Macao et Canton : les premiers accotements européens

La quête des premiers Français en Asie remonte indubitablement à l’établissement des comptoirs portugais à Canton et à Macao vers les années 1514 (He Yu ; Li Hua 8) ou 1517 (2004 Meng Hua 160). Selon l’historiographie chinoise, ces deux postes de commerce incarnent l’origine du point d’accueil des Européens post-Marco Polo. Certes, de ces premiers accotements des voiliers européens à la manifestation de la francophonie orientale, plusieurs siècles se sont écoulés. Mais la remontée aux origines des établissements européens fera ressortir les positionnements initiaux de la France dans des cultures classées comme non-francophones. C’est ainsi qu’au début du seizième siècle, après deux ans de périple en mer, les Européens touchent finalement les côtes de Macao et y déposent les premières traces des Blancs en terre d’Asie, depuis l’ère Marco Polo :

Ce fut un temps où les pays dotés de hauts moyens maritimes pointent successivement leur nez dans ces contrées lointaines, naguère bannies des civilisations européennes. Leurs voiliers apparaissent à qui mieux mieux dans les eaux limitrophes de Canton et de Macao et s’aventurent à s’accoster aux alentours de leurs côtes. Ancrés dans l’imaginaire mythique de l’Occident, Cathay et les Indes forment le leitmotiv des expéditions légendaires vers l’Asie : « C’est pour chercher un accès nouveau à l’empire de Cathay que Christophe Colomb prit la mer […] » (Homberg 687). Loin de concerner la future colonie indochinoise, les premières traces de la culture française en Asie viennent des expéditions dans ces deux pays, Cathay et les Indes, qui incarnent l’ultime objectif du périple maritime français.

Sur le terrain la situation progresse. Depuis l’apparition du premier vaisseau portugais, de multiples tentatives d’embarquement sous des subterfuges et des faux-fuyants de tout genre cherchent à établir un poste de commerce en permanence. Au cours de ces premières tentatives d’établissement, Canton, aux côtés de Macao, se trouve sur le front des rencontres avec les civilisations blanches dont les débuts sont marqués par des rapports ingénus : « les Portugais arrivaient à Canton (1517), y étaient assez bien accueillis et obtenaient d’envoyer une ambassade à la Cour » (Courant 125).