Le 10 de Fevrier j'ai eu l'honneur d'être presenté au Roi en qualité de son Ambassadeur Extraordinaire et Plenipotentiare pres sa Majesté tres Chretienne, le meme jour Monsieur Fawkener fut nommé secretaire d'Ambassade, nous allâmes deja depuis quelque terns tous les jours au bureau de Milord Grantham (secretaire d'Etat aiant le departement des affaires etrangeres) pour lire les differentes correspondances qui pouvoient nous etres utiles en nous fournissant les instructions necessaires pour la commission dont nous vinmes d'etre chargés. J'ai commencé par celle de M. Grenville, qui fut envoié en France pendant le ministere de M. Fox, le printems passé pour entamer une negociation avec la cour de Versailles et generalement avec toutes les puissances belligerantes.

M. Le Comte de Vergennes Ministre d'Etat aiant le department des affaires etrangeres, etoit le ministre avec lequel M. Grenville devoit naturellement avoir affaire, ce seigneur paroit avoir beaucoup des talens necessaires pour former un grand politique; sous un dehors froid il possede une grande etendue de connoissances, avec une certaine façon de parler extrement mesurée, quoique toujours remplie de proffessions de franchise et de la sincerité. Les premieres conferences ne donnoient pas lieu de se flatter que l'affaire pût se terminer bientôt, un certain hauteur de la part du Ministre Français semblait au contraire annoncer des difficultés presque impossibles è vaincre.