Vous savez, Messieurs, la perte immense qu'a faite la Science française le 14 janvier dernier. La mort de M. Hermite touche particulièrement l'Université de Paris, où l'illustre géomètre a occupé de 1869 à 1897 la chaire d'Analyse supérieure. Il n'a pas voulu qu'on prît la parole sur sa tombe; nous n'avons done pas pu entendre les voix autorisées qui auraient dit ce que lui doivent la Science et l'Enseignement. Cette grande vie scientifique demandera des études approfondies, qui se préparent certainement de différents côtés. A défaut d'une telle étude, qu'il me soit permis aujourd'hui, en reprenant cette année mon cours dans cette chaire qui fut celle de M. Hermite, de jeter un coup d'œil sur son œuvre.

Charles Hermite naquit à Dieuze, en Lorraine, le 24 décembre 1822; il fit ses études au collège de Nancy, et les termina à Paris au collège Henri IV et au collège Louis-le Grand. Il eut à Louis-le-Grand comme professeur de Mathématiques spéciales un maître distingué, M. Richard, qui, quinze ans auparavant, avait été le professeur d'Évariste Galois. Tout en suivant les cours du collège, le jeune Hermite allait lire à la bibliothèque Sainte-Geneviève le Traité de la résolution des équations numériques de Lagrange, et il achetait avec ses économies la traduction française des Recherches arithmétiques de Gauss: ≪ C'est surtout dans ces deux livres, aimait-il plus tard à répéter, que j'ai appris l'Algèbre.≫