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Les Schemas du Commerce Neo-Sumerien
Published online by Cambridge University Press: 07 August 2014
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La documentation qui nous a été laissée par l'administration sumérienne d'Ur III a mis à la disposition des chercheurs des monceaux de renseignements sur toute la vie économique du temps. On a déjà extrait de ces archives de nombreuses indications sur les prix des métaux, des parfums et d'autres marchandises, ou sur l'activité des dam.gàr. D'autre part, on connaît en gros les problèmes essentiels de l'économie sumérienne: manque de bois de construction, de pierres, de métaux et, en regard, abondance de céréales et prospérité de l'élevage.
Il est donc inutile de revenir sur ces questions.
Mon propos est de vérifier, pour une période déterminée, les généralités communément admises, de voir si elles reflètent la réalité et de rectifier peut-être certaines perspectives.
En particulier seront examinés deux aspects qui, nous le verrons, sont connexes: 1) la différenciation entre marchandises de première nécessité, marchandises utiles et marchandises de luxe, d'une part, et 2) le volume du commerce et son éthique, d'autre part.
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- Research Article
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- Copyright
- Copyright © The British Institute for the Study of Iraq 1977
References
1 Voir mon ouvrage sur Le travail du métal, 99 et sv.; RA 62 (1965), 1 et sv.Google Scholar; Curtis, J.—Hallo, W., HUCA 30 (1959), 103 et sv.Google Scholar;
2 Le support théorique de cet exposé doit beaucoup à des études comme celles de Will, E., Trois quarts de siècle de recherches sur l'économie grecque antique, dans Annales E.S.C. 9/1 (1954), 7 et sv.Google Scholar; Vidal-Naquet, P., Economie et société dans la Grèce ancienne, dans Archives européennes de sociologie VI/1 (1965), 111 et sv. (en partie, p. 135)CrossRefGoogle Scholar; Humphreys, S. C., History, Economies and Anthropology: the Work of Karl Polanyi, dans History and Theory 8 (1969), 165–212CrossRefGoogle Scholar.
Il faut considérer en soi chacune des économies antiques, car il est vain de chercher à y retrouver nos schémas, de croire qu'elles avaient découvert l'étatisme, le socialisme ou le libéralisme et qu'il n'y a entre elles et nos modes de vie que des différences de quantités et non des différences de qualité. Toute société antique avait une économie (même si elle ne connaissait pas le mot) d'un certain type, fondée sur des principes propres, sans référence avec ceux des sociétés voisines et encore moins avec les nôtres.
3 La documentation fait constater aisément que la récolte de froment est dérisoire par rapport à celle d'orge. Voir par ex., pour le domaine d'Apisala, mon ouvrage Textes sumér. de la IIIe dyn. d'Ur, 50, rev. II ou CT 7, [pl. 41], BM 17756. Sur ce point, comme sur bien d'autres, de longs développements seraient possibles; nous avons renoncé à accumuler les citations et les références, celles qui figurent ici suffisent à notre propos, car plusieurs des questions évoquées seront reprises avec l'argumentation appropriée.
4 A Athènes, comme en Grèce de façon générale, le sol est pauvre, d'où la nécessaire valorisation de l'huile d'olive ou des produits de l'artisanat qui permet de se procurer les céréales.
Sur l'économie seigneuriale aux IXe–Xe siècles, en Occident, cf. Duby, G., L'économie rurale et la vie des campagnes… (Paris, 1962), 112–113Google Scholar; à l'époque suivante, ibid., 220, le commerce se développe à cause de la consommation de luxe.
5 “Domestiqués” depuis longtemps en Mésopotamie. Sur les récoltes, abondantes, voir par ex. CT 10, [pl. 18], BM 12922, I, 5 et II, 11.
6 Le document le plus intéressant paraît être Boson, G., Tavolette, 364Google Scholar, dans lequel la taxe (ou le rendement) est calculé pour un iku de jardin. Cette liste d'épices et d'aromates se retrouve, avec variantes, dans RTC, 307; ITT 2, 892, IVGoogle Scholar; ITT 5, 10011Google Scholar; UET 3, 900 et 1082Google Scholar; BE 3, 148Google Scholar; Pinches, , Amherst, 69Google Scholar; Grégoire, J.-P., Arch. adm. sum., 200Google Scholar. Voir aussi le Vocabulaire pratique, dans RA 18 (1921), 49 et sv., VI, 15–30Google Scholar.
7 Comparer avec la liste donnée par Deimel, A., Der Gemüsebau (= Or. 17, p. 24)Google Scholar, où ne figurent que diverses variétés d'oignons et d'aulx, avec le še.lû.
8 Voir, CAD H, 251Google Scholar; z, 103; MAD 3, 305Google Scholar.
9 Liste de vergers à Lagaš: CT 10, [pl. 49], BM 12247; Pinches, , Amherst, 54Google Scholar; à Ur: UET 3, 1109 et 1368Google Scholar. Un verger du palais dans le pays d'Isin: kiri6 é.gal ma.da Ì.si.in(ki), YOS 4, 238Google Scholar. On y trouvait des vignes, des pommiers, des figuiers, des grenadiers (?).
10 Des moutons et des agneaux… gemé.uš.bar.e ba.ab.kú, “qui seront mangés par les ouvrières tisseuses”, ITT 3, 4957Google Scholar; gemé.uš.bar.e(!) ba.ab.kú(!), ITT 3, 5417Google Scholar. Des moutons prévus dans le ravitaillement d'un messager et des déportés qu'il accompagne, ITT 3, 5115Google Scholar et Grégoire, J.-P., Arch. adm. sum., 171Google Scholar.
11 Voir entre autres Kızıilyay, M.Çiǧ-H., NRVU, 212 à 225Google Scholar. Voir aussi ma remarque dans Textes sumériens de la IIIe dyn, d'Ur, 43, à propos de še.kar.ra” orge de marché”.
12 Par ex. le trésor de Nin-egal, , YOS 4, 296Google Scholar. Voir aussi RTC, 304.
13 esir.é.a, esir.hád, esir.a.ba.al.si.ga, esir.a.ba.al hur.sag, esir.hur.sag; voir des textes comme ITT 2, 755Google Scholar ou ITT 5, 6978Google Scholar.
14 Voir ITT 3, 5509Google Scholar; 6145; 6184; ITT 5, 6885Google Scholar; 6961. Le plus souvent il s'agit de meules avec prise pour la main (šu sì ga).
15 C'est le cas du (giš) ù.suh5, = accad. ašuhu, qui serait le sapin. On en trouvait cependant au pays de Sumer, dans les parcs (Fish, , J. Rylands L., 588Google Scholar); à Ur, un arboriculteur fournit plusieurs dizaines d'arbres, dont 350 ù.suh5 (UET 3, 782Google Scholar). Cf. pour la période présargonique, Deimel, A., Or. 16, (1925) 59Google Scholar. Le terme (giš) A.TU.GAB.LIŠ, = accad. ṣarbatu, désigne un peuplier qui croissait abondamment dans la vallée de l'Euphrate, d'où son nom de Populus Euphratica. Le saule, le peuplier, peut-être le frêne (Fraxinus suriaca?) ne devaient pas êtres rares, cf. Flora of Iraq (Guest, E., éd.; Baghdad, 1966), I, 84Google Scholar. D'autre part, s'il est vrai que, à défaut de 500 mm de pluie, toute végétation arborescente disparaît, elle peut prospérer grâce à l'activité des hommes: plantation, entretien, irrigation, c'est ce qui explique les nombreux toponymes dont la base est tir “forêt” (ou au moins “bosquet”).
16 Respectivement TCL 5, 5680, II, 3 et 6037, IV, 16Google Scholar.
17 3 gú sig4.mun, 8.2.1.7 1/3 silà 5 gín mun gur (ITT 2, 892, IVGoogle Scholar); même opposition dans Pinches, , Amherst, 69Google Scholar; 10 ma.na sig4.mun (UET 3, 1021Google Scholar) et 10 gín mun (UET 3, 126Google Scholar).
18 Il semble que KCl (chlorure de potassium) donne la même impression au goût que NaCl (chlorure de sodium). La cendre de certaines plantes sert d'assaisonnement.
19 Quelques généralités dans Don et Brothwell, Patricia, Food in Antiquity (Londres, 1969), 73 et svGoogle Scholar.
20 TCL 5, 5680, rev. IIGoogle Scholar: 0.0.0.1 silà 15 gín làl, kù.bi 1/3 gín 15 še; 6162, I, 23 et rev. I, 6–7: 0.0.1.9 silà làl, kù.bi 7 1/2 gín; YOS 4, 295Google Scholar: 0.0.1.3 silà làl, kù.bi 6 1/2 gín.
Quant à la destination, on verra dans ITT 3, 5235, rev.Google Scholar, que le miel (làl) et le miel blanc ou sec (làl.UD), respectivement 5 et 40 silà font partie des sá.du11.lugal; en 5230, des sá.du11.níg.ezen. dingir.re.ne.
21 Cf. Bottéro, J., ARMT 7, 261Google Scholar; Birot, M., ARMT 9, 281–2Google Scholar. Aplahanda (dans ARMT 5, no. 13) fait porter à Yasmah-Addu, par courrier, 50 jarres de vin, autant de miel et 5 talents de pierres.
22 Dans ITT 2, 3802, 8 (pl. 53)Google Scholar est cité le sum. sikil Mar.ha.ši(ki): cette expression désigne-t-elle une espèce particulière ou indique-t-elle que les dits aulx étaient effectivement importés de Marhaši?
23 Arbres exotiques certainement: eren “cèdre”, šu.úr.me” cyprès”, za.ba.lum et li “genévrier.” Le giš.ab.ba venait de Meluhha (accad. kušabku, cf. CAD, s.v.); de Meluhha aussi le (giš) esi (accad. ešû) et le (giš) mes (accad. mēsu). Selon le CAD, l'elammaku pourrait venir de Syrie, mais Thompson, , DAB, 300Google Scholar, y verrait le bois de santal.
24 Cf. RA 62 (1968), 1Google Scholar.
25 Pour les pierres précieuses, cf. UET 3, 1498, IV (en bas) et VGoogle Scholar; pour l'ivoire, ibid., 757; 758 (29 mines); 760; 761; 763 à 771; en particulier: 768 qui mentionne 41 mines. Voir aussi, ibid., 1498, V: 30 mines 10 sicles.
26 Voir Oppenheim, A. L., The Seafaring Marchants of Ur, dans JAOS 74 (1954), 6 svGoogle Scholar.
27 Owen, D. I., The John F. Lewis Collection, 326: 1Google Scholar (giš) pisan ha.lu.ù[b] zú.am.si sì.ga, á.an zabar… Me.(d)KA.DI dumu.mí lugal.ke4 in.ba. C'est un fait bien connu que la diplomatie au second millénaire se fondait sur l'échange de cadeaux, la correspondance de Mari et celle d'El Amarna en font foi.
Rappelons encore le document UET 3, 702Google Scholar, qui donne une série de quantités de métaux, fournis sous forme d'objets, et qui sont destinés “au prix d'achat d'Isin(?)”: mu.níg.šám.ma In.si.in(ki).šè.
28 Les repas du roi et de la reine, UET 3, 905 à 909Google Scholar; 913, comportaient une grande variété de farines, du fromage, et, en outre: gazi, še.lú, ar.za.na, šem, etc…; voir, pour Mari, , ARMT 11, 135 et svGoogle Scholar.
29 Lambert, M., Tabl. écon. de Lagash, 46 AGoogle Scholar.
30 On peut en juger par le texte ITT 2. pl. 53, 3802.
31 Plusieurs documents se terminent par la mention níg.siskurx.ra: RTC, 311; 312: 313; CT 7, [pl. 16], BM 17765; ITT 2, 3213Google Scholar; voir aussi Lambert, M., Textes écon. de Lagash, 34, IIGoogle Scholar; RTC, 316; UET 3, 209Google Scholar; 282; ITT 3, 6590Google Scholar.
32 Voir Actes de la XVIIe R. A. I., 1969, 65 et tableauxGoogle Scholar. On peut ajouter d'autres références, par ex. UET 3, index, s.v. gìr.lam, qui, toutes, se rapportent à des offrandes destinées aux divinités ou au roi.
33 Ce texte, non encore reconstitué, est connu par OECT 1, pl. 1 à 4 (+ duplicata); voir, pour notre propos I, 6: é.a.ni kù (na4) za.gìn téš.bi ba.ni.in.dù, “son temple est entièrement construit en argent et en lapis-lazuli”; I, 11: é kù.ga i.ni.in.dù (na4)za.gìn.na i.ni.in.dar, “le temple, il l'a construit en argent, il l'a orné en lapis-lazuli”; I, 21: é kù (na4)za.gín.na ki.gar.ra, “temple fermement installé dans l'or et l'argent”.
34 Voir, dans l'édition Benito, de C., “Enki and Ninmah” and “Enki and the World Order”, 97, 219 (sur Meluhha)Google Scholar; 98, 238 (sur Dilmun); 99, 248 (sur les Martu).
35 Voir, dans l'édition Castellino, de G. R., Two Sulgi Hymns (= Studi Semitici 42) 56–57Google Scholar, Šulgi B, 252–256. Voir aussi Römer, W., Königshymnen, 32, 43–48Google Scholar.
36 Šulgi B, 122 (cf. Castellino, op. cit., p. 42–43).
37 Enki et l'organisation du monde 242, (cf. Benito, op. cit., 99); Šulgi B, 50–51 (cf. Castellino, op. cit., 34–35); Šulgi D, 252 (cf. J. Klein, 75). Voir aussi Römer, , Königshymnen, 237, 52Google Scholar; et la grande inscription de Yahdunlim de Mari, dans Syria 32 (1955), 4, 34–66Google Scholar.
38 Voir Šulgi B, 202–203 (cf. Castellino, op. cit., 50–51); Šulgi D, 32–35 (cf. J. Klein, 66). La barbe du roi est dite en lapis-lazuli, dans Šulgi D, 7; voir aussi Enki et l'organisation du monde, 349.