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L’énigme de la faggāra: commerce, crédit et agriculture dans le Touat algérien

Published online by Cambridge University Press:  20 January 2017

Judith Scheele*
Affiliation:
All Souls College, Université d’Oxford

Résumé

Dans le Touat algérien, les économies locales dépendent nécessairement de sources d’investissement extérieures et font donc partie de projets économiques et socio-politiques qui les dépassent. La propriété foncière y est morcelée, les réseaux d’investissement multiples et complexes. L’économie locale s’y exprime en partie en termes monétaires qui participent de la création de dettes, celles-ci assignant la plupart des producteurs dans une dépendance chronique. Le droit islamique y est volontairement adopté pour redéfinir les transactions locales en termes universalistes et inscrire le local dans un monde intellectuel et spirituel plus vaste. Les oasis apparaissent ainsi comme le résultat d’un mouvement « colonisateur » intérieur, tant sur le plan politique et commercial que spirituel.

Abstract

Abstract

In the Touat, a group of oases in southern Algeria, local economies depend necessarily on outside sources of investment and are thus part of larger economic and socio-political projects. Property in land and water is scattered, and ownership rights complex and overlapping. Local economies are pervaded by monetary expressions that help to create debts, forcing the majority of producers into a situation of chronic dependence. Islamic law is freely adopted in order to redefine local transactions in universalising terms, and to thereby inscribe the local into a wider intellectual and spiritual world. Hence, oases appear as the result of an internal movement of colonisation, in political and commercial as well as in spiritual terms.

Type
Échanges et communautés
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2012

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Footnotes

*

Cet article est basé sur quinze mois de recherches de terrain dans le Sud algérien et le Nord du Mali, effectués en 2007-2008 et financés par le Magdalen College, l’université d’Oxford et la British Academy (Grant no SG-47632). Je tiens à remercier Julien Brachet pour sa relecture et ses observations critiques.

References

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2 - Sur l’essor des villes sahariennes contemporaines, voir Pliez, Olivier, Villes du Sahara, urbanisation et urbanité dans le Fezzan libyen, Paris, Cnrs Éditions, 2003 CrossRefGoogle Scholar; Côte, Marc (dir.), La ville et le désert, le bas Sahara algérien, Paris/Aix-en-Provence, Karthala/Iremam, 2005 Google Scholar; Boesen, Elisabeth et Marfaing, Laurence (dir.), Les nouveaux urbains dans l’espace Sahara-Sahel. Un cosmopolitisme par le bas, Paris, Karthala, 2007 Google Scholar; et Choplin, Armelle, Nouakchott. Au carrefour de la Mauritanie et du monde, Paris, Karthala, 2009 Google Scholar.

3 - O. Pliez, Villes du Sahara…, op. cit.; Ali BensaÂD, « Eau, urbanisation et mutations sociales dans le Bas-Sahara », in M. Côte (dir.), La ville et le désert…, op. cit., p. 95-122.

4 - Retaillé, Denis, « Avertissement », no spécial «Études sahéliennes », Cahiers géographiques de Rouen, 26, 1986, p. 2 Google Scholar, et « Les oasis dans une géographie méridienne Sahara-Sahel », ibid., p. 3-16.

5 - Voir par exemple Haarmann, Ulrich, « The Dead Ostrich: Life and Trade in Ghadamès (Libya) in the Nineteenth Century », Die Welt des Islams, 38-1, 1998, p. 9-94CrossRefGoogle Scholar; les travaux de Lydon, Ghislaine, notamment On Trans-Saharan Trails: Islamic Law, Trade Networks, and Cross-Cultural Exchange in Nineteenth-Century Western Africa, Cambridge, Cambridge University Press, 2009 CrossRefGoogle Scholar; et Scheele, Judith, « Traders, Saints and Irrigation: Reflections on Saharan Connectivity », Journal of African History, 51-3, 2010, p. 281-300CrossRefGoogle Scholar.

6 - Mcdougall, E. Ann, « Conceptualising the Sahara: The World of Nineteenth- Century Beyrouk Commerce », The Journal of North African Studies, 10-3/4, 2005, p. 369-386CrossRefGoogle Scholar.

7 - Les sources juridiques au Touat sont nombreuses, et le matériel discuté ici n’en représente qu’une partie infime: à savoir, les Nawāzil al-Ghuniya (NG), une collection de responsa données par le qādi de Timmi près d’Adrar, Abū ‘Abd Allāh Sīdi al-Hājj Muhammad b. ‘Abd al-Rahmān al-Balbālī (1155 de l’hégire/1742-1244 de l’hégire/1828) et son fils Sīdi Muhammad ‘Abd al-’Azīz (né en 1199 de l’hégire/1776); le registre du qādi de Timmi Sīdi ‘Abd al-Karīm b. ‘Abd al-Haqq al-Bakrawī (Sijill al-qādi, SQ),établi dans les années 1930 et 1940; le registre des fagāgīr Adjalloune et al-Hājj dans le Timmi (Zamām al-Faggāra, ZF), datant des années 1950; les archives privées des familles Ma’zū z à Talmin et Balbālī à Kusan, et le cahier d’assemblée du qsar de Tit près d’In Salah (Sijill al-Jamā‘a, SJ), qui enregistre les décisions de l’assemblée et les dépenses et recettes municipales de 1962 à 1977. Tous ces documents sont tenus dans des archives privées dans le Touat, et je tiens à remercier leurs propriétaires de m’avoir donné l’opportunité de les consulter.

8 - Barathon, Jean-Jacques, Abassi, Hassan El et Lechevalier, Claude, « Les oasis de la région de Tata (Maroc). Abandon de la vie oasienne traditionnelle et adaptation à la vie urbaine », Annales de Géographie, 644, 2005, p. 449-461, ici p. 450CrossRefGoogle Scholar.

9 - Bédoucha, Geneviève, « Libertés coutumières et pouvoir central. L’enjeu du droit de l’eau dans les oasis du Maghreb », Études Rurales, 155-156, 2000, p. 117-142, ici p. 118-119Google Scholar.

10 - Ibid., p. 118 et 139. Mon but ici n’est pas de nier l’impact, considérable et incomparable avec tout développement antérieur, de l’intervention de l’État colonial et indépendant dans la gestion interne des ressources vitales à l’oasis, et la perte d’autonomie qui en résulte. Voir aussi l’excellente monographie du même auteur, Bédoucha, Geneviève, « L’eau, l’amie du puissant ». Une communauté oasienne du Sud-tunisien, Paris/Montreux, Éd. des archives contemporaines, 1987 Google Scholar.

11 - Grandguillaume, Gilbert, « De la coutume à la loi. Droit de l’eau et statut des communautés locales dans le Touat précolonial », Peuplesméditerranéens, 2, 1978, p. 119-133, ici p. 120 et 131Google Scholar.

12 - Grandguillaume, Gilbert, « Le droit de l’eau dans les Foggara du Touat au XVIIIe siècle », Revue des études islamiques, 18-2, 1975, p. 287-322, ici p. 320Google Scholar.

13 - G. Bédoucha, « Libertés coutumières et pouvoir central… », art. cit., p. 139.

14 - Bisson, Jean, Mythes et réalités d’un désert convoité: le Sahara, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 210 Google Scholar.

15 - Pour une discussion plus détaillée du fonctionnement et de l’histoire des fagāgīr au Touat, voir Cornet, André, « Essai sur l’hydrologie du Grand Erg Occidental et des régions limitrophes. Les Foggaras », Travaux de l’Institut des Recherches Sahariennes, 8, 1952, p. 71-122Google Scholar; Lo, Capitaine, « Les foggara du Tidikelt », Travaux de l’Institut des Recherches Sahariennes, 10, 1953, p. 139-179 et 11, 1954, p. 49-77Google Scholar; Capot-Rey, Robert et Damade, W., « Irrigation et structure agraire à Tamentit », Travaux de l’Institut des Recherches Sahariennes, 21, 1962, p. 99-119Google Scholar; et Jacques Vallet, « Une oasis à foggara, Tamentit », in Nesson, C., Rouvillois-Brigol, M. et Vallet, J. (dir.), Oasis du Sahara algérien, Études de photo-interprétation no 6, Paris, Institut géographique national, 1973 Google Scholar.

16 - R. Capot-Rey et W. Damade, « Irrigation… », art. cit., p. 99.

17 - Oliel, Jacob, Les Juifs au Sahara. Le Touat au Moyen Âge, Paris, Cnrs Éditions, 1994 Google Scholar, leur attribue une origine juive. S’appuyant sur des données archéologiques récentes, Andrew Wilson, « The Spread of Foggara-Based Irrigation in the Ancient Sahara », in Mattingly, D. J. et al. (dir.), The Libyan Desert: Natural Resources and Cultural Heritage, Londres, Society for Libyan Studies, 2006, p. 205-216Google Scholar, défend l’hypothèse d’une origine orientale, via le Fezzan.

18 - Voir par exemple Ng, p. 145-146; G.Grandguillaume, « Droit de l’eau… », art. cit.

19 - Pour des cas parallèles des « provisions » collectives d’un système d’irrigation au Maroc, voir Jeanne Chiche, « Description de l’hydraulique traditionnelle », in N., Bouderbala et al. (dir.), La question hydraulique, t.1, Petite et moyenne hydraulique au Maroc, Rabat, Graphitec, 1984, p. 119-319Google Scholar.

20 - De même, un investisseur, local ou étranger, pouvait se décider à prolonger la faggāra à ses frais, augmentant ainsi son débit: la moitié de l’eau ainsi gagnée lui revenait de droit. Voir J. Bisson, Mythes et réalités d’un désert convoité…, op. cit., p. 209.

21 - Sj, p. 5-7, 10, 20, 39, 114, 116 et 505.

22 - Centre d’archives d’outre-mer (CAOM) d’Aix-en-Provence, « Recensement des populations du Touat », 1911, boîte 23H91. Le premier état civil établi pour le Touat au début du XXe siècle mentionne 10% d’esclaves et 43% de harātīn (généralement définis, dans la région, comme descendants d’esclaves). Ces chiffres sont peu fiables mais donnent au moins un ordre de grandeur.

23 - CAOM 23H91, « Recensements du Touat », 1911-1950; CAOM 10H86, 1933; CAOM 10H86, Hardy, « Une terre qui meurt: le Touat », 30 avril 1933.

24 - Pour les propositions d’un maintien de la traite, voir CAOM 22H26, J. Vallier, « Rapport pour la Chambre de Commerce d’Alger », 13 juillet 1876 et « Lettre du Président de la chambre de commerce d’Alger au préfet d’Alger », 28 octobre 1876; CAOM 12H50, « Lettre de Laperrine, Commandant militaire supérieur des oasis sahariennes, au Gouverneur Général de l’Algérie », 22 janvier 1907. Malgré l’abolition officielle de l’esclavage en 1848, au Sahara, il fut souvent maintenu jusqu’aux premières décennies du XXe siècle: voir les nombreux rapports d’archives, classés sous CAOM 12H50; Denis Cordell, « No Liberty, not Much Equality, and Very Little Fraternity: The Mirage of Manumission in the Algerian Sahara in the Second Half of the Nineteenth Century », in Miers, S. et Klein, M. A. (dir.), Slavery and Colonial Rule in Africa, Londres, Frank Cass, 1999, p. 38-56Google Scholar; Brower, Benjamin, « Rethinking Abolition in Algeria: Slavery and the ‘Indigenous Question’ », Cahiers d’études africaines, 195, 2009, p. 805-828Google Scholar.

25 - CAOM 3H13, « Note sur la question noire en Algérie »: « C’est un fait aujourd’hui reconnu que les oasis sahariennes sont nées du travail de l’esclave soudanais. Seul le Noir a pu être, sans dépérir, la bête humaine suffisamment robuste et résistante en ces climats brûlants pour disputer à l’aridité du pays désertique les gîtes d’étapes indispensables à la traversée de leur étendue désolée. Mais la traite supprimée, c’est la mort lente des oasis par disparition d’une main-d’oeuvre métissée, sans cesse abâtardie et sans renouvellement. » Voir aussi les autres documents préservés sous la même cote, et Judith Scheele, « Travail et liberté en Algérie », in Botte, R. et Stella, A. (dir.), L’esclavage, en noir et blanc ou en couleurs? Méditerranée, du Moyen Âge au XXe siècle, Paris, Karthala, 2012 (sous presse)Google Scholar.

26 - Voir aussi D. Retaillé, « Avertissement », art. cit., p. 1: « Bien sûr, l’occupation du désert passe par l’eau, mais la maîtrise de l’eau suppose un considérable investissement en travail c’est-à-dire la mise en activité d’une main-d’oeuvre nombreuse: projet et encadrement doivent préexister. »

27 - Martin, Alfred-Georges-Paul, À la frontière du Maroc. Les oasis sahariennes (Gourara, Touat, Tidikelt), Alger, Impr. algérienne, 1908, p. 306-308Google Scholar.

28 - A.-G.-P. Martin, À la frontière du Maroc…, op. cit., p. 383.

29 - CAOM 23H91, «Rapport annuel, annexe du Touat », 1909.

30 - À partir des années 1920, un nombre toujours croissant d’oasiens devait s’embaucher sur des chantiers publics afin d’obtenir les espèces nécessaires pour payer les impôts. Si l’exploitation n’en devenait pas moindre, même l’argent des impôts venait donc en grande partie des coffres français.

31 - Voir CAOM 23H102, « Rapports annuels, annexe du Tidikelt », 1907, 1910, 1913, 1928, 1951 et 1952.

32 - CAOM 23H91, « Rapport annuel, annexe du Touat », 1945.

33 - Horden, Peregrine et Purcell, Nicholas, The Corrupting Sea: A Study of Mediterranean History, Oxford, Blackwell, 2000, p. 272 Google Scholar.

34 - Denis Retaillé, « L’espace nomade », Revue de géographie de Lyon, 73-1, 1998, p. 71-82, ici p. 73.

35 - Geoffroy, Auguste, Arabes pasteurs nomades de la tribu des Larbas, Paris, Firmin-Didot, 1887, p. 409-464Google Scholar.

36 - Bugéja, Manuel, « L’estivage des Larbaâ dans le Tell », Bulletin de la Société de Géographie d’Alger, 121, 1930, p. 1-19Google Scholar; voir aussi Yves Bonète, « Contribution à l’étude des pasteurs nomades Arbâ’a », doctorat de 3e cycle, Paris, 1962.

37 - CAOM 22H50, Chardenet, « Aoulef », s. d. (début des années 1900).

38 - CAOM 22H50, Simon, « Note sur le Tidikelt », 20 juin 1900.

39 - Muhammad Mahmū d wuld Shaykh, « Kitāb al-turjamān fī tārīkh al-saharā’ wa al-sū dān wa bilād tinbuktu wa shinjīt wa arawān wa nubadh fī tārīkh al-zamān fī jamī’a al-buldān », 1933, ms. no 762 préservé au Centre d’études et de documentation Ahmed Baba (CEDRAB) à Tombouctou; al-Shaykh Abī al-Khayr ‘Abd Allāh al-Arawānī, «Tārīkh Arawān wa Tawdanni », 1962, CEDRAB 621; et CAOM 28H1, rapports mensuels coloniaux sur la région frontalière.

40 - Ainsi, le « droit coutumier » (rudimentaire) des qsū r, recueilli dans la région par des officiers français, se compose presque exclusivement des prévisions pour l’accueil des hôtes: CAOM 22H48, « Annexe du Touat. Propositions du chef de l’annexe pour l’hébergement des hôtes arabes au chef-lieu », 9 avril 1902; CAOM 22H50, Régnault, « Rapport sur l’Oued Dra par le chef de l’annexe de Beni Abbès », 5 janvier 1904. Un accueil qui, à en juger par la Ghuniya, pouvait parfois tourner en rançon (NG, p. 142).

41 - Eldblom, Lars, Structure foncière, organisation et structure sociale. Une étude sur la vie socio-économique dans les trois oasis libyennes de Ghat, Mourzouk et particulièrement Ghadamès, Lund, Uniskol, 1968 Google Scholar.

42 - Ibid., p. 166.

43 - Ibid., p. 214.

44 - Ibid., p. 145.

45 - A.-G.-P. Martin, À la frontière du Maroc…, op. cit., et R. Capot-Rey et W. Damade, « Irrigation… », art. cit., p. 106. Ailleurs, ce sont les commerçants sha’anba originaires de Metlili qui tiennent le « haut du pavé » de la propriété en eau: voir aussi J. Bisson, Mythes et réalités d’un désert convoité…, op. cit., p. 210.

46 - SQ, p. 20-21.

47 - SQ, p. 16-20.

48 - SQ, p. 34.

49 - Ainsi, demande-t-on au qādi de la Ghuniya, que faire si un jardin est vendu à quelqu’un d’autre avec sa part d’eau, lorsque cette part d’eau est louée à un tiers? La location reste valable jusqu’à la fin du contrat, dit le qādi. Et si quelqu’un achète un jardin irrigué par de l’eau que ne lui appartient pas, et qu’il loue? L’acheteur peut continuer la location ou y renoncer, comme il veut, et s’il y renonce il ne doit rien au propriétaire de l’eau. Est-ce que la propriété d’un jardin entraîne automatiquement celle de son canal d’irrigation? Non, l’irrigation appartient « à l’eau », c’est-à-dire au propriétaire de l’eau (NG, p. 138, 140 et 145).

50 - Voir par exemple Hallaq, Wael B., Sharī’a: Theory, Practice, Transformations, Cambridge, Cambridge University Press, 2009, p. 271-295CrossRefGoogle Scholar. Pour des exemples de tels subterfuges utilisés au Yémen, voir Mundy, Martha, Domestic Government: Kinship, Community and Polity in North Yemen, Londres, Tauris, 1995 Google Scholar. Pour les limites de l’application, dans les faits, du régime de succession indiqué dans la sharī’a, voir Powers, David S., Studies in Qur’an and Hadith: The Formation of the Islamic Law of Inheritance, Berkeley, University of California Press, 1986 Google Scholar.

51 - SQ, p. 19.

52 - Pour une discussion des monnaies courantes dans le Touat au début de l’époque coloniale, voir Tayeb Chentouf, « Les monnaies dans le Gourara, le Touat et le Tidikelt dans la seconde moitié du XIXe siècle », in Baduel, P.-R. (dir.), Enjeux sahariens, Paris, Éd. du Cnrs, 1984, p. 79-94.Google Scholar La « Note sur le mouvement commercial qui s’est produit entre In Salah et le pays touareg pendant l’été et l’automne 1900 » (CAOM 22H50) donne la liste suivante (en maintenant l’orthographe de l’époque): le dourou espagnol, le dourou français (la pièce de 5 F, aussi appelé cinco), le rabī’a (quart), la waqiya (once), la mizouna, le tlétti (trente), le settoujour, le tlétaouokt (trois fois), le riyāl en argent, et le thaler de Marie-Thérèse d’Autriche appelé mithqāl.

53 - NG, p. 139 et 142.

54 - Ces contrats sont conservés dans les archives de la famille Ma’zū z à Talmin, et ont été consultés avec la gracieuse permission de ‘Abd al-Qādir Ma’zū z.

55 - Acte d’héritage conservé dans les archives de la famille Balbālī de Kusan, avec la gracieuse permission du Shaykh Tayyeb.

56 - SQ, p. 25-27. Habba et qīrāt sont des mesures d’eau qui peuvent varier d’un qsar à l’autre. Ici, le dūru est la pièce de 5 francs.

57 - Une grande partie de ces dettes n’était probablement jamais payée: il s’agissait de stratégies d’accumulation de débiteurs autant que de dettes. Voir aussi Pascon, Paul, « Le commerce de lamaison d’Ilîgh d’après le registre comptable de Husayn b. Hachem», Annales HSS, 35-3/4, 1980, p. 700-729CrossRefGoogle Scholar, ici p. 707-708. G. Lydon, On Trans-Saharan Trails…, op. cit., p. 336, note que dans le Sahara, le crédit est un « dispositif d’épargne » là où la dispersion d’argent parmi des gens, dépendants de toute sorte ou clients, a plus de sens que l’accumulation dans un endroit fixe et jamais sûr.

58 - NG, p. 142-143.

59 - NG, p. 206: correspond-elle à la valeur de la marchandise à Tombouctou, ou bien à celle payable au Touat? Pour un cas comparable, voir NG, p. 146.

60 - NG, p. 138, 206, 212, 213 et 216-217.

61 - Des hypothèques sur terre étaient pratique courante même à l’intérieur des familles: entre frère et soeur (voir par exemple NG, p. 216), et entre mari et femme (NG, p. 219-220). Pour des prêts à l’intérieur des familles en Mauritanie, voir G. Lydon, On Trans-Saharan Trails…, op. cit., p. 206-207.

62 - NG, p. 218.

63 - G. Lydon, On Trans-Saharan Trails…, op. cit., p. 304-306, décrit la iqāla comme une vente avec une clause de garantie: si l’acheteur, dans un délai fixé à l’achat, découvre un défaut grave et imprévisible, il a le droit d’être remboursé après consentement du vendeur. Si de tels cas apparaissent parfois dans la Ghuniya (comme ce chameau « bien gras » qui décède subitement lors d’un voyage, p. 147-148), dans la plupart des cas, aucune mention n’est faite d’un défaut quelconque, et il s’agit clairement des prêts à intérêt mal déguisés.

64 - NG, p. 139.

65 - NG, p. 139-140 et 141.

66 - NG, p. 139.

67 - Note extraite des archives de la famille d’al-Makkī al-Markāntī, commerçants zuwā installés à Adrar et Timimoun, avec la gracieuse permission de Mekki Kalloum.

68 - Hamū Zafzaf, « Risāla », vers 1960, et d’autres documents archivés aux Archives du Cercle de Kidal (ACK), Kidal, Mali.

69 - CAOM 23H102, « Rapport annuel, annexe du Tidikelt », 1909.

70 - Centre historique des archives nationales (CHAN) de Fontainebleau, colonel de Fraguier, « Le commerce du Touat », mémoire du Centre des hautes études sur l’Afrique et l’Asie modernes (CHEAM), 1948.

71 - Selon des entretiens menés à Adrar, Tit et Aoulef en 2007 et 2008.

72 - CAOM AffPol 2178/6, « Rapport du CHEAM sur le Sahara », 1958; CHAN, A. Reynaud, « Les commerçants transsahariens », mémoire du CHEAM, 1957.

73 - CAOM 22H13, « Le ministre de la Guerre au Gouverneur général de l’Algérie », 28 avril 1851; CAOM 23H102, « Rapport annuel, annexe du Tidikelt », 1911. Pour des réseaux financiers comparables au Maroc, voir Schroeter, Daniel J., Merchants of Essaouira: Urban Society and Imperialism in Southwestern Morocco, 1844-1886, Cambridge, Cambridge University Press, 1988 CrossRefGoogle Scholar; et Gutelius, David P. V., « ‘The Path is Easy and the Benefits Large’: The Nasiriyya, Social Networks and Economic Change in Morocco, 1640-1830 », Journal of African History, 43-1, 2002, p. 27-49CrossRefGoogle Scholar.

74 - CAOM 22H38, « Lettre du général Marmet commandant la subdivision de Médéa au général commandant la division d’Alger », 25 mai 1893.

75 - CAOM AffPol 2178/6, « Rapport du CHEAM sur le Sahara ».

76 - CAOM 22H13, « Lettre du général commandant la division d’Alger, au sousgouverneur de l’Algérie », 21 janvier 1862; Capitaine Chaintron, J.-F., « Aoulef. Problèmes économiques d’une oasis à foggaras », Travaux de l’Institut des Recherches Sahariennes, 16, 1957, p. 101-130Google Scholar; R. Capot-Rey et W. Damade, « Irrigation… », art. cit.

77 - CAOM 10H86, « Monographie du Territoire militaire des oasis sahariennes, 1951/2 »; CHAN, Campens, « Les Chaamba du Gourara », mémoire du CHEAM, 1962; voir aussi Cauneille, Auguste, Les Chaanba, leur nomadisme, évolution de la tribu durant l’administration française, Paris, Éd. du CNRS, 1968 Google Scholar.

78 - A. Reynaud, « Les commerçants transsahariens », op. cit., p. 27.

79 - CAOM 22H50, Simon, « Notices sur le Tidikelt », 20 juin 1900.

80 - Ibid.

81 - Pour Agadez, voir CAOM 28H2, « Lettre du capitaine Métois, chef d’annexe d’In Salah au commandant militaire des oasis », 19 juillet 1903; pour Tessalit et Kidal, voir les rapports conservés à Kidal aux archives de la préfecture (ACK).

82 - Les premiers « colons » agricoles dans l’Ahaggar y trouvaient déjà des traces de systèmes d’irrigation plus anciens: il s’agit donc peut-être d’un mouvement pendulaire d’expansion et de rétrécissement. CAOM 22H50, Simon, « Notices », et « Notices sur les districts du Tidikelt », 21 mai 1900; CAOM 22H68, « Rapport de tournée du Capitaine Dinaux, chef de l’annexe d’In Salah. Ahnet, Adrar nigritien, Ahaggar, Aïr septentrional. 3 mai au 29 octobre 1905 »; CAOM 22H72, « Reconnaissance du bassin supérieur de l’Igharghar et visite du Sud du Ahaggar et de l’Ahnet. Rapport de tournée du Lieutenant Voinot, hiver 1905-1906 »; G. Barrère, « Contribution à l’étude de l’évolution sociale du centre de cultures d’Idélès », CHEAM, document ronéotypé conservé à la bibliothèque de la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme (MMSH) à Aix-en- Provence. Voir aussi Nicolaisen, Johannes, Ecology and Culture of the Pastoral Tuareg, with Particular Reference to the Tuareg of Ahaggar and Ayr, Copenhague, Musée national, 1963 Google Scholar. D’autres harātīn qui résident toujours dans le Hoggar sont originaires des oasis agricoles de Djanet et de Ghat: voir Dida Badi, « Genesis and Change in the Socio- Political Structure of the Tuareg », in Fisher, A. et Kohl, I. (dir.), The Tuareg in a Globalised Society: Saharan Life in Transition, Londres, I. B. Tauris & Co, 2010, p. 75-88Google Scholar.

83 - CAOM 28H2, capitaine Métois, « Lettre au commandant militaire des oasis », 19 juillet 1903.

84 - CAOM 22H36, Dinaux, « Rapport ». Sur la zāwiya Mawlāy Hayba, voir CAOM 22H36, « Notes sur les personnages influents du Touat, Gourara, Tidikelt », 1893.

85 - Arnaud, L., « Siège d’Ain Madhi par El-Hadj Abd-el-Kader ben Mohi ed-Din », Revue Africaine, 47, 1864, p. 354-371Google Scholar; CAOM 8X192, G. Hirtz, « Étude sur Laghouat, les Larbaâ, les Mekhalif, la zaouïa d’Aïn Mâdhî », 1950; CAOM 16H44-5 et 51-3, rapports sur les activités de la zāwiya.

86 - Enquête réalisée au printemps 2006, avec Yazid Ben Hounet.

87 - P. Pascon, La maison d’Iligh…, op. cit., et « Le commerce de la maison d’Ilîgh… », art. cit.; Hammoudi, Abdallah, « Sainteté, pouvoir et société: Tamgrout aux XVIIe et XVIIIe siècles », Annales HSS, 35, 3-4, 1980, p. 615-641CrossRefGoogle Scholar; D. Gutelius, « ‘The Path is Easy’… »; et Jean-Louis Triaud, La légende noire de la Sanûsiyya. Une confrérie musulmane saharienne sous le regard français, Paris, Iremam/Msh, 1995.

88 - CAOM 22H70, Albert, « La zaouïa de Kerzaz »; CAOM 28H1, Commissariat de la politique en AOF, Affaires politiques musulmanes, « Rapport trimestriel, 1er trimestre 1950 ».

89 - CAOM 22H50, Chardenet, « Akabli », s. d. (début des années 1900).

90 - Archives nationales du Mali (ANM), Fonds anciens, carton 1D305, Arnaud, « Monographie de Baye », 1918.

91 - Marty, Paul, Études sur l’islam et les tribus du Soudan, t.1, Les Kounta de l’Est. Les Berabich. Les Iguellad, Paris, E. Leroux, 1918-1919, p. 119-137Google Scholar; Degironcourt, Georges, Missions de Gironcourt en Afrique occidentale, 1908-1909 et 1911-1912. Documents scientifiques, Paris, Société de Géographie, 1920, p. 147-149Google Scholar.

92 - Voir les documents archivés aux ACK; Clauzel, Jean, « Les hiérarchies sociales en pays touareg », Travaux de l’Institut des Recherches Sahariennes, 31-1, 1962, p. 120-162, ici p. 145Google Scholar.

93 - Entretien avec Mekki Kalloum, Adrar, octobre 2007. Nombreux sont les commerçants qui disent avoir introduit le thé au Sahara: pour un autre exemple, voir G. Lydon, On Trans-Saharan Trails…, op. cit., p. 24.

94 - Ce qui, d’ailleurs, ne reflète pas forcément le point de vue malien. Comme se souvient le doyen de la famille Guindo: « Un jour, mon père est rentré avec un Algérien, un commerçant qu’il avait rencontré à Gao et qui ne savait rien de rien. Mon père était riche est respecté de tous, donc il l’a aidé: il lui a montré comment faire du commerce, et avec qui, comment parler aux gens ici et comment s’habiller – c’est comme ça qu’ilest devenu riche… », entretien à Gao, janvier 2008.

95 - Pour d’autres exemples qui témoignent d’une logique comparable, y compris à l’époque contemporaine, voir Scheele, Judith, Smugglers and Saints of the Central Sahara: Regional Connectivity in the Twentieth Century, Cambridge, Cambridge University Press, 2012 CrossRefGoogle Scholar.