Dans la pensée des économistes classiques, le commerce international constitue simplement un aspect particulier de la division du travail. Etant donné le progrès technique des moyens de communication et si l’on réduit le coût du transport à une proportion insignifiante, il est facile de soutenir, en effet, que tous les avantages de la production spécialisée et massive sont acquis aux échanges d’une envergure mondiale.
Si l’on simplifie le problème en ne considérant que deux unités économiques différentes — deux nations, si l’on veut, puisque l’histoire politique et sociale s’est appliquée généralement à les intégrer dans un moule économique qui leur est propre — pour peu que les facteurs de production y soient divers, il est facile de concevoir le grand avantage qu’elles tireront de relations mutuelles d’échange. La première, gratifiée d’un climat idéal, d’un sol riche, d’une main-d’œuvre abondante mais insuffisamment habile et munie d’un capital trop restreint, se consacrera à l’agriculture dont les produits pourvoiront à sa nourriture et lui permettront d’acquérir par voie d’échange des machines et des vêtements; ceux-ci seront produits par l’autre nation dont le sol est moins fertile, mais qui possède d’abondants capitaux, mis en œuvre par une population industrieuse et raffinée. Chacune aura l’avantage de ne pas devoir vaincre les obstacles environnants au prix de mille labeurs; en exploitant simplement les éléments dont la nature la favorise, elle pourra se procurer sans peine par le commerce des objets qui, chez elle, seraient pénibles à produire.