Published online by Cambridge University Press: 12 June 2008
Pour le projet EPR (European Pressurized Reactor) de Flamanville, EDF a décidé de prendre en compte la radioprotection dès la phase de conception, au même titre que la sûreté. L’approche pour traiter les activités à forts enjeux radioprotection a été d’intégrer tous les acteurs, concepteurs, exploitant, entreprises intervenantes lors de 3 étapes successives, d’abord une enquête auprès des intervenants et concepteurs, puis l’étude des propositions, enfin la phase décisionnelle au sein d’un comité ALARA. L’objectif radioprotection qu’EDF s’est fixé pour ce nouveau réacteur est de se situer dans une démarche de progrès continu et d’optimisation en comparaison aux meilleures tranches du parc avec un objectif fixé actuellement en dose collective à 0,35 H Sv/an et par tranche. Le travail porte entre autre sur une démarche d’optimisation des travaux les plus exposants avec un nouvel enjeu des interventions dans le bâtiment réacteur, tranche en fonctionnement, et ceci pour améliorer la disponibilité de la tranche. Il est envisagé d’intervenir 7 jours avant l’arrêt du réacteur et 3 jours après, ceci pour préparer la logistique des interventions à venir. L’estimation de la perte sans optimisation est actuellement de 4,5 % sur la dose annuelle. Pour cela, deux zones dans le bâtiment réacteur de l’EPR ont été créées, une zone inaccessible chargée de collecter les fuites du circuit primaire et une zone accessible tranche en fonctionnement, séparée de la zone accessible par des moyens de ventilation et installation adaptés. Pour se protéger des flux de rayonnements (neutrons et γ de haute énergie), les études de radioprotection ont conduit à la mise en place d’un plancher béton, de protections neutroniques à la sortie des tuyauteries primaires et au renforcement des casemates GV et des pompes. L’ensemble de ces dispositions conduira à ce que la zone accessible soit classée zone verte (débit de dose inférieur à 25 µSv/h) avec un débit de dose neutrons inférieur à 2,5 µSv/h. Pour améliorer la dosimétrie au sein de l’EPR, le travail a porté sur deux paramètres intervenant dans le calcul de dose : le débit de dose et le volume de travail exposé. Les principales évolutions de conception dans le domaine de la radioprotection ont été réalisées par rapport au dernier palier existant, le palier N4. Pour garantir la propreté radiologique, il est nécessaire de confiner la contamination au plus près de la source sur les tranches en exploitation. Les objectifs de ce type de zonage sont essentiellement de permettre à l’exploitant de produire des déchets conventionnels issus de zone contrôlée pour diminuer la quantité de déchets nucléaires produits, de permettre lors du démantèlement de diminuer les volumes de déchets nucléaires et de réduire les zones où il existe un risque de contamination et limiter ainsi tout transfert de contamination à l'extérieur des installations. Au total, cette démarche d’optimisation a permis d’estimer un gain de 21 % entre la dose de référence et la dose optimisée EPR. La radioprotection, enjeu stratégique de l’entreprise EDF, sort peu à peu du cercle restreint des experts et devient un domaine transverse où le travail en équipe pluridisciplinaire prime dès la phase de conception.