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Naissance de L'Histoire en France : Les « Recherches » d'Estienne Pasquier

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

George Huppert*
Affiliation:
Chicago, Université d'Illinois

Extract

Lorsque R. G. Collingwood entreprit il y a une quarantaine d'années d'étudier la question des origines de la science historique moderne, il écrivit : « Au sens strict où Gibbon et Mommsen sont des historiens, il n'existe pas d'historiens avant le XVIIIe siècle. » Il entendait par là que l'histoire avant le XVIIIe siècle n'avait été dans l'ensemble que relations d'observations contemporaines entassées les unes sur les autres par des annalistes plus ou moins sérieux et compétents. Pour Collingwood, ce genre d'activité n'avait pas grand-chose à voir avec le travail de l'historien moderne. Il définit la discipline historique moderne comme « une étude à la fois critique et constructive, dont le champ est tout le passé humain pris dans son intégralité, et dont la méthode est de reconstruire le passé à partir de documents écrits et non écrits, analysés et interprétés dans un esprit critique ».

Type
Études
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1968

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References

page 69 note 1. Collingwood, R. G., Spéculum mentis (Oxford, 1924), p . 204 Google Scholar ; et Idea of History (Oxford p. 1946), 209.

page 70 note 1. In Histoire et Historiens dans l'Antiquité (Genève, 1958), 27.

page 70 note 2. Voir les intéressantes remarques de Ariès, Philippe dans Le Temps de l'Histoire (Monaco, 1954), 100102 Google Scholar, sur la naissance de l'esprit historique dans la culture romaine.

page 71 note 1. Pithou, Pierre, Livre des Mémoires des Comtes Héréditaires de Champagne et Brie (Paris, 1572), 1.Google Scholar

page 72 note 1. Pauli Aemilii Veronensis derebus gestis francorum, IV (circa i5i7) Liber I, F 0 III. Sur l'histoire de Paul Emile et son rapport avec les Grandes Chroniques, voir Katherine Davies, «Late xvth centuryFrench Historiography, as exemplified in the Compendium of Robert Gaguin and the De Rébus Gestis of Paulus Aemilius » (Thèse de doctorat non publiée, Université d'Edinburgh, 1954).

page 73 note 1. Pasquier, Recherches, p. 1 : « Communiquant ces présentes Recherches à mes amis… Il y en avoit quelques uns qui trouvoient de mauvaise grâce qu'à chaque bout de champ ie confirmasse mon dire par quelque autheur ancien… » ; « … le temps affinent comme l'or, les oeuvres… » ; « … toutesfois à l'advenir elles pourraient s'authoriser d'elles mesmes, ainsi qu'il en estoit advenu aux anciens… ». Toutes les références, sauf indication contraire, sont tirées de l'édition de 1607 publiée à Paris par Laurent Sonnius. Cette édition est la dernière, je crois, dont Pasquier ait lui-même surveillé la publication (elle fut rééditée en 1611 et 1617). les éditions posthumes contiennent des essais additionnels, y compris un livre entier sur l'histoire des universités. Pour une bibliographie détaillée des oeuvres de Pasquier, voir Thickett, D., Bibliographie des oeuvres d'Etienne Pasquier (Genève, 1956 Google Scholar ; Travaux d'Humanisme et Renaissance, XXI).

page 74 note 1. Recherches, 2, 3 : « … tous ces passages avoient esté veuz par noz prédécesseurs sans les voir… » ; « E t parce qu'es discours de toutes ces particularitez j'apportois opinions non aucunement touchées ou recogneues par ceux qui avoient escrit noz Annales, ie pensay les authoriser par les anciens, dont i'avois recueilly mes coniectures. » « … ce n'éstoit assez de monstrer quelle fust l'ancienneté de nostre France, ains la faire toucher au doigt, alléguant tantost les autheurs, tantost couchant leurs passages tout au long. »

page 74 note 2. Ibid., 2.

page 75 note 1. Pour apprécier à quel point il fut révolutionnaire, il suffit de lire Ferdinand Lot (La Gaule, Paris, 1947, p. 7), qui fait lui aussi l'erreur très répandue de penser que les historiens n'ont rien connu des Gaulois avant le xviiiesiècle : « Quand commence l'histoire de la France ? C'est une question que nos ancêtres ne se sont pas posée. Pour eux l'histoire de notre pays commence avec l'arrivée des Francs… » « Ils ne se sont même pas demandé qui habitait la Gaule avant cette époque ; ou plutôt ils se sont contenté de répondre : les Romains… »

page 76 note 1. AriÈS, op. cit., p. 194.

page 76 note 2. Pasqtjiee, Lettres, 275 (Toutes les références qui seront faites aux Lettres, seront tirées, sauf indication contraire, de la dernière édition des œuvres (Amsterdam, 1723) dont elles constituent le volume II).

page 77 note 1. « … bien qu'à la traverse et peut estre sans y penser il nous en ait donné les Mémoires », Recherches, 14.

page 78 note 1. Recherches, 7.

page 78 note 2. Ibid., 6.

page 78 note 3. Ibid., 196.

page 79 note 1. Lettres (édition de 1619), I, 107.

page 79 note 2. Lettres, 568.

page 80 note 1. Louis Delarueixe, Guillaume Budé (Paris, 1907), 131, 135, 137, 188.

page 80 note 2. De Asse, 169, Deiarueiae, 146 ; voir aussi Donald R. Kelley, « G. Budé and the first historical school of law », American Historical Rexriew, 1X31,3 (1967), 807-834.

page 80 note 3. J. Bohatec, Budé und Calvin (Graz, 1950), 17.

page 80 note 4. Cité par F. von Bezold, « Zur Entstehungsgeschichte der historischen methodik », in Aus Mittelalter und Renaissance (Mùnchen, 1918), 370.

page 80 note 5. Recherches, 37.

page 81 note 1. Sur le positivisme de Bodin, voir mon article « The Renaissance Background of Historicism », History and Theory, V (1965), 48-60.

page 81 note 2. Recherches, 69-73.

page 82 note 1. Lettres, Paris, 1586, f. 10 r-v°.

page 82 note 2. Lettres, 683.

page 83 note 1. Lettres, 28.

page 83 note 2. « Pourparler du Prince », in Recherches, 1130 : « … ie ne scay si nous ne ferions aussi bien de nous passer de ceste curiosité des loix Romaines, ayans les nostres au poing… »

page 83 note 3. Dans une lettre où il recommande son fils à M. de Foix, à Rome, il s'exprime comme suit : « … ces antiquailles de Rome… ne me semblent de grande édification… » (pour l'éducation de son fils) ; il préférerait que celui-ci considère « les images vifves, dont il pourra rapporter un exemple et modelle de bien vivre à l'advenir ». Lettres, 172.

page 83 note 4. Lettres, 191-192, écrivant à son ami Loysel, il critique le style de ce dernier en y mettant autant de tact qu'il lui est possible : « … je vous prie prendre de bonne part ce que je veux vous mander maintenant… : ce que vous estimez le plus riche en icelles (ses discours) est à mon jugement, le plus pauvre ; je veux dire, tant de passages Grecs et Latins, tant d'allégations d'autheurs, dont vous reparez vostre discours : je désire que… nous habillions un Orateur à la Françoise, si proprement et à propos que nos actions s'eslongnent le plus qu'elles pourront, de la poulsiere des escholes… »

page 83 note 5. Loc. cit. Non pas qu'il méprise l'architecture romaine. Il considère que les nouveaux édifices ajoutés au Louvre sont également beaux, incorporant comme ils le font ce qu'il y a de mieux dans le style classique. Ce qui importe à Pasquier est le caractère original de l'architecture française, qui, d'après lui, ne doit rien à Rome.

page 84 note 1. Le jésuite Garasse a consacré un volume de 985 pages à cette thèse : Les Recherches des Recherches et autres oeuvres de Me Estienne Pasquier (Paris, 1622).

page 84 note 2. Lettres, 577.

page 84 note 3. La constante mutation de la société et de ses lois est un des thèmes principaux des Recherches : cf. les déclarations suivantes dans les Recherches : 224, 135, 156, 160. Sur les modifications du langage, ce qui est également un thème que l'on rencontre dans les Recherches, voir la lettre à Cujas (Lettres, 37) dans laquelle il discute des périls de la traduction et indique de quelle manière le langage se modifie : « Cependant petit à petit sa langue maternelle se change de telle façon avec le temps, que comme si nous luy avions baillé une robbe neufve, nous ne voulons plus user de la vieille. »

page 84 note 4. Lettres, 225 : « … les Coustumes se forment en chasque pays, petit à petit, de la diversité de nos moeurs et nos moeurs de la diversité de nos esprits… »

page 84 note 5. C'est une question sur laquelle il revient fréquemment. Voir, entre autres, sa lettre à Tournebus, écrite en 1552 (Lettres, 3-8).

page 85 note 1. Lettres, 605.

page 86 note 1. Lettres, 145-146, sur la Constitution mixte de la France et sur la sagesse des rois de France, qui « réduisans par ce moyen leur puissance absolue sous la civilité de la loy… » ont ainsi « … conservé leur grandeur successivement depuis onze cents ans inques à huy ». Sur sa haine de l'absolutisme, 155 : « Vray Dieu, que ce Quadrain de Monsieur de Pibrac me plaist. le hay ces mots de puissance absolue, de plain pouvoir, de propre mouvement … »

page 86 note 2. C'est le sujet essentiel du chapitre premier du Livre I I des Recherches. Sur l'attitude de Clovis à l'égard des institutions gallo-romaines, y compris l'Église chrétienne, 71 ; sur les assemblées représentatives mérovingiennes, 72.

page 87 note 1. Recherches, 76.

page 87 note 2. Recherches, 80-99.

page 88 note 1. L'épitaphe du xive siècle est cité dans les Recherches, p. 81 ; et le poème du XIIe siècle (Hugues de Berzé, continuation de la Bible Guyot) dans les Recherches à la p. 625. Cette description du compas de marine est aujourd'hui encore la plus ancienne qui soit connue. 2. Recherches, 677-719.

page 92 note 1. Voir Robert Hanhart, Dos Bild Der Jeanne d'Arc, in der Franzôsischen Historiographie vom Spatmittelalter bis zur Aujklàrung (Basel, 1955).

page 92 note 2. Recherches, 708-719.

page 94 note 1. Telle est la conclusion de Paul Bouteilleb dans son article : « Un historien du xvie siècle : Etienne Pasquier»,Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, VI(1945), 357-392.

page 94 note 2. A tel point qu'un étudiant suisse en théologie s'est efforcé de prouver dans sa thèse de doctorat que la philosophie de Pasquier est un pur moralisme chrétien. Voir Robert Butler, Nationales und universales Denken im Werke E. Pasquiers (Bâle, 1948). (1561). Sur le positivisme de Bodin, voir Huppeet, op. cit. ; sur Baudouin, voir Donald R. Kelley, « Historia Integra : François Baudouin and his conception of History », in Journal of the History of Ideas, XXV (1964), 35-57.

page 95 note 1. Sur les Artes Historicae en tant que genre, voir John L. Brown, The « Methodus ad facilem historiarurn cognitionem » of Jean Bodin, Washington, 1939 ; et Béatrice Reynolds, « Shifting Currents in Historical Criticism », Journal of the History of Ideas, XIV (1939), 471-492.

page 95 note 2. Nadel, Georges H., « Philosophy of History before Historicism », History and Theory, II (1964), 291315 CrossRefGoogle Scholar. Cette description de la pensée historique du xvie siècle, fondée entièrement sur les traités théoriques, souligne à juste titre l'absence d'originalité et la complète dépendance à l'égard des sources romaines.

page 95 note 3. Jean Bodin, Methodus ad facilem historiarurn cognitionem (1566) et François Baudouin, De Institutione historiae universae et eius cum Jurisprudentia conjunction (1561). Sur le positivisme de Bodin, voir Huppeet, op. cit. ; sur Baudouin, voir Kelley, Donald R., « Historia Integra : François Baudouin and his conception of History », in Journal of the History of Ideas, XXV (1964), 3557.CrossRefGoogle Scholar

page 96 note 1. Garasse, op. cit., 681 ff.

page 97 note 1. «Pourparler du Prince », in Recherches, 1130-31.

page 98 note 1. Lettres, 244.

page 98 note 2. Sur la Popelinière, Vignier et le pyrrhonisme, voir G. Huppert, op. cit. ; également, Huppert, G. : « The Trojan Franks and Their Critics », Studies in the Renaissance , XII (1965)Google Scholar, et Huppert, G., compte rendu sur J, Franklin, H., « Jean Bodin and the Sixteenth Century Révolution in the Methodology of Law and History », in Studi Francesi , VIII (1964), 302-307.Google Scholar

page 98 note 3. Recherches (1617), 703.

page 99 note 1. Recherches, 7 : « … qui est celuy (ie n'en excepteray aucun) qui, après avoir quelque peu sauté sur les guerres, nous ait iamais discouru le faict de nostre police ? »

page 99 note 2. Recherches, 777 (incorrectement numéroté 773) : « Nostre France estant par le moyen de ce voyage espuisée d'une bonne partie des grands desquels les petits se targeoient contre l'autorité de nos Rois, le Roy Philippes et Louys le Gros son fils commencèrent de les harasser, ou pour mieux dire terrasser : et spécialement Louys surmonta un Hugue, sieur de Puisay en Beausse ; Boucard, Seigneur de Montmorency ; Milles, Comte de Montlhery ; Eude, Comte de Corbeil, Guy, Comte de Rochefort ; Thomas, Comte de Merles. a l'exemple desquels tous les autres communs Seigneurs se réduisirent souz la totale obéissance de noz Rois. »

page 100 note 1. Lettres, 225 : « Toutes les Provinces anciennement qui estoient subjettes à l'Empire, avoient, comme il est vray-semblable, diversement leurs loix municipales : en quoy si elles manquoient en quelque cas qui n'eust esté définy, c'estoit bien la raison que les Provinciaux eussent recours, en l'obmission de tels cas, au droit commun de l'Empire sous lequel ils estoient assubjettis : mais de nous chaulser à ce mesme poinct ce seroit faire tort à nostre patrie. »

page 101 note 1. Lettres, 611-614.

page 101 note 1. Lettres, 607-610.

page 102 note 1. Lettres, 266.

page 102 note 2. Lettres, 267.