Research Article
Les finances publiques belges en 1948
- Albert Edouard Janssen
-
- Published online by Cambridge University Press:
- 17 August 2016, pp. 3-20
-
- Article
- Export citation
-
Quatre ans déjà se sont écoulés depuis que résolument la Belgique entreprit l’assainissement de ses finances délabrées par les conséquences d’une occupation se traduisant dans le domaine financier par une expansion monétaire d’environ 70 milliards, un accroissement de la dette publique de 97 milliards et une diminution du patrimoine national au point que la réparation intégrale des dommages matériels du secteur privé uniquement coûterait en francs actuels un montant qui, certainement, dépasserait les 100 milliards.
Il faut rendre hommage aux dirigeants de l’époque d’avoir eu le courage d’entreprendre cet assainissement monétaire qui, en somme, était la première opération systématique et complète dans son genre.
L’assainissement monétaire n’a pas uniquement endigué l’avilissement de la valeur de notre monnaie en épargnant ainsi au pays les maux bien connus d’une inflation profonde. Il a aussi puissamment contribué à établir l’équilibre de l’économie intérieure bien avant que d’autres pays qui, à l’issue de la guerre se trouvaient dans des conditions économiques semblables aux nôtres, y soient parvenus.
Cet équilibre se manifeste dans notre balance des comptes, nos budgets, le pouvoir d’achat des salaires belges, ainsi que dans le niveau de notre circulation. Il nous indique que la Belgique a choisi la bonne voie.
Au cours d’un très récent voyage aux Etats-Unis d'Amérique, j’ai encore pu constater que dans les milieux dirigeants, tant politiques que financiers, la situation de la Belgique est jugée très favorablement et est souvent citée en exemple. A nous, de persévérer dans cette bonne voie.
Les finances privées
- Charles Roger
-
- Published online by Cambridge University Press:
- 17 August 2016, pp. 21-31
-
- Article
- Export citation
-
Au cours de l’année écoulée, l’évolution des marchés financiers en Belgique s’est dévelopée selon les lignes amorcées les années précédentes. Les autorités monétaires ont poursuivi, d’une manière systématique, la politique de restriction de crédit et de taux d’intérêt relativement élevés
La diminution des dépôts bancaires a réduit les moyens d’action des institutions de crédit et les a amenées à veiller spécialement à la liquidité de leurs placements.
La bourse des valeurs mobilières est restée défavorablement orientée et le mouvement d’affaires traitées est resté relativement faible. Les cours des fonds d’Etat et des obligations ont baissé modérément et l’indice des valeurs à revenus variables se situe, en fin d’année, à un niveau inférieur de 6 % à celui du début de l’exercice. Dans l’ensemble, les appels de capitaux par les sociétés sont restés très inférieurs à la normale.
Grâce au rythme d’activité intense qui s’est maintenu tant dans le domaine de la production que dans celui des échanges, le chiffre d’affaires des banques privées s’est situé à un niveau élevé.
Les moyens propres n’ont augmenté en 1948 que de 100 millions de francs, alors que l’année précédente les augmentations de capital mises en réserve de bénéfices pour réévaluation d’actif avaient porté sur 900 millions de francs.
L’évolution bancaire en 1948 a été dominée par la diminution du total des moyens d’action mis à la disposition des établissements privés de crédit. Alors que ceux-ci atteignaient 60.930 millions au 31 décembre 1946 et 58.865 millions à fin décembre 1947, le total des fonds propres et étrangers mis à la disposition des banques à fin dècembre 1948 était descendu à 56.232 millions de francs.
L’industrie charbonnière belge devant la menace des importations
- Charles Demeure de Lespaul
-
- Published online by Cambridge University Press:
- 17 August 2016, pp. 33-68
-
- Article
- Export citation
-
L’industrie charbonnière belge a réalisé, en 1948, de nouveaux et sensibles progrès dans le relèvement de sa production. Elle l’a accrue de près de deux millions trois cent mille tonnes par rapport à l’année précédente, la portant ainsi à plus de 89 % de celle qu’elle avait atteinte en 1939.
Nos mines ont obtenu cet important résultat en effectuant l’apprentissage et la mise au travail de nouveaux contingents d’ouvriers italiens. Elles ont porté ainsi l’effectif du personnel présent dans leurs travaux, en décembre 1948, à 118 % de son niveau de 1939, contre 105 % en décembre 1947. Le rendement de ce personnet s’est, d’autre part, légèrement amélioré, passant à 80 % de celui de 1939 en décembre 1948, contre 77 % en décembre 1947.
L’augmentation de production ainsi réalisée, jointe au relèvement du prix de vente des charbons de certaines catégories, fixé par le Gouvernement en janvier et en mars 1948, aurait pu redresser partiellement la situation financière désastreuse des charbonnages belges, si celle-ci n’avait été aggravée par de nouvelles augmentations de salaires et de charges sociales, décrétées par les pouvoirs publics. L’Etat s’est vu forcé, sous peine de condamner de nombreux charbonnages à la fermeture, de prendre à sa charge les frais supplémentaires résultant de ses décisions, mais les subventions auxquelles il se trouve contraint lui paraissent, à présent, peser trop lourdement sur le Trésor.
D’autre part, le prix de revient élevé qui résulte des dépenses imposées par l’Etat, rend l’exportation de nos charbons très difficile, tandis qu’elle facilite l’importation des charbons étrangers sur notre marché intérieur non défendu.
Le mouvement social
- André Woronoff
-
- Published online by Cambridge University Press:
- 17 August 2016, pp. 69-93
-
- Article
- Export citation
-
La physionomie de l’année 1948 apparaîtra, aux yeux des observateurs du mouvement social en Belgique, très différente de celle des années précédentes, écoulées depuis la fin de la guerre.
Jusqu’en 1947, en effet, l’accroissement du volume de l’emploi avait été constant, une hausse continue des salaires et des avantages sociaux avait tout naturellement suivi cette expansion, et des mesures, telles que la mobilisation civile, avaient dû être prises pour pallier les effets de la pénurie de main-d’œuvre. Mais en 1948 l’expansion prit fin. Le retour à des conditions considérées comme normales devenant de règle pour toute la vie économique du pays, une tendance à la normalisation se fit jour également dans le domaine des relations sociales entre employeurs et travailleurs. On peut en voir le signe dans l’abrogation du régime de la mobilisation civile ainsi que dans le retour progressif à la liberté des négociations collectives et au système de la liaison entre les salaires et l’indice des prix.
D’autre part, la principale réforme introduite dans notre législation sociale depuis 1944 fut le vote, par les Chambres, de la loi du 20 septembre 1948 portant organisation de l’économie. Jointe à d’autres réformes dites « de structure », telles que la modification des statuts de la Banque nationale (dont il ne peut être question dans le cadre limité du présent article), elle apporte une transformation importante, encore que non révolutionnaire, dans la vie interne de l’économie belge en général et surtout, dans la vie des entreprises.
Par contre, la législation en matière d’assurance et de.prévoyance sociales n’a subi que peu de retouches au cours de l’année sous revue.
La construction
- Alphonse Vasanne
-
- Published online by Cambridge University Press:
- 17 August 2016, pp. 95-115
-
- Article
- Export citation
-
L’absence de statistiques convenables constitue un handicap très sérieux pour tous ceux qui désirent aborder le problème de la construction. On ignore dans notre pays où nous en sommes quant à l’étendue véritable de la crise du logement. Des chiffres ont été avancés, parfois par la même personne, qui présentent des écarts de l’ordre de 100.000 unités. Encore serait-il vain de vouloir serrer cette question de plus près. On ne possède toujours pas encore le nombre de ménages à fin 1947. Or, c’est là incontestablement une donnée essentielle lorsqu’on veut déterminer la mesure dans laquelle, par rapport à l’avant-guerre, les besoins en logements ont évolué. Il est vrai que dès 1946 un spécialiste a évalué au 31 décembre 1945 le nombre de ménages à 2.716.439 (!), mais la précision même de cette estimation la rend suspecte. D’ailleurs, ce chiffre était supérieur au nombre de ménages recensés sous l’occupation alors que de multiples raisons incitaient la population à fausser la statistique par excès. Retenons de tout cela qu’on se trouve ici devant un problème qu’il est quasi impossible d’examiner d’une façon rigoureuse et cela explique sans doute l’extrême confusion qui s’y manifeste.
On ne peut même pas apprécier d’une manière satisfaisante l’effort accompli depuis la Libération. Une multitude de données généralement non concordantes ne semblent avoir été élaborées par l’administration que pour dérouter celui qui veut en savoir plus long. Souvent le secteur public lui-même est victime de statistiques dont la portée réelle n'est plus connue que de quelques rares initiés.
Ainsi, l’Institut national de Statistique publie, d’une façon fort modeste, le nombre d’autorisations de bâtir délivrées par les administrations communales.
L’agriculture belge en 1948
- Karel Pinxten
-
- Published online by Cambridge University Press:
- 17 August 2016, pp. 117-151
-
- Article
- Export citation
-
Au total, l’année agricole qui vient de finir n’a guère été caractérisée par des événements extraordinaires, ni du point de vue climatique, ni du point de vue économique.
En ce qui concerne les emblavements, les matières premières, les spéculations, tant animales que végétales, et même le mouvement des prix, nous avons assisté à une évolution plutôt normale qui a emboîté le pas au mouvement général de l’économie nationale.
Les facteurs fondamentaux tels que les engrais, les semences, les fourrages, n’ont plus causé la moindre difficulté du moins pour ce qui regarde les quantités disponibles; il n’en était pas toujours de même des prix.
Dans le domaine agricole international, la situation n’a pas subi de chocs jusque fin 1948. Nous savons que les prix américains s’étaient tenus pendant les années de reconversion à un niveau relativement très élevé. Ils y sont restés, en ordre principal, durant l’année qui vient de s’écouler.
La chute des prix des matières premières, allant de 5 à 25 % ne s’est manifestée qu’en février dernier et aura sa répercussion sur notre économie agraire pendant cette année.
Nous disions qu’en 1948 les prix agricoles s’étaient maintenus au triple environ des prix d’avant-guerre, alors que ceux des matières premières n’atteignaient que le double. Ive fait paraît être dû en partie aux récoltes déficientes de 1947 et en partie aussi au climat général créé par la guerre froide aux Etats-Unis et en U.R.S.S. surtout.
A l’intérieur du pays, l’économie agraire, pas plus que l’industrie, n’a ressenti les mesures de restriction et de réglementation que la politique d’austérité monétaire avait rendues inévitables les années précédentes.
La situation économique du Congo belge
- Maurice Masoin
-
- Published online by Cambridge University Press:
- 17 August 2016, pp. 153-172
-
- Article
- Export citation
-
La dernière analyse de la situation économique du Congo belge publiée au mois d’août 1948 dans ce bulletin, s’exprimait en ces termes : « L’économie congolaise offre à la crise des points faibles et des facteurs de résistance. Point faible est sa dépendance étroite de l’evolution des cours des matières premières. Facteur de résistance est le mouvement fondamental d’expansion qui emporte la Colonie du stade d’exploitation à celui de peuplement, avec les activités que comporte cette transformation et les débouchés qu’elle promet.
« L’expansion fondamentale suffirait-elle à compenser les répecussions d’une crise conjoncturelle ? Cela dépendra des rapports de force de l’une et de l’autre ».
L’on pourrait placer l’évolution des derniers mois sous le signe de cette réponse. Certains prix agricoles ont marqué un fléchissement, tandis que les prix des matières métalliques continuaient à faire preuve d’une certaine fermeté. Cependant, la production a continué à se développer ou s’est tout au moins stabilisée dans la plupart des secteurs de la production.
Dans l’ensemble, les revenus coloniaux enregistrèrent de nouveaux progrès.
Le fait est particulièrement marqué par l’évolution de la balance commerciale.
Quant à la balance des paiements, elle bénéficie en outre d’apports de capitaux assez importants.
Tous les indices financiers reflètent cette évolution favorable : les résultats budgétaires, le volume de la circulation monétaire.
Telle est la note générale qui se dégagera de l’analyse de la situation
Prix consommation, balance et revenus
- Fernand Baudhuin
-
- Published online by Cambridge University Press:
- 17 August 2016, pp. 173-196
-
- Article
- Export citation
-
1. —Si l’on peut en juger d’après l’index officiel, le niveau des prix de détail est demeuré pratiquement stable en Belgique durant toute l’année écoulée. Ainsi qu’on le verra plus loin, si l’on fait abstraction de la dernière tranche de hausse consécutive au retour à la liberté de la viande, en janvier 1948, l’index des prix de détail est resté stationnaire aux environs de 390, par rapport à la moyenne de 1936-1938. Si l’on prend comme point de départ l’avant-guerre immédiat, c’est-à-dire le premier semestre de 1939, l’index s’est établi vers 375. Si l’on déduit le montant des allocations compensatoires pour déterminer l’index des « économiquement faibles », le chiffre de 390 revient à 350 environ.
La stabilité que nous venons de signaler et qui s’est maintenue jusqu’en fin d’année, contrastait avec l’impression que laissaient les observations courantes. En raison de la concurrence renaissante on y discernait au contraire une forte tendance à la baisse, du moins sur tous les produits manufacturés.
Cette tendance est frappante en ce qui concerne les produits textiles, tant en gros qu’en détail. Des renseignements concordants permettent de fixer la baisse entre 10 et 15 p.c. pour l’année écoulée. Elle se traduit dans la chaussure ainsi que dans la plupart des articles de ménage. Elle est forte également pour les accessoires industriels, comme les petits moteurs, les pièces détachées et les objets analogues.
Dans l’ensemble, un assainissement est donc en cours par suite de la rationalisation de la production et aussi la compression des marges. En même temps se poursuit une baisse indirecte, par l’amélioration des qualités, sous l’influence de la concurrence renaissante.
La métallurgie en 1948
- Robert de Strycker
-
- Published online by Cambridge University Press:
- 17 August 2016, pp. 197-211
-
- Article
- Export citation
-
A l’exception de 1929, l’année dernière est celle pendant laquelle la production sidérurgique belge a atteint le niveau le plus élevé. A vrai dire, cette production n’est que de très peu supérieure à celles de 1928 et 1937. Il n’en est pas moins assez consolant de pouvoir constater que trois ans après la fin des hostilités en Europe, nous étions parvenus à retrouver ainsi les niveaux les plus favorables connus antérieurement. En ce qui concerne le Grand-Duché de Luxembourg, les coilclusions sont presqu’identiques : la production sidérurgique de 1948 n’a pas atteint celle de 1929 mais elle est voisine des résultats de 1928 et 1937, tout en leur restant légèrernent inférieure.
Dans l’ensemble, le progrès par comparaison avec 1947 est d’un peu moins de 40 % pour la Belgique et d’un peu plus de 40 % pour le Grand-Duché. Il va de soi que ces chiffres n’ont leur sens complet que si on les compare aux résultats atteints dans les autres grands pays industriels.On estime que pour l’ensemble du monde la production a atteint l’année dernière environ 12% de plus que l’année précédente. Il pourrait donc sembler, à première vue, que les sidérurgies belge et luxembourgeoise ont été particulièrement favorisées. A vrai dire et présentée sous ce jour, la comparaison n’est pas tout à fait valable, car les Etats-Unis ont fourni plus de la moitié de la production mondiale en 1947 et comme ils avaient déjà atteint leur capacité de production au cours de cette année, la production de fonte a été en 1948 pratiquement la même que l’année précédente.Pour l’ensemble des autres pays, la production de fonte a passé de moins de 44.000.000 tonnes à plus de 55.000.000 tonnes et le progrès moyen dépasse donc 25 %.
Le commerce extérieur de la Belgique en 1948 et au début de 1949
- Jean Jussiant
-
- Published online by Cambridge University Press:
- 17 August 2016, pp. 213-231
-
- Article
- Export citation
-
L’évolution du commerce extérieur de la Belgique, comme celle de toute l’économie belge, a été bien meilleure, durant l’année 1948, que l’on ne pouvait s’y attendre au début de celle-ci. A ce moment, en effet, les perspectives paraissaient peu favorables pour notre pays.
Les difficultés pour obtenir le payement de nos ventes à l’étranger ne faisaient que s’aggraver et le rythme de nos exportations dans de nombreuses directions s’en trouvait affecté.
Le manque de devises « dures » entravait les achats de nos principaux clients, car la politique d’assainissement monétaire que nous avions suivie n’avait pas seulement assuré la solidité du franc belge, elle l’avait classé parmi les monnaies rares. D’autre part, nous nous trouvions dans l’impossibilité d’accorder de nouveaux crédits à nos principaux acheteurs, sous peine d’abandonner la logique de la politique suivie. Avec 13 milliards de francs, soit 7 % de notre revenu national de l’année, le montant de ces crédits avait en effet atteint la limite de nos possibilités. Toute augmentation des exportations sans paiement, qui correspondent à ces crédits, aurait fait renaître la pression vers l’inflation dans le pays, tout en permettant à des économies étrangères de procéder à des investissements que nous refusions à nos propres activités, pour éviter cette même inflation.
Les importations, de leur côté, demeuraient aux chiffres élevés correspondant au redressement de notre économie et au rétablissement du standard de vie de la population à un niveau équivalent à celui d’avant-guerre.
Front Matter
LER volume 15 issue 1 Cover and Front matter
-
- Published online by Cambridge University Press:
- 17 August 2016, pp. f1-f6
-
- Article
- Export citation