Dans le Japon moderne à l'époque des Tokugawa (1600-1868), la famille constitue le fondement socio-économique et religieux, à tous les échelons de la société. C'est vrai pour le shogun, au sommet de la hiérarchie (qui se distingue lui-même en utilisant le nom de Tokugawa pour désigner sa propre lignée), c'est vrai aussi pour les couches inférieures de la société, les roturiers (paysans, artisans, marchands), pour les daimyô, les seigneurs qui gouvernent leurs domaines au nom du chôgun mais sans lui rendre vraiment de comptes ainsi que pour les guerriers (samouraïs) qui, dans les villes, servent dans les administrations du shogun ou celles des daimyô. L'ensemble de la pyramide sociale obéit à ce principe. En théorie du moins, puisque statut social et lieu de résidence se transmettent héréditairement, il détermine donc le champ des possibilités offertes aux hommes et aux femmes.