tout à fait adultes », St. s. II, p. 8.

29. Gg. I b , p . 35, la, p. 222.

30. Avant ses secondes noces, Sturla J)ôr5 arson plaça sa maîtresse, GuSfinna, à la ferme qu'il donna au fils que sa femme avait eu d'un autre mariage. St. s. I, p. 77. Deux générations plus tard, en 1223, Halldôra, la mère de Sturla Sighvatsson, renvoya de SauSafell Vigdis, la maîtresse de celui-ci, avant qu'il ne revienne, accompagné de Solveig, sa jeune épousée. St. s. I, p. 300.

31. fjorvaldr Snorrason, St. s. I, p. 295.

32. Diplomatarium Islandicum, Copenhague, 1857,1, p. 221.

33. St. s. I, 477. Gizurr divorça de sa première femme aux environs de 1232, après la mort de leur seul enfant (St. s. I, pp. 45-46) et il semble qu'il ait entamé une liaison avec Grôa à ce momentlà. Il était apparemment d'une nature très fidèle, car, à la mort de Grôa, il prit une autre concubine chez laquelle il retourna après un séjour de quatre ans en Norvège ; St. s. I, pp. 500-501, 525.

34. St. s. I, pp. 242,270-272.

35. La fusion entre l'Église et l'État en Islande était unique en Europe. Un grand nombre de chefs étaient consacrés à un moment donné dans leur vie. le commentaire sur Brandr Jônsson, abbé du monastère fiykkvabaer et plus tard évêque de Hôlar, selon lequel il « était à la fois chef remarquable et un bon membre du clergé » peut s'appliquer à un grand nombre de chefs.

36. St. s. II, pp. 85,209.

37. Voir Jochens, Jenny M., « The Church and Sexuality in Médiéval Iceland », Journal of MédiévalHistory, 6 (1980), pp. 377392.Google Scholar

38. Voir par exemple le commentaire sur (Dorbjôrn Vermundarson dans les années 1150, selon lequel il était « coureur de jupons », St. s. I, p. 68, ainsi que des lettres d'archevêques de Norvège, Diplomatarium Islandicum, I, pp. 221, 262-264.

39. Voir Stone, Lawrence, The Family, Sex and Marriage in England 1500-1800, New York, 1979,ch. 2.Google Scholar

40. Quand Yngvildr, la fille de (DôrSr, en 1119 se trouva seule après la mort de son mari avec deux petites filles, elle déménagea et se mit en ménage avec le prêtre Ingimundr Einarsson ; St. s. I, p. 23. Dans les années 1190 GuSmundr Arason, le futur évêque, gérait les affaires d'une veuve Arnbruélr ; St. s. I, pp. 139-140.

41. St. s. II, pp. 122, 132, 148-152. Voir aussi l'emploi que faisait Sighvatr Sturluson de sa demi-soeur JsuriSr et de son mari à sa ferme de HjaSarholt jusqu'à son mariage avec Halldôra, moment où il renvoya puriSr. St. s. I, p. 234.

42. Salbjôrg qui tenait le ménage d'Einarr porgilsson et partageait sa couche, refusa de quitter sa ferme après sa mort, si bien qu'il fallut la renvoyer de force. St. s. I, pp. 230-231.

43. Gg. I b, p. 47.

44. Gg. I b, pp. 60-75.

45. St. s. I, p. 360.

46. St. s. I, pp. 198-199.

47. St. s. I, pp. 178-179.

48. D'autre part les femmes montraient moins d'initiative que les hommes dans les relations sexuelles. Elles devenaient des maîtresses et suivaient les ordres de leurs marieurs, mais elles ne recherchaient pas d'amants. Deux femmes seulement dans la Sturlunga saga font preuve d'une vague initiative sexuelle, ce qui leur vaut la désapprobation de l'auteur. Il s'agit de la liaison d'Yngvildr borgilsdôttir avec porvartr borgeirsson (St. s. I, pp. 72-74) et de la nymphomane Guûn bôrSardôttir (St. s. I, pp. 168-171). JôreiSr Hallsdôttir fit une grève de la faim pour empêcher son remariage qui aurait dépouillé sa fille de ses biens considérables ; St. s. I, pp. 310-311, 480.

49. St. s. I, p. 363.

50. Ingiger5r, enceinte des oeuvres de Ketill Ketilsson fut envoyée par lui chez la soeur de celuici, ValgerSr, et son mari pour y accoucher ; St. s. II, p. 223.

51. Voir le cas de |aorvaldr Gizurarson en 1209 à qui quelqu'un suggéra de prénommer son fils nouveau-né d'après un certain Kolbeinn qui venait de mourir dans une bataille dans laquelle (jorvaldr l'avait soutenu. Il refusa et lui donna le prénom de son père Gizurr ; St. s. I, p. 250.

52. le fils d'AlfheiSr, veuve d'Ormr Jônsson qui était mort peu de temps avant la naissance en 1241, reçut le prénom de son père ; St. s. II, pp. 88-89.

53. St. s. I, p. 242.

54. St. s. II, p. 85.

55. St. s. I, p. 52.

56. Gg. I a, pp. 218-220.

57. St. s. I, p. 270.

58. St. s. I, p. 299 ; ici on suivit strictement la loi (Gg. I a, pp. 218-220), car les héritiers légitimes de sa génération aussi bien que de la précédente étaient déjà morts. les enfants illégitimes avaient précédence sur les neveux et nièces des oncles légitimes.

59. St.s.l, pp. 123,152.

60. St. s. II, p. 209.

61. Voir note 30.

62. St. s. I, pp. 325-328.

63. Parmi de nombreux exemples, voir les 5 garçons et autant de filles de borgeirr Hallason et Hallbera ; St. s. I, p. 116, et les 9 enfants de borgils Oddason et Kolfinna ; St. s. I, p. 66. Tômas bôrarinsson et Halla eurent 4 fils et 5 filles ; St.II, p. 25.

64. St. s. I, p. 242.

65. St. s. I,pp. 60-62,117,243.

66. St. s. I, p. 287.

67. St. s. I, p. 229.

68. St. s. II, p. 86.

69. St. s. I, p. 330.

70. les fils de Brandr Kolbeinsson avaient 8 et 9 ans à sa mort en 1248 ; St. s. II, p. 85.

71. S*, s. I, p. 236.

72. St. s. I, p. 64.

73. St. s. I, p. 89.

74. St. s. I, p. 66.

75. St. s. I, p. 76, 52, 98.

76. St. s. I, pp. 87, 103. Cet arrangement pouvait également avoir lieu entre un homme et une femme. L'exemple le plus frappant est celui de Snorri Sturluson et de Hallveig, la fille d'Ormr, une veuve qui passait pour la femme la plus riche d'Islande. En 1224, elle s'installa chez Snorri afin qu'il puisse à la fois gérer ses biens à elle et ceux de ses deux fils (St. s. I, p. 304). Il est difficile d'imaginer la relation entre Snorri et Hallveig (qui devait être de quelque 20 ans sa cadette). Si l'on en croit les tableaux généalogiques (qui représentent une section de la Sturlunga saga), Snorri épousa d'abord sa première femme Herdis, et « plus tard » Hallveig, et « aucun de leurs enfants ne survécurent » (St. s. I, p. 52). le mariage est reconnu par les éditeurs des tableaux généalogiques et les index dans l'édition la plus récente du texte, mais il n'y en a pas d'autre preuve dans le récit. La femme de Snorri, Herdis, était encore en vie à une date aussi tardive que 1229 (St. s. I, p. 335) au moment où sa fille Hallbera vint vivre avec elle ; il est possible qu'elle ne soit pas morte avant 1235 — l'année où l'oncle d'Oraekja demanda à celui-ci de s'installer à Borgarfjôr aux frais de son père (St. s. I, p. 387) — sans doute à Borg qui avait été son refuge. Peu de temps après que Hallveig se soit établie sur le domaine de Snorri à Reykjaholt, ils firent don de terres à l'église du lieu sous leurs noms respectifs (Diplomatarium Islandicum I, pp. 471, 476). Snorri fut profondément affligé à la mort de Hallveig en 1241 (St. s. I, p. 452).

77. St. s. I, p. 102.

78. St. s. I, p. 14.

79. Gg. Ib,p.22.

80. St. s. I, p. 70.

81. St. s. II, pp. 104,132.

82. St. s. I, pp. 232, 262, 358.

83. St. s. I,p. 161.

84. Voir en exemple, Gg. I a, pp. 126,160.

85. Voir par exemple la description de la magnifique ferme de Flugumyrr, St. s. I, pp. 484- 494 ; article gàrd dans Klmn, V, pp. 632-635 ; Sveinbjôrn Rafnsson, « SâmstaSir i fjjôrsârdal », Arbôk hins islenzkafornleifafélags, 1976, pp. 40-120 ; Chapelot, Jean, Fos-Sier, Robert, le village et la maison au Moyen Age, Paris, 1980.Google Scholar

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87. La terminologie de Hajnal est préférable à celle de Laslett et du groupe de Cambridge qui utilisent les termes de « simple family household » et « multiple family household ». Ce dernier comprend non seulement les groupes de plusieurs couples mariés, mais aussi les familles nucléaires réduites comme une veuve et son enfant, ce qui rend la concentration sur la famille nucléaire plus difficile. Laslett, Peter et Wall, R. éds, Household and Family in Past Times, Cambridge, 1972, pp. 28-46.CrossRefGoogle Scholar

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