1. Centre de recherche d'histoire et civilisation byzantines, « Travaux et Mémoires », 2, Paris, 1967, éd. de Boccard, 576 p.

* Le « dossier » de Travaux et Mémoires, 2, se prête mal à un résumé : c'est un inventaire systématique et chronologique des stratégistes byzantins, que A. Dain avait poussé presque jusqu'à son achèvement et que J. A. de Foucault a mis au net et complété en pieux hommage à la mémoire du savant disparu. Bien entendu ce travail entièrement neuf rendra un grand service aux byzantinistes et aux spécialistes de l'art militaire ; mais ces derniers risquent d'être déçus, car il y a loin des stratégistes aux stratèges. Même ou surtout dans un domaine aussi technique, la tradition se perpétue indépendamment de l'histoire réelle : tel général « au lieu d'en appeler à son expérience, croit devoir emprunter à un compilateur anonyme ce qu'il faut savoir des façons de traverser un fleuve devant l'ennemi », et Léon VI regrette de n'avoir pas trouvé chez les anciens tacticiens des renseignements suffisants sur la guerre navale et d'avoir dû s'informer auprès de ses amiraux... Aussi le « dossier » de A. Dain est-il avant tout une étude de la tradition manuscrite des stratégistes de l'antiquité (d'Énée le tacticien au ive siècle avant Jésus-Christ à Apollodore de Damas ou Polyen au 11e siècle après Jésus-Christ), un inventaire des adaptations ou compilations postérieures, un classement des recueils proprement byzantins comme le Strategikon de Maurice, les Problemata de Léon VI ou les Tacticae Constitutiones. Mise en ordre aussi difficile que nécessaire, et qui comporte des enseignements nombreux sur les difficultés d'une bonne utilisation des sources.

Les articles sont de sujet très différents. Hélène Ahrweiler présente, édite et com-mente une brève harangue (inédite) de l'empereur Constantin VII Porphyrogénète à l'armée d'Orient, du milieu du Xe siècle ; Alain Ducellier étudie l'émigration des Albanais à Venise aux xiv^e et xv^e siècles ; David Jacoby, de l'Université de Jérusalem, présente un tableau du régime foncier de la Morée franque, insistant sur la confrontation dans le Péloponnèse du xnie siècle des institutions de la féodalité occidentale et des structures du régime byzantin ; Denise Papachryssanthou fait le commentaire épigraphique d'une inscription de Syméon Uros de la deuxième moitié du xiv^e siècle. Le nouveau « Bulletin des publications en langues slaves » mérite une mention particulière : Hélène Miakotine y rend compte d'un livre du professeur Ostrogorski sur la principauté serbe de Serrés. Irène Sorlin y analyse de façon critique et détaillée les « recherches soviétiques sur l'histoire byzantine de 1945 à 1962 », dégageant les grandes tendances, groupant les articles ou ouvrages de même sujet ; elle aura beaucoup de lecteurs : les chercheurs qui ignorent le russe ou que décourage l'abondance de la littérature publiée en russe. Gageons qu'elle aura même quelques lecteurs soviétiques.