G. Moynier. Rappel succinct de l'activité déployée par le Comité international de la Croix-Rouge à Genève pendant les quarante premières années de son existence (1863–1904). — Genève, publication du Comité international, 1905, in-80, 125 p.

Le Comité international vient de publier un ouvrage dû à la plume toujours alerte de son vaillant président, M. G. Moynier, et nos lecteurs nous permettront bien de lui consacrer quelques lignes, alors même que les Comités centraux le connaissent depuis quelques semaines, un exemplaire leur ayant été envoyé à chacun.

Notre 112me circulaire, du 7 juin 1905, contenait en même temps que l'indication du Comité central auquel les revenus du Fonds Augusta en 1904 étaient attribués, un appel en vue de l'augmentation de ce fonds.

Nous avons à plus d'une reprise eu l'occasion d'attirer l'attention de nos lecteurs sur certains trafics que des industriels peu scrupuleux entreprennent, spéculant sur la crédulité de ceux qni se laissent couvaincre par leurs habiles sollicitations. Nous donnons cidessous le fac simile approximatif d'un diplôme ou brevet de chevalerie, que délivre, sous le nom de Croix-Rouge internationale, un soi-disant « conseil supérieur de l'Ordre », dont les spéculateurs, mésusant ainsi sans scrupule du nom universellement honoré de Croix-Rouge, paraissent seuls être de véritables « chevaliers ».

Nos lecteurs auront remarqué la tentative que fait actuellement la Croix-Rouge anglaise pour étendre sur tout le territoire de la Grande-Bretagne, l'œuvre jusqu'ici trop concentrée dans la capitale, et pour créer des comités et des sections locales travaillant à la diffusion de la Croix-Rouge et se répartissant le travail de préparation des secours pour le cas de guerre.

A la date du 22 novembre 1902 le Comité central allemand faisait un nouvel appel à la générosité du public en vue de procurer de nouvelles ressources sanitaires aux belligérants. Pour la Russie un nouveau lazaret de campagne de la Croix-Rouge allemande, sous la direction du professeur Dr Petersen, membre de la Croix-Rouge russe, est parti dans le courant de décembre; c'est ce détachement qui s'est installé à Tschita sous la conduite médicale du Dr Brentano. Son personnel avait été à son départ reçu par l'impératrice-mère; il se compose de 12 infirmières dont 6 allemandes et 6 russes, 5 médecins allemands ou russes, 2 étudiants, un administrateur, un technicien. Les sœurs allemandes appartiennent à la maison sœur d'Eberswalde. Arrivé à destination, le Dr Brentano réclama télégraphiquement de nouveaux envois de matériel, pour la fourniture duquel le Comité allemand a sollicité de nouveaux dons.

La convention de capitulation de Port-Arthur contient un article 9 ainsi conçu:

« Art. 9. — Le corps sanitaire et les comptables appartenant à l'armée et à la marine russes seront retenus par les Japonais, leur service étant jugé nécessaire pour les soins à donner aux prisonniers de guerre malades et blessés, pendant le temps nécessaire. Ces corps sont requis de faire leur service sous la direction du corps de santé et des comptables de l'armée japonaise. »

Le rapport présenté à l'assemblée générale annuelle constate la disparition de plusieurs membres du Comité central, ainsi que plusieurs changements occasionnés par des démissions. Le Comité central reste cependant composé pour l'année 1905 de MM. le comte Drechsel-Deuffstetten, président; baron de Raesfeldt, vice-président; Hoffmann, 2me vice-président; Büttner, trésorier; Dr Rohmer, secrétaire; Rigst, 2me secrétaire, Dr Pachmayr.

Dans sa séance du 7 décembre 1904, le sénat américain a voté une nouvelle loi d'incorporation de la Croix-Rouge, sous la surveillance du gouvernement. La raison donnée en est l'importance acquise par l'œuvre de la Croix-Rouge.

A la suite du nouvel acte d'incorporation résumé plus haut, les statuts de la Croix-Rouge américaine ont été remaniés de la façon suivante.

Article Premier. Membres. — Les membres fondateurs (incorporators) désignés dans l'acte du congrès du 5 Janvier 1905, ainsi que les associés qui peuvent être délégués ou élus, réunis aux délégués élus par les sociétés sectionnaires, constitueront les membres ayant le droit de vote.

La lettre de miss Barton que nous avons insérée dans notre fascicule de Janvier, nous annonçait la publication d'une histoire succincte de la Croix-Rouge américaine. Tenant sa promesse, celle qui en a été présidente pendant vingt-trois ans, nous a envoyé l'ouvrage qu'elle a fait récemment paraître et qui est comme le résumé de sa carrière.

Mile Dr Hamilton publie dans la Revue du christianisme social un article consacré aux ambulancières japonaises.

Après avoir retracé les débuts et l'accroissement rapide de la Croix-Rouge au Japon, basée en dehors de tout sentiment religieux sur l'idée de dette à la patrie et de secours aux soldats, l'auteur montre que la Société japonaise a d'emblée introduit le personnel féminin dans les ambulances, ce que la France n'a pas encore su faire. L'hôpital de la Croix-Rouge, destiné aux malades aussi bien qu'aux blessés est ouvert aux élèves ambulancières, et cela malgré la difficulté résultant des mœurs japonaises, qui n'admettent pas une femme approchant un homme pour le soigner. Il a fallu toute la largesse et la persévérance d'un comité de dames haut placées pour faire comprendre l'idéal élevé de la carrière d'infirmière et réussir à la faire embrasser par des personnes appartenant aux meilleures classes de la société.

Cette question qui préoccupe les services sanitaires et les secours libres dès longtemps, n'a pas encore trouvé une solution absolument satisfaisante. Déjà lors de la Conférence des sociétés de la Croix-Rouge, à Genève, en 1884, des essais furent tentés sous la direction du baron de Mundy, avec de grands réflecteurs sur chariots, et il semblait à ce moment que le problème fut résolu. Mais les grands réflecteurs projettent des ombres très denses sur les portions déclives du terrain et y rendent toute recherche impossible; ils ne dispensent donc pas de l'emploi de moyens d'éclairage portatifs, surtout dans les localités accidentées. Ces appareils portatifs doivent donner une lumière assez forte pour éclairer nettement à une certaine distance, ils ne doivent pas gêner les mouvements du porteur, ils doivent donner une flamme constante, durable, ils doivent être légers, solides, d'un volume restreint, d'un mécanisme simple et sans danger et pouvoir s'alimenter avec une substance facile à se procurer. Jusqu'ici les nombreux appareils proposés n'ont que partiellement répondu au desideratum.

Nous avons parlé dans notre dernier facicule de l'appel adressé au public par le Comité central anglais en vue de développer la Croix-Rouge en Angleterre.

Dans l'article que nous avons consacré au mois d'octobre 1904 à l'histoire de la Croix-Rouge hongroise, nous avons mentionné l'emprunt à lots comme ayant été un des moyens employés avec succès par la Société hongroise pour se procurer les ressources financières nécessaires à son développement. Il nous a paru intéressant d'obtenir de cette Société quelques renseignements sur le fonctionnement de ces emprunts que quelques pays connaissent également, mais qui sont étrangers aux habitudes de plusieurs autres.

Comme d'ordinaire la Croix Rouge italienne fut autorisée en 1902 à participer aux grandes manœuvres de l'armée. L'hôpital de guerre no 6 de Turin fut transporté et installé à Belluno où il était appelé à fonctionner. Il y fut visité par plusieurs autorités, notamment par le comte Taverna, président de la Société italienne. A cet hôpital vint se joindre, quelques jours après, l'ambulance de montagne no 15 du sous-comité de Vérone. On y fit pour la première fois l'expérience de l'utilité de la bicyclette pour le transport des blessés à propos d'un soldat tombé pendant la marche et qui put ainsi être transporté avec une grande rapidité jusqu'à l'hôpital. Cette expérience favorable fut renouvelée plus d'une fois.

La notice détaillée que nous avons publiée sur la Croix-Rouge en Extrême-Orient, il y a quelques années, nous dispensera d'analyser longuement la première de ces deux brochures qui ont été publiées en 1904 à l'occasion de l'Exposition de Saint-Louis.

La Revue de Paris publie, sous la signature du baron Suyemata, ministre du Japon à Londres, un article auquel nous empruntons quelques détails sur le respect témoigné par les Japonais à l'ennemi blessé ou tué. Non seulement, dit-il, les Conventions de Genève et de La Haye sont strictement observées, mais la loi militaire japonaise suffisait, en dehors de ces conventions, pour assurer aux ennemis un traitement humain. Le code d'honneur de la chevalerie japonaise, le Boshido, prescrit la compassion envers l'ennemi tombé.

Le journal le Temps ayant publié une correspondance de M. Ch. Pettit sur une visite aux hôpitaux de Tokio, il nous a paru intéressant de la reproduire ici pour nos lecteurs.

J'ai fait toutes les démarches possibles pour avoir la permission de visiter les prisonniers russes et surtout les blessés parmi eux; mais je n'ai pu l'obtenir, à mon grand regret. Je suis donc obligé de garder le silence à leur sujet et ne peux m'associer au concert de louanges dont les Japonais sont l'objet à cet égard. Je le regrette sincèrement si vraiment elles sont méritées.

Il est intéressant de relever l'opinion des chirurgiens de l'armée russe en Mandchourie sur les effets des projectiles japonais, telle qu'elle résulte de leurs observations sur les champs de bataille et dans les ambulances.