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Alisha Reaves, Discourse Markers in Second Language French. (Research on New Waves in Pragmatics). New York/London: Routledge, 2023, x + 167 pp., 978 1 03 234766 0

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Alisha Reaves, Discourse Markers in Second Language French. (Research on New Waves in Pragmatics). New York/London: Routledge, 2023, x + 167 pp., 978 1 03 234766 0

Published online by Cambridge University Press:  02 May 2024

Mathilde Dargnat*
Affiliation:
Université de Lorraine et ATILF-CNRS Nancy France
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Abstract

Type
Book Review
Copyright
© The Author(s), 2024. Published by Cambridge University Press

Cet ouvrage étudie la production et l’évolution de la production des marqueurs discursifs (MD) dans une population d’apprenants adultes de français L2.

Dans le chapitre 1, l’auteure embrasse les différentes questions que soulèvent ce type d’étude, en particulier le rôle des MD et des compétences grammaticales, sociolinguistiques et pragmatiques dans l’apprentissage d’une langue seconde.

Les chapitres 2 et 3 présentent les éléments théoriques et les données de base pour catégoriser et lister les principaux MD en français L1.

Le chapitre 2 évoque les débats terminologiques et indiquent les propriétés retenues : la non- participation au contenu propositionnel, le détachement et l’optionnalité syntaxiques. Le cœur de la discussion concerne l’attribution de significations/fonctions aux MD, en particulier la question de la composante sémantique (conceptuelle) et/ou pragmatique (procédurale) de ces significations/fonctions et la question associée des domaines de leur portée. Ce chapitre est une excellente synthèse des différentes approches mentionnées et conduit à une position à la fois nuancée et précise.

Le chapitre 3 liste et illustre les quinze marqueurs les plus courants en français hexagonal et leurs principales fonctions telles qu’elles sont proposées dans un certain nombre d’études. Les marqueurs sont présentés par ordre alphabétique (Alors, Ben, Bon, Donc, En effet, En fait, Enfin, Hein, Mais, Oui, Parce que, Puis, Quoi, Tu sais, Voilà), et à chaque cas correspond un exemple emprunté auxdites études.

Le chapitre 4, très documenté, fait le point sur les connaissances à propos de l’usage des MD dans l’apprentissage d’une L2. L’auteure tire cinq conclusions des travaux antérieurs, qui constituent des hypothèses à tester pour sa propre étude au regard de la progression du niveau de compétence des apprenants de français L2. Il s’agit par exemple de la moindre fréquence de marqueurs en L2 par rapport à la L1, d’un usage accru des MD en L2 à mesure que la compétence augmente, ou encore de la sur ou sous-représentation des MD chez les apprenants. D’autres variables sont également évoquées. Cela amène à poser la question de la possibilité d’enseigner les MD en tant que tels et de la manière de les enseigner activement.

Le chapitre 5 expose la méthodologie de l’expérience menée, en comparant dans un premier temps l’approche contrastive et l’approche par interlangue. Les choix méthodologiques ont été faits pour répondre à quatre objectifs : 1) la répétabilité de l’expérience ; 2) la focalisation sur les différents stades d’acquisition de la L2 (états de l’interlangue) ; 3) le déclenchement de la production de MD variés dans différents contextes ; 4) le déclenchement de la production de fonctions de MD variées dans différents contextes. Le protocole expérimental est ensuite décrit dans le détail.

Les chapitres 6 et 7 exposent les résultats de l’expérience, respectivement pour les locuteurs natifs et pour les locuteurs apprenants. Les deux études sont structurées de la même manière et consistent en une exploitation des données recueillies, avec en plus, pour les données concernant les apprenants, la prise en compte de trois niveaux de compétence. Des tableaux et des graphiques sont proposés dans les deux cas pour lister et chiffrer de manière absolue et relative les marqueurs dit uniques (non agrégés) les plus utilisés. Ces réflexions et hypothèses enrichissent l’étude des MD en français L2 et interrogent aussi le fonctionnement en français L1 et les propriétés fondamentales des MD dans la communication.

Le chapitre 8 joue le rôle de synthèse et de conclusion. Sont d’abord rappelés les résultats pertinents, à savoir que les apprenants : 1) produisent moins de marqueurs que les locuteurs natifs, 2) utilisent davantage de marqueurs à mesure que leur compétence augmente, 3) sur- ou sous-emploient certains marqueurs par rapport aux locuteurs natifs, 4) font varier les fonctions des marqueurs et les diversifient à mesure que leur compétence en L1 augmente. La section 8.4 propose un retour intéressant qui mêle réflexions théoriques sur les composantes procédurale et conceptuelle de la signification des marqueurs et leur facilité d’apprentissage observée dans les données recueillies. Le chapitre se termine sur l’intérêt méthodologique d’une approche qui part des fonctions (et pas des formes) et qui prend en compte l’impact du type de tâche sur la constitution des données, et sur quelques implications pédagogiques.

L’ouvrage est rigoureux et clair quant à la démarche entreprise et constitue un exemple académique très réussi de structuration du contenu en chapitres qui s’articulent et se répondent. La portée des réflexions et des analyses est plus large que ce que le titre annonce, puisque les conclusions tirées ouvrent des perspectives stimulantes tant au niveau théorique qu’empirique et sont pertinentes pour la description du français L2, mais aussi pour celle du français L1.