Published online by Cambridge University Press: 28 July 2009
Si on accepte que la source de droit est le mode de formulation de l'abstraction que constitue le droit, la tentation est grande d'abord de l'ignorer totalement au seul bénéfice de son contenu; le droit lui-même (ou plutôt l'image qu'elle nous en donne). Qu'importe en effet la bouteille; ce qui compte c'est le vin. C'est pourquoi sans doute l'étude des sources du droit est relativement négligée par rapport á celle du droit. A supposer toutefois que l'attention du juriste soit retenue par la source, il est facilement enclin á ne la considérer que dans sa forme (est-elle d'ailleurs autre chose qu'une forme?) comme un objet détaché des éléments justificatifs de sa naissance et, parmi ceux-ci, de son auteur. Existeraient ainsi des coutumes, des lois, des décisions de jurisprudence ou des ouvrages de doctrine, objets matériels reflétant l'alchimie complexe du processus aboutissant au phenomene juridique. Certes la genése de ces objets obéit elle-même á des régies de droit permettant le plus souvent d'en assurer la validité dans un ordre juridiqué déterminé. Nous demeurons ainsi dans le domaine du droit et, frèquemment, l'investigation s'arrête la. L'univers qui sous-tend la source formelle est ignore. Dé meme sont négligés les acteurs de la lutte pour la maîtrise du paysage juridique: le peuple, le prince, le juge ou le savant. Ce sont précisément ces acteurs et ce paysage qui constituent l'essentiel de mon propos. Quant à son cadre géographique, il est forme de l'Afrique non-islamisée contemporaine d'une part, de la France medievale et moderne de l'autre.