L’histoire de la France en Asie

La reconsidération d’une francophonie en Orient au-delà de l’Indochine exige un examen global des faits francophones manifestés dans tous les pays d’Asie. Un tel examen se doit de respecter chronologiquement des faits historiques survenus sur le continent. Dès lors, l’Union indochinoise ne représente plus l’origine de la civilisation française en Asie, qui plus est, l’histoire de la France en Asie n’équivaut pas à l’histoire de l’Indochine française. Au contraire, cette histoire se déroule dans chacun des pays asiatiques ayant croisé la civilisation française sur son propre chemin. Depuis les voyages vers l’Asie amorcés par La Société des Missions-Étrangères de Paris au dix-septième siècle, conjugués à l’évangélisation opérée par la Compagnie de Jésus, la France écrit les premières pages des hauts et des bas de ses œuvres salvatrices dans le Levant. Et les missions commerciales emboîtent aussitôt le pas aux autres missions pour embrasser le succès avec comme temps fort celui de la Compagnie des Indes orientales Dès lors l’histoire française et l’histoire de l’Asie se rejoignent dans la propagation de la civilisation française sur le continent.

Ce fut une époque où la France misait sur les Indes et l’Empire de Cathay en fondant les premiers fiefs dans les contrées qui, jadis, ne relevaient que de l’imaginaire. D’où émergent à Pondichéry, à Shanghai et en d’autres lieux, les conditions favorisant le milieu francophone. Et l’itinéraire de Macao-Pondichéry-Canton-Shanghai-Indochine-Guangzhouwan non seulement résume en soi les points saillants de la France en Asie, mais surtout il témoigne chronologiquement des cultures jadis qui ont accueilli la France avant l’Indochine. Et la France en ces lieux est largement abordée dans les deux premiers chapitres avec l’apparition des arsenaux (Fuzhou, Yokosuka et Yokohama), des écoles françaises (Tong Wenguan, l’École française des constructions navales de Fuzhou), de l’université (L’Aurore), des journaux français (L’écho de Chine). Jusqu’à aujourd’hui, l’héritage français en ces lieux a été traditionnellement occulté, omis/écarté du monde francophone, banni de la francophonie et absent des études francophones. Il serait naif de croire que notre étude suffira à mettre fin à cette équivalence, ancrée dans les mentalités, entre la francophonie en Asie et l’Indochine. Tant s’en faut.