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L'Anthropocène et le temps des historiens

Published online by Cambridge University Press:  20 February 2018

Grégory Quenet*
Affiliation:
Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Chcsc-Ovsq

Résumé

La notion d'Anthropocène a surgi si rapidement sur la scène politique et académique qu'il est parfois difficile de s'orienter parmi la masse des publications et des événements, et de situer les différents arguments. Cet article propose de prendre du recul en s'interrogeant sur ce que cette notion fait au temps des historiens. En l'absence d'une étude sociologique et intellectuelle qui cartographierait précisément les acteurs et les lieux, une approche généalogique permet de révéler un certain nombre de déplacements conceptuels depuis la proposition initiale : le passage d'un temps géologique à un temps historique a, en effet, transformé la nature de l’événement Anthropocène. De plus, la réponse des sciences humaines et sociales a été critique, révélant la tension entre, d'un côté, le label et le forum, de l'autre, le cadre analytique appliqué à des études empiriques. En définitive, la notion de période appliquée à l'Anthropocène pose un certain nombre de difficultés (téléologie, retour d'un global occidentalo-centré, synchronisation de l'histoire. . .), alors que la pluralisation des seuils et des césures temporelles apparaît comme un enrichissement de l’écriture de l'histoire, engageant de nouveaux chantiers de recherche ouverts à la matérialité et aux acteurs non-humains.

Abstract

The notion of the Anthropocene has arrived so rapidly on the political and academic scene that it is sometimes difficult to orient oneself amid the mass of publications and events, or even to situate the different arguments presented. This article proposes to take a step back by examining the effects of this concept on historians’ notion of time. In the absence of a sociological and intellectual study providing a precise map of the actors and places involved, a genealogical approach can reveal a certain number of conceptual displacements that have occurred since the idea was first proposed. In particular, the passage from geological time to historical time has transformed the nature of the Anthropocene as event. Furthermore, the response of the humanities and social sciences has been critical, revealing the tension between the Anthropocene as a label and forum for discussion, and the Anthropocene as an analytical frame applied to empirical studies. Finally, while applying the notion of period to the Anthropocene poses a certain number of difficulties (teleology, the return to a Western-centered vision of the global, the synchronization of history, etc.), the pluralization of thresholds and temporal breaks appears to enrich the writing of history, opening up new avenues of research receptive to materiality and to non-human actors.

Type
Anthropocène
Copyright
Copyright © Éditions de l'EHESS 

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References

1 L’échelle des temps géologiques est divisée en unités géochronologiques qui sont, par ordre décroissant des intervalles de temps, les éons (le Phanérozoïque est l'un des quatre éons), les ères (le Phanérozoïque se subdivise en trois ères, le Cénozoïque, le Mésozoïque et le Paléozoïque), les périodes (le Cénozoïque comprend trois périodes, le Paléogène, le Néogène et le Quaternaire), les époques (la période quaternaire est découpée en deux époques, le Pléistocène et l'Holocène) et les âges (le Pléistocène comprend quatre âges, le Gélasien, le Calabrien, le Moyen et le Supérieur). L'actualisation de la charte stratigraphique mondiale est publiée sur le site de l'International Commission on Stratigraphy (http://www.stratigraphy.org/index.php/ics-chart-timescale).

2 Anthropocene, créée en septembre 2013, Elementa: Science of the Anthropocene, en décembre 2013, et The Anthropocene Review, en avril 2014.

4 Richard Monastersky, « Anthropocene: The Human Age », Nature, 519, 2015, p. 144-147. En France, l'Anthropocène a fait son entrée dans les programmes scolaires en 2016 pour les classes de première et de terminale, série sciences et technologies de l'hôtellerie et de la restauration (Bulletin officiel, 11, 17 mars 2016).

5 La présentation des seize sous-commissions est détaillée sur le site de l'International Commission on Stratigraphy : http://www.stratigraphy.org/index.php/ics-subcommissions.

6 Pour la composition de l'Anthropocene Working Group, voir http://quaternary.stratigraphy.org/workinggroups/anthropocene/.

7 Le communiqué de presse de l'Anthropocene Working Group figure sur le site de l'université de Leicester, institution de rattachement de Jan Zalasiewicz : http://www2.le.ac.uk/offices/press/press-releases/2016/august/media-note-anthropocene-working-group-awg. Le ka correspond à un millier d'années avant aujourd'hui.

8 Voir en particulier un article citant largement les chercheurs : Damian Carrington, « The Anthropocene Epoch: Scientists Declare Dawn of Human-Influenced Age », The Guardian, 29 août 2016, https://www.theguardian.com/environment/2016/aug/29/declare-anthropocene-epoch-experts-urge-geological-congress-human-impact-earth.

9 La dimension cumulative du savoir se lit d'une édition à l'autre de La Méditerranée, car Fernand Braudel est amené à ajouter une « Note complémentaire » au chapitre sur le climat pour intégrer les travaux publiés entre 1949 et 1966 par le climatologue anglais D.  J.  Schove, « Discussion: Post-Glacial Climatic Change », Quaterly Journal of the Royal Meteorological Society, 75-324, 1949, p. 175-179 et 181 ; par le géographe français Pierre Pédelaborde, Le climat du Bassin parisien. Essai d'une méthode rationnelle de climatologie physique, Paris, M.  T.  Genin, 1957 ; par l'historien suédois Gustav Utterström, « Climatic Fluctuations and Population Problems in Early Modern History », The Scandinavian Economic History Review, 3-1, 1955, p. 3-47 ; par l'historien français Emmanuel Le  Roy Ladurie, Les paysans de Languedoc, Paris, Imprimerie nationale, 1966. Voir Fernand Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, Armand Colin, 1949, p. 230-235 ; 2e édition, 1966, p. 249-262.

10 Paul J.  Crutzen et Eugene F.  Stoermer, « The ‘Anthropocene’ », Global Change Newsletter, 41, 2000, p. 17-18.

11 Paul J.  Crutzen, « Geology of Mankind », Nature, 415, 2002, p. 23. Pour les carottes glaciaires, voir Jean-Robert Petit et al., « Climate and Atmospheric History of the Past 420,000 Years from the Vostok Ice Core, Antarctica », Nature, 399, 1999, p. 429-436.

12 Will Steffen et al., « The Anthropocene: Conceptual and Historical Perspectives », Philosophical Transactions of the Royal Society A, 369-1938, 2011, p. 824-867.

13 William F.  Ruddiman, « The Anthropogenic Greenhouse Era Began Thousands of Years Ago », Climatic Change, 61-3, 2003, p. 261-293 ; Id., « How Did Humans First Alter Global Climate ? », Scientific American, 292-3, 2005, p. 46-53 ; Id., La charrue, la peste et le climat. Comment les premiers agriculteurs ont empêché le retour de la glaciation, trad. par A.  Pietrasik, Courbevoie, Randall, [2005] 2009.

14 C'est l'acception que donne Philippe Descola au mot Anthropocène dans un entretien pour le Collège de France (https://www.youtube.com/watch?v=xCgkkkMx7Zs), avant d’évoluer vers une différence de nature entre l'anthropisation et l'Anthropocène : Philippe Descola, « Humain, trop humain », Esprit, 12, 2015, p. 8-22.

15 Jan Zalasiewicz et al., « When Did the Anthropocene Begin ? A Mid-Twentieth Century Boundary Level is Stratigraphically Optimal», Quaternary International, 383, 2015, p. 196-203.

16 Colin N.  Waters et al., « Can Nuclear Weapons Fallout Mark the Beginning of the Anthropocene Epoch ? », Bulletin of the Atomic Scientists, 71-3, 2015, p. 46-57. Le radionucléide césium-137 (137Cs) et sa distribution spatiale dans l'océan Atlantique Sud permettent de documenter les niveaux globaux de radioactivité, révélant un maximum en 1963 ; voir Paulo Alves de Lima Ferreira et al., « Using a Cesium-137 (137Cs) Sedimentary Fallout Record in the South Atlantic Ocean as a Supporting Tool for Defining the Anthropocene », Anthropocene, 14, 2016, p. 34-35.

17 Colin N.  Waters et al., « The Anthropocene Is Functionally and Stratigraphically Distinct from the Holocene », Science, 351-6269, 2016, p. 206-310. Sur le plastique comme marqueur spécifique, voir Jan Zalasiewicz et al., « The Geological Cycle of Plastics and Their Use as a Stratigraphic Indicator of the Anthropocene », Anthropocene, 13, 2016, p. 4-17.

19 Simon L.  Lewis et Mark A.  Maslin, « Defining the Anthropocene », Nature, 519, 2015, p. 171-180.

20 Stephen F.  Foley et al., « The Palaeoanthropocene: The Beginnings of Anthropogenic Environmental Change », Anthropocene, 3, 2013, p. 83-88 ; C.  N.  Waters, « The Anthropocene Is Functionally. . . », art. cit.

21 Ce vocabulaire n'est pas toujours manié avec toute la rigueur que supposent les intervalles géologiques ; l'Anthropocène est alternativement désigné comme ère, période ou époque, mais il est généralement considéré comme l’« âge de l'homme ».

22 P.  J.  Crutzen et E.  F.  Stoermer, « The ‘Anthropocene’ », art. cit.

23 L'expression semble avoir été utilisée pour la première fois par l'historienne des sciences Naomi Oreskes pour qualifier l'altération des processus physiques fondamentaux de la planète par le changement climatique d'origine anthropogénique : Naomi Oreskes, « The Scientific Consensus on Climate Change: How Do We Know We're Not Wrong ? », in J.  F.  C.  DiMento et P.  Doughman (dir.), Climate Change: What It Means for Us, Our Children, and Our Grandchildren, Cambridge, The Mit Press, 2007, p. 93.

24 La rencontre a été initiée lors de la 96e conférence Dahlem, « Integrated History and Future of People on Earth [Ihope] », organisée à Berlin en juin 2005 ; voir Robert Costanza, Lisa J.  Graumlich et Will Steffen (dir.), Sustainability or Collapse ? An Integrated History and Future of People on Earth, Cambridge, The Mit Press, 2007.

25 John R.  McNeill, Du nouveau sous le soleil. Une histoire de l'environnement mondial au xxe siècle, trad. par P.  Beaugrand, Seyssel, Champ Vallon, [2001] 2010.

26 Will Steffen, Paul J.  Crutzen et John R.  McNeill, « The Anthropocene: Are Humans Now Overwhelming the Great Forces of Nature ? », Ambio, 36-8, 2007, p. 614-621. Pour une histoire des sciences du système-Terre, voir Sébastien Dutreuil, « Gaïa : hypothèse, programme de recherche pour le système Terre ou philosophie de la nature ? », thèse de doctorat, université Paris-1-Panthéon-Sorbonne, 2016, p. 467-629.

27 Will Steffen et al. (dir.), Global Change and the Earth System: A Planet under Pressure, Berlin, Springer, 2004 ; Johan Rockström et al., « A Safe Operating Space for Humanity », Nature, 461, 2009, p. 472-475 ; Will Steffen et al., « Planetary Boundaries: Guiding Human Development on a Changing Planet », Science, 349-6254, 2015, p. 1286-1287.

28 Naomi Oreskes et Erik M.  Conway, Les marchands de doute, ou Comment une poignée de scientifiques ont masqué la vérité sur des enjeux de société tels que le tabagisme et le réchauffement climatique, trad. par J.  Treiner, Paris, Le Pommier, [2010] 2012.

29 Carol Boggs, « Human Niche Construction and the Anthropocene », in R.  Emmett et T.  Lekan (dir.), « Whose Anthropocene ? Revisiting Dipesh Chakrabarty's ‘Four Theses’ », Rcc Perspectives: Transformations in Environment and Society, 2, 2016, p. 27-30.

30 Bruce D.  Smith et Melinda A.  Zeder, « The Onset of the Anthropocene », Anthropocene, 4, 2013, p. 8-13.

31 C'est l'argument développé dans le domaine des politiques publiques par Guillaume Sainteny, Le climat qui cache la forêt. Comment la question climatique occulte les problèmes d'environnement, Paris, Rue de l’échiquier, 2015.

32 Ces analyses sont reprises de John R.  McNeill, « Energy, Population, and Environmental Change Since 1750: Entering the Anthropocene », in J.  R.  McNeill et K.  Pomeranz (dir.), The Cambridge World History, vol. 7.1, Production, Destruction and Connection, 1750-Present. Part I: Structures, Spaces and Boundary Making, Cambridge, Cambridge University Press, 2015, p. 51-53.

33 L'International Union of Geological Sciences et l'International Commission on Stratigraphy ont chargé, en 2008, l'Anthropocene Working Group de rédiger un rapport : Newsletter of the Anthropocene Working Group, 4, 2013, http://quaternary.stratigraphy.org/workinggroups/anthropo/anthropoceneNI4a.pdf.

34 S.  L.  Lewis et M.  A.  Maslin, « Defining the Anthropocene », art. cit., p. 174.

35 Lori A.  Ziolkowski, « The Geologic Challenge of the Anthropocene », in R.  Emmett et T.  Lekan (dir.), « Whose Anthropocene ?. . .», op. cit., p. 35-39.

36 P.  J.  Crutzen, « Geology of Mankind», art. cit. Pour la critique, voir Clive Hamilton, Les apprentis sorciers du climat. Raisons et déraisons de la géo-ingénierie, trad. par C.  Le Roy, Paris, Éd. du Seuil, 2013.

37 Sur la réticence des sciences sociales à renoncer à cette autogenèse de la modernité, et sur la nécessité scientifique de le faire, voir Franz Mauelshagen, « ‘Anthropozän’, Plädoyer für eine Klimageschichte des 19. und 20. Jahrhunderts », Zeithistorische Forschungen/Studies in Contemporary History, 9, 2012, p. 131-137. Sur le projet politique et la conception des droits de l'homme, voir Louis J.  Korzé, « Human Rights and the Environment in the Anthropocene », The Anthropocene Review, 1-3, 2014, p. 252-275. Sur le progrès matériel et humain rapporté aux seuils métaboliques de transformation de la nature, voir Marina Fischer-Kowalski, Fridolin Krausmann et Irene Pallua, « A Sociometabolic Reading of the Anthropocene: Modes of Subsistence, Population Size and Human Impact on Earth », The Anthropocene Review, 1-1, 2014, p. 8-33.

38 Luc Ferry, Le nouvel ordre écologique. L'arbre, l'animal et l'homme, Paris, Grasset, 1992 ; Marcel Gauchet, « Sous l'amour de la nature, la haine des hommes », Le Débat, 60-3, 1990, p. 247-250.

39 Timothy Mitchell, Carbon Democracy. Le pouvoir politique à l’ère du pétrole, trad. par C.  Jaquet, Paris, La Découverte, [2011] 2013.

40 Cette métaphore a été proposée par Rasmus Karlsson, « Three Metaphors for Sustainability in the Anthropocene », The Anthropocene Review, 3-1, 2016, p. 23-32.

41 Stefan C.  Aykut et Amy Dahan, Gouverner le climat ? Vingt ans de négociations internationales, Paris, Presses de Sciences Po, 2014. Le cadrage serait inadapté pour quatre raisons : la fiction du tous ensemble, qui est une conception apolitique du monde ; la lecture trop environnementale de l'enjeu climatique, qui place les pollutions en fin de tuyaux ; l'illusion d'une transformation qui pourrait se faire en catimini, par exemple avec le prix du carbone, ce qui revient à dépolitiser le sujet ; l'illusion qu'un accord sur la science suffirait à définir une meilleure prise en charge du problème.

42 J.  R.  McNeill, « Energy, Population. . . », art. cit., p. 51-82 ; John R.  McNeill et Peter Engelke, « Into the Anthropocene: People and Their Planet », in A.  Iriye (dir.), Global Interdependance: The World after 1945, Cambridge, Harvard University Press, 2014, p. 365-533. Ce chapitre a été publié ensuite sous forme de livre, ce qui masque l'effet de cadrage : John R.  McNeill et Peter Engelke, The Great Acceleration: An Environmental History of the Anthropocene since 1945, Cambridge, The Belknap Press of Harvard University Press, 2014.

43 J.  R.  McNeill et P.  Engelke, The Great Acceleration. . ., op. cit., p. 261.

44 Alf Hornborg et Andreas Malm, « The Geology of Mankind ? A Critique of the Anthropocene Narrative », The Anthropocene Review, 1-1, 2014, p. 62-69. Parmi les exemples d'une vision de l’anthropos antisociale, ils citent Bronislaw Szerszynski, « The End of the End of Nature: The Anthropocene and the Fate of the Human », Oxford Literary Review, 34, 2012, p. 165-184.

45 Jessica Barnes, « Rifts or Bridges ? Ruptures and Continuities in Human-Environment Interactions », in R.  Emmett et T.  Lekan (dir.), « Whose Anthropocene ?. . .», op. cit. ; Sayre Nathan, « The Politics of the Anthropogenic », Annual Review of Anthropology, 41, 2012, p. 57-70 ; Mike Hulme, « Reducing the Future to Climate: A Story of Climate Determinism and Reductionism », Osiris, 26, 2011, p. 245-266.

46 Timothy J.  LeCain, « Against the Anthropocene: A Neo-Materialist Perspective », Hcm: International Journal for History, Culture and Modernity, 3-1, 2015, p. 1-28.

47 Il est difficile d'en faire une liste exhaustive, l'une des dernières étant le « Betacène » de l'anthropologue Cymene Howe, « Introduction: Lexicon for an Anthropocene Yet Unseen », Cultural Anthropology, 2016, https://culanth.org/fieldsights/788-introduction-lexicon-for-an-anthropocene-yet-unseen. Le « Trumpocène » a fait son apparition après l’élection de Donald Trump pour désigner l'impact climatique que pourrait avoir le renoncement des États-Unis aux efforts d'atténuation ; voir Stéphane Foucart, « L'an I du Trumpocène », Le Monde, 15 nov. 2016, p. 25.

48 Jason Moore (dir.), Anthropocene or Capitalocene ? Nature, History, and the Crisis of Capitalism, Oakland, Pm Press, 2016, p. xi. Pour les arguments contre l'Anthropocène, voir Jason Moore, « The Rise of Cheap Nature », ibid., p. 78-115, en particulier p. 81. Les conceptions de J.  Moore et de A.  Malm ont sensiblement divergé depuis, s'opposant dans leur définition de la nature et leur relecture de la tradition marxiste ; voir Paul Gillibert et Stéphane Haber (dir.), dossier thématique « Marxismes écologiques », Actuel Marx, 61-1, 2017, p. 7-105.

49 Alf Hornborg, « Ecological Economics, Marxism, and Technological Progress: Some Explorations of the Conceptual Foundations of Theories of Ecologically Unequal Exchange », Ecological Economics, 105, 2014, p. 11-18 ; John Bellamy Foster et Hannah Holleman, « The Theory of Unequal Ecological Exchange: A Marx-Odum Dialectic », Journal of Peasant Studies, 41-2, 2014, p. 199-233. Cette approche, qui considère que l'ensemble des sociétés humaines à la surface du globe forment un système dont les éléments sont en interaction les uns avec les autres, est distincte du système-Terre des sciences de la Terre qui aborde la planète à partir de l'imbrication de sous-systèmes géophysiques et vivants. La congruence entre système-monde et système-Terre constitue l'un des enjeux du débat sur l'Anthropocène.

50 Andreas Malm, Fossil Capital: The Rise of Steam Power and the Roots of Global Warming, Londres, Verso, 2016, p. 165-194.

51 Donna J.  Haraway, « Staying with the Trouble: Anthropocene, Capitalocene, Chthulucene », in J.  Moore (dir.), Anthropocene or Capitalocene ?. . ., op. cit., p. 34-76 ; Id., Staying with the Trouble: Making Kin in the Chthulucene, Durham, Duke University Press, 2016.

52 Eileen Crist, « On the Poverty of Our Nomenclature », in J.  Moore (dir.), Anthropocene or Capitalocene ?. . ., op. cit., p. 14-33 ; Frédéric Neyrat, La part inconstructible de la Terre. Critique du géo-constructivisme, Paris, Éd. du Seuil, 2016 ; Pierre Charbonnier, « Constructivisme et urgence environnementale », La vie des idées, 10 mai 2016, http://www.laviedesidees.fr/Constructivisme-et-urgence-environnementale.html.

53 Donna Haraway et al., « Anthropologists Are Talking: About the Anthropocene », Ethnos, 81-3, 2016, p. 535-564.

54 Sebastian V.  Grevsmühl, La Terre vue d'en haut. L'invention de l'environnement global, Paris, Éd. du Seuil, 2014.

55 D.  Haraway et al., « Anthropologists Are Talking. . . », art. cit., p. 540-541. Sur la dimension religieuse de l'Anthropocène, voir David Lowenthal, « Origins of Anthropocene Awareness », The Anthropocene Review, 3-1, 2016, p. 52-63.

56 Anna L.  Tsing, « Feral Biologies », communication à la conférence « Anthropological Visions of Sustainable Futures », Londres, University College London, févr. 2015. Sur le rôle bénéfique de l'assemblage entre les espèces, qui est dénié par l'Anthropocène, voir Anna L.  Tsing, The Mushroom at the End of the World: On the Possibility of Life in Capitalist Ruins, Princeton, Princeton University Press, 2015, p. 19-25.

57 S.  Gilbert développe cet argument dans la discussion collective menée par Donna J.  Haraway, « Anthropocene, Capitalocene, Plantationocene, Chthulucene: Making Kin », Environmental Humanities, 6-1, 2015, p. 159-165, ici p. 162.

58 Sur l’émergence de ces nouveaux champs de la science qui, comme pour la « mégascience » de l'après-Seconde Guerre mondiale, nécessitent des investissements lourds portés par les États ou des alliances gouvernementales internationales, voir Dominique Pestre, « Savoirs et sciences de la Renaissance à nos jours. Une lecture de longue durée », in C. Bonneuil et D. Pestre (dir.), Histoire des sciences et des savoirs, t. 3, Le siècle des technosciences, depuis 1914, Paris, Éd. du Seuil, 2015, p. 461-485, ici p. 468 et 480-482.

59 Antonella Romano, « Fabriquer l'histoire des sciences modernes. Réflexions sur une discipline à l’ère de la mondialisation », Annales HSS, 70-2, 2015, p. 381-408, en particulier p. 391-395.

60 Cette position est développée par Jamie Lorimer, « The Anthropo-scene: A Guide for the Perplexed », Social Studies of Science, 47-1, 2017, p. 117-142.

61 Francis Chateauraynaud et al., « Des risques globaux à la pluralité des anthropo-scènes. Logiques d'action et jeux d’échelles dans les sociologies de l'environnement », résumé des interventions du colloque international « Comment penser l'Anthropocène ? Anthropologues, philosophes et sociologues face au changement climatique », Paris, Collège de France, 5-6 nov. 2015, http://www.fondationecolo.org/l-anthropocene/resumes, p. 22.

62 A.  Hornborg et A.  Malm, « The Geology of Mankind. . . », art. cit., p. 64 ; Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz, L’événement Anthropocène. La Terre, l'histoire et nous, Paris, Éd. du Seuil, 2013, p. 42 et 115.

63 « Faites de la parenté, pas des enfants ! » ; D.  Haraway, « Anthropocene, Capitalocene. . . », art. cit., p. 161.

64 Julien Vincent, « Le climat de l'histoire et l'histoire du climat. À propos des ‘quatre thèses’ de Dipesh Chakrabarty », La revue des livres, 3, 2012, p. 28-35.

65 Dipesh Chakrabarty, « The Climate of History: Four Theses », Critical Inquiry, 35-2, 2009, p. 197-222 ; « Le climat de l'histoire. Quatre thèses », trad. par C.  Nordmann, La revue internationale des livres et des idées, 15, 2010, p. 22-31.

66 La première version de cet article a été publiée en 2008 en bengali dans la revue Baromas, éditée à Calcutta.

67 Anil Agarwal et Sunita Narain, Global Warming in an Unequal World: A Case of Environmental Colonialism, New Delhi, Centre for Science and Environment, 1991.

68 Cet argument est développé de manière détaillée dans Dipesh Chakrabarty, « Climate and Capital: On Conjoined Histories », Critical Inquiry, 41-1, 2014, p. 1-23, mais il est présent dès le départ. Sur l'importance de la question démographique, voir Dipesh Chakrabarty, « ‘In the Name of Politics’: Democracy and the Power of the Multitude in India », Public Culture, 19-51, 2007, p. 35-57, repris in Nathalie Karagiannis et Peter Wagner (dir.), Varieties of World-Making: Beyond Globalization, Liverpool, Liverpool University Press, 2007, p. 111-132.

69 Cette lecture de l'itinéraire intellectuel et politique de D.  Chakrabarty – une stratégie voltairienne de déplacement de l'attention vers le concept d'histoire pour mieux masquer les apories des théories subalternistes à l'heure de l'Anthropocène – diffère sensiblement de celle qu'il propose lui-même (la prise de conscience, en Australie dans les années 2000, des effets du changement climatique, qui l'a éloigné de l'idéal rural et littéraire de la classe moyenne bengali éduquée), mais conduit à prendre au sérieux ses arguments sur sa fidélité à la cause des dominés et à leur capacité d'action. Cette prise en compte de l'enjeu démographique le distingue d'autres lectures environnementales du marxisme centrées sur le système de production et d'appropriation, notamment celles de J.  Moore et de A.  Malm ; voir Dipesh Chakrabarty, « Réécrire l'histoire depuis l'Anthropocène », Actuel Marx, 61-1, 2017, p. 95-105.

70 Pour une introduction à la première, voir David Christian, Maps of Time: An Introduction to Big History, Berkeley, University of California Press, 2011, et à la seconde, voir Daniel Lord Smail et Andrew Shyrock, « History and the ‘Pre’ », American Historical Review, 118-3, 2013, p. 709-737.

71 W.   Steffen, P.   J.   Crutzen et J.   R.   McNeill, « The Anthropocene: Are Humans. . . », art. cit., p. 614-615.

72 Compte rendu de Guillaume Calafat des ouvrages de Daniel Lord Smail, On Deep History and the Brain, Berkeley, University of California Press, 2008, et de Andrew Shyrock et Daniel Lord Smail (dir.), Deep History: The Architecture of Past and Present, Berkeley, University of California Press, 2011, dans les Annales HSS, 70-2, 2015, p. 439-441 ; Rafael Mandressi, « Le temps profond et le temps perdu. Usages des neurosciences et des sciences cognitives en histoire », Revue d'histoire des sciences humaines, 25-2, 2011, p. 165-202 ; Guillaume Calafat, « Introduction. Daniel Lord Smail et la ‘neuro-histoire’ », in O.  Allard, G.  Calafat et N.  La Valle (dir.), no hors-série « Traduire et introduire », Tracés, 14, 2014, p. 85.

73 Les Annales ont récemment consacré un dossier autour d'un article de David Armitage et de Jo Guldi qui en résume les propositions : « La longue durée en débat », Annales HSS, 70-2, 2015, p. 285-378.

74 Jo Guldi et David Armitage, The History Manifesto, Cambridge, Cambridge University Press, 2014, p. 65-66, 69-70, 84 et 86.

75 Andrew Shyrock et Daniel Lord Smail (dir.), Deep History: The Architecture of Past and Present, Berkeley, University of California Press, 2011, p. 102, 245-246, 250 et 255.

76 D.  Chakrabarty, « Whose Anthropocene ?. . . », art. cit., p. 103-115 ; Edward O.  Wilson, In Search of Nature, Washington, Island Press, 1996 ; Id., Consilience: The Unity of Knowledge, New York, Alfred A.  Knopf, 1998 ; D. L. Smail, On Deep History and the Brain, op. cit.

77 D.  Chakrabarty, « Climate and Capital. . . », art. cit., p. 1.

78 Dipesh Chakrabarty, « The Human Significance of the Anthropocene », in B.  Latour et C.  Leclerc (dir.), Reset Modernity !, Cambridge, The Mit Press, 2016, p. 189-199.

79 C'est l'avis de la majorité des participants au colloque organisé par l'University of South Carolina et le Rachel Carson Center, qui insistent sur ce point ; voir R.  Emmett et T.  Lekan (dir.), « Whose Anthropocene ?. . .», op.cit., p. 66-67, 89-90, 92-94, 107 et 111.

80 C'est le cas lorsque l'Anthropocène est divisé en Pré-Anthropocène, Anthropocène 1, Anthropocène 2 ; voir W.  Steffen, P.  J.  Crutzen et J.  R.  McNeill, « The Anthropocene. . . », op. cit.

81 Grégory Quenet, « Un nouveau champ d'organisation de la recherche, les humanités environnementales », in G.  Blanc, É.  Demeulenaere et W.  Feuerhahn (dir.), Les humanités environnementales. Enquêtes et contre-enquêtes, Paris, Publications de la Sorbonne, 2017, p. 255-270.

82 Morgan Jouvenet, « Des pôles aux laboratoires : les échelles de la coopération internationale en paléoclimatologie (1955-2015) », Revue française de sociologie, 57-3, 2016, p. 563-590.

83 Le site de l'Igbp, qui n'est plus actualisé depuis la fin du programme en 2015, offre déjà un premier aperçu de ces liens : http://www.igbp.net/about/history.4.1b8ae20512db692f2a680001291.html. Voir aussi World Social Science Report 2013: Changing Global Environments, Paris, Unesco/Issc, 2013.

84 Ihope désigne le projet d’écrire une Integrated History and Future of People on Earth. Un premier historique est proposé par Libby Robin et Will Steffen, « History for the Anthropocene », History Compass, 5-5, 2007, p. 1694-1719.

85 Pour une présentation de ce nouveau mode de production du savoir, voir Michael Gibbons et al., The New Production of Knowledge: The Dynamics of Science and Research in Contemporary Societies, Londres, Sage, 1994.

86 En France, les deux programmes de recherche spécifiquement consacrés à l'Anthropocène ont été retenus par des jurys d'Idex, interdisciplinaires mais marqués par les sciences dures : « Politiques de la Terre à l’épreuve de l'Anthropocène » de l'université Sorbonne-Paris-Cité (http://politiquesdelaterre.fr/) et « Humanités environnementales à l’épreuve de l'Anthropocène » de Paris Sciences et Lettres (https://www.univ-psl.fr/fr/main-menu-pages/4139).

87 C.  Bonneuil et J.-B.  Fressoz, L’événement Anthropocène. . ., op. cit.

88 Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz, The Shock of the Anthropocene, trad. par D.  Fernbach, Londres, Verso, [2013] 2016.

89 C.  Bonneuil et J.-B.  Fressoz, L’événement Anthropocène. . ., op. cit., p. 9 et 40.

90 Pour la critique de cette thèse, voir l'entretien avec Simon Schaffer, « Newton, les Sex Pistols et la pompe à air. L'histoire des sciences généralistes de Simon Schaffer (2/2) », Zilsel, 2014, http://zilsel.hypotheses.org/860/ ; Clive Hamilton et Jacques Grinevald, « Was the Anthropocene Anticipated ? », The Anthropocene Review, 2-1, 2015, p. 59-72 ; Bruno Latour, Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique, Paris, La Découverte, 2015, p. 182.

91 Marina Fischer-Kowalski et Helmut Haberl (dir.), Socioecological Transitions and Global Change: Trajectories of Social Metabolism and Land Use, Cheltenham, Edward Elgar Publishing, 2007.

92 Alain Guerreau, « Avant le marché, les marchés : en Europe, xiiie-xviiie siècle (note critique) », Annales HSS, 56-6, 2001, p. 1129-1175 ; Jean-Yves Grenier, L’économie d'Ancien Régime. Un monde de l’échange et de l'incertitude, Paris, Albin Michel, 1996.

93 Luc Boltanski et Arnaud Esquerre, Enrichissement. Une critique de la marchandise, Paris, Gallimard, 2017, p. 21-107.

94 Alf Hornborg, « Ecosystems and World Systems: Accumulation as an Ecological Process », Journal of World-Systems Research, 4-2, 1998, p. 169-177 ; Id., « Toward a Truly Global Environmental History: A Review Article », Review: Journal of the Fernand Braudel Center, 33-4, 2010, p. 295-323.

95 Sur les changements anthropogéniques globaux et la synchronisation du monde, voir le colloque « Synchronizing the World: Historic Times, Globalized Times, Anthropogenic Times », université d'Oslo, 12-14 juin 2017, http://www.hf.uio.no/ikos/english / research / projects / synchronizing-the-world-globalization-and-multipl/events/conferences/2017/stw-conference/synchro-cfp.html.

96 Jacques Le Goff, Faut-il vraiment découper l'histoire en tranches ?, Paris, Éd. du Seuil, 2014.

97 Cette téléologie mise à part, les analogies sont frappantes avec la figure du changement proposée par l'histoire sociale de la croissance et de l'entrée dans la modernité au cours des années 1950-1970 ; voir André Burguière, « Le changement social : brève histoire d'un concept », in B.  Lepetit (dir.), Les formes de l'expérience. Une autre histoire sociale, Paris, Albin Michel, 1995, p. 253-272. Mais là où cette forme d'histoire sociale faisait dialoguer les courbes à travers le rapport entre structure et conjoncture, les thèses anthropocéniques procèdent par traduction et équivalence entre grandeurs physiques et sociales, ou par opportunités de substitution.

98 Sur les chemins tortueux qui ont conduit à affirmer la primauté du social sur la nature, voir Pierre Charbonnier, La fin d'un grand partage. Nature et société, de Durkheim à Descola, Paris, Cnrs Éditions, 2015.

99 Émile Durkheim, De la division du travail social, Paris, Puf, [1893] 2013, p. 232.

100 Sur la distinction avec les phénomènes naturels non immanents à l'histoire, voir les arguments de Patrick Boucheron à propos de l’éruption du Kuwae en 1452 ; Patrick Boucheron, « Introduction. Les boucles du monde : contours du xve siècle », in P.  Boucheron (dir.), Histoire du monde au xve siècle, Paris, Fayard, 2009, t. 1, p. 9-49, ici p. 9-25.

101 F.  Stuart Chapin et al., « Ecosystem Stewardship: Sustainability Strategies for a Rapidly Changing Planet », Trends in Ecology and Evolution, 25, 2010, p. 241-249 ; Martin Claussen et al., « Simulation of an Abrupt Change in Saharan Vegetation at the End of the Mid-Holocene », Geophysical Research Letters, 24, 1999, p. 2037-2040 ; Anthony D.  Barnosky et al., « Has the Earth's Sixth Mass Extinction Already Arrived ? », Nature, 471, 2011, p. 51-57 ; Carl Folke et al., « Resilience Thinking: Integrating Resilience, Adaptability, and Transformability », Ecology and Society, 15-4, 2010, art. 20, http://www.ecologyandsociety.org/vol15/iss4/art20/ ; Timothy M.  Lenton et al., « Tipping Elements in the Earth's Climate System », Proceedings of the National Academic of Sciences, USA, 105, 2008, p. 1786-1793 ; Frederik Moberg et Carl Folke, « Ecological Services of Coral Reef Ecosystems », Ecological Economics, 29, 1999, p. 215-233 ; Johan Rockström et al., « A Safe Operating Space For Humanity », Nature, 461, 2009, p. 472-475 ; Marten Scheffer et al., « Catastrophic Shifts in Ecosystems », Nature, 413, 2001, p. 591-596.

102 Pour une vision synthétique, voir Will Steffen et al., « The Anthropocene: From Global Change to Planetary Boundary », Ambio, 40, 2011, p. 739-761.

103 Robert Costanza et al., « Sustainability or Collapse: What Can We Learn from Integrating the History of Humans and the Rest of Nature ? », Ambio, 36, 2007, p. 522-527.

104 Pour la présentation de ce débat, voir Laurent Mucchielli, La découverte du social. Naissance de la sociologie en France, 1870-1914, Paris, La Découverte, 1998, p. 269-276.

105 Gabriel Tarde, « Le transformisme social », Revue philosophique de la France et de l’étranger, 40, 1895, p. 26-40 ; Id., « L'idée de l'organisme social », Revue philosophique de la France et de l’étranger, 41, 1896, p. 637-646.

106 François Simiand, « L'année sociologique française 1896 », Revue de métaphysique et de morale, 5, 1897, p. 489-519, ici p. 498.

107 Par exemple, pour introduire la Terre comme narrativité, voir la conférence de Bruno Latour, « Anthropology at the Time of the Anthropocene: A Personal View of What Is to Be Studied », Washington, American Association of Anthropologists, 2014 : « La principale contribution philosophique de l'Anthropocène est que la dimension narrative – ce que j'appelle géohistoire – n'est plus une couche ajoutée à la ‘réalité physique’ brutale mais ce dont le monde lui-même est fait » (trad. de l'auteur), http://www.bruno-latour.fr/sites/default/files/139-AAA-Washington.pdf.

108 Isabelle Stengers a joué un rôle central dans cette importation ; Gaïa lui sert à désigner l’événement qui fait intrusion dans l'expérience humaine et son effectivité, comme antidote au concept d'Anthropocène réifié en période : Isabelle Stengers, « Accepting the Reality of Gaia: A Fundamental Shift ? », in C.  Hamilton, C.  Bonneuil et F.  Gemenne (dir.), The Anthropocene and the Global Environmental Crisis, Londres, Routledge, 2015, p. 134-144. Voir aussi S.  Dutreuil, « Gaïa : hypothèse. . . », op. cit.

109 Pour une critique de la notion d'effondrement par des archéologues et des anthropologues, voir Patricia A.  McAnany et Norman Yoffee, Questioning Collapse: Human Resilience, Ecological Vulnerability and the Aftermath of Empire, Cambridge, Cambridge University Press, 2010.

110 B.  Latour, Face à Gaïa. . ., op. cit., p. 182.

111 Dorothea Heinz et Bruno Latour, « La prose du monde s'est-elle vraiment interrompue ? », in H.  Bredekamp (dir.), Bildwelten des Wissens, vol. 9-1, Präparate, Berlin, Akademie Verlag, 2012, p. 99-102.

112 B.  Latour et C.  Leclercq (dir.), Reset Modernity !, op. cit. ; Id., « Procedure 7: In Search of a Diplomatic Middle Ground », ibid., p. 405-409.

113 B.  Latour, Face à Gaïa. . ., op. cit., notamment p. 9-12 et 239-284 ; François Hartog, « L'apocalypse, une philosophie de l'histoire », Esprit, 6, 2014, p. 22-32.

114 Cette sociologie a été engagée par Hartmut Rosa sous l'angle de l'accélération écologique de l’âge industriel, mais sans accorder de rôle central au concept d'Anthropocène, encore trop récent : Hartmut Rosa, Accélération. Une critique sociale du temps, trad. par. D.  Renault, Paris, La Découverte, [2005] 2010 ; Hartmut Rosa et William E.  Scheuerman (dir.), High-Speed Society: Social Acceleration, Power, and Modernity, University Park, Penn State University Press, 2009.

115 Eduardo Kohn, Comment pensent les forêts. Vers une anthropologie au-delà de l'humain, trad. par G.  Delaplace, Bruxelles, Zones sensibles, [2013] 2017.

116 Jean-Baptiste Fressoz et al., Introduction à l'histoire environnementale, Paris, La Découverte, 2014.

117 Arthur F.  McEvoy, The Fisherman's Problem: Ecology and Law in the California Fisheries, 1850-1980, New York, Cambridge University Press, 1986.

118 Joseph E.  Taylor III, Making Salmon: An Environmental History of the Northwest Fisheries Crisis, Seattle, University of Washington Press, 1999 ; Id., « Burning the Candle at Both Ends: Historicizing Overfishing in Oregon's Nineteenth-Century Salmon Fisheries », Environmental History, 4-1, 1999, p. 54-79.

120 Dipesh Chakrabarty, « Postcolonial Studies and the Challenge of Climate Change », New Literary History, 43-1, 2012, p. 1-18.

121 Déborah Danowski et Eduardo Viveiros de Castro, « L'arrêt de monde », in É.  Hache (dir.), De l'univers clos au monde infini, Bellevaux, Éd. Dehors, 2014, p. 221-339.

122 Romain Bertrand, « La tentation du monde : ‘histoire globale’ et ‘récit symétrique’ », in C. Granger (dir.), À quoi pensent les historiens ? Faire de l'histoire au xxie siècle, Paris, Autrement, 2013, p. 181-196 ; Roger Chartier, « La conscience de la globalité (commentaires) », Annales HSS, 56-1, 2001, p. 119-123.

123 Richard H.  Grove, Les îles du Paradis. L'invention de l’écologie aux colonies, 1660-1854, trad. par M.  Lefèvre, Paris, La Découverte, [1993] 2013.

124 C'est la thèse défendue par Ursula Heise dans son analyse des recompositions entre la modernité, la globalisation et l’échelle planétaire : Ursula Heise, Sense of Place and Sense of Planet: The Environmental Imagination of the Global, New York, Oxford University Press, 2008.

125 Francesca Trivellato, « Is There a Future for Italian Microhistory in the Age of Global History ? », California Italian Studies, 2-1, 2011, p. 1-24.

126 Antonella Romano, Impressions de Chine. L'Europe et l'englobement du monde, xvie-xviie siècle, Paris, Fayard, 2016, en particulier p. 7-26.

127 L'expression provient du titre de la première partie des Paysans de Languedoc dans sa version intégrale : Emmanuel Le  Roy Ladurie, Les paysans de Languedoc, Paris, Imprimerie nationale, 1966 ; Ibid., Paris, Sevpen, 1966 ; Ibid., Paris/La Haye, Mouton, 1974 ; Ibid. [nouvelle édition], Paris, Éd. de l'Ehess, 1985. Les éditions abrégées sont Ibid., Paris, Flammarion, 1969 ; Ibid., Paris, Le grand livre du mois, 2000 [22e édition].

128 Michel de Certeau, L’écriture de l'histoire, Paris, Gallimard, 1975, p. 80-83.

129 Fredrik Albritton Jonsson, Enlightenment's Frontier: The Scottish Highlands and the Origins of Environmentalism, New Haven, Yale University Press, 2013 ; Id., « The Origins of Cornucopianism: A Preliminary Genealogy », Critical Historical Studies, 1-1, 2014, p. 151-168.

130 D.  Chakrabarty, « The Climate of History. . . », art. cit., p. 201-207.

131 Cette question ouvre le livre classique de Raymond Aron, Introduction à la philosophie de l'histoire. Essai sur les limites de l'objectivité historique, Paris, Gallimard, 1948, p. 17-49.

132 Reinhart Koselleck, Le futur passé. Contribution à la sémantique des temps historiques, trad. par J.  et M.-C.  Hoock, Paris, Éd. de l'Ehess, [1979] 2016, p. 46.

133 Sylvie Mesure, « Présentation », in W.  Dilthey, L’édification du monde historique dans les sciences de l'esprit, trad. par S.  Mesure, Paris, Éd.  du Cerf, [1910] 1988, p. 5-28, ici p. 7-12.

134 Grégory Quenet, Qu'est-ce que l'histoire environnementale ?, Seyssel, Champ Vallon, 2014.

135 Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005, p. 341-385.

136 Piero Bevilacqua, Tra nature e storia, Rome, Donzelli, 1996.

137 Marco Armiero et Stefania Barca, Dell'ambiente. Une introduzione, Rome, Carocci, 2004.

138 Grégory Quenet, Versailles, une histoire naturelle, Paris, La Découverte, 2015.

139 Pour la généalogie du concept et ses recompositions vers une version biochimique et systémique, voir Marina Fischer-Kowalski, « Society's Metabolism: The Intellectual History of Material Flow Analysis, Part I: 1860-1970 », Journal of Industrial Ecology, 2-1, 1998, p. 61-78.

140 André Georges Haudricourt, « Nature et culture dans la civilisation de l'igname. L'origine des clones et des clans », L'Homme, 4-1, 1964, p. 93-104.

141 Fernand Braudel, Civilisation matérielle et capitalisme, vol. 1, Les structures du quotidien, Paris, Armand Colin, 1967, p. 51.

142 Sur la tension qui traverse le concept d'histoire depuis le xviiie siècle, entre l'idée d'un processus civilisationnel interne et celle d'une entité confrontée à d'autres espaces, voir Antoine Lilti, « ‘Et la civilisation deviendra générale’. L'Europe de Volney ou l'orientalisme à l’épreuve de la Révolution », La Révolution française, 4, 2011, http://lrf.revues.org/290, en particulier p. 3, § 5.