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Hilgert Emilia , Palma Silvia , Frath Pierre et Daval René (dir.), Res per nomen IV: Les théories du sens et de la référence. Hommage à Georges Kleiber. Reims: Éditions et presses universitaires de Reims, 2014, 661 pp. 978 2 915271 80 5 (broché)

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Hilgert Emilia , Palma Silvia , Frath Pierre et Daval René (dir.), Res per nomen IV: Les théories du sens et de la référence. Hommage à Georges Kleiber. Reims: Éditions et presses universitaires de Reims, 2014, 661 pp. 978 2 915271 80 5 (broché)

Published online by Cambridge University Press:  07 December 2015

Bert Peeters*
Affiliation:
ANU et Griffith University, School of Literature, Languages and Linguistics, Australian National University, Canberra ACT 2601, AustralieBert.Peeters@anu.edu.au
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Abstract

Type
Book Review
Copyright
Copyright © Cambridge University Press 2015 

Peu de linguistes auront marqué la scène linguistique française des quarante dernières années autant que Georges Kleiber, “ce Rabelais de la sémantique” (Irène Tamba, 514) qui, entre 2005 et 2014, s'est vu remettre pas moins de quatre volumes d'hommages, dont les actes du colloque Res per nomen IV (Reims, 2013) où il est lui-même intervenu. Le thème du colloque était la dénomination, concept clé dans la pensée de celui que l'introduction (9–16) décrit comme l’‘initiateur de la sémantique référentielle’ (9). C'est en effet vers 1980 que Kleiber a problématisé la question de la référence dans la pensée linguistique francophone, en en privilégiant la forme linguistique qu'est la dénomination. Celle-ci est abordée de multiples façons, classées avec plus ou moins de bonheur dans six rubriques: la référence (17–119, sept contributions), le sens (121–283, dix contributions), l’évolution lexicale (285–386, six contributions), les noms propres (387–498, sept contributions), les proverbes (499–564, quatre contributions) et l'anaphore (565–661, six contributions). Les amateurs de linguistique française trouveront de quoi nourrir leurs propres réflexions dans les cinq derniers volets, le premier regroupant des contributions pour la plupart d'ordre théorique qui, faute de place, seront passées sous silence. Ne seront pas mentionnées non plus, dans les autres volets, les études portant sur d'autres langues (l'anglais, l'arabe dialectal marocain, l'italien, le portugais) ou ne relevant pas du domaine de la linguistique proprement dite. Renvois explicites à des domaines où Georges Kleiber a beaucoup innové, les trois derniers volets présentent la plus forte cohérence thématique et méritent d’être relevés avant les autres.

Le premier d'entre eux regroupe des contributions se rapportant à la catégorie des noms propres. On y trouvera une analyse de même postposé (Nantes même, Napoléon lui-même; Marleen Van Peteghem et Céline Cortel, 419–434), un examen des constructions appositives à nom propre (An Vande Casteele, 435–447), une description des effets de sens des noms propres (La France a battu l'Italie) et de leurs dérivés (Sarkozy > Sarkocescu; Georgeta Cislaru, 467–481) et l’étude d'un échantillon de noms d'auteur précédés de la préposition en (Patricia C. Hernández, 483–498).

Plus bref que les autres, le volet parémiologique est consacré aux proverbes métaphoriques et à la distinction entre sens gnomique et sens compositionnel (Irène Tamba, 501–516), aux proverbes dans leur contexte discursif (Sonia Gómez-Jordana, 551–564), à la troncation des proverbes en langue et en discours (Silvia Palma, 517–530) et aux proverbes prescriptifs (Jean-Claude Anscombre, 531–549).

Toutes les contributions du volet consacré à l'anaphore concernent uniquement celle-ci, y compris l'anaphore associative, à l'exception de celle de Marek Kęsik (567–578), qui envisage également (voire avant tout) la cataphore, traditionnelle aussi bien qu'associative. Il y a en outre des études sur ici et l'anaphore (dans des constructions du type nous sommes ici dans + SN; Marcel Vuillaume, 579–593), les adjectifs spatio-temporels suivant et prochain (Marta Sobieszewska, 595–609) et les anaphores associative et possessive (Un village. . .; son église. . .; Mathilde Salles, 611–626).

Restent les volets deux et trois. Les ‘problèmes sémantiques’ (121) abordés dans le deuxième volet concernent surtout les classes de noms et les catégories linguistiques. Mentionnons, parmi les premiers, la problématique de la détermination (essentiellement à l'aide d'articles) des noms de qualités, de sentiments et d’émotions (Georges Kleiber, 123–138), l'opposition entre massif et comptable (El Mustapha Lemghari, 139–154), la dépendance syntactico-sémantique des noms syncatégorématiques comme blancheur et jardinage (qui présupposent l'existence d'entités supports comme cheveux et jardin; Richard Huyghe, 155–171) et les SN comportant un adjectif classifiant permettant des sous-catégorisations du type genre > espèce (par ex. vin > vin blanc, rouge, rosé; Jan Goes, 219–236). En revanche, alors que les propositions typologiques de Vincent Nyckees (173–188) cherchent à mettre de l'ordre dans le domaine de la polysémie et de l'homonymie, Julien Longhi (189–204) s'occupe de la polysémie du mot pigeon dans le cadre de sa ‘Théorie des Objets Discursifs’. Hélène Vassiliadou (253–268) étudie la séquence c'est-à-dire, qu'elle compare avec à savoir et bref.

Le troisième volet est un vrai fourre-tout où, ironiquement, il n'est question d’‘évolution lexicale’ (285) que dans deux contributions, l'une consacrée aux mots goût et saveur (Michèle Biermann-Fischer et Daniéla Capin, 305–321), l'autre au vocabulaire de la marine (Jacques François, 323–342). En revanche, il est question de glissements lexicaux en synchronie dans une étude sur l'usage non temporel d'outils linguistiques de la temporalité (Aude Rebotier, 343–359), de morphologie lexicale non entérinée par l'usage (essentiellement à l'aide du préfixe dé-; Francine Gerhard-Krait, 361–376) et des glissements référentiels de l'expression révolution française (Catherine Brégeaut, 377–386). Le regretté David Trotter (287–303) aborde le problème de l’établissement du sens en ancien français.

Il y a des actes qui ne voient le jour qu'au bout de plusieurs années. D'autres sortent très vite. C'est sans doute une marque de l'estime dans laquelle Georges Kleiber est tenu par ses collègues qu'il n'a fallu que quinze mois pour qu'un volume réunissant les travaux de quarante d'entre eux soit publié en son honneur.