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La Politique des Statistiques : Les Origines Sociales des Enquêtes de Mobilité Sociale

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Laurent Thévenot*
Affiliation:
Groupe de Sociologie Politique et Morale EHESS-CNRS

Extract

Le propos de cet article est d'examiner la généalogie des enquêtes de mobilité sociale, en s'intéressant principalement aux enquêtes réalisées en France durant les années 1950-1970. Cette période est particulièrement riche de transformations des outils statistiques et des questions auxquelles ils sont appelés à répondre. Ainsi les voit-on successivement et parfois simultanément utilisés dans des perspectives très diverses. Les travaux effectués ou publiés par l'INED dans les années 50-60 s'intéressent aux « causes bio-héréditaires », aux « phénotypes », à l'« ascension des bien-doués », catégories qui invitent à remonter vers des ancêtres plus lointains, vers les travaux de Galton sur l'hérédité du talent et sur « la valeur sociale » eugénique. Dans une perspective tout autre, les enquêtes réalisées à l'INSEE dans les années 60-70 doivent servir à évaluer la « qualification professionnelle et la mobilité professionnelle de la population active ». Ces investigations trouvent leur place dans un dispositif étatique de planification des politiques de l'éducation et de l'emploi et écartent, comme « accessoire », l'étude de la mobilité. Les mêmes enquêtes ont un statut tout différent pour les sociologues qui les considèrent comme des sources exceptionnelles (comparées à l'étranger) sur la mobilité sociale, notamment en raison de la taille d'échantillons conçus pour produire des statistiques d'État. Dans une perspective à nouveau toute différente, et critique à l'égard des précédentes, elles sont utilisées pour étudier la reproduction sociale, l'hérédité sociale, les classes sociales ou l'inégalité des chances.

Summary

Summary

The genealogy of French studies on social mobility and related demographic work is marked by the ideal of a city based on eugenic civic worth. Beginning with the initial works of Galton, this article follows the successive transformations of studies done by the INED and INSEE, right up to their application to manpower planning and their exposure of the mechanisms of social conservation and of social-cultural handicaps. The article locales the evolutions in attempts to construct orders which are tied to a common good, and which qualify members of a society according to their abilities, genius, gifts, capital, and professional qualifications. It indicates the relationships between the development of social statistics and political construction, studies on mobility appearing as investigations into the justice ofthe social order.

Type
La Construction Sociale
Copyright
Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1990 

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References

Notes

1. Ce texte présente certains éléments d'une recherche en cours sur la politique des statistiques. Une première partie de cette recherche, centrée sur les enquêtes françaises de mobilité réalisées à l'Insee, a été publiée dans Thévenot, L., « Les enquêtes Formation qualification professionnelle et leurs ancêtres français », dans Affichard, J. éd., Pour une histoire de la statistique, Paris, INSEE, Economica, 1987, t. 2.Google Scholar Une deuxième partie, retraçant une généalogie plus ancienne et établissant des rapports avec l'eugénique de Galton, est présentée dans L. Thévenot, « Formes statistiques et lien politique ; éléments pour une généalogie des statistiques sociales », Centre d'études de l'emploi, 79 p. Le présent article en reprend certains éléments, en tenant compte d'observations et critiques recueillies lors des présentations faites au séminaire de Jean Leca, à Piep, et à la journée d'étude « L'eugénisme : science, technique, idéologie », organisée en 1987 par la Société française pour l'histoire des sciences de l'homme. Outre J. Leca, je tiens à remercier A. Béjin, F. Heran et P.-A. Taguieff pour leurs remarques sur des versions antérieures de ce texte, ainsi que A. Desrosières, avec qui une partie de ces recherches ont été menées ; voir Desrosières, A., « Histoires de formes : statistiques et sciences sociales avant 1940 », Revue française de Sociologie, vol. 26, n° 2, 1985;CrossRefGoogle Scholar « How to Make Things Who Hold Together : Social Science, Sta- tistics and the State », Yearbook Sociology ofthe Sciences, à paraître en 1991. Enfin, A. Girard a bien voulu vérifier l'exactitude des informations concernant les travaux auxquels il avait participé.

2. Les enquêtes « Formation qualification professionnelle » (FQP dans le texte) sont effectuées deux ans après chaque recensement — qui sert de base de sondage — et portent sur un gros échantillon (de 20 000 à 40 000 personnes). Elles ont été conçues à l'Insee pour élaborer une comptabilité des mouvements de main-d'oeuvre et une évaluation des relations entre formations et emplois et l'enquête FQP de 1970 a été effectivement utilisée de cette façon, pour la préparation du VIIe Plan, Thévenot, L., « Les disponibilités de main-d'oeuvre par profession », Économie et Statistique, n° 81-82, septembre-octobre 1976.CrossRefGoogle Scholar Un tel usage était conforme aux objectifs avancés par les concepteurs de la première enquête de la série, celle de 1964 : « Les enquêtes FQP et leurs ancêtres français », op. cit., p. 140.

3. Id., p. 140. Pour une évaluation quantitative de la place de ce thème dans les publications des données, id., p. 160.

4. Dans sa thèse sur « La sociologie de la mobilité sociale », C.-H. Cuin avance une explication de cette spécificité française d'enquêtes réalisées principalement par des démographes et statisticiens et non par des sociologues. Il parle de l'« irrecevabilité de cette problématique (de la mobilité sociale) pour le paradigme durkheimien et le paradigme marxiste » dans « La sociologie de la mobilité sociale : essai d'analyse des conditions sociales et scientifiques d'émergence et de mise en oeuvre d'un type de problématique sociologique », Thèse de IIIe Cycle, Bordeaux II, 1985 ; « Durkheim et la mobilité sociale », Revue française de Sociologie, vol. XXVIII, 1987, pp. 43-65. Les travaux du durkheimien P. Lapie font exception puisqu'ils portent sur la relation entre la scolarisation et la mobilité sociale, Cherkaoui, M., « Les effets sociaux de l'école selon Paul Lapie », Revue française de Sociologie, vol. XX, 1979, pp. 239255.CrossRefGoogle Scholar On pourrait aussi citer, comme exception, le projet d'A. Touraine de 1953, proposé dans le cadre d'une enquête internationale : Rapport sur la préparation en France de l'enquête internationale sur la stratification et la mobilité sociale, Liège, Congrès de Sociologie, 1953, et L. Thévenot, « Les enquêtes FQP », op. cit., p. 133. L'enquête de C. Durand, réalisée dans le cadre de l'Institut des sciences sociales du travail, vise également une reconstruction critique de la notion de mobilité sociale, Durand, C., « Mobilité sociale et conscience de classe », dans Darras, Le partage des bénéfices. Expansion et inégalités en France, Paris, Éditions de Minuit, 1966;Google Scholar Durand, C. et Durand, M., De l'OS à l'ingénieur. Carrière ou classe sociale, Paris, Éditions Ouvrières, 1971.Google Scholar

5. P. Bourdieu, « La transmission de l'héritage culturel >>, dans Darras, op. cit. ; Bourdieu, P., La distinction. Critique sociale du jugement, Paris, Éditions de Minuit, 1979.Google Scholar

6. Bertaux, D., « Sur l'analyse des tables de mobilité sociale », Revue française de Sociologie, n° 4, février 1969;Google Scholar « L'hérédité sociale en France », Économie et Statistique, n° 9, février 1970.

7. Baudelot, C., Establet, R. et Malemort, J., La petite bourgeoisie en France, Paris, Maspero, 1974.Google Scholar

8. Boudon, R. , L'inégalité des chances. La mobilité sociale dans les sociétés industrielles, Paris, Armand Colin, 1973.Google Scholar

9. Perrot, J.-Cl., « La statistique régionale à l'époque de Napoléon », dans Pour une histoire de la statistique, Paris, Insee, 1977, p. 248.Google Scholar Cet ouvrage rassemble des contributions, d'historiens pour la plupart, à des journées d'étude sur l'histoire de la statistique, tenues en 1976. Il a été réédité en 1987, Paris, Insee-Economica, et complété par un second tome dans lequel les statisticiens retracent les histoires des outils dont ils ont la charge, et fournissent notamment les éléments pour une histoire de la demande sociale, Affichard, J. éd .,Pour une histoire de la statistique, t. 2, Paris, INSEE, Economica, 1987;Google Scholar voir notamment l'introduction, J. Affichard, « Statistiques et mise en forme du monde social ». Ce second tome constitue une mine d'informations très riches sur l'histoire des statistiques, le plus souvent de première main, qui n'ont, jusqu'à présent, été que peu exploitées.

10. Durkheim, E. et Mauss, M., « Quelques formes primitives de classification », dans Mauss, M., Essais de sociologie, Paris, Éditions de Minuit, 1968 Google Scholar (première publication, L'Année sociologique, n° 6,1903). Ce thème qui sera développé par Durkheim dans Les formes élémentaires de la vie religieuse, était, comme le remarque Cl. LÉVI-Strauss, déjà présent dans l'ouvrage antérieur de M. Mauss, l'« Esquisse d'une théorie de la magie », Mauss, M., « Esquisse d'une théorie générale de la magie », dans Mauss, M., Sociologie et anthropologie, Paris, Puf, 1950 Google Scholar (première publication, dans L'année sociologique, 1902-1903) ; Cl. LÉVI-Strauss, « Introduction à l'oeuvre de Marcel Mauss », introduction à l'ouvrage précédent.

11. Thevenot, L., « L'économie du codage social », Critiques de l'Économie politique, n° 23- 24, 1983;Google Scholar « Rules and Implements, Investment in Forms », Social Science Information, vol. 23, n° 1, 1984 ; « Les investissements de forme », dans Thevenot, L. éd., Conventions économiques, Paris, CEE-PUF, 1985;Google Scholar A. DesrosiÈRes, op. cit. ; Desrosières, A. et Thevenot, L., Les catégories socio-professionnelles, Paris, La Découverte, 1988.Google Scholar

12. Sur la constitution de personnes collectives, voir Boltanski, L., Les cadres. La formation d'un groupe social, Paris, Éditions de Minuit, 1982;Google Scholar sur les opérations ordinaires de rapprochement et de traitement en général des personnes, voir Boltanski, L. et Thevenot, L., « Finding One's Way in Social Space : A Study Based on Games », Social Sciences Information, vol. 22, n° 4-5, 1983;CrossRefGoogle Scholar sur les procédures de singularisation et de désingularisation dans les mises en causes critiques, voir Boltanski, L. (avec Y. Darre et M.-A. Schiltz), « La dénonciation », Actes de la Recherche en Sciences sociales, n° 51, 1984.CrossRefGoogle Scholar

13. Voir, par exemple, le tableau juxtaposant la grandeur matérielle du peuple, sa grandeur morale et sa force active dans les diverses professions, Mone, F.-J., Théorie de la statistique, Louvain, Vanlinthout et Vandenzande, 1834 Google Scholar (traduction et notes par E. Tandel), pp. 18-33.

14. Boltanski, L. et Thevenot, L., Les économies de la grandeur, Paris, CEE-PUF, 1987.Google Scholar

15. En dépit de l'indignation que nous ressentons à la lecture de certains des auteurs cités ici, nous n'avons pas adopté une posture polémique qui serait justifiée dans d'autres dispositifs mais qui empêcherait ici de restituer la pluralité des modes d'évaluation que nous cherchons à confronter. Le choix de ne pas alimenter le procès-verbal des disputes par ses propres dénonciations est un point de méthode important dans une sociologie de la critique. Pour autant, il ne disqualifie nullement l'activité critique.

16. Sur ces questions voir Mackenzie, D. A., Statistics in Britain, 1865-1930, Edimbourg, Edinburgh University Press, 1981.Google Scholar

17. Quetelet, A., Letters Addressed to H. R. H. the Grand Duke ofSaxe Coburg and Gotha, on the Theory of Probabilities, as applied to the Moral and Political Sciences, Londres, Layton and Co., 1849 Google Scholar (traduction par Downes de l'édition française originale de 1845).

18. Galton, F., Hereditary Genius, Gloucester, Mass., Peter Smith, 1972 Google Scholar (introduction de C. D. Darlington, première édition, 1869).

19. Galton, F., Essays in Eugenics, Londres, London Eugenics Society, 1909.CrossRefGoogle Scholar

20. C., Booth, « On Occupations of the People of the United Kingdom, 1808-1881 », Journal of the Royal Statistical Society, XLIX, 1886, pp. 314445.Google Scholar La classification de Booth comprend les catégories suivantes : criminal, semi-criminal, loafers, etc. ; very poor persons who subsist on casual earnings, man of whom are inevitably poor from shiftlessness, idleness or drink ; hard-working people (but with) a very bad character for improvidence and shiftlessness (toutes ces catégories étant « undesirable ») ; médiocre class (of ordinary respectable working class) (catégorie chevauchant la moyenne) ; better paid artisans and foreman ; lower middle class of shopkeepers, clerks and subordinate professional men, who, as a rule are hard-working, energetic and sober ; (large and successful entrepreneurs, leaders of the professions who) found great industries, establish vast undertakings, increase the wealth of multitudes and amass large fortune for themselves (and others) whether they be rich or poor (who are) enlightening its difficulties and imposing its ideals, cité dans D. A. Mackensie, op. cit., p. 18. A propos de l'influence de ce mode d'appréhension des catégories sociales sur l'évolution des classifications socio-professionnelles britanniques, voir l'étude historique de Szreter, S. R., « The Genesis of the Registrar-General's Social Classification of Occupations », The British Journal of Sociology, vol. XXXV, n° 4, 1984.Google Scholar

21. F. Galton, Hereditary Genius, p. 37. Sauf mention contraire, les italiques sont ajoutées.

22. Pearson, K., « On the Theory of Contingency and its Relation to Association and Normal Corrélation », Drafter's Company Research Memoirs : Biométrie Séries, Londres, 1904.Google Scholar

23. A. Desrosières, op. cit.

24. 11 est l'auteur, dans le Journal de la Société de Statistique de Paris, d'une notice nécrologique consacrée à F. Galton où il s'émerveille de son ingéniosité pratique, de la façon dont il imagina de réaliser la courbe des erreurs à l'aide de ce jouet d'enfant où des billes, tombant verticalement le long d'un plan hérissé de clous, se disposent d'elles-mêmes en colonnes inégales, L. March, « Nécrologie de Sir Francis Galton », Journal de la Société de Statistique de Paris, 1911, p. 203. Je dois à A. Desrosières d'avoir attiré mon attention sur les écrits de L. March.

25. A. Desrosières, op. cit.

26. Le professeur A. Pinard, membre de l'Académie de Médecine, assura le succès de ce terme repris à Caron (Introduction à la puériculture, 1865) et contribua à donner à la puériculture la cohérence d'un système de règles pour un élevage hygiénique rigoureux des enfants comportant une « eugennétique ou puériculture dans ses périodes initiales ». A. Pinard fut un membre éminent de la Société française d'eugénique fondée en 1913 et un des plus actifs propagateurs de ses principes, N. Lefaucheur, « La résistible création des accoucheurs des hôpitaux », Sociologie du Travail, n° 2, 1988, pp. 323-352. Le préambule de l'ouvrage publié en 1904 par A. Pinard, La puériculture, fait ressortir les relations entre le médecin et le statisticien, particulièrement étroites dans le projet eugénique ; l'auteur, évoquant la responsabilité de celui qui veille sur « cent bébés à peine plus grands que des poupées », explique que « ce chiffre a été adopté pour faciliter le rapprochement constant avec le pourcentage de la statistique », Boltanski, L., Prime éducation et morale de classe, Paris, Mouton, 1969.CrossRefGoogle Scholar

27. March, L., « Pour la race ; infertilité et puériculture », Revue d'Hygiène et de Médecine infantiles, t. IX, n° 5 et 6, 1910, pp. 14.Google Scholar Sur les variations autour de la notion de race, voir l'ouvrage de Taguieff, P.-A., La force du préjugé : essai sur le racisme et ses doubles, Paris, La Découverte, 1988.Google Scholar

28. L. March, op. cit., p. 3.

29. Id., pp. 2, 3, 18, 31. Dans des notes manuscrites sur l'eugénique, facteur de religion, L. March décrit la planification eugénique comme une forme de philanthropie généralisée, plus globale que la charité : « La croyance eugénique étend la fonction de philanthropie aux générations futures ; elle rend ses actions plus (mot omis) qu'autrefois en s'occupant des familles et des sociétés dans leur totalité, et elle renforce l'importance du mariage, en dirigeant sérieusement l'attention sur la qualité probable du futur rejeton. Elle interdit toute forme de charité sentimentale dommageable pour la race » , L. March, archives manuscrites, référence Sgf 53051. Il note, à propos du problème de l'eugénisme pratique : « Ne serait-il pas possible d'aider par une propagande éducative de caractère eugénique à distraire quelques-uns des millions attribués à une charité aveugle pour un emploi plus rationnel et plus national. Pourquoi les rejetons de parents aptes ne seraient-ils pas marqués d'une faveur spéciale ? ».

30. Sutter, J., « L'eugénique. Problèmes, méthodes, résultats », Cahiers de l'INED, n° 11, Paris, PUF, 1950, p. 20.Google Scholar H. LE BRAS apporte des éléments pour une histoire de cette notion de fécondité dans « Histoire secrète de la fécondité », Le Débat, janvier 1981, pp. 77-101. Chez Vacher de Lapouge, le plus important des darwinistes sociaux français, la fécondité différentielle est l'expression d'une « lutte pour la descendance, et les sélections sociales » tendent à inverser « l'ordre naturel » en favorisant les dysgéniques au détriment des eugéniques, De Lapouge, G. Vacher, Les sélections sociales, Paris, Albert Fontemoing, 1896;Google Scholar Béjin, A., « Le sang, le sens et le travail : Georges Vacher de Lapouge darwiniste social fondateur de l'anthroposociologie », Cahiers internationaux de Sociologie, vol. LXXIII, 1982, pp. 323343.Google Scholar A. Béjin a engagé une réflexion sur l'histoire des formes de prise en considération des liens du sang, de Malthus à la sociobiologie, en passant par Darwin, Galton, Spencer, Vacher de Lapouge, Fisher, dans « De Malthus à la sociobiologie », Revue européenne des Sciences sociales, t. XXIII, n° 69, pp. 121- 137.

31. L. March, « La fertilité des mariages suivant la profession et la situation sociale », rapport présenté au premier congrès eugénique de Londres de 1912, publié dans La Revue philanthropique, p. 584 ss.

32. Id., pp. 585, 587, 591. L. March suggère cependant que les modes d'enregistrement du statisticien devraient être relayés par d'autres moyens, afin d'appréhender au plus près les valeurs sociales et les canaux de leur transmission héréditaire : « la statistique administrative est impuissante, parce qu'elle n'a pas le droit de solliciter des réponses sur des points qui touchent de trop près à la vie privée. On ne peut que faire appel aux bonnes volontés, animées d'un même esprit de vérité, quand il s'agit d'interroger des généalogies, d'évoquer des souvenirs de famille, afin de jeter quelque lumière sur le grave problème de l'hérédité », L. March, « Pour la race ; infertilité et puériculture , op. cit., p. 32.

33. Id. La construction eugénique ne répond donc pas à l'ensemble des contraintes du modèle de bien commun et de cité auquel on peut rapporter une pluralité de construction d'ordre dans la philosophie politique, L. Boltanski et L. Thévenot, op. cit. Il n'y a pas de commune humanité et les citoyens n'y sont pas dotés de la même dignité, c'est-à-dire de la même capacité à accéder aux différents états de grandeur, puisque cette capacité est liée à une forme de patrimoine génétique et ne peut être modifiée. D'autre part, le sacrifice s'exprime dans la façon de donner ou de ne pas donner naissance à d'autres êtres humains, et ses bienfaits pour le bien commun ne profiteront qu'aux générations futures, ce qui implique une asymétrie radicale dans le traitement des citoyens. Notons que J. Rawls exclut, dans sa théorie de la justice, des formules d'équité entre générations : « There is no way for later générations to improve the situation of the least fortunate first génération », Rawls, J., A Theory of Justice, Oxford, Oxford University Press, § 44,Google Scholar « The problem of Justice between Génération », p. 291.

34. L. March, archives manuscrites, référence SGF 53051.

35. Sur l'histoire de l'INED rapportée par l'un de ses acteurs, voir Girard, A., L'Institut national d'études démographiques. Histoire et développement, Paris, Éditions de l'INED, 1986.Google Scholar

36. Soupault, R., Alexis Carrel, 1873-1944, Paris, Pion, 1952, p. 236.Google ScholarPubMed

37. Id., p. 235.

38. Carrel, A., L'homme, cet inconnu, Paris, Pion, 1935.Google Scholar

39. Id., pp. 353-354. Dans le cas de la stérilisation de Carrie Buck pour idiotie congénitale, la Cour suprême des États-Unis considéra, en 1927, que la stérilisation pour motifs eugéniques relevait des pouvoirs de police de l'État, en dépit des critiques annonçant que « le règne des médecins allait advenir et que, au nom de la science (…), les pires formes de tyrannie seraient pratiquées », Kevles, D. J., In the Name of Eugenics. Genetics and the Uses of Human Heredity, Berkeley, University of California Press, 1985, p. 111.Google Scholar

40. L. Boltanski et L. Thévenot, op. cit.

41. A. Carrel, op. cit., p. 361.

42. Id., p. 362.

43. J. Sutter fut proche d'A. Carrel, jusqu'à son décès en 1944, R. Soupault, op. cit., p. 256. Dans la biographie que R. Soupault a consacrée à Carrel, c'est J. Sutter qui rédigea le catalogue exhaustif des oeuvres de Carrel, pp. 277-296. 44. Sutter, J., « Le facteur “ qualité ” en démographie », Population, n° 1, 1946, pp. 299 316.CrossRefGoogle Scholar

45. J. Sutter, « L'eugénique. Problèmes, méthodes, résultats », op. cit.

46. R. Gessain dirigeait à la Fondation l'équipe « Population ». Ayant participé à des missions de J. Soustelle au Mexique, de Charcot et de P.-E. Victor, il crée au Musée de l'Homme le Centre de recherches anthropologiques. J. Sutter travaillait sur la mesure du taux de consanguinité dans diverses communes du Finistère et participe au choix du terrain de Plozévet, Girard, A., L'Ined, op. cit., p. 117.Google Scholar J. Sutter et L. Tabah publieront, dans les années cinquante, toute une série de travaux sur « les effets de la consanguinité et de l'endogamie » des mariages, visant à évaluer « la qualité de la descendance » issue de ces mariages, et montrant « que les zones géographiques fortement endogames doivent acquérir, par rapport à celles qui le sont moins, des caractéristiques qualitatives différentes », Sutter, J. et Tabah, L., « Structure de la mortalité dans les familles consanguines », Population, n° 4, 1953, pp. 511526 (p. 525).CrossRefGoogle Scholar Le projet d'enquête sur « isolât » qui, selon R. Gessain, trouvait sa cohérence dans le cadre de ce que A. Carrel nommait « les problèmes humains », et était donc d'orientation eugénique, sera ultérieurement transformé en projet d'une autre nature, sur le « changement ». Comme le remarque ironiquement A. Drouard : « Pour les besoins de la cause la grande enquête sur Plozévet a été présentée comme une contribution à l'étude du changement dans le monde agricole alors que dans l'esprit de ses initiateurs la préoccupation profonde était tout autre… », Drouard, A., « Les trois âges de la fondation française pour l'étude des problèmes humains », Population, n° 6, 1983, pp. 10171048.CrossRefGoogle Scholar

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48. J. Sutter, « Le facteur qualité en démographie », op. cit., p. 312.

49. Id., pp. 305-306. Cette attention au milieu peut être rapprochée de l'influence lamarckienne dans la criminologie et l'eugénisme français, Lefaucheur, N., « Quand leur situation était inférieure à celle de l'orphelin ; ou le psychiatre, la marâtre et le délinquant juvénile », Dialogue. Recherches cliniques et sociologiques sur le couple et la famille, 1987, 3 e trimestre, pp. 104120;Google Scholar Schneider, W. H., « L'eugénisme en France : le tournant des années trente », Sciences sociales et Santé, vol. IV, n° 3-4, nov. 1986, pp. 81114.CrossRefGoogle Scholar

50. Ces investigations ont quelque parenté avec les enquêtes statistiques ultérieures sur les conditions de vie des ménages, l'emploi et les taux d'activité, cf. J. Desabie, 1987, « Les enquêtes sur les conditions de vie des ménages », dans J. Affichard éd., Pour une histoire de la statistique, op. cit. Cependant, elles s'inscrivent ici dans un tout autre ordre d'évaluation et il ne s'agit pas de contribuer à établir une mesure des capacités industrielles ni de leur coût.

51. J. Sutter, « Le facteur qualité en démographie », op. cit., p. 307.

52. J. Sutter, « L'eugénique. Problèmes, méthodes, résultats », op. cit., p. 219.

53. Id., pp. 221-222. Sur le développement, en France, de la psychologie industrielle et des techniques de management, en rapport avec la constitution de l'identité des cadres, voir L. Boltanski, Les cadres. La formation d'un groupe social, op. cit.

54. J. Sutter, « L'eugénique. Problème, méthodes, résultats », op. cit., p. 235.

55. J. Sutter, compte rendu critique de l'ouvrage de Osborn, F., Préface to Eugenics, New York-Londres, Harper, 1940,Google Scholar Population, n° 1, 1946, pp. 743-744.

56. J. Sutter, « Le facteur “ qualité ” en démographie », op. cit., p. 303.

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59. J. Sutter, « L'eugénique. Problèmes, méthodes, résultats », op. cit., pp. 9-10.

60. L. Thévenot, « Les enquêtes Formation qualification professionnelle et leurs ancêtres français », op. cit.

61. Cette enquête est le résultat de questions ajoutées à un sondage sur le revenu des familles réalisé auprès de 650 hommes. Il y est fait référence dans les enquêtes ultérieures de l'INED effectuées par M. Brésard et A. Girard, ainsi que dans l'ouvrage classique de Glass, D. sur la mobilité sociale, Social Mobility in Great Britain, Londres, Routledge and Kegan Paul, 1954.Google Scholar Pour plus de détails, voir L. LIVI, « Sur la mesure de la mobilité sociale », Population, janvier-mars 1950 et L. Thévenot, op. cit.

62. L. LIVI, op. cit., p. 76.

63. Brésard, M., « Mobilité sociale et dimension de la famille », Population, n° 5, juillet-septembre 1950.CrossRefGoogle Scholar

64. Cette enquête, réalisée en 1948 sur un échantillon de 3000 hommes actifs de 18 à 50 ans, s'appuie sur un important questionnaire remontant des lignées sur quatre générations et comprenant notamment une question sur la profession envisagée par les enfants, L. Thévenot, op. cit. 65. Dumont, A., Natalité et démocratie, conférences faites à l'École d'Anthropologie de Paris, Paris, Schleicher Frères, 1898, pp. 182184.Google Scholar

66. Id.,p. 113.

67. M. Brésard, op. cit., p. 563.

68. Girard, A., « Mobilité sociale et dimension de la famille », Population, 6, janvier-mars 1951.CrossRefGoogle Scholar

69. J. Affichard, « L'enquête Emploi », dans J. Affichard éd., Pour une histoire de la statistique, op. cit., pp. 87-115.

70. J. Desabie, « La mobilité sociale en France », Bulletin de la Sedeis, novembre 1955, p. 2.

71. Id. , p. 23.

72. J. Desabie ajoute la critique suivante : « On n'oubliera pas non plus qu'un test est toujours conçu par un membre des classes moyennes ou supérieures et (…) ne saurait classer défavorablement son auteur ni les gens qui lui ressemblent », Id.

73. L. Livi, op. cit.

74. A. Girard, « Mobilité sociale et dimension de la famille », op. cit.

75. M. Brésard, op. cit.

76. Heuyer, G., Pieron, H., Mme Pieron, H. et Sauvy, A. éds, « Le niveau intellectuel des enfants d'âge scolaire. Une enquête nationale dans l'enseignement primaire », Cahiers de l'Ined, n° 13, Paris, PUF, 1950.Google Scholar

77. Sur l'importance du rôle de G. Heuyer dans la constitution du corps des pédo-psychiatres, sur leur champ d'intervention et leurs rapports avec le système éducatif, voir P. Pineix et M. Zafiropoulos, « La médicalisation de l'échec scolaire ; de la pédopsychiatrie à la psychanalyse infantile », Actes de la Recherche en Sciences sociales, n° 24, novembre 1978, pp. 23-49 ; N. Lefaucheur, « Quand leur situation était inférieure à celle de l'orphelin », op. cit. Nadine Lefaucheur souligne que Heuyer, tout en étant influencé par les théories de la dégénérescence développées par Morel, Magnan et Dupré, parlera de « fait hérédo-social ». 78. Rapport du docteur Préault sur le but de l'enquête de la Fondation cité dans G. Heuyer, H. Pieron, Mme H. Pieron et A. Sauvy éds, op. cit. Sans retracer ici l'évolution de cette notion de « capital humain », rappelons que l'économiste I. Fisher, généralisant le concept de capital à toute source d'un flux de revenus, propose d'y inclure les êtres humains comme « capital humain », The Nature of Capital and Income, New York, Macmillan, 1906. Instigateur de l'American Eugénie Society, préoccupé des investissements de santé améliorant la machine humaine considérée comme machine industrielle, I. Fisher fut membre fondateur du Comittee of One Hundred for National Health, destiné à favoriser la création d'un ministère de santé publique, A. COT, « Le gène et l'intérêt, l'anamorphose d'Irving Fisher »,OEconomia,n° 6,1989, pp. 89-107. Annie Cot rappelle que Maurice Allais, dans la notice nécrologique qu'il a consacrée à I. Fisher en 1947 dans la Revue d'Économie politique, rend hommage à sa « campagne pour le développement de l'hygiène, de la santé et de l'eugénisme » et exhorte à suivre son exemple pour éviter « la dégénérescence du monde civilisé par la décadence physiologique des éléments supérieurs et la reproduction excessive des éléments inférieurs ». Le lien entre santé publique et eugénisme, via la notion de capital humain, est très étroit chez les eugénistes français des années vingt. Pour Sicard de Plauzole, dont les Principes d'hygiène publiés en 1927 sont préfacés par Pinard, le rôle de l'eugénisme est, dans la zootechnique humaine, d'assurer la production du meilleur capital humain tandis que l'hygiène sociale assure le meilleur rendement du capital investi, W. H. Schneider, « L'eugénisme en France : le tournant des années trente », op. cit, p. 91. Dans les Cahiers du bolchevisme, le député communiste Georges Lévy reprend cette notion de capital humain empruntée à Sicard pour rappeler que « les dépenses de santé publique sont d'excellents placements, puisqu'elles économisent, pour l'avenir, la dégénérescence de la race, la morbidité, la mortalité », Lévy, G., « Le problème de la santé publique en France », Cahiers du bolchevisme, n° 14, 1937, pp. 4861 Google Scholar (cité dans W. H. Schneider, op. cit., p. 109).

79. G. Heuyer, H. Pieron, Mme H. Pieron et A. Sauvy éds, op. cit., p. 27.

80. Id., pp. 11-12.

81. Girard, A., « L'orientation et la sélection des enfants d'âge scolaire dans le département de la Seine », Population, n° 1, 1953, p. 650.Google Scholar

82. Id., p. 661.

83. Laugier, H. éd., « Le niveau intellectuel des enfants d'âge scolaire. La détermination des aptitudes. L'influence des facteurs constitutionnels, familiaux et sociaux », Cahiers de l'Ined, n° 23, Paris, PUF, 1954.Google Scholar

84. Girard, A., La réussite sociale en France, ses caractères, ses lois, ses effets, Travaux et documents, n° 38, Paris, INED-PUF, 1961, p. 21.Google Scholar

85. Girard, A., « Le choix du conjoint. Une enquête psycho-sociologique en France », Cahiers de l'INED, n° 70, Paris, 1974 (2e édition).Google Scholar

86. Id., introduction à la première édition.

87. A. Girard, « La réussite sociale en France, ses caractères, ses lois, ses effets », op. cit. Pour une critique de la psychologie de la mobilité sociale développée par Cl. Lévy-Leboyer, voir Merllié, D., « Psychologie et mobilité sociale », Actes de la Recherche en Sciences sociales, n° 3, 1975, pp. 94105.CrossRefGoogle Scholar

88. L. Boltanski et L. Thévenot, Les économies de la grandeur, op. cit.

89. Dans Les économies de la grandeur, nous avons examiné les fondements des ordres civique et industriel, tels que les déploient les philosophies politiques de J.-J. Rousseau et C.-H. de Saint- Simon. Dans la construction politique systématisée par ce dernier, les grands sont des savants ou des industriels capables, dont les travaux sont « d'une utilité positive à la société », et les petits des « oisifs et des fainéants », voir De Saint-Simon, C.-H., L'organisateur, dans OEuvres, Paris, Dentu, E., 1869, vol. 4, p. 24.Google Scholar C'est par rapport à cette capacité de citoyen actif pour la production, Du système industriel, id., vol. 5, pp. 45-46, que trouvent leur pertinence les classifications selon la qualification professionnelle, notamment les classifications des conventions collectives dont A. Desrosières a montré la marque sur les nomenclatures des catégories socio-professionnelles construites par l'Insee, Desrosières, A., « Éléments pour l'histoire des nomenclatures socio-professionnelles », Pour une histoire de la statistique, t. 1, INSEE, 1977.Google Scholar Ajoutons que cette grandeur engage l'avenir et justifie des dispositifs d'organisation systématique et de prévision qui préfigurent la planification, L'organisateur, op. cit., p. 53.

90. A. Girard, « L'orientation et la sélection des enfants d'âge scolaire dans le département de la Seine », op. cit., pp. 648-649.

91. A. Girard, « La réussite sociale en France », op. cit., pp. 351-355.

92. J. Sutter, « L'eugénique », op. cit., p. 197.

93. A. Girard, « La réussite sociale en France », op. cit., pp. 352-353.

94. Id., p. 350.

95. La construction d'une grandeur domestique compatible avec une commune humanité empêche d'attacher la grandeur à une personne et éloigne d'une qualification héréditaire.

96. A. Girard, « La réussite sociale en France, ses caractères, ses lois, ses effets », op. cit., préface d'A. Sauvy, p. 14.

97. Girard, R. et Bastide, H., « La stratification sociale et la démocratisation de l'enseignement », Population, n° 3, juillet-septembre 1963, pp. 458, 471-472.Google Scholar

98. Id., pp. 458, 464.

99. P. Bourdieu, « La transmission de l'héritage culturel », dans Darras, op. cit. ; R. Girard et H. Bastide, « La stratification sociale et la démocratisation de l'enseignement », op. cit. ; Clerc, P., « La famille et l'orientation scolaire au niveau de la sixième. Enquête de juin 1963 dans l'agglomération parisienne », Population, n° 4, 1964, pp. 637644;Google Scholar Girard, A. et Clerc, P., « Nouvelles données sur l'orientation scolaire au moment de l'entrée en sixième », Population, n° 4, 1964.Google Scholar

100. P. Bourdieu, « La transmission de l'héritage culturel », op. cit., p. 397.

101. Id., p. 397.

102. Bourdieu, P. et Passeron, J.-C, Les héritiers. Les étudiants et la culture, Paris, Éditions de Minuit, 1964.Google Scholar

103. P. Bourdieu, « La transmission de l'héritage culturel », op. cit., p. 419.

104. L'enquête, réalisée comme les suivantes deux ans après chaque recensement général de population, portait en 1964 sur un chantillon de 23 000 personnes. Sur cette enquête et les deux suivantes, effectuées en 1970 et 1977, voir L. Thévenot, « Les enquêtes Formation qualification professionnelle et leurs ancêtres français », op. cit., pp. 139-161.

105. M. Praderie, « Changements d'emploi et changements dans l'emploi », dans Darras, op. cit., avec la collaboration de M. Passagez, « La mobilité professionnelle en France », Études et Conjoncture, n° 10, octobre 1966.

106. M. Praderie, « Changements d'emploi et changements dans l'emploi », op. cit., p. 226.

107. M. Praderie, « Héritage social et chances d'ascension », dans Darras, op. cit., p. 330.

108. D. A. Mackenzie, op. cit.

109. L. Thévenot, « L'économie du codage social », op. cit.

110. Desrosières, A. et Thévenot, L., « Les mots et les chiffres : les nomenclatures socioprofessionnelles », Économie et Statistique, n° 110, avril 1979;CrossRefGoogle Scholar Desrosières, A., Goy, A., Thévenot, L., « L'identité sociale dans le travail statistique, la nouvelle nomenclature des professions et catégories socio-professionnelles », Économie et Statistique, n° 152, février 1983.CrossRefGoogle Scholar

111. L. Boltanski et L. Thévenot, Les économies de la grandeur, op. cit.