Pour Gyō.
Akatsuki no koe wo kiki-shiru mine no
matsu, akatsuki no umai kumo kogu watashibune.
Ce sont deux textes célèbres : « Chaque année, écrit le naturaliste Pline, l'inde enlève à notre empire pas moins de cinquante millions de sesterces, pour nous livrer en échange des marchandises qui se vendent chez nous au centuple » (VI, 26, 101) ; « chaque année, dit-il plus loin, l'inde, la Chine et l'arabie enlèvent à notre empire, selon le calcul le plus bas, cent millions de sesterces » (XII, 41, 84). Cent millions de sesterces, cela représentait un million de pièces d'or (aurei) qui pesaient en tout près de huit tonnes, car la pièce de cent sesterces pesait un tout petit peu plus que la livre sterling de 1717 à 1931. Cinquante, cent millions par an : ces chiffres sont hors de doute (Pline est informé et a l'habitude des grands nombres) et n'ont jamais été mis en doute ; ce qui a fait en revanche l'objet d'appréciations divergentes et de discussions, ce sont les effets de pareille hémorragie d'or ; effets nuls, disent les uns, parmi lesquels Mickwitz en personne ; effets catastrophiques, disent les autres, dont le premier fut le grand Cantillon : saigné à blanc, l'empire romain, au bout de quelques siècles, n'avait plus qu'à se laisser achever par les Barbares… Est-il donc si grave, pour un État ancien, de perdre son or ou son argent, et pourquoi ? Nous en discuterons, mais notre objet principal n'est pas là : sans douter un instant des chiffres de Pline, nous nous demanderons surtout si l'hémorragie a existé