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La poste au douar
Usagers non citoyens et état colonial dans les campagnes algériennes de la fin du XIXe siècle à la Seconde Guerre mondiale
Published online by Cambridge University Press: 03 April 2017
Résumé
Pendant toute la période coloniale, les usagers algériens sont largement absents des archives de l'administration des PTT (postes, télégraphes et téléphones). Si la conquête française ne marque pas l'« entrée en communication » des populations colonisées, dont les pratiques scripturaires sont anciennes, faut-il voir dans cette absence le refus motivé d'un progrès colonisateur ? L'entre-deux-guerres marque de ce point de vue un tournant : la pression des élus locaux et l'affluence des pétitions de villageois non citoyens reconfigurent un service public jusque-là accaparé par les usagers européens. Tardivement et toujours à moindres frais, l'administration favorise alors la desserte postale de régions enclavées.
Observant la situation coloniale dans ses manifestations les plus locales et les plus quotidiennes, l'article éclaire la question des écrits ordinaires et restitue l'épaisseur des usages d'un service de proximité. À condition de ne pas limiter l'étude à la présence française en Algérie et de pousser la documentation coloniale à révéler les rouages de la société algérienne et les réorganisations suscitées par la rencontre coloniale. Plaintes et pétitions disent ainsi quelque chose du rapport de populations non citoyennes, rurales et majoritairement illettrées à l'état colonial. L'utilisation inattendue de la poste et sa revendication subversive conduisent les colonisés à bricoler une identité politique qui emprunte certaines des pratiques des citoyens actifs et pousse les autorités franêaises à proposer des ajustements inédits.
Abstract
Throughout the colonial period, Algerian users are largely absent from administrative archives relating to postal services, telegraphs, and telephones (PTT). If the French conquest did not spur colonized populations, with their ancient writing practices, to “enter into communication,” should this absence be understood as the refusal of a progress that was itself colonialist? The period between the two world wars marked a turning point: pressure from local representatives and a wave of petitions from noncitizen villagers reconfigured a public service previously monopolized by European users. Belatedly, and with as little expense as possible, the administration finally supported postal services for isolated areas.
Observing the colonial situation in the most local and ordinary of its manifestations, this article sheds light on everyday writing practices and reinstates the “thickness” of a neighborhood service. Rather than limiting the study to the French presence in Algeria, this depends on pressing the colonial documentation to reveal the workings of Algerian society and the reorganizations prompted by the colonial encounter. Complaints and petitions thus illuminate the relation of noncitizen, rural, and mostly illiterate populations to the colonial state. These unexpected uses of the post and subversive demands for the service led colonized populations to piece together a political identity that borrowed certain practices from active citizens and drove the French authorities to propose unprecedented adjustments.
- Type
- Algérie coloniale
- Information
- Copyright
- Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris, 2016
References
* Cet article développe des résultats tirés de ma thèse : Annick, Lacroix, « Une histoire sociale et spatiale de l’État dans l’Algérie colonisée. L’administration des postes, télé- graphes et téléphones du milieu du xixe siècle à la Seconde Guerre mondiale », Ens Cachan, 2014 Google Scholar. Il est accompagné d’un dossier documentaire accessible sur le site de la revue (annales.ehess.fr), rubrique « Compléments de lecture ». Je remercie Augustin Jomier, Camille Lefebvre et Catherine Mayeur-Jaouen pour leurs précieuses remarques.
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5 Dans les régions rurales, chaque commune (mixte ou de plein exercice) est composée de plusieurs douars, eux-mêmes divisés en hameaux (mechtas). Un douar peut compter jusqu’à plusieurs milliers d’habitants.
6 Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les populations colonisées possèdent la nationa- lité française mais n’ont pas la qualité de citoyens (sauf ceux qui ont entrepris une procédure individuelle de « naturalisation » qui exige l’abandon du statut personnel). Si la catégorie nationale est en partie anachronique pour le début du xxe siècle, le terme d’« Algérien » s’est diffusé dans l’historiographie pour désigner les populations colonisées.
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9 Les marques postales sont des empreintes apposées sur l’enveloppe par le service des ptt pour les besoins de la gestion du courrier. Voir de Beaufond, Edgard H. et Halden, Charles ab der, Catalogue des marques postales et oblitérations d’Algérie, 1830-1876, Paris, E.-H. de Beaufond, 1949 Google Scholar.
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13 AWA, 6O/5, questionnaire sur le bureau de Félix-Faure, 1901.
14 Conseil supérieur de gouvernement, Exposé de la situation de l’Algérie par M. le Gou- verneur général Chanzy. 12 novembre 1878, Alger, Imprimerie de l’association ouvrière, 1878, p. 52.
15 Les communes de plein exercice sont organisées sur le modèle métropolitain et dirigées par un maire élu, tandis que les communes mixtes sont une création coloniale à la tête desquelles sont nommés des administrateurs et qui peuvent parfois atteindre la taille d’un département métropolitain. Voir Direction générale de la poste, Annuaire de l’Administration des postes et des télégraphes de France pour 1901. Manuel à l’usage du commerce, de la finance et de l’industrie, Paris, Paul Dupont, 1901 ; Paul, Pelet, Atlas des colonies françaises, dressé, par ordre du ministère des Colonies, par Paul Pelet : 27 planches de cartes, texte explicatif, index alphabétique, Paris, Armand Colin, 1902 Google Scholar ; Gouvernement géné- ral de l’Algérie (ci-après GGA), Direction générale des affaires civiles et financières, Tableau général des communes de plein exercice, mixtes et indigènes des trois provinces de l’Algérie (territoire civil et territoire militaire). Avec indication du chiffre de la population et de la superfi- cie, Alger, s. n., 1902.
16 Aïssa Kadri, « Histoire du système d’enseignement colonial en Algérie », colloque « Pour une histoire critique et citoyenne. Le cas de l’histoire franco-algérienne », Lyon, Ens Lsh, 2006, http://colloque-algerie.ens-lsh.fr/article.php3 ?id_article=71.
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19 Éloi Ficquet et Aïssatou, Mbodj-Pouye, « Cultures de l’écrit en Afrique. Anciens débats, nouveaux objets », Annales HSS, 64-4, 2009, p. 751-764 Google Scholar.
20 Sur le Maghreb, on peut citer les travaux en cours d’Élise Voguet ou ceux d’Ismaïl Warscheid, « Traduire le social en normatif. La justice islamique dans le grand Touat (Sahara algérien) au xviiie siècle », thèse de doctorat, Ehess, 2014.
21 G. Lydon, On Trans-Saharan Trails..., op. cit. ; Camille, Lefebvre, « Le temps des lettres. Échanges diplomatiques entre sultans, émirs et officiers français, Niger 1899-1903 », Monde(s), 5-1, 2014, p. 57-80 Google Scholar ; Id., « Itinéraires de sable. Parole, geste et écrit au Soudan central au xixe siècle », Annales HSS, 64-4, 2009, p. 797-824 ; Schroeter, Daniel J., Merchants of Essaouira: Urban Society and Imperialism in Southwestern Morocco, 1844-1886, Cambridge, Cambridge University Press, 1988 CrossRefGoogle Scholar.
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28 J. A. Clancy-Smith, Rebel and Saint..., op. cit.
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31 François, CharvÉriat, À travers la Kabylie et les questions kabyles, Paris, Plon, Nourrit et Cie, 1900, p. 60-61 Google Scholar.
32 GGA, Exposé de la situation générale des Territoires du Sud de l’Algérie, présenté par le Gouverneur général, Ch. Jonnart. Année 1910, Alger, A. Jourdan, 1910, p. 110.
33 GGA, Exposé de la situation générale des Territoires du Sud de l’Algérie, présenté par le Gouverneur général, Ch. Lutaud. Année 1911, Alger, A. Jourdan, 1912, p. 114.
34 AWA, 6O/22, lettre de l’inspecteur général des ptt à Alger au préfet, 2 août 1905.
35 Fanny, Colonna, « Les détenus arabes de Calvi, 1871-1903 », in Netton, I. R. (dir.), Golden Roads: Migration, Pilgrimage and Travel in Medieval and Modern Islam, Londres, Curzon Press, 1993, p. 100 Google Scholar.
36 Le péleringae à La Mecque (hajj) est entrepris par 5 000 Algériens en 1913. Voir Luc Chantre, Le pèlerinage à La Mecque. Une histoire européenne, Paris, Flammarion, à paraître.
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39 Marie-Anne, de Bovet, L’Algérie, Paris, E. Boccard, 1920 Google Scholar, cité dans Franck, Laurent, Le voyage en Algérie. Anthologie de voyageurs français dans l’Algérie coloniale, 1830-1930, Paris, Robert Laffont, 2008 Google Scholar, p. 888.
40 Dans son étude sur la région de l’actuelle Mauritanie, G. Lydon, On Trans-Saharan Trails..., op. cit., p. 277, parle de « paper economy of faith » ; Id., « A Paper Economy of Faith without Faith in Paper: A Reflection on Islamic Institutional History », Journal of Economic Behavior and Organization, 71-3, 2009, p. 647-659.
41 Le Mobacher (journal officiel bilingue arabe-français), 2 juin 1861.
42 Le Mobacher, 2 mai 1866.
43 Aix-en-Provence, Archives nationales d’outre-mer (ANOM), 40J/6, lettres adressées au général commandant de la subdivision d’Oran, 15 mai 1866 et 19 juin 1867.
44 Le Mobacher, 1er oct. 1868, partie non officielle.
45 AWA, 6O/61, circulaire du 21 mai 1879, mentionnée dans la lettre du gouverneur général au préfet d’Alger, 22 nov. 1904.
46 Paris, musée de La Poste, collection P. Zoummeroff, classeur 11, lettre de la justice de paix de Sainte-Barbe-du-Tlelat adressée à Abdelmoulay Abdelkader ould Mohamed, vivant dans un douar près de Saint-Lucien, avril 1903.
47 Hall, Bruce S., A History of Race in Muslim West Africa, 1600-1960, Cambridge, Cambridge University Press, 2011 CrossRefGoogle Scholar.
48 C. Establet, Être caïd dans l’Algérie coloniale, op. cit., p. 365.
49 Plusieurs lettres du soldat Salah ben Abdallah contestent son éviction de l’armée française après vingt ans de service. Voir Hubertine, Auclert, Les femmes arabes en Algérie, Paris, Société d’éditions littéraires, 1900 Google Scholar, p. 215.
50 Paris, musée de La Poste, collection P. Zoummeroff, classeur 4, lettre adressée au gouverneur de l’Algérie, 17 juin 1873.
51 Fatiha Sifou, « La protestation algérienne contre la domination française. Plaintes et pétitions (1830-1914) », thèse de doctorat, Université de Provence, 2004. Voir également Ouanassa Siari, Tengour, « Constantine, 1887 : des notables contre la naturalisation », in BouchÈne, A. et al. (dir.), Histoire de l’Algérie à la période coloniale, 1830-1962, Paris/ Alger, La Découverte/Éd. Barzakh, 2012, p. 235-238 Google Scholar.
52 Henning Sievert recense un certain nombre de ces travaux dans « Intermediaries and Local Knowledge in a Changing Political Environment: Complaints from Libya at the Turn of the 20th Century », Die Welt des Islams, 54-3/4, 2014, p. 322-362, ici p. 331. Voir également Nora, Lafi, « La gouvernance ottomane des équilibres locaux. Le rôle du bureau central des pétitions à Istanbul et l’usage de ses archives », Cahier du Ceres, 21, 2012, p. 261-274 Google Scholar ; John, Chalcraft, « Engaging the State: Peasants and Petitions in Egypt on the Eve of Colonial Rule », International Journal of Middle East Studies, 37-3, 2005, p. 303-325 Google Scholar; Yuval, Ben-Bassat, Petitioning the Sultan: Protests and Justice in Late Ottoman Palestine, 1865-1908, Londres, I. B. Tauris, 2013 Google Scholar.
53 Ce petit « parlement colonial » compte trois délégations : des colons, des non-colons et des « indigènes » (cette dernière étant composée d’une section arabe et d’une section kabyle). Avec la loi du 19 décembre 1900, les délégations financières votent les recettes et les dépenses du budget spécial de l’Algérie et contractent des emprunts pour faire fonctionner les services publics et assurer l’outillage économique de la colonie.
54 GGA, Délégations financières algériennes, Alger, Galmiche, 1899, p. 13, vœu de la sec- tion kabyle ; GGA, Délégations financières algériennes. Section kabyle, Alger, Galmiche, 1901, p. 13, séance du 6 nov. 1901 ; GGA, Délégations financières algériennes. Délégations indigènes, Alger, V. Heintz, 1905, p. 9, séance du 7 mars 1905 ; GGA, Délégations financières algé- riennes. Sections arabe et kabyle, Alger, V. Heintz, 1908, p. 31, séance du 7 avril 1908, vœu de M. Aïtmehdi ; GGA, Délégations financières algériennes. Délégations indigènes, Alger, V. Heintz, 1917, p. 45-46, séance du 28 mars 1917, vœu de M. ben Ali ben Cherif.
55 Jacques, Un parlement colonial ? Les délégations financières algériennes, 1898-1945, Un parlement colonial ? Les délégations financières algériennes, 1898-1945, Mont-Saint-Aignan, Publications des universités de Rouen et du Havre, 2008 Google Scholar, vol. 1, p. 837.
56 Discussions de l’assemblée générale des instituteurs du département d’Alger rap- portées dans Le courrier algérien des ptt, 57, 25 avril 1905, p. 1.
57 GGA, Délégations financières algériennes. Délégation des non-colons, Alger, V. Heintz, 1913, p. 345, séance du 27 mai 1913, réponse d’E. Nivoix au vœu du délégué de l’Arba, G. Benoît.
58 James Scott développe le concept de « hidden-transcript resistance » pour rendre compte de pratiques de résistance infrapolitiques, comme le braconnage ou les tenta- tives pour se soustraire aux impôts : Scott, James C., La domination et les arts de la résistance. Fragments du discours subalterne, trad. par Ruchet, O., Paris, Éd. Amsterdam, [1990] 2008 Google Scholar. Les dégradations des infrastructures de communication sont souvent com- mises lors de jeux d’enfants ou découlent d’usages détournés (revente du cuivre, poteaux utilisés comme bois de chauffe, fabrication de collets, etc.) : A. Lacroix, « Une histoire sociale et spatiale de l’État dans l’Algérie colonisée... », art. cit., p. 284 sq.
59 AWA, 6O/55, lettre de l’administrateur du Djurdjura au sous-préfet de Tizi-Ouzou et au préfet d’Alger, 29 déc. 1923 ; Gérard Bacconnier, André Minet et Louis, Soler, La plume au fusil. Les poilus du Midi à travers leur correspondance, Toulouse, Privat, 1985 Google Scholar.
60 Cette gratuité concerne l’ensemble des soldats mobilisés en France ou dans l’empire colonial. GGA, Délégations financières algériennes. Assemblées plénières, Alger, V. Heintz, 1917, p. 602, séance du 7 avril 1917, rapport de Charles-Albert Joly.
61 Gilbert L’Algérie révélée. La guerre de 1914-1918 et le premier quart du xxe siècle, L’Algérie révélée. La guerre de 1914-1918 et le premier quart du xxe siècle, Genève, Droz, 1981, p. 549, décret du 24 mars 1917.
62 La guerre suscite une documentation précieuse, sans équivalent dans les périodes de paix : Vincennes, Service historique de la défense, 7N/979, rapport de la commission de contrôle postal à Alger, no 45, mai 1918 ; 7N/144, 24 nov. 1914, instructions confidentielles aux interprètes détachés près des dépôts de militaires indigènes musulmans, signée par le ministre de la Guerre, Alexandre Millerand. Je remercie Alain Messaoudi de m’avoir communiqué cette référence.
63 AWA, 6O/2, lettre de l’inspecteur principal au préfet d’Alger, 21 mai 1917 et extrait du registre des délibérations de la commission municipale de Chellala, 27 avril 1917.
64 Octave, Depont, L’Algérie du centenaire. L’œuvre française de libération, de conquête morale et d’évolution sociale des indigènes. Les Berbères en France. La représentation parlemen- taire des indigènes, Paris, Sirey, 1928, p. 139 Google Scholar.
65 AWA, 6O/5, extrait du procès-verbal du conseil général d’Alger, séance du 21 oct. 1926.
66 GGA, Délégations financières algériennes. Délégations indigènes, Alger, V. Heintz, 1917, p. 45, séance du 28 mars 1917, vœu de M. ben Ali ben Cherif.
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68 Abdelmalek, Sayad, « Les trois ‘âges’ de l’émigration algérienne en France », Actes de la recherche en sciences sociales, 15-1, 1977, p. 59-79 Google Scholar, estime que l’émigration a favorisé la circulation monétaire en milieu rural et transformé la vie paysanne (p. 65).
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70 AWA, 6O/14, lettre d’habitants du Djurdjura à la chambre de commerce d’Alger, 14 août 1935.
71 En 1925, les ouvriers en maçonnerie et terrassement de Mostaganem gagnent 1,4 francs de l’heure. Vers 1930, un manœuvre agricole reçoit entre 8 et 10 francs par jour. Voir ANA, 18-75/55, salaire des ouvriers en novembre 1925 ; C.-R. Ageron, Histoire de l’Algérie contemporaine..., op. cit., vol. 2, p. 512-514.
72 En 1936, 2,1 % des hommes algériens écrivent le français. Voir Fanny, Colonna, Instituteurs algériens, 1883-1939, Paris, Presses de la Fnsp, 1975 Google Scholar, p. 56.
73 Martial, Au cœur du pays kabyle, Au cœur du pays kabyle, Alger, Éd. Baconnier-Hélio, 1933 Google Scholar, p. 43.
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78 M. Feraoun, Le fils du pauvre, op. cit., p. 103.
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80 Al-Nadjah, 7 mai 1926, et Wa¯ dı¯ Mı¯za¯ b, 26, 1er avril 1927, « Lettre ouverte au directeur des PTT (mudir al-bu¯ sta) en Algérie ». Je remercie Hannah Louise Clark et Augustin Jomier de m’avoir communiqué les références de ces journaux arabophones, ainsi que Charlotte Courreyre pour leur traduction.
81 L’introduction de ces technologies venues d’Occident suscite des controverses dans l’ensemble du monde arabo-musulman. Voir cheikh, Bayyūd, Al-Umma, 58, 17 janv. 1935 Google Scholar ; 60, 28 janv. 1936 ; Jakob, Skovgaard-Petersen, Defining Islam for the Egyptian State: Muftis and Fatwas of the Da¯ r al-Ifta¯, Leyde, Brill, 1997, p. 82-84 Google Scholar.
82 AWA, 6O/14, copie de la pétition des habitants de Yakouren adressée à l’inspecteur général des ptt, 17 oct. 1918, je souligne.
83 AWA, 6O/16, pétition des habitants d’Aïn-Oussera adressée à l’administrateur de la commune mixte de Chellala, 26 avril 1925.
84 AWA, 6O/17, lettre des habitants d’Aïn-Oussera adressée au préfet d’Alger, 16 mai 1927 ; renseignements fournis par l’administrateur de la commune mixte de Chellala, 4 juin 1927 ; lettre de l’administrateur au sous-préfet, 18 juin 1927.
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87 ANOM, 23H257/320, requête rédigée en arabe par l’écrivain public Tahar Mansouri ben Maceur ben Djalallah, pour les habitants du centre de Azzeguem, tribu des Oulad Saoud, traduite en français et transmise au directeur des ptt, 22 févr. 1946.
88 Didier, Fassin, « La supplique. Stratégies rhétoriques et constructions identitaires dans les demandes d’aide d’urgence », Annales HSS, 55-5, 2000, p. 955-981 Google Scholar, ici p. 959, souligne le rôle des intermédiaires qui formulent « la sollicitation dans la rhétorique qui leur semble la plus efficace ».
89 ANA, 18-75/130, lettre des habitants du douar Iraten adressée au gouverneur géné- ral, 14 août 1929.
90 AWA, 6O/55, extrait du registre des délibérations de la commission municipale de Dra-el-Mizan, 24 juin 1937 ; lettre du directeur départemental des ptt au préfet d’Alger, 21 août 1937.
91 AWA, 6O/13, protestation de la djama¯ ’a du douar de Tigherent adressée au gouver- neur général, 15 nov. 1933 ; protestation de la djama¯ ’a du douar Tachachit adressée au préfet d’Alger, 5 nov. 1938.
92 H. Sievert assimile les pétitions à une « effective political weapon », dans « Interme- diaries and Local Knowledge in a Changing Political Environment... », art. cit., p. 362. L’usage des technologies de communication est également éclairant dans le cas de l’Égypte sous protectorat britannique (O. Barak, On Time..., op. cit.).
93 À la veille de l’indépendance, un cinquième des habitants de l’agglomération d’Alger sont nés dans une commune kabyle et l’arrondissement de Tizi-Ouzou est la circonscription rurale qui compte le plus faible taux d’illettrisme, selon le recensement de 1954 cité par Jeanne, Favret-Saada, Algérie 1962-1964. Essais d’anthropologie politique, Saint-Denis, Bouchène, 2005 Google Scholar, p. 54.
94 Jacques, Berque, Le Maghreb entre deux guerres, Paris, Éd. du Seuil, 1962 Google Scholar.
95 Jean-Pierre Peyroulou, « 1919-1944 : l’essor de l’Algérie algérienne », in A. BouchÈne et al. (dir.), Histoire de l’Algérie à la période coloniale..., op. cit., p. 319-346, ici p. 319 et 335.
96 Pierre, Bourdieu, « La fabrique de l’habitus économique », Actes de la recherche en sciences sociales, 150, 2003, p. 79-90 Google Scholar ; Id., Algérie 60. Structures économiques et structures tempo- relles, Paris, Éd. de Minuit, 1977, p. 12.
97 Discussions de l’assemblée générale des instituteurs du département d’Alger rap- portées dans Le courrier algérien des ptt, 57, 25 avril 1905.
98 ANOM, 93502/38/1, lettre du gouverneur général au préfet de Constantine, commune mixte de La Séfia, 17 févr. 1922.
99 Denis Cantin, « Le service des postes et télégraphes en Indochine. Des origines aux années trente », mémoire de Dea, Université d’Aix-Marseille, 1997, p. 77.
100 ANOM, 93502/38/1, circulaire du 6 nov. 1923 du gouverneur général de l’Algérie. Pour la distinction entre commune mixte et commune de plein exercice, se reporter p. 715, n. 15.
101 Arrêté du gouverneur général du 12 mai 1924. La somme est imputée sur la sec- tion VI (chap. 4, § 6). ANOM, 93502/38/1, lettre du gouvernement général au préfet de Constantine, commune mixte de La Séfia, 14 mai 1924.
102 ANA, CCA, Bi/159, rapport présenté au Conseil des ptt par le chef du service central des ptt, p. 29, s. d. (vers 1928).
103 AWA, 6O/66, arrêté du gouverneur général du 6 févr. 1930 et lettre du préfet d’Alger au service central des ptt, 12 mai 1929 ; ANA, CCA, Bi/159, projet de budget pour l’exercice 1930 (art. 5-5).
104 Vœu de l’émir Khaled el-Hassani ben el-Hachemi à la session de 1920, cité dans J. Bouveresse , Un parlement colonial..., op. cit., t. 2, p. 685.
105 AWA, 6O/55, lettre de l’administrateur de Mizrana au directeur des ptt à Alger, 17 mai 1929.
106 Dans le budget de 1931, les crédits affectés à la distribution dans les douars sont trois fois moins importants que le montant des indemnités de transport octroyées pour les congés du personnel titulaire vers la métropole ou la Corse. GGA, service des ptt, Budget annexe des ptt, Projet de budget pour l’exercice 1931, 1re section, Alger, É. Pfister, 1930, p. 38, chap. 5, art. 5, ANA, CCA, Bi/160.
107 Cette zone montagneuse située au nord de l’Algérie est identifiée, au début de la conquête, comme la seule région colonisable. Au sud du Tell s’étendent les hauts plateaux puis le Sahara proprement dit.
108 A. Lacroix, « Une histoire sociale et spatiale de l’État dans l’Algérie colonisée... », art. cit., p. 192 sq.
109 GGA, Délégations financières algériennes. Délégation des non-colons, Alger, V. Heintz, 1912, p. 144, séance du 13 mai 1912, vœu d’Émile Morinaud.
110 AWA, 6O/1, lettre du sous-secrétaire d’État aux ptt aux préfets de métropole et d’Algérie, 8 août 1923.
111 Outre la vente des timbres, enveloppes et cartes postales, le gérant s’occupe des envois recommandés, de l’émission et du paiement des mandats, de la distribution et de l’expédition des correspondances. Il sert aussi d’intermédiaires avec la Caisse nationale d’épargne pour l’ouverture de comptes courants et le versement sur des livrets.
112 GGA, service des ptt, Rapport sur la gestion financière pendant l’exercice 1925 et sur la marche générale du service des ptt, présenté par le Gouverneur général de l’Algérie, Alger, É. Pfister, 1933, p. 73.
113 Nicolas Verdier, « Poste et territoires : évolution de la pensée du territoire chez les administrateurs de la Poste au xixe siècle », in M. Le Roux (dir.), Histoire de la Poste..., op. cit., p. 61-86, ici p. 74.
114 Bulletin officiel des ptt, « liste des bureaux d’Algérie en 1938 », p. 579-580.
115 Tamazirt est un « village indigène » appartenant au douar Iraten. En 1936, avec une centaine de citoyens français et presque 13 000 mille « indigènes », Iraten est l’un des dix douars de la commune mixte de Fort-National. AWA, 6O/17, procès-verbal du conseil général à Alger, 21 oct. 1925 ; ANA, CCA, B72, lettre du directeur du service central au président de la chambre de commerce d’Alger, 8 déc. 1925.
116 ANA, 18-75/130, lettre des habitants du douar Iraten adressée au gouverneur géné- ral, 14 août 1929.
117 ANA, 18-75/130, décompte des opérations effectuées pour Tamazirt par le bureau de Fort-National, lettre de l’inspecteur Tardos au directeur départemental des ptt à Alger, 25 janv. 1930.
118 ANA, 18-75/130, lettre de l’administrateur de Fort-National au directeur des ptt, 4 déc. 1930 ; délibérations de la commune mixte de Fort-National, 13 févr. 1930.
119 ANA, 18-75/130, lettre de l’inspecteur des ptt, M. Tardos, au directeur départe- mental à Alger, le 25 janv. 1930 ; rapport de l’agent postal de surveillance, M. Di Méglio, 1er avril 1930.
120 ANOM, 23H257/320, pétition des habitants du centre d’Azzeguem, tribu des Oulad Saoud (Territoires du Sud), transmise au directeur des ptt, 22 févr. 1946.
121 Chaque année pendant deux semaines, un comptage des correspondances distri- buées dans les douars permet d’ajuster la rémunération, devenue proportionnelle au volume acheminé. ANA, 75-18/41, arrêté du 10 mai 1951 du gouverneur général relatif à la rétribution des agents communaux ; ANA, 75-18/210, comptage des correspondances du 4 au 16 janvier 1960, en application de la circulaire départementale du 19 déc. 1959.
122 ANA, 75-18/41, comptage du 3 au 15 mars 1958 pour le village de Chabet-el-Ameur, 15 mars 1958.
123 ANOM, 93502/38/1, lettre de l’administrateur des services civils aux gardes- champêtres de La Séfia, 6 janv. 1950.
124 ANA, 75-18/41, brouillon de lettre du directeur départemental des ptt de Tizi- Ouzou, M. Ayat, au préfet de Grande-Kabylie, 6 mars 1958.
125 AWA, 6O/1, service des ptt, « compte rendu de la conférence régionale des ptt », session du 25 juin 1946, p. 17-19 ; ANA, 75-18/41, lettre du directeur départemental de Tizi-Ouzou à l’Ingénieur-général directeur central des ptt, 28 juill. 1958.
126 ANOM, 81F/1257, chiffres pour l’année 1961, conférence du directeur des Postes et Télécommunications, M. Gastebois, 4 janv. 1961.
127 Brochure du ministère de l’Information et de la Culture de la République algérienne, « Visages de l’Algérie », Les postes et télécommunications, nov. 1970, p. 8.
128 Il serait intéressant d’étudier la morphologie du réseau dans les années 1970-1980 pour voir comment ces déclarations d’intention se sont concrétisées.
129 En 1926, la proportion d’Européens dans les communes mixtes est de 1,96 %, selon C.-R. Ageron, Histoire de l’Algérie contemporaine..., op. cit., vol. 2, p. 475.
130 Annick Lacroix, « Au contact. Postiers non-citoyens dans l’Algérie colonisée (vers 1900-1939) », in M. Cohen et A. Lacroix (dir.), no spécial « Between France and Algeria: The Social History of Algerians in the Twentieth Century », French Politics, Culture and Society, 34-2, 2016, p. 11-31.
131 ANA, 75-18/41, circulaire du préfet de Tizi-Ouzou pour remédier aux défauts du service postal afin d’éviter toute « fâcheuse impression sur l’opinion publique », 9 mai 1958.
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Translation available: The Postal Service in the Douar: Noncitizen Users and the Colonial State in Rural Algeria from the Late Nineteenth Century to the Second World War